Je me dit qu'on connaît l'effet d'une personne sur nous en comptant le nombre de fois qu'elle nous vient à l'esprit. Il n'y a pas d'autres secrets. Et si le temps file, des années parfois, que cette personne est toujours là, sans pourtant vivre près de nous, il y a là quelque chose qui se passe. Et c'est grave et c'est lourd. Il n'en tient qu'à nous de faire comme si elle n'existait pas. Moi, je n'y arrive pas.
Petite, on m'a habituée à demeurer gentille, à ne jamais dépasser les bornes, à ne pas prononcer de mots inconvenants, ni blesser les gens autour de moi, surtout ne pas les déstabiliser, et ce, même s'ils étaient grossiers ou malvenus. Depuis, les mots qui font mal, ceux qui bouleversent, restent donc là, au fond de moi. On m'a appris à les taire, à les réprimer. Cette petite ne ferait pas de mal à une mouche. On se plaisait à dire cela quand on me décrivait.
Il n'a jamais aimé que moi. Ce qu'il pense encore. Pourtant, je sais qu'il ne m'aime pas. Qu'il ne m'aime pas comme il faut. Qu'il ne m'a jamais aimé de cette façon.
Il confond l'amour avec cet espoir fou d'être aimé en retour.
Si je cueillais une marguerite, ses pétales un à un arrachés, lequel d'entre eux serait le dernier à tomber?
J'aime Vincent un peu. Beaucoup. À la folie. Pas du tout.
Je ne sais tout simplement pas à quel pétale j'en suis.
Les mensonges débités par les êtres sont souvent ceux qui exposent le mieux leur profonde vérité.