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Jacques Dars (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070754281
592 pages
Gallimard (25/11/1998)
5/5   2 notes
Résumé :
Ji Yun (1724-1805), haut dignitaire du milieu de la dynastie mandchoue des Qing, fut également un grand érudit qui joua un rôle important dans la vie intellectuelle de son temps. Mais en dehors de sa carrière « mandarinale », cet homme que tout intéressait prit très tôt l'habitude de consigner « au fil du pinceau », sans apprêt, les relations et récits qui lui semblaient notables, les faits divers, les aventures curieuses, les fantasmagories, les événements invraise... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voilà une lecture au long cours, mais qui n'exige pas du lecteur un grand esprit de suite. Livre long mais nonchalant, plein d'anecdotes ne dépassant jamais la longueur d'une simple page, culture de l'anecdote sans prétention, de la morale brève, de l'allusion, du clin d'oeil. Bien sûr, Jacques Pimpaneau nous a prévenus, les non-Chinois que nous sommes risquent de passer à côté de beaucoup de choses, mais nous sommes aidés et guidés par un préfacier-traducteur excellent. Et la forme brève, forme heureuse de la petite histoire, existe déjà chez nous depuis La Bruyère, et nous sommes déjà habitués aussi, par Perrault et beaucoup d'autres, aux moralités ironiques et ambiguës.

Le lettré ironique qui collectionne ici des histoires de démons et de fantômes cultive le genre de la conversation, du on-dit, de la citation, et pèse avec une feinte gravité la vraisemblance de toutes ces aventures de lettrés solitaires, de paysans et de brigands rencontrant des esprits, des "renardes" (en Chine, ce sont des êtres surnaturels), et la bureaucratie des Enfers, et les concubines fidèles au-delà de la mort, et le karma. On s'amuse beaucoup, surtout des anecdotes que l'auteur rapporte de son exil en Asie Centrale, où il a pris le parti de considérer sa relégation punitive comme de grandes vacances : il rapporte de là-bas de savoureuses légendes turco-chinoises.

Il est difficile d'entrer dans l'univers culturel chinois classique, nous dit-on à juste titre. Ce livre est une introduction idéale, avec ses récits fantastiques et brefs comme du Maupassant, mais sans noirceur ni pessimisme, moralistes et philosophiques comme Voltaire (un contemporain de l'auteur), mais sans pesanteur ni insistance démonstratives. A lire.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Zhu Qingyun m'a raconté qu'il se promenait un jour au bord de l'eau en compagnie de Gao Xiyuan ; c'était le printemps, au début de la débâcle, et l'eau était d'un vert et d'une lumière admirables.
"Il me revient en mémoire, dit Gao, ce distique de la fin des Tang :
"Ecailles des poissons, éclat pourpre adorable,
Plumage des colverts, naturelle émeraude"
Pas un mot qui y parle des eaux printanières, et pourtant, la pureté de l'onde, lisse comme jade, on croit l'avoir devant les yeux ! Dommage que j'aie oublié le nom de l'auteur."
Zhu réfléchit et, avant qu'il eût répondu, on entendit derrière un vieux saule une voix humaine qui disait :
" C'est un poème de Liu Xiyi, du début des Tang, et non pas de la fin des Tang!"
Ils se précipitèrent pour voir qui avait parlé, mais ne trouvèrent personne. Zhu s'inquiéta :
"Voilà, dit-il, que je vois des fantômes en plein jour !
-- Des fantômes de ce genre, rétorqua Gao en souriant, c'est plutôt bon signe d'en voir ! La seule chose à redouter, c'est qu'ils ne consentent pas à apparaître !"
Après une triple salutation à l'arbre, ils reprirent leur promenade.
Au retour, ils vérifièrent dans les poèmes de Liu et trouvèrent en effet le distique.
...
(Moralité ...)

p. 416
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Faux numéro.
Feu mon père le sieur de Yao'an m'a conté qu'en l'an 7 de l'ère Yongzhen, il se présenta aux examens de doctorat et partagea une chambre avec un licencié de la sous-préfecture de Xiong nommé Tang.
En pleine nuit, Tang vit soudain une démone échevelée soulever le store et déchirer sa copie, dont les morceaux voletèrent en tous sens dans la pièce comme autant de papillons.
Tang, qui était d'une nature ferme et droite, n'éprouva aucune peur, mais s'assit et demanda :
"Dans une existence antérieure, je ne sais, mais dans cette existence-ci en tous cas je n'ai fait de mal à quiconque ; alors, que signifie cette intrusion ?"
La démone, déconcertée, le regarda fixement et recula d'un pas en rétorquant :
"Vous n'êtes pas le numéro quarante-sept ?
- Je suis le numéro quarante-neuf !" dit Tang.
Il faut dire que, les deux chambres voisines étant vides, la démone avait omis de les soustraire dans son décompte. Elle dévisagea longuement Tang, puis salua en s'excusant du dérangement et s'en fut.
Peu après, on entendit des cris et du brouhaha au numéro quarante-sept, où le candidat était frappé d'un mal subit.
Cette démone n'avait vraiment pas les idées claires ...

p.159
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Mon oncle paternel Mu'an m'a raconté l'histoire de deux jeunes gens qui étudiaient ensemble dans un monastère bouddhique. Sous la lampe, l'un imita le fantôme d'un pendu et se plaça devant l'autre, qu'il vit sur le point de s'évanouir de terreur.
" C'est moi, lui cria-t-il aussitôt, n'aie pas peur !
-- Bien sûr que c'est toi, repartit l'autre, mais la chose dans ton dos, qui est-ce ?"
Le plaisantin se retourna ... et vit un véritable démon pendu !

Apparemment, les germes de nos idées artificieuses trouvent un écho dans l'esprit artificieux des démons, qui y répondent dans le même registre. Belle illustration de la parabole de "la mante qui attrape une cigale" (mais qu'un loriot menace par-derrière).

p. 504
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Histoire que m'a contée He Li'an.
On rapporte que, sous les Ming, un jeune lettré qui cheminait seul parmi fourrés et broussailles entendit psalmodier un texte. Il se demanda comment cela pouvait se faire dans cette lande déserte, chercha, et tomba sur un vieillard assis parmi les tombes et entouré d'une bonne dizaine de renards accroupis et tenant chacun avec respect un volume.
Lorsque le vieillard aperçut l'arrivant, il se leva pour l'accueillir, et tous les renards, toujours tenant leur livre, se mirent debout comme des humains. L'étudiant se dit que, puisqu'ils étudiaient, ils ne pouvaient en aucun cas être nuisibles, et s'assit donc à la place qu'on lui offrait courtoisement.

p. 241
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