Lu "après coup", c'est à dire après l'excellent "Meunier hurlant" paru cette année.
On retrouve la patte graphique de l'auteur, mélange subtil de traits simples et de foultitude de détails. Très coloré, l'ensemble fait très "album jeunesse".
Et c'est un peu paradoxal car c'est de ma jeunesse dont il parle, celle du siècle passé, avec des instituteurs pas encore professeurs des écoles, des jeux entre potes à l'extérieur, mélange de reproduction des westerns et autres films de chevalerie vus à la télé ou au cinoche pour les plus chanceux...
Les sorties en forêt aussi dans les zones rurales avec... zéro accompagnateur puisque le formulaire BzX992ah3 n'existait pas encore, ainsi que le formulaire du droit à l'image et à sa potentielle diffusion sur les rézosossios.
Un harcèlement n'était qu'une querelle de gamins.
Une grosse bêtise (genre libérer des animaux prisonniers) ne faisait pas de vous un éco-terroriste, un fan de
Pierre Perret tout au plus.
Et vénérer Manitoba, dieu païen amérindien, ne vous disqualifiait pas comme appartenant à une secte.
Bref, tout semblait moins problématique, les temps étaient au progrès, demain sera mieux qu'aujourd'hui...
Alors ici, les gamins s'aiment simplement, parce que c'est humain, par delà les appartenances à telle ou telle communauté, par delà les préjugés de classe sociale, et parce que les adultes sont plutôt bienveillants, ils se parlent et s'engueulent en vrai, en frontal et se réconcilient pareillement.
On retrouve d'ailleurs les deux piliers venus directement du ciné de l'époque "Don Camillo" : curé et instit.
Le thème du racisme et de l'ostracisme est très présent (décidément, l'auteur est un fan de
Pierre Perret, il est démasqué ! )
C'est cette ambiance que l'on perçoit dans cet album à la bonhommie rafraîchissante, et on se dit que, vraiment, on a eu une jeunesse sympa.
Parce que c'était notre jeunesse?