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EAN : 9782070132195
1280 pages
Gallimard (08/09/2011)
4.48/5   32 notes
Résumé :
Pour la première fois réunies en un seul volume, les œuvres essentielles de Sylvia Plath (1932-1963), auteur majeur de la poésie américaine de l après-Seconde Guerre mondiale, devenue l objet d une vénération qui ne faiblit pas, depuis sa mort prématurée et brutale à l âge de trente ans. Son écriture est fondée sur l expérience privée des conflits et des désordres du moi, de la situation de la femme dans la culture. La vie est inséparable de l écriture : « Je ne peu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le journal et La cloche de verre, surtout.
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critiques presse (2)
Liberation
12 décembre 2011
Aux tombereaux d’études, colloques, thèses interrogeant la nature de la poésie, Sylvia Plath oppose involontairement une réponse en forme de déviation : toute son œuvre ne parle que du poète, de ce qu’être poète veut dire, de la difficulté à l’être et d’être.
Lire la critique sur le site : Liberation
Lexpress
28 octobre 2011
Sylvia Plath est une icône et Gallimard lui rend un hommage de qualité en publiant l'essentiel de ses oeuvres: poèmes, roman, nouvelles... en un seul volume. Ceux qui la connaissent apprécieront, les autres découvriront Ariel ou Le colosse, recueils d'une poésie singulière, entre la berceuse et le cri, où la maîtrise et la virtuosité ne recouvrent jamais la sincérité ni la dramaturgie intime.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Le courage de se taire

Bouche à cran malgré le tir d’artillerie !
Rien qu’un trait rose et calme, un orvet lézardant
Et des disques noirs à l’arrière, allant, venant,
Devant un ciel d’outrage, un grand cerveau strié
Allant, venant, tournant toujours, exigeant d’être entendus,

Alourdis de verdicts en bâtardise.
Bâtardise, abandon, trahison, droits d’usage,
L’aiguille avance au fond de son sillon,
Cygne argenté entre deux canyons noirs,
Scalpel qu’un médecin glisse en virtuose,

Tatouant sans fin les griefs bleuâtres,
Les serpents de mer, les enfants, les seins
De sirène ou de vamp à deux jambes.
Le médecin est calme, il ne parle pas.
Il a vu trop de morts, ses mains en sont pleines.

Les disques du cerveau tournent toujours. Autant de gueules de canon. Mais il y a aussi la langue,
Serpe inlassable et pourpre. Faut-il la couper ?
Elle a neuf queues, elle est dangereuse.
Et quel sifflement quand elle cingle l’air !

Non, la langue aussi est mise en réserve,
Pendue dans la bibliothèque entre les vues de Birmanie
Et les trophées de chasse, renard, lapins et loutres —
Un objet merveilleux —
Ce qu’elle a su pourfendre en son temps !

Mais où les yeux, les yeux, les yeux ?
Les miroirs tuent et parlent, ce sont des chambres d’épouvante
Où l’on ne peut qu’assister aux tortures.
Le visage exilé dans ce miroir est celui d’un mort.
Ne vous inquiétez pas des yeux —

Même blancs et fuyants, ce ne sont pas des mouchards.
Lueurs en berne, étendards
D’un pays tombé dans l’oubli,
Muré dans son indépendance,
Buté au milieu des montagnes.


The Courage Of Shutting-Up

The courage of the shut mouth, in spite of artillery!
The line pink and quiet, a worm, basking.
There are black disks behind it, the disks of outrage,
And the outrage of a sky, the lined brain of it.
The disks revolve, they ask to be heard—

Loaded, as they are, with accounts of bastardies.
Bastardies, usages, desertions and doubleness,
The needle journeying in its groove,
Silver beast between two dark canyons,
A great surgeon, now a tattooist,

Tattooing over and over the same blue grievances,
The snakes, the babies, the tits
On mermaids and two-legged dreamgirls.
The surgeon is quiet, he does not speak.
He has seen too much death, his hands are full of it.

So the disks of the brain revolve, like the muzzles of cannon.
Then there is that antique billhook, the tongue,
Indefatigable, purple. Must it be cut out?
It has nine tails, it is dangerous.
And the noise it flays from the air, once it gets going!

No, the tongue, too, has been put by,
Hung up in the library with the engravings of Rangoon
And the fox heads, the otter heads, the heads of dead rabbits.
It is a marvelous object—
The things it has pierced in its time.

But how about the eyes, the eyes, the eyes?
Mirrors can kill and talk, they are terrible rooms
In which a torture goes on one can only watch.
The face that lived in this mirror is the face of a dead man.
Do not worry about the eyes—

They may be white and shy, they are no stool pigeons,
Their death rays folded like flags
Of a country no longer heard of,
An obstinate independency
Insolvent among the mountains.
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Je suis verticale

Mais je voudrais être horizontale.
Je ne suis pas un arbre dont les racines en terre
Absorbent les minéraux et l’amour maternel
Pour qu’à chaque mars je brille de toutes mes feuilles,
Je ne suis pas non plus la beauté d’un massif
Suscitant des Oh et des Ah et grimée de couleurs vives,
Ignorant que bientôt je perdrai mes pétales.
Comparé à moi, un arbre est immortel
Et une fleur assez petite, mais plus saisissante,
Et il me manque la longévité de l’un, l’audace de l’autre.

Ce soir, dans la lumière infinitésimale des étoiles,
Les arbres et les fleurs ont répandu leur fraîche odeur.
Je marche parmi eux, mais aucun d’eux n’y prête attention.
Parfois je pense que lorsque je suis endormie
Je dois leur ressembler à la perfection —
Pensées devenues vagues..
Ce sera plus naturel pour moi, de reposer.
Alors le ciel et moi converseront à coeur ouvert,
Et je serai utile quand je reposerai définitivement.
Alors peut-être les arbres pourront-ils me toucher, et les fleurs m’accorder du temps.
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Pas facile de formuler ce que tu as changé pour moi.
Si je suis en vie maintenant, j’étais morte alors,
Bien que, comme une pierre, sans que cela ne m’inquiète,
Et je restais là sans bouger selon mon habitude.
Je ne m’y suis pas trompée. Je t'ai reconnu aussitôt.
L'arbre et la pierre scintillaient, ils n'avaient plus d'ombres.
Je me suis déployée, étincelante comme du verre.
J'ai commencé de bourgeonner tel un rameau de mars :
Un bras et puis une jambe, un bras et encore une jambe.
De la pierre au nuage, ainsi je me suis élevée.
Maintenant je ressemble à une sorte de dieu
Je flotte à travers l'air, mon âme pour vêtement,
Aussi pure qu'un pain de glace. C'est un don.
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*
Le lundi 15 septembre 1958 :

J'ai peur.
De quoi ?
De la vie sans avoir vécue, en premier lieu.
Qu'est-ce que ça peut faire ?
Le vent orageux qui souffle derrière une moustiquaire. Si je pouvais traduire cette peur, cette horreur dans un roman - j'ai une grenouille assise sur mon ventre.
Arrêtez de vous demander pourquoi vous vous lavez, pourquoi vous vous habillez et vous énervez - c'est comme si vous étiez entourés d'amour, de plaisir, d'opportunités, mais vous ne pouvez pas les voir
Je parle hystérique - et je sens que je vais exploser. Je suis à un point mort : comment surmonter ça ?
Un petit rituel quotidien externe - je suis trop introvertie - comme si je ne savais pas m'adresser à quelqu'un d'autre que Ted assis face à face contre le mur, dans le miroir...
Pris dans un cercle vicieux - trop seule, sans nouvelles expériences extérieures sauf pour sortir dans les environs, autour, avec les yeux sur des gens qui, juste parce qu'ils sont les autres, me semblent enviables.
La responsabilité du futur me pèse, elle me terrifie.
Pourquoi jamais ?
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(Journaux)

WELLESLEY - ÉTÉ 1950

10. Ce matin je me suis fait arracher mes deux dernières dents de sagesse. À 9 heures du matin j’entrais dans le cabinet dentaire. Rapidement, avec le sentiment oppressant d’une catastrophe imminente, je me suis assise dans le fauteuil après avoir parcouru furtivement la pièce du regard pour repérer tout instrument de torture manifeste, roulette ou masque d’anesthésie. Rien de tel. Le dentiste a fixé le bavoir autour de mon cou. Je m’attendais presque à le voir m’enfoncer une pomme dans la bouche, et me disposer des brins de persil sur la tête. Mais non. Il s’est contenté de me demander :
- Gaz ou novocaïne ? (Gaz ou novocaïne… Approchez, approchez, madame ! Nous avons tout ça en rayon ! La mort par incendie ou noyade, par balle ou par nœud coulant. Tout pour satisfaire le client.)
- Gaz, ai-je dit avec assurance.
Apparue subrepticement derrière moi, l’assistante m’a placé sur le nez une forme en caoutchouc ovale, dont les tubes me rentraient agréablement dans la joue.
- Respirez tranquillement.
Le gaz a commencé à passer. Sensation étrange et sucrée, écœurante. J’essayais de ne pas résister. Le dentiste a placé quelque chose dans ma bouche et je me suis mise à ingurgiter du gaz à grandes lampées. J’avais jusque-là fixé la lampe : elle a été prise de frémissements, puis de tremblements, et s’est brisée en tout petits morceaux. Toute cette constellation de petits fragments iridescents s’est mise à former un arc qui se balançait en rythme, lentement d’abord, puis de plus en plus vite. Je respirais sans effort à présent : il y avait quelque chose qui allait chercher l’air dans mes poumons, et émettait un son étrange et rauque lorsque j’expirais. J’ai senti ma bouche sourire en se craquelant. Donc ça se passait comme ça… C’était tellement facile, et personne n’avait pu me le dire. Avant de plonger, il fallait que je raconte cette expérience, que je l’écrive. Je me suis mise à imaginer que le bout de l’arc lumineux était ma main droite, je pliais le bras, mais juste au moment où ma main se mettait en position, le balancier repartait de l’autre côté, de plus en plus fort. Très malin, me suis-je dit. Ils ne vous laissent même pas décrire cette sensation par écrit, afin de la garder secrète. Alors je me suis retrouvée sur un bateau de pirates, et le visage du capitaine, derrière le gouvernail qu’il tournait, était penché au-dessus du mien. Il y avait des tourbillons de feuilles, noires, vertes, et il disait d’une voix forte :
- Tout va bien, c’est fini, descendez doucement.
Le soleil est alors entré brutalement dans la pièce à travers les stores. J’aspirais bruyamment l’air dans mes poumons. Je voyais mes pieds, mes bras : c’était moi, là. Je m’efforçais de réintégrer mon corps… Mais mes pieds étaient si loin. J’ai voulu toucher ma tête : mes mains tremblaient. C’était fini… Jusqu’à samedi prochain.
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« La cloche de détresse », de Sylvia Plath, c'est à lire dans la collection L'Imaginaire chez Gallimard.
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La cloche de détresse

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