Le narrateur (l'auteur ?) nous livre ici les notes qu'il a publié durant un an dans un quotidien italien. Il porte un regard très dur sur le monde, autant sur l'actualité de l'époque, à savoir le guerre en ex-Yougoslavie que sur les interventions extérieures qui s'en sont mêlées en croyant bien faire. le narrateur apporte aussi un regard impitoyable et très empreint de catholicisme, notamment sur la chasteté et cite régulièrement des passages de la Bible.
Roman assez dur que j'ai trouvé un peu difficile d'accès par moments mais que je ne regrette pas d'avoir lu car il m'a beaucoup appris !
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Je travaillais à Milan sur un chantier de construction il y a plus de dix ans et j'avais le rare privilège d'habiter dans les parages. A midi je rentrais chez moi à pied pour manger et revenais une heure plus tard. Sur mon chemin je rencontrais un mendiant, un homme aux cheveux blancs, âgé mais pas vieux. La première fois j'avais mille lires en poche, je les lui donnai. A quelques pas devant moi des jeunes avaient répondu à son geste quêteur en se moquant de lui. Je vis sur son visage le déclic musculaire d'une souffrance, le recul sous un coup reçu, c'est pourquoi je sortis mon billet de mille lires. Ainsi tous les jours je passais à l'heure de la pause et lui donnais mille lires. Puis je ne le vis plus. Finalement je m' aperçus qu'il se cachait sur mon passage pour ne pas me retirer cet argent. Ce fut donc lui qui me fit la plus grande charité, celle de me laisser avec mille livres de plus, lui qui eut un geste secret d'affection pour l'ouvrier fripé de midi. Et cela ne veut rien démontrer, mais dire seulement comme est infini entre deux êtres humain le degré d'attentions qu'ils peuvent échanger en se rencontrant au bord d'un trottoir, à ras de terre.
Il m'arrive régulièrement d'être impitoyable. chaque fois que je suis sollicité par un marchand de pitié. L'enfant yougoslave servi tout chaud de douleur à une heure de grande écoute, la voix sobre mais affligée qui accompagne l'image. Derrière se profile le complaisant cuisinier du programme qui fait de la pitié un plat de résistance. A la mise en demeure de m'émouvoir, j'oppose un refus intégral.
« Un mestiero antico »
Una frase dei muratori di una volta diceva ; »Costruimo la casa agli altri e la nostra rimane un progetto ».
La mia l’abbiamo fato in tre: due muatori e io. Era una vacchia stalla, trasformata in abitazione durante un inverno e una primavera. Non c’era acqua, né pozzo, raccoglieravamo la piovana dal tetto con una grondaia dentro barili di ferro,, impastavamo con quella. Per scherzzo dico ancora che abito una casa fatta con le nuvole.
« Alberi ». Vedo gli uomini come alberi che camminano.
« Acqua » Già da noi quella publica degli acquedotti è così trafficata di disinfettanti da ridurre di molto l’uso potabile. Oggi sembra normale andare a fare spesa d’acqua fresca, tornando dai mercati col carico di litri sotto plastica. A me viene il ricordo parallelo della gente che andava coi secchi ai fiumi, nelle città di guerra di là di Adriatico. Lì almeno era gratis, solo pericolosa da raggiungere.
"Un mestiero antico »
Una frase dei muratori di una volta diceva ; »Costruimo la casa agli altri e la nostra rimane un progetto ».
La mia l’abbiamo fato in tre: due muatori e io. Era una vacchia stalla, trasformata in abitazione durante un inverno e una primavera. Non c’era acqua, né pozzo, raccoglieravamo la piovana dal tetto con una grondaia dentro barili di ferro,, impastavamo con quella. Per scherzzo dico ancora che abito una casa fatta con le nuvole.
« Alberi ». Vedo gli uomini come alberi che camminano.
« Acqua » Già da noi quella publica degli acquedotti è così trafficata di disinfettanti da ridurre di molto l’uso potabile. Oggi sembra normale andare a fare spesa d’acqua fresca, tornando dai mercati col carico di litri sotto plastica. A me viene il ricordo parallelo della gente che andava coi secchi ai fiumi, nelle città di guerra di là di Adriatico. Lì almeno era gratis, solo pericolosa da raggiungere.
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique.
Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. »
Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
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