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Llibert Tarrago (Traducteur)
EAN : 9782746714038
91 pages
Autrement (21/04/2010)
3.8/5   5 notes
Résumé :

Apparemment, la paix règne sur ce recoin de la Costa Brava : une mer opaline, des olivaies amènes, et un promeneur solitaire, l'auteur, amoureux fidèle de la crique isolée du Jonquet. Mais les rêveries prennent fin : une embarcation étrangère pose l'ancre dans cet abri, le chef de bande Pain et Raisin surgit au détour d'un chemin, il surveille son concurrent Verdera le Gras, la tension s'installe. Pain et Raisin n'e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
«Pain et Raisin» est le surnom donné à un contrebandier de LLança qui surgit du coin d'une grange et surprend le narrateur au retour de la promenade quotidienne solitaire qui le mène de Cadaqués à l'olivaie de Jonquet bordée par une calanque où il rêve de construire une maison. 
Habitué à observer chaque jour dans ses moindres recoins cette côte rocheuse découpée dont il parcourt les sentiers, il loge à l'auberge de la Marina où il aime aussi observer les habitués du bar, avec un regard aussi aiguisé que lorsqu'il note les changements dans le paysage familier qu'il arpente. 
Pain et Raisin va lui demander de surveiller Verdera le Gras et un certain Tanau et de lui rendre compte de leurs mouvements. 
Il va satisfaire sa demande mais sans en mesurer vraiment les conséquences...
L'intrigue rend l'atmosphère du livre un peu tendue, mystérieuse comme l'est la découverte du moindre changement à l'intérieur des calanques, «l‘étonnement en présence d'une embarcation inconnue ancrée au Jonquet alors que le mois de novembre est déjà bien avancé» par exemple....
Mais c'est toute la beauté contrastée, sauvage et rude de ce coin de terre soumis au caprice des vents, avec ses criques, ses sentes qui dominent la mer qui pour moi l'emporte. L'auteur nous en parle en amoureux attentif et passionné. La redécouvrant chaque jour avec le même émerveillement, il nous en offre toutes les nuances.
«Dans le gris de la lumière, le vert argenté des oliviers libérait une suavité délicieuse et pure. La crique dormait dans une solitude extasiée : comme si elle était précisément plongée dans le plus profond des sommeils, comme si la notion du temps s'était égarée dans ses parages. L'immobilité de la mer était totale : on aurait dit qu'elle retenait son souffle. Quelquefois, l'eau remontait légèrement sur le sable mouillé et boueux, tel un soupir -- comme si la mer n'arrivait plus à contenir davantage la pression, et qu'elle relâchait sa respiration. Elle était d'une couleur laiteuse, délavée, et associée aux tons les plus sombres du gris, tout était caresses au regard. Entre algues mauves et vert âpre des joncs, les eaux mortes du petit fjord semblaient plus opalines, plus perlées que la mer. La côte suintait l'humidité du temps.» p 46
Tout le livre est jalonné de descriptions de cette beauté. Et si d'aventure vous allez faire un tour entre la cap de Creus et Rosas, de préférence hors période touristique, emmenez-le avec vous. Même si bien des choses ont changé depuis les années 50, vous pourrez constater que si les contrebandiers ont disparu (quoique...) la beauté amoureuse transmise par Josep Pla est toujours présente.
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Présentation de l'auteur par Les Editions autrement :

Joseph PLA (1897-1981) est le personnage central de la littérature catalane du XXe siècle. Auteur d'une oeuvre monumentale de trente mille pages écrite sans interruption durant soixante ans, il a cultivé tous les genres : le roman, la nouvelle, le récit, la biographie, et le journal (Le Cahier gris est traduit en français) comme le reportage et la chronique. La Costa Brava, terre et mer confondues, était son biotope. Il en fut le Giono avec des oeuvres comme Pain et Raisin et Cadaqués.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je me souviens encore de cette nuit de Noël dans le village, de la risée furieuse d'un mistral qui s'était attablé le soir pour ne cesser de hurler, ne fléchissant pas une seconde durant deux journées, ainsi que du ciel pur et acéré, d'une dureté minérale et d'un bleu délavé, avec les pointes de feu de ses étoiles étincelantes.
A la sortie du bal, un groupe de trois ou quatre soldats grisés par l'alcool ou, peut-être plus encore, par le sentiment de liberté diffusé par une fête aussi marquante, tous vociférant et tous suffocant de chaleur malgré la nuit glaciale, avaient atteint le Bar MarÍtim. Devant l'établissement, sur la plage, se trouvait une petite embarcation. Ces innocents aux mains pleines s'étaient mis en tête de la lancer à la mer, et de faire un tour dans la baie. Devant ces intentions, quelques clients avaient tenté de leur faire comprendre les risques d'un pareil égarement. Mais comme ces galapiats venaient de l'intérieur des terres, personne n'avait réussi à leur faire entendre quelque argument qui eût pu les détourner de leur serment d'ivrogne. Il faut savoir qu'à Cadaqués, le mistral est trompeur. Comme c'est un vent qui souffle depuis la plage, la mer reste calme en bordure du rivage. C'était peine perdue que d'essayer de faire comprendre à ces bougres que tout n'était que ressacs à vingt brasses de là. On distinguait parfaitement le phénomène : le vent soulevait une poussière d'écume très fine, une sorte de fumée de particules de verre, comme un tulle illusion brodé d'une seule pièce, éthéré, et d'un blanc resplendissant. La virulence des points de vue entre tous ces hommes avait été bien près de transformer la confrontation en bagarre. Finalement, les jeunes gens avaient poussé l'embarcation dans l'eau. Puis, ils étaient montés à bord.
Inutile, je pense, de le préciser : personne n'a plus jamais entendu parler de ces pauvres malheureux, aucune trace de l'embarcation n'est apparue en quelque endroit, et sûr que personne n'en saura plus jamais rien, pour autant d'années qu'il lui reste à vivre.
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Bien ! Si vous recherchez Le Jonquet sur une carte marine, vous le trouverez au fond et à suroît de la grand'baie du Guillola. La calanque, orientée comme la baie de Cadaqués, tournant donc le dos au mistral, est une entaille formée par un torrent - celui de Puig Alt - entre deux parois minérales de faible hauteur. Sur celle située au levant, sont disposées une olivaie et un abri à demi délabré ; sur celle située au ponant, se trouvent l'olivaie évoquée, ainsi qu'une masure parfaitement conservée. Au pied de cette dernière, se tient une plage en réduction, particulièrement étroite, de sable fin et couleur de plomb, sur laquelle deux ou trois embarcations de pêcheurs de Cadaqués ont pris l'habitude de s'installer durant la campagne d'été. L'hiver, l'endroit est parfaitement retiré du monde.
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Ce paysage grandiose a, comme tous les paysages, ses jours, ses heures, ses instants. (...) C'était un jour d'un gris pigmenté de jaune ; la mer, calme, affichait une couleur d'absinthe diluée. Le monde minéral noircissait, luisant en un fourmillement de bave d'escargot. Les arbres, chargés d'humidité, semblaient accablés sous leur propre poids. Les olivaies avaient perdu leur légèreté aérienne et déliée. L'air affichait une quiétude alanguie. Dans la porosité légèrement embuée de l'atmosphère, les blancs des murs de Cadaqués prenaient un ton spongieux et mou, à la façon d'une crème inconsistante. Réfléchies sur l'eau perlée de la baie, ces couleurs blanches provoquaient les palpitations de la gamme complète des gris, tremblante, ténue, craintive. La fumés sortait lentement des cheminées, et elle se fondait dans le ciel bas et couleur de chocolat à la française.
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