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EAN : 9782954930381
192 pages
Scylla (30/06/2017)
3.5/5   19 notes
Résumé :
C'est un petit bouquin abondamment illustré par Stéphane Perger, dont l'action prend place dans un univers co-créé avec lui. Il contient cinq nouvelles dont deux inédites, quatre short-short jadis diffusées en nouvelle par email, et une novella épique de 111 111 signes jamais lue de ce côté-ci du rêve.
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… OU L'IMPOSSIBILITÉ DE LIVRER UNE (VRAIE) CRITIQUE



Les habitués de ce blog (y en a ?) ont sans doute eu bien des occasions d'y croiser le nom de Léo Henry – encore que, moins que l'on aurait pu le croire, en fait : c'est que, à une époque, j'ai été amené à travailler (disons), via Dystopia essentiellement (mais il faut y ajouter le Naurne, avec luvan et Laure Afchain, ainsi que le premier septième numéro du fanzine Bazaar Maniac), sur des livres du talentueux bonhomme, dès lors impossibles à critiquer en ces pages interlopes – ce qui explique par exemple pourquoi je n'ai jamais livré la moindre critique des livres en rapport avec Yirminadingrad, écrits en collaboration avec le très regretté Jacques Mucchielli, et y associant ensuite également les excellents aussi Stéphane Perger et Laurent Kloetzer. Ce qui ne m'a pas empêché de les adorer, je peux bien le dire maintenant, en toute bonne foi. Et d'autres choses encore signées Léo Henry, comme, pour m'en tenir aux titres les plus récents et hors Dystopia-Scylla, Philip K. Dick Goes to Hollywood ou encore La Panse – ces derniers, toutefois, relèvent peut-être d'un versant plus « abordable » de Léo Henry, là où Point du jour, qui nous intéresse aujourd'hui, à l'instar de certaines yirminadingraderies et de certaines des Nouvelles par e-mail (j'y reviendrai çà et là), c'est peut-être davantage la face nord (à supposer que la face nord est la plus ardue, mais, Taniguchi ou pas, moi et l'alpinisme, bon…).



D'où deux difficultés, peut-être rédhibitoires, quand il s'agit de chroniquer tout cela :



1) L'auteur est un copain. C'est dit. Ça ne me facilite pas la tâche, qu'il s'agisse d'en dire du bien ou du mal – dans une égale mesure, je crois. J'ai l'audace niaise de me croire capable, dans l'absolu, de faire preuve d'objectivité quand c'est nécessaire, mais je pourrais me tromper – à vous de voir ce qu'il en est au-delà de cet aveu préliminaire.



2) Putain, j'ai rien compris à ce bouquin… Mais rien de rien. Et c'est sacrément problématique, tout de même. Disons franchement les choses : j'ai failli abandonner ma lecture en cours de route. Je me suis fixé, passé un moment, une page-limite, la quatre-vingtième, pour déterminer si ça valait le coup de continuer (j'expliquerai le comment du pourquoi plus loin). Arrivé à ladite page, j'ai supposé qu'il valait mieux continuer. Ce que j'ai fait, et je ne le regrette pas. Reste que je n'y ai rien panné, dans l'ensemble... Pourquoi, alors, avoir continué ? C'est une des choses qu'il me faudra tenter d'expliquer dans cet article qui s'annonce un peu confus...



111 111 +



Point du jour, ou plutôt, titre complet, La Ballade de Gin & Bobi et autres récits de Point du jour, est un recueil de nouvelles empruntant le cadre commun de... Point du jour. C'est quoi, Point du jour ? Voyez la section suivante de cet article, et tremblez devant mon incompréhension…



Mais parlons plutôt ici de l'histoire éditoriale, disons : le recueil est partiellement inédit – trois des dix textes le composant n'avaient jamais été accessibles auparavant, dont la novella « La Ballade de Gin & Bobi », de très loin le plus long texte du recueil : l'essentiel, au plan prosaïque du nombre de caractères, est donc totalement inédit.



Mais le reste guère moins, au fond… Si la nouvelle « Au carrefour agenouillé », qui ouvre le bal, figurait dans le recueil le Diable est au piano, paru à La Volte en 2013, deux autres ont été publiées dans des revues à la diffusion éventuellement confidentielle (« Down There by the Train » dans Angle Mort, dont j'avais beaucoup aimé les premiers numéros, et « Jersey Girl » dans Secousse), puis quatre dans le cadre des Nouvelles par e-mail de l'auteur – une publication très informelle donc, pour des textes souvent brefs (voire très brefs) et plus qu'à leur tour hermétiques (mais ça c'est moi). L'ensemble a été composé entre 2012 et 2017, jusqu'à constituer ce petit volume.



Qui a d'autres particularités au-delà : ainsi, il est publié aux éditions Scylla, cousines de Dystopia – par des gens bien, donc. Et dans le cadre de l'improbable collection « 111 111 » (qui ne comptait jusqu'alors qu'un seul titre, Il faudrait pour grandir oublier la frontière, de Sébastien Juillard), au concept tout de même particulier : livrer une novella faisant très précisément 111 111 signes, de la première lettre du titre au point final. Allons bon. Vous me direz : personne ne va compter les signes pour vérifier. Et c'est vrai. Mais, honnêtement, Léo Henry aime bien les jeux de contraintes (ah ?), et je ne doute pas que sa novella inédite compte très précisément ces 111 111 signes, etc.



Ladite novella, c'est donc « La Ballade de Gin & Bobi », qui compte vingt-quatre très brefs chapitres et constitue le gros du recueil. Mais c'est donc bien, cette fois, d'un recueil qu'il s'agit – parce que les règles, bon, hein. En fait de « 111 111 », nous avons donc un « 111 111 + », où neuf nouvelles bien autrement courtes encadre la centrale « Ballade de Gin & Bobi » – centrale dans tous les sens du terme, car c'est bien ici le texte qui occupe le (long) milieu du recueil, mais c'est aussi le récit qui permet (à ceux capables de le saisir, je n'en ai pas exactement fait partie) de lier tous les autres, comme un anneau maléfique disons : les personnages de Gin et Bobi, auxquels il faut semble-t-il ajouter ce type qui aimerait bien qu'on l'appelle Ishmaël (et qui se fait très vertement rembarrer, bien fait pour sa gueule, oh), et d'autres encore, et d'autres trucs au-delà des personnages.



Ceci en notant que l'auteur, joueur (ah ?), nous livre en fin de volume trois ordres de lecture différents : la table des matières, l'ordre de la narration, et l'ordre de la collation (entendre par-là, semble-t-il, l'ordre de conception et de livraison des textes) ; parce que je suis affreusement banal et ennuyeux comme garçon, j'ai lu Point du jour dans l'ordre de la table des matières – c'est navrant, je sais, quel manque d'audace, etc.



Ah, et, il faut y ajouter, pour les plus pervers, une playlist directement liée aux titres des nouvelles, mais qui comprend beaucoup trop de Johnny Cash pour être honnête (à mes oreilles d'inculte ; oui, je ne connais à peu près rien de tout ça).



Enfin, l'excellent (lui aussi) Stéphane Perger est associé à l'entreprise, avec son nom sur la couverture, au même niveau que celui de Léo Henry – et non en tant qu' « illustrateur » noyé dans les crédits. Cela avait déjà été le cas, notamment, dans Bara Yogoï et Tadjélé, mais je ne sais pas, dans le cas présent, si cela traduit un rôle particulier dans le processus créatif (entendre par-là qu'il n'aurait pas seulement illustré des nouvelles déjà écrites par Léo Henry, mais aussi travaillé en amont ou en parallèle, etc.). Quoi qu'il en soit, il livre une fois de plus un travail admirable : ce Point du jour est un très joli objet.



SITUER POINT DU JOUR (VAINES TENTATIVES POUR)



Mais, bordel, c'est quoi, Point du jour ? Ou plutôt : c'est quoi, Point du jour ? Excellente question, hein ? À moins qu'il ne s'agisse de la pire de toutes, d'emblée un témoignage de ce que je n'ai absolument rien panné à tout ça…



On suppose qu'il s'agit d'un contexte général des dix nouvelles – on suppose, car on ne nous le dit pas au-delà du titre complet, les punks de Scylla comme ceux de Dystopia étant contre les quatrièmes de couverture. Reste que, tout naturellement, j'ai été tenté de « situer » Point du jour – un réflexe bien connu sans doute des amateurs de science-fiction comme de fantasy (nan, y a pas de carte).



Les premiers récits m'ont évoqué des images renvoyant tantôt au western, tantôt au post-apocalyptique – ou les deux à la fois, car ça n'a assurément rien d'incompatible. Mais d'autres éléments, plus loin dans le texte, ont pu m'éloigner de ces présupposés (peut-être un peu ternes par ailleurs, ou en tout cas trop communs) – ne serait-ce que parce que ce monde, que je concevais à vue de nez plutôt désertique et sauvage, un avatar chelou de la Frontière, chelou oui mais d'abord Frontière, s'avère en fait éventuellement dense et émaillé de traits marqués de civilisation – les plus marqués, en fait : des chaînes de supermarché (françaises – comment ça tue trop l'ambiance !) et des motels Heartbreak Hotels, allons bon… de quoi ranger, même si dans un soupir de frustration, ses colts et son cache-poussière.



Mais bon, c'était un mauvais point de départ, hein ? À l'évidence, nous sommes en milieu urbain, avec Point du jour – portuaire, même ; la mer pue l'égout et en a la couleur, mais ça ressemble quand même à la mer. On dirait. Mais le problème, alors, c'est peut-être d'en délimiter les frontières, à défaut de la Frontière – ça va visiblement plus loin que la Zone Économique Exclusive : en fait, la ville portuaire pourrait tout aussi bien avoir les dimensions d'un monde entier, allez, c'est même plutôt ça, peut-être – avec aussi tout un réseau de tunnels, habitats chthoniens de taupes et de lombrics qui sont aussi des hommes et des femmes, ou bien.



Ou bien.



Mais au moins c'est de la SF, hein ! Bobi est une gynoïde, un robot ! Ça fait du bien de pouvoir se rattraper à quelque chose – même une amazone de synthèse.



Bref : d'emblée, le cadre me laisse perplexe, car, et Bobi n'y change en fait rien (c'était une fausse piste, moi aussi je peux en semer, aha), il est essentiellement insaisissable. du moins pour une tanche de type nébalien (régressif).



La playlist et les titres de nouvelles en forme de chansons pourraient donc éclairer Ceux Qui Savent Déjà, cela dit – mais ce n'est pas mon cas ; et Johnny Cash sait très bien ce qu'il peut en faire, de sa « couronne d'épines » (never forget, never forgive).

ARRÊTE DE LIRE, NÉBAL : TU NE COMPRENDS RIEN



Je suis donc supposé comprendre quelque chose à tout cela, quand je n'en comprends même pas le cadre ?



C'était mal engagé. Les premiers récits ne m'ont certes pas facilité la tâche. À chaque page, le même sentiment : formellement c'est assez joli, c'est encore mieux quand il y a des illustrations de Stéphane Perger en miroir, mais j'y capte zobi. Les phrases défilent, elles impriment l'oeil, exceptionnellement s'insinuent jusqu'au coeur sinon à la tête, mais le sentiment demeure, de ne rien panner, et qui s'avère de plus en plus frustrant à mesure que cette incompréhension généralisée se perpétue.



Je me suis dit – et c'est un préjugé que j'ai d'emblée associé aux Nouvelles par e-mail, en fait : Léo Henry envoie balader (ah !) tout récit, il fait dans le poème en prose. Ce qui est forcément mal – sauf chez Clark Ashton Smith et ses modèles rigolos Poe et Baudelaire (enfin, Poe, bon). Mais ce n'est peut-être pas le cas – il y a peut-être du récit dans tout ça. D'ailleurs, le titre complet du recueil mentionne bien des « récits de Point du jour », hein ? Ça ne peut pas être une blague ? Une mauvaise blague ?



Figurez-vous qu'avec toute l'estime, immense, que je voue à Léo Henry, je me suis quand même posé la question – en y associant même, parce qu'on ne se refait pas, plus qu'un soupçon de paranoïa. Genre, tout ceci est un piège conçu à Ma seule intention – afin de révéler à la face du globe (qui, oui, n'en a rien à foutre, mais c'est sans doute un détail) que, de manière générale, Je ne comprends rien à ce que Je lis.



Double effet Kiss Pas Cool, donc : d'abord, je ne comprends rien ; ensuite, j'ai l'impression qu'on se fout de ma gueule parce que je ne comprends rien.



Les pages défilent – assez lentement, d'ailleurs, parce que je m'accroche : moins je comprends, plus je fais des efforts (et, notez, là oui je m'en rends compte : ces efforts, je ne les aurais peut-être pas faits avec un autre auteur que le camarade Léo, probablement pas, même). Mais rien n'y fait... Je commence à me dire, vers la cinquantième page, que ça n'est pas la peine de continuer – ceci étant, c'est le moment où commence la novella « La Ballade de Gin & Bobi » : c'est le gros du recueil, le « 111 111 » qui justifie le « + », je me dis qu'il faut au moins tenter ça ; je me fixe une page-limite, la quatre-vingtième – grosso merdo la moitié du bouquin, et plus ou moins celle de la novella aussi.



Et, est-ce un miracle qui opère ? Arrivé à cette page-limite, je décide de continuer ma lecture jusqu'au bout. Non que j'y comprenne quoi que ce soit – sous cet angle, ça ne s'arrange pas vraiment (peut-être un tout petit peu quand même). Mais le ton plus (ouvertement ?) humoristique me parle davantage.







Tout en renforçant mon sentiment paranoïaque que l'auteur se fout de ma gueule – oui, très spécifiquement de Ma gueule. Ceci en raison du jeu sur la narration qui constitue d'une certaine manière le substrat de la novella.



Citons (p. 67) :



Ishmaël a un petit don pour les sourires mystérieux.

Ceux que son histoire ennuyait sont partis, à ce stade. Ceux qui demeurent plus faciles à tenir, peut-être.

Ils ne sont, après tout, pas beaucoup plus de dix.



PROVOCATION !



Et ça continue (p. 101) :



Au fur de son chapitre, Ishmaël a vu ses auditeurs filer les uns après les autres. de douze on passe à neuf, et de six à moins de quatre. Lorsque le dernier s'en va sans croiser son regard, sourire marri au travers de la face, le conteur se lève pour suivre le mouvement.



RE-PROVOCATION !



Tout ceci n'est pas très gentil, quand même – d'autant que je ne suis pas très « défis » comme garçon.



...



Enfin, oui, à l'évidence je suis susceptible.



Mais je suis aussi flemmard et veule.



Alors là encore, pour tout autre que Léo Henry...



UNE BALLADE POUR SE/ME RACCROCHER



Reste que « La Ballade de Gin & Bobi » m'a rattrapé pile au moment où je songeais plus que jamais à arrêter les frais. Non que j'y ai compris beaucoup plus que dans les « récits » (?) précédents – mais, je suppose, un tout petit peu plus quand même.



Peut-être pas assez pour vous résumer ou même simplement pitcher la chose, en fait. Essayons quand même : la femme lombric Gin accouche d'une petite fille du nom de Max, parce que c'est un nom bien pour une fille, ceci sous la protection de la gynoïde Bobi, sculpturale (eh) et qui a bien meilleur fond que son caractère – encore que, Gin la surpasse peut-être au niveau caractère (de cochon, même lombric). Pour des raisons que je n'ai pas bien saisi (…), le trio s'aventure dans des tunnels de rats-taupes, en quête d'un bonhomme du nom de Double Brasse, sorte de chirurgien mystique, qui devrait pouvoir les aider, euh, en faisant, euh, des trucs. Éventuellement dans le cadre déprimant d'un Heartbreak Hotel et en racontant des blagues, aha.



Éventuellement.



Mais tout ceci est un récit, n'est-ce pas. Un récit. Aha. Ça implique, ici sinon ailleurs (à moins que ce ne soit La Grosse Révélation de la Chose !), un conteur – le guignol qui aimerait bien qu'on l'appelle-lui Ishmaël. Il faut dire qu'il a ses raisons, son auditoire étant constitué de cétacés (hein ?). Et du coup Léo Henry le conteur derrière le conteur, à défaut des baleines et cachalots, l'appelle-lui Ishmaël – manière de rappeler QUI C'EST LE PATRON.



Et ce binôme joueur de jouer (donc) avec les codes de la narration – au gré d'une histoire qui s'affiche en tant qu'histoire, et improvisée encore, façon fan-service et qu'importe si les fans sont des cétacés (dit la baleine et elle se cachalot). Il y faut un monstre, du mystère, des digressions sinon c'est pas drôle, des flashbacks et des prémonitions pour faire artiste, ce genre de choses.



Et ça, pour le coup, ça m'a bien plu. Même avec la conviction qu'on se moquait de Moi (admettons que « parmi d'autres »).



(Admettons.)



Le ton y est pour beaucoup, à vrai dire. « La Ballade de Gin & Bobi » est un texte où la composante humoristique est importante, si elle n'est peut-être pas tout à fait seule. J'y ai vu, à tort ou à raison, un contraste marqué avec les textes qui précédaient (puis ceux qui suivaient) ; à tort peut-être, car quelques critiques lues çà et là avançaient que l'ensemble de Point du jour était très rigolo. Ah. Parce que je n'ai pas du tout eu cette impression, moi. Avant et après « La Ballade de Gin & Bobi », tout m'a paru bien plus grave – tristoune-darkesque, avec une emphase pouétique marquée ; peut-être celle d'un adolescent qui se fringue en noir, PARCE QUE.



Reste que « La Ballade de Gin & Bobi » est ce qui m'a permis de lire ce recueil jusqu'au bout. Sans y capter grand-chose, hein ; mais s'il n'y avait pas eu cette novella, j'en serais resté au stade du « je n'y capte absolument rien », et j'aurais bien fini par laisser tomber (genre à la page 80, donc – ou 83, pour faire rebelle à la lecture moins mécanique). C'est donc une putain de victoire – relativement. On a celles qu'on mérite, je suppose

QUELQUES IMAGES AUTOUR – ET DES NOMS



Mais autour de « La Ballade de Gin & Bobi » ? Des choses plus graves, donc – ou pas. Des choses peut-être très vaguement éclairées par la novella, qui permet au moins de donner des noms à quelques personnages. Si c'est d'une utilité quelconque – je suppose que ça l'est ; une supposition vague.



Reste quoi, alors ? Des images, je suppose – parce que la seule plume au sens le plus sonore, même trè
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Par où commencer ? Comment critiquer un livre que l'on n'a pas totalement lu mais qui, cependant, nous laisse les portes ouvertes ? Parce que @Point du jour de @Léo Henry, est une oeuvre qui véhicule une immense liberté. Je l'ai pris et reposé souvent, ce bouquin mais peut-être le reprendrais-je, un jour ? En écoutant la playlist. J'ai d'ailleurs bien aimé qu'elle commence par une chanson de Brassens, cette playlist.
Sinon, je dois bien avouer que @Point du jour m'a totalement déroutée. J'ai lu des passages à haute voix, sans tout comprendre mais en appréciant les mots. Les mots de @Léo Henry, j'ai trouvé qu'ils sonnaient bien. Même dans une langue parfois totalement déconstruite. J'ai ressenti @Point du jour comme une littérature expérimentale, sans repères pour moi, comme la musique expérimentale à laquelle je ne connais rien, tout en ne m'y étant jamais intéressée. Avec @Point du jour, je devais partir à la découverte d'une nouvelle terre et j'ai supposé beaucoup de talent et d'intelligence derrière tout ça.
Mais cet univers de fin du monde, cet espace/temps inaccueillant et habité par des créatures inquiétantes m'a oppressée. le fait de ne pas y comprendre grand chose m'a déconcertée. Peut-être que sortir de ma zone de confort est quelque chose de plus difficile pour moi que pour d'autres ? Bien sûr, j'ai été séduite par de beaux moments, la nouvelle, Alvorada, que l'auteur conseille de lire en premier mais dont la dernière phrase est magnifique pour terminer le livre : « Qui donc, à Point du jour, peut se permettre encore de ne pas croire aux histoires ? ». Merveilleux.
J'ai été sensible à l'humour, comme à la page 50 qui fait partie de la ballade de Gin & Bobi : « […] Ta gueule, le plancton. Ou alors. Ou alors bave utile. […]». L'humour et parfois le grotesque, sont présents dans @Point du jour. Comme si @Léo Henry ne voulait pas se prendre tout à fait au sérieux. J'ai beaucoup aimé l'illustration de la couverture avec, pour la 1ère, ce squelette d'hippocampe dont la queue s'enroule autour d'un coquillage fossilisé, seule note rouge dans une couverture noire et grise comme vue à travers un calque. @Stéphane Perger a un sacré coup de crayon et ses dessins nous emportent dans l'univers post-apocalyptique de @Léo Henry. J'ai aimé me plonger dans la plupart d'entre eux et peu m'importaient toutes les pages de texte passées sans les lire. Certaines illustrations de @Stéphane Perger étaient en revanche trop glauques pour moi et là, aucune envie de m'y attarder.
En tout cas, @Point du jour est une oeuvre très originale. La noter m'est difficile parce que je n'ai pas suffisamment accroché pour tout lire. Je suis heureuse d'avoir découvert un nouvel auteur naviguant dans un monde étrange, un monde qui ne m'est pas familier et que j'ai eu envie, pour l'instant, de laisser de côté. Mais peut-être qu'un jour…
Merci à @nicolasbabelio pour ces MC toujours si enrichissantes, merci à BABELIO et bien entendu merci aux éditions @Scylla Charybde de m'avoir envoyé @Point du jour. Merci à son auteur, @Léo Henry et à l'illustrateur @Stéphane Perger.
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Un recueil de texte tout à fait déroutant publié par les éditions Scylla.
C'est de l'imaginaire et de la science-fiction. Certains textes ont deja été publiés auparavant. D'autres tout à fait nouveaux.
J'ai suivi le conseil de certains lecteurs babéliottes qui préconisaient de faire cette lecture par ordre chronologique de narration comme mentionné à la fin de l'ouvrage.
Ehhh bien les début étaient assez laborieux. Imaginer des événements survenant sur un lieu et pendant un temps appelé point du jour. Ça m'a un peu rappelé le recueil de nouvelles de Bob Leman ''Bienvenue à Sturkeyville''.
Tout est bizarre, déroutant et spécial. Atmosphère post apocalyptique lugubre. Personnages énigmatiques et burlesque, des rats taupes, des robots, des limaces...
Au fur et à mesure de ma lecture, je me suis imprégnée de l'ambiance de point du jour et j'ai adoré suivre surtout la ballade de Gin et Bobi. Les suivre dans le monde souterrain, découvrir pleins de créatures.
Les textes se croisent à un moment donné, un menu fil conducteur les relie et donne une originalité à cette oeuvre.
Je remercie les éditions Dystopia et Scylla qui m'ont permi de découvrir cet auteur.
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" C'est un petit bouquin abondamment illustré par Stéphane Perger, dont l'action prend place dans un univers co-créé avec lui. Il contient cinq nouvelles dont deux inédites, quatre short-short jadis diffusées en nouvelle par email, et une novella épique de 111 111 signes jamais lue de ce côté ci dinu rêve." - voilà tout ce que j'ai pu savoir au sujet dece livre avant de l'ouvrir. C'est ce côté énigmatique et "curiosité" qui ont piqué la mienne (de curiosité).
Mais il paraît que la curiosité est un vilain défaut, et un vilain défaut, forcément, ça ne peut conduire à rien de bon.

Je n'irais pas jusqu'à dire que je n'ai pas aimé cet ouvrage, parce que pour ça il faudrait déjà que je l'ai compris. Disons plutôt qu'il me laisse ... perplexe. Confuse. Vraiment.
En l'ouvrant, je me suis retrouvée propulsée, larguée, dans un univers TELLEMENT particulier !
C'est sombre, avec un fond post-apo, pas mal glauque évidement, un peu fou ... et surtout très abstrait ! Je veux dire : on te balance du gynoïde 9000, du rat-taupe et du lombric, sans t'expliquer qu'est-ce que quoi ... Avouez que c'est déroutant 😅;; Moi, je n'étais pas prête pour ça.

Alors oui, clairement, j'ai lu certaines nouvelles sans rien y piner. Vraiment.
En revanche, certaines sont plus accessibles, plus abordables par le commun des mortels - la novella principale, entre autres. Heureusement hein, parce que tout un livre, aussi court et illustré soit-il, dans ce délire là... j'aurais pas pu.
Aussi, je dois dire, que l'univers, aussi spécial et incompréhensible soit-il, était TRÈS intéressant.
Et pour finir, j'ai trouvé la plume agréable, parfois même poétique, malgré les scènes terribles qu'elle pouvait décrire.
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Point du jour est un roman immersif. -J'ai lu les autres critiques après avoir écrit la mienne et la plupart parlent de nouvelles mais je trouve que c'est un roman puisque ça raconte l'histoire de personnages récurrents.- Je conseille vivement de vous procurer la playlist -elle est à la fin du livre- avant de commencer votre lecture. Les morceaux choisis ont accompagné ma lecture et m'ont plongée dans l'ambiance. (J'ai édité la playlist sous le titre "Point du jour de Léo Henry" sur Deezer si vous avez la flemme de chercher.)
Je n'ai pas mis le maximum d'étoiles parce que je n'aime pas les mondes ultraviolents mais la performance littéraire vaut bien 5 étoiles. L'univers de Point du jour c'est... du western post-apocalyptique après la montée des eaux, mâtiné de SF -parce qu'il y a une androide-.
En tant que lecteur, je me suis sentie dans la peau d'un môme qui regarde des fourmis s'agiter autour de leur fourmilière. On suit un personnage et puis un autre, on revient voir ce que le premier faisait et on reconstruit leur histoire. -J'ai lu dans l'ordre des pages mais à la fin d'autres itinéraires de lecture sont proposés : chronologique ou dans l'ordre où les chapitres ou nouvelles ont été écrits.-
Il y a parfois un conteur, d'autres fois les personnages se racontent tout seuls, à d'autres moments on ne se préoccupe pas de qui raconte. le vocabulaire choisi et les tournures de phrases nous rendent le tout un peu alien comme si on écoutait l'histoire racontée dans la langue de ce monde du futur.
J'ai adoré la déconstruction narrative de ce roadmovie, le style utilisé mais aussi les personnages : l'androïde badasse, l'adolescente testarde, le doc pas net, le type lambda héroïque parce qu'il fait ce qu'il peut au milieu de la folie ambiante,... Et puis cette société reconstruite ; tissu de tribus dont l'organisation s'inspire du règne animal (rat, guêpe, lombric,...).
Les décors sont assez incroyables, Léo Henry est un maître de l'ambiance, en quelques mots, quelques détails choisis ont y est.
Un dernier mot pour les très belles illustrations de Stéphane Perger qui font de cette publication un objet livre qu'on a plaisir à manipuler.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Point du jour est vide de bonté. Cherchez-la ! Arpentez monts et vaux ! Avancez, intranquilles ! Vous êtes des milliers hors des tribus à espérer qu’un jour surgira une lumière. À rêver à un monde qui ressemble à un rêve. Point du jour est chiche en grâce, aride et capricieux. L’effort infini seul y accouche parfois de trésors ambigus. La fosse, au bout du compte, fait six pieds de fond sur six de long et trois de large, et ce qui y gît est plus nu d’avoir la trappe thoracique entrebâillée. L’homme le prend à bras-le-corps et l’extrait avec peine, l’allonge le long du trou. Un nuage noir d’orage obscurcit, cet instant, l’essentiel du soleil. Des gouttes tièdes crachées piquent la terre épuisée. Le temps coule à nouveau. Notre héros halète, dos voûté, nez dans la mécanique. Quelques câbles arrachés, une batterie de guingois sont les seules conséquences des violences subies : une vibration rapide du corps tout entier signale sobrement le retour à la vie. Le gynoïde, sous la pluie, s’assied. De l’eau douce coule dans les yeux du pécheur. Qui es-tu ? lui demande la femme noire. Comment dois-je t’appeler ? Je ne sais pas, répond celui qui n’est plus, désormais, ni borgne, ni un rat. Choisis. Tout m’ira. Elle tourne la tête, lent panoramique et, comme souvent chez nous, il n’y a rien à voir, que la drache soudaine, inespérée et vaine, l’averse hors-saison sur la décharge des robots au rebut, le flou gris et moche, et elle dit : on va trouver. On va y réfléchir. Je suis contente d’être là. Merci. (« Le Bon Dieu n’est pas gentil »)
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Le complexe est désert et poétique, foutrement déprimant. Gin s’en fout, qui a renié la culture de ses pairs, et Bobi n’a nul besoin de se mirer dans le regard d’autrui. Mais Max court un plus grand danger du fait de l’isolation. Il lui faudra sous peu une société plus dense pour pousser et grandir, acquérir des us, des défauts et quelques-unes de ces névroses destructrices indispensables à une existence complète dans la gloire de Point du jour.
C’est en faisant ses courses dans les niveaux moins obscurs de la surface que Bobi finit par tomber sur l’atelier de Double Brasse : un cul-de-sac minuscule, si bien empli d’établis et d’armoires qu’on y circule comme dans une tranchée. Des trucs partout, monceaux de machines-outils, de bouts de camarades. Dans les bacs des congélos baignent de grandes peaux repliées sous vide. Alignements de nez, d’oreilles, canettes de grains de beauté, pelotes de poils pubiens. Bobi s’imagine tendre la main et caresser ces pièces comme, au bord d’un trou, on se devine capable d’avancer, de se jeter. Les consoles ronflent dans un coin, fraises et disqueuses ployées, reliées au fauteuil opératoire par un bouquet de bras articulés. Bobi a peur et hâte et la nausée. (« La Ballade de Gin & Bobi – Chapitre dix »)
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J'ai réalisé qu'apprendre, ce n'est pas faire le tour d'un pays gigantesque. C'est plutôt voir grandir sans fin le champ de l'ignorance. J'ai compris, par le dedans, combien le monde est vaste, et ne suis pas assez forte pour contenir tout ça.
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Mais non. Ne vous en allez pas.
Il va se passer des choses.
D’une : le coin n’est pas sûr. À peine derrière le bidonville, dans les bois repoussés, il y a une voie de traverse pour peuples migratoires. Quand Bobi est en veille, elle entend les convois chuchoter en passant. Ils vont à la queue leu leu, sans cesse murmurant pour, dans le noir, se compter sans répit et ne pas cesser de croire en leur propre existence. Bobi ignore ce qu’ils feraient s’ils la trouvaient ici. Elle craint la délation. Sa cavale est une solitude, se faire prendre serait sans retour. Elle sait aussi ce que font les lamproies lorsqu’elles devinent en vous un bon client : elles vous bouffent un morceau, vous agrippent au-dedans et vous gardent comme monture jusqu’à ce que vous caniez.
Ceci dit sans juger ni critiquer. J’ai d’excellentes amies lamproies. Vous avouerez cependant. (« La Ballade de Gin & Bobi – Chapitre deux »)
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Point du jour est cousu de voies de chemin de fer sur lesquelles aucun convoi, jamais, ne passe, mais qui dessinent sous l’œil terrible du soleil une dentelle de traverses, de rails et de ballast dont les ramifications s’étirent à l’infini. On les appelle voies souterraines quoique peu d’entre elles se poursuivent en deçà de la surface et que les tunnels qui perçaient dalles et condominiums se soient effondrés depuis longtemps. les saignées des rails font des cañons dans les quartiers, des places pour les marchés, des couloirs aux jeux des mômes. Plus loin, ce sont des repères pour nos cartes, les unes copiant le tracé des autres. Partout ailleurs, des veines et des réseaux nerveux. (« Dark Was The Night (Cold Was The Ground) »)
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Vidéo de Léo Henry
FESTIVAL DES UTOPIALES 2023
L'or bleu
Entre épisodes de sécheresse, pollutions diverses et usages incontrôlés, l'eau devient un enjeu mondial majeur et les luttes à son propos se multiplient. de nouveaux procédés techniques voient le jour tandis que l'on accorde des droits aux fleuves. La solution sera-t-elle technique ou juridique ? Que nous disent les récits fictionnels de sociétés durables ? Quelles pistes pour gérer et partager l'eau de façon juste et équitable ?
Moderateur : Antoine Mottier Intervenants : Gwen de Bonneval, Léo Henry, Pascal Peu, Éric Sauquet
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