Un beau témoignage, quoi que trop court.
Où il est réellement navrant de découvrir que dans les années 55, T8aminik (Dominique) a vécu au Canada la même chose (en pire, semble-t-il), qu'Ours Debout en 1875, avec son internat forcé pour "oublier" sa culture indienne.
Sauf que là, c'était un internat catholique (et pas une école "militaire"). La différence, c'est qu'en plus des brimades et tortures physiques, les viols étaient récurrents et couverts par l'ensemble du personnel.
Youpi.
Je me disais en lisant Ours Debout que rien ne peut ressortir de bon, au final, dans une culture bâtie sur autant de violence. ça se confirme, non ?
Alors évidemment, quand T8aminik dit apprécier le message du Christ mais avoir du mal à comprendre ce que certains en font, bah c'est entièrement justifié...
Et on se la pose tous, cette question, non ? Comment peut-on être aussi hypocrites... Aussi insondables de bêtise... A l'heure où c'est le fou du roi, le trublion inepte soit disant chrétien qui règne aux US et qui va continuer le déclin (lui seul et ses "votants" ne voient pas à quel point ils sont sur la pente descendante), ça ne fait guère de doute, on se la pose tous, c'est pas possible autrement... Je vous le dis comme je le pense, si on espérait y échapper, c'est raté : le chaos mondial a commencé, et il va se prolonger. Dieu seul sait ce qui va en ressortir, mais pour l'instant, rien de bon pour nous, les êtres humains, c'est sûr et certain... le réveil sera douloureux. Et sans doute trop tardif.
Les limites de la démocratie, telles qu'elles étaient discutées à Athènes il y a fort fort longtemps, les voilà atteintes... Quand on donne le droit de vote à tous, que devient la démocratie quand les imbéciles sont la majorité ? Dilemme compliqué (et je vous laisse avec la question. Moi je suis tout aussi incapable de trancher que les grecs anciens, lol)…
Pour revenir à T8aminik, il fut forgé à l'épreuve des hommes blancs, épreuve du feu s'il en est. Violence et alcool pour oublier, puis travail jusqu'au burn-out, une autre façon d'oublier, il aura tout traversé.
Destiné dès la petite enfance à devenir homme-médecine, chaman, il aura bien du mal, après ces années de souffrance, à retrouver ce chemin. Sur un ton mesuré et pudique, il se dévoile sans haine mais en vérité et nous montre un chemin d'évolution personnelle digne des plus grands sages.
Sans doute un homme vraiment intéressant à côtoyer, avec son "apprentie" Marie-Josée (vous qui êtes au Québec, profitez-en, lol).
Ce que je lui envie : ses parents et ses anciens, les anciens de sa tribu, ces hommes et femmes-médecine assez incroyables. On est assez loin des vieux aigris, bêtes et qui n'ont pas grandi d'un pouce depuis leurs 5 ans, que je connais. Bon il doit bien y en avoir aussi dans ce genre par ici, mais je n'en connais pas de près, on va dire, à part peut-être ma mère qui a un peu changé ces dernières années... Et pour ses parents, ils semblent avoir été exemplaires, dans la mesure de ce qu'on leur a laissé comme liberté (ils ne pouvaient pas s'opposer à l'internat pour leurs enfants, par exemple, mais ils ont été là au retour). Quoi que la révolte bien compréhensible de l'adolescent ne leur ait laissé que peu d'ouverture.
Enfin, chaque chemin de vie étant unique, on ne peut comparer, et il est idiot d'envier. Mais quand même... Arf !
Toujours est-il que T8aminik est attaché à ses racines, à sa culture, et à la sagesse ancestrale, et tente coûte que coûte de les faire vivre et prospérer, ce qui est admirable. Bien plus porteur d'espoir que les mémoires d'Ours Debout...
Pour ce qui est de la prophétie des 7 feux, que je ne connaissais pas du tout, si elle date vraiment d'il y a 600 ans (peu de raison d'en douter), elle est impressionnante...
Va savoir maintenant s'il va y avoir extinction des feux, ou pas...
Bref, le seul défaut que j'ai trouvé à ce livre, c'est qu'il est trop court.
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Une belle façon de découvrir ces autochtones amérindiens du Canada, un parcours particulier, des traitements immoraux infligés par des blancs colonisateurs mais une suite plus paisible...
De quel droit les a t'on déracinés, de quel droit les a t'on sédentarisés... Pleins de questions qui restent après une lecture riche et prenante.
Une belle découverte portée par l'écriture narrative de Marie-José Tardif !
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En ce qui nous concerne, lorsqu’il s’agit de distinguer notre nation des autres, nous avons toujours utilisé le terme Mami8inni. Ce nom nous plait beaucoup, car il est très rigolo. Il se rapporte à notre goût pour la récolte des petits fruits que la terre-Maman nous offre durant la douce saison : fraises, framboises, bleuets (appelés myrtilles en Europe), etc. Or, pour cueillir ces fruits, il faut bien se pencher. Et qu’est-ce qui s’offre au regard du visiteur qui arrive sur les lieux où la communauté entière s’affaire à récolter les précieuses baies ? Toute une famille d’arrière-trains – des petits, des gros, des charnus, des maigres, des jeunes, des vieux – se dressant paisiblement sous le soleil ! Voilà qui nous sommes : la tribu aux postérieurs fièrement dressés vers le ciel !
Les livres de mon enfance, sur l’histoire du Canada, me revinrent à la mémoire. Ces images que nous montraient les missionnaires, au pensionnat, étaient pleines de violence. On y voyait des indiens scalpant des explorateurs blancs, suspendant des jésuites au-dessus d’un grand feu ou les écorchant vifs. Un jour, j’avais dérobé un de ces manuels scolaires afin de provoquer mon père pendant les vacances d’été. « Tu m’as menti ! lui avais-je lancé avec mépris. Partout dans ce livre, on voit des chefs tuer des Blancs. Toi, tu es un chef. Pourquoi ne m’as-tu jamais parlé de tous ces crimes ? » Après avoir tourné une à une les pages du livre, mon pauvre père était resté muet longtemps. Il ne savait pas lire, mais saisissait néanmoins la signification des nombreuses images de l’«histoire du Canada ». Les enseignements du passé, tels que les nôtres les relataient, n’avaient rien à voir avec tout ce sang et ces conquêtes.
On me tend soudain un sac de jute. Des hommes me déshabillent et me font asseoir tout nu sur une chaise de barbier. En un tournemain, ils me rasent la tête. Je fonds en larmes en me remémorant les enseignements de mon père, écho lointain dans ma tête et mon coeur: " Tes cheveux parlent de ton énergie de vie.Ils sont tes antennes pour te garder en communion avec la Terre. Dans notre tradition, les hommes laissent pousser leurs cheveux pour marquer leur lien avec la Terre-Maman, mais aussi pour accompagner les femmes. Ta chevelure est donc le signe de ton respect pour le Féminin."
Je devais avoir six ou sept ans lorsque notre famille a vécu à Amos pour la première fois. Cela signifiait qu'il fallait nous adapter aux constructions carrées des blancs.Pour nous qui privilégions la force du cercle en toute chose, cela fut difficile. (...) Les anciens nous avaient toujours enseigné que dans un tipi l'esprit est à son aise. Grâce à sa forme circulaire, l'énergie de vie peut circuler sans obstacle. Dans les wemitekoci mikiwaman, avec tous ces murs bien rigides et toutes ces encoignures, nous avions l'impression que l'esprit se cognait sans cesse de tous les côtés! Au début, nous étions si mal dans notre boîte carrée que mon père avait érigé une tente dans la cour arrière.
- Quand on croit avoir tourné la page à jamais, une nouvelle couche de notre histoire est mûre pour la guérison. Cela vaut autant pour un individu que pour une famille ou une nation. Dès que notre esprit y est disposé, nous muons comme un serpent. Nous pouvons alors entreprendre une nouvelle étape de vie encore plus libre. Puis, un beau jour, le passé ou le futur n'ont absolument plus aucun pouvoir sur nous. Cela ouvre notre esprit à la beauté du temps présent.
(Tom Eagle)
Sagesse Amérindienne - Entrevue avec Dominique Rankin à l'émission La Télé de Lilou Macé