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EAN : 9782709639422
350 pages
J.-C. Lattès (04/09/2013)
3.95/5   20 notes
Résumé :
Le récit s'ouvre sur le coup d'État d'Augusto Pinochet au Chili. Opposant à la dictature, le narrateur assiste à l'arrestation, la torture, et la mort de ses compagnons de lutte. En 1974, il s'exile en Allemagne de l'Est et rejoint rapidement un réseau de jeunes communistes. C'est là qu'il rencontre la fille du fameux révolutionnaire cubain Ulysse Cienfuegos (directement inspiré de Fernando Flores Ibarra, cacique de la révolution castriste, responsable de la mort de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Cuba libre ?
Des années 70 aux années 90, le Chili, la RDA, Cuba : le narrateur s'insère dans les arcanes du pouvoir dit "révolutionnaire". Sous le soleil de Cuba, mais aussi dans sa chaleur écrasante, planté d'une intrigue saisissante, ce récit vous transportera. Roman de la désillusion, mais aussi de la réalité... A découvrir !

28/05/2014
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Quand nous étions révolutionnaires est le reflet de ce qu'a vécu l'auteur qui qualifie son livre de roman autobiographique. Mario Vargas Llosa, l'immense écrivain péruvien, a d'ailleurs confié : « C'est une description honnête, véridique et lucide de cette illusion que nous avons partagée. »
Né au Chili en 1953, Roberto Ampuero a dû fuir la dictature de Pinochet pour vivre en Allemagne, à Cuba et aux États-Unis avant de retrouver son pays et d'assurer un temps la responsabilité du ministère de la Culture.
Ce roman débute à Leipzig en RDA dans les années 1970. C'est là qu'il rencontre Margarita Cienfuegos, fille d'un commandant haut placé du régime cubain. Pour l'épouser, il doit quitter l'Europe pour La Havane. Là-bas, Fidel Castro consolide son pouvoir face aux USA et aux contre-révolutionnaires.
Avant de plonger dans la vie cubaine, le narrateur détaille sa vie chilienne quand il faisait partie des Jeunesses Communistes et après le coup d'état sanglant de Pinochet : « Je n'avais qu'un seul désir : fuir le Chili, sa violence, ses armes, ses édits précédés d'hymnes martiaux et ses camions militaires pleins de soldats et de prisonniers. » Il part certain que la dictature ne durera pas plus d'un an…
Sur l'île de la révolution, du socialisme latino-américain, avec l'amour de Margarita, tout débute bien. le jeune couple s'installe à Miramar, dans une des villas abandonnées par les riches bourgeois cubains qui ont fui. Dans « la routine humide et étouffante de la Havane », il voit que chaque personne a un carnet de rationnement pour la nourriture et les vêtements. Lui, on l'appelle toujours « le Chilien » et il a du mal à se faire accepter par ses compatriotes exilés qui se méfient de lui à cause de son beau-père qui intervient en sa faveur.
Pourtant, malgré tous ces problèmes, la révolution « tenait toujours debout… conservant un soutien populaire majoritaire au nez et à la barbe de l'empire et ses objectifs – éducation et santé gratuites, travail garanti, équité et solidarité avec le tiers-monde – se révélaient d'une noblesse indiscutable. » Hélas, l'essentiel vient à manquer, Raúl Castro rêve de « rééduquer les homosexuels », des livres sont détruits, des visages effacés des photos officielles…
Alors que Margarita conserve une loyauté aveugle envers la révolution, il devient sarcastique, sinon cynique. Ils ne sont plus d'accord. Il refuse de devenir Cubain comme le lui demande son beau-père car il tient à sa nationalité chilienne. « L'île est figée dans le temps » mais cela n'empêche pas les cadres de bien se servir et aux réceptions officielles d'entretenir l'illusion…
Cuba fournit des armes aux guérillas d'Amérique latine et envoie des troupes combattre en Angola ce qui aggrave la pénurie. Après bien des souffrances, un divorce inévitable et de nombreuses tentatives, notre homme réussit à quitter Cuba où son roman est interdit mais circule clandestinement : « la censure de la mémoire est la censure qui vise le plus intime et le plus profond de l'être humain. »
Roberto Ampuero a voulu « transformer la douleur en souvenirs, en littérature, en résistance. » Il n'admet pas que Michelle Bachelet, Présidente du Chili (2006 – 2010 et 2014 - 2018) ait gardé le silence lors de sa visite à Cuba : « Je n'aurais jamais cru qu'un chef d'État chilien, qui a été victime de la dictature militaire et a lutté pour le rétablissement de notre démocratie, fût incapable d'élever la voix devant le dictateur qui maintient la censure sur les oeuvres de Pablo Neruda, de Jorge Edwards, du poète Heberto Padilla et sur les miennes. »
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Paru sous le titre original "Nuestros años verde olivo" en référence à l'uniforme des révolutionnaires cubains, "Quand nous étions révolutionnaires" nous dresse la chronique des désillusions d'un jeune communiste chilien : réfugié en Allemagne de l'Est, il y poursuit des études, sans cesser de s'intéresser à la politique et au sort de sa patrie. Il y rencontre Margarita, la fille d'un des proches du régime castriste et choisit de s'établir à ses côtés, à La Havane. Autant par amour que par envie de découvrir le mythique modèle révolutionnaire que représente Cuba : "Cuba était alors mon utopie. le Chili mon cauchemar." A son arrivée sur l'île, le jeune homme s'enthousiasme pour ce pays qui offre "un monde juste, égalitaire et solidaire". Il admire ce peuple qui s'enflamme pour son leader maximo et proclame : "Commandant en chef, ordonne ce que tu veux, où tu veux et quand tu veux !"

Partageant son temps entre travail obligatoire et études, entrevoyant un Cuba auquel il ne s'attendait pas, le Chilien s'éloigne, peu à peu, de son épouse et de son idéal révolutionnaire. Lorsque le divorce est prononcé, il quitte la sécurité de la demeure familiale et découvre, contraint et forcé, le triste quotidien des Cubains dans un paradis de carton-pâte.

C'est donc l'envers de ce décor de rêve que l'auteur-narrateur nous livre, désabusé. Pendant que les hauts dignitaires du régime vivent bien, confortablement installés dans les palaces "cédés" par leurs propriétaires en échange d'un droit de sortie du territoire, la population est rationnée, les bâtiments sont en ruine, le travail rare. Les tracasseries administratives sont monnaie courante. La censure est également présente : livres confisqués et détruits, écrivains emprisonnés, assignés à résidence, textes publiés en Occident interdits, ...

A tout moment, la manipulation, la violence, l'injustice guettent : ainsi, il n'est pas bon être homosexuel, croyant, original... le temps passant, le narrateur devient finalement, comme tout qui s'interroge dans ce pays, un peu "schizophrène, adoptant deux visages : l'un public et révolutionnaire, l'autre privé et critique à l'égard du système."

A travers le compte-rendu de ce désenchantement, l'auteur nous dévoile, par les rencontres de son héros, une société où chaque parole et chaque acte sont soigneusement pesés. A tout moment, la prudence, la méfiance même, est de mise. Comment savoir à qui accorder sa confiance ? le compagnon qui sollicite un avis est-il un ami sincère en quête de conseil ou un pion manipulé par le régime ?

En permanence, seules comptent la Révolution et l'image donnée au reste du monde : celle d'un bien-être et une opulence de façade. Tout est affaire de communication : ainsi, ce festival mondial de la jeunesse et des étudiants où la ville est restaurée, repeinte, où la nourriture est présente en abondance, d'où la population est soigneusement tenue à l'écart... Dans le même ordre d'idée, tout qui est suspect aux yeux du régime est placé "en quarantaine" le temps des réjouissances : mariposas des Etats Unis, éléments jugés antisociaux, ...

Relatant son parcours dans cette chronique douce-amère, le narrateur oscille entre nostalgie et cynisme. Son parcours dans l'île est émaillé de rencontres pittoresques, de parcours atypiques, d'anecdotes étonnantes ou drôles. Il nous dévoile ainsi un pan de l'Histoire de la révolution cubaine soigneusement caché et offre au lecteur un roman dense et enrichissant. Une richesse qui se retrouve également dans le style de l'auteur, notamment dans les nombreuses descriptions, dans le souci du détail. Lorsqu'il évoque des lieux ou des personnages, il n'omet rien de leur parcours. Des personnages secondaires volent ainsi la vedette quelques instants au héros.

Sous la plume de Roberto Ampuero, La Havane et ses habitants renaissent; les termes espagnols qui émaillent le récit ajoutent davantage de réalisme et renforcent le dépaysement. S'il peut sembler difficile à suivre, notamment par la multitude de personnages rencontrés, ce roman autobiographique mérite néanmoins un petit effort de la part du lecteur : son réalisme et sa richesse le valent largement ! A la lumière de cette lecture, l'épilogue prend tout son sens, onze ans après sa première parution. Particulièrement lorsque l'auteur évoque la lecture de son ouvrage, circulant clandestinement, à Cuba...
Lien : http://nahe-lit.blogspot.be/..
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Le héros et narrateur, jeune révolutionnaire chilien condamné à l'exil en RDA par la dictature de Pinochet, tombe amoureux de la fille du procureur de la république Cubaine, alors qu'elle est étudiante à Leipzig. Il accepte de la suivre à Cuba pour fonder une famille. « L'amour peut être très beau mais rien n'est plus beau que la révolution », habité par un idéal révolutionnaire, le jeune homme est persuadé d'arrivé en terre promise .

Hélas la réalité va vite rattraper notre pauvre héros, le monde selon Fidel n'est pas celui auquel il croit, tandis que sa femme, complètement absorbée par le système, devient une fonctionnaire zélée, lui, le Chilien, comme on l'appelle, se retrouve de plus en plus en marge et observe avec impuissance la mort lente de ses idéaux.

Comme Kundera dans « l'insoutenable légèreté de l'être » Ampuro met en scène un homme qui, tout en voulant rester humain et pacifique, veut croire à la révolution. Gabriel Garcia Marquez l'affirme, la vie de chacun, c'est ce dont il se souvient. Dans ce roman autobiographique, Roberto Ampuro nous entraine en pleine guerre froide au siècle dernier. Formidable plongée géopolitique, écrite à la première personne, nous découvrons avec le jeune héros la vie à Cuba dans dans les années 80, les privations, la peur, la défiance, les inégalités. Bienvenue dans un pays dirigé par des idéologues incultes.

« Quand nous étions révolutionnaires » est un témoignage poignant et nécessaire comme le sont les oeuvres de Zoé Valdés, de Reinaldo Arenas ou de Heberto Padilla.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Voilà un roman qui ne manquera pas de surprendre : le récit a peine romancé de la vie d'un jeune militant chilien ébloui dans sa jeunesse par l'idéal révolutionnaire, qui est nommé le Chilien, tout au long du roman, ou camarade, amigo, selon les interlocuteurs. Nous sommes dans les années 70, peu après le putsch du 11 septembre qui a provoqué le renversement du Président Salvador Allende, leader de l'Unité Populaire au Chili. le Chilien quitte son pays, en proie à une répression cruelle et s'installe en Allemagne de l'Est où il rencontre Margarita Cienfuegos, jeune étudiante. L'idylle serait parfaite si le Chilien n'apprenait, au hasard de ses contacts et entrevues dans les milieux diplomatiques et militants, que cette jeune femme est la fille d'un des caciques du régime castriste et qu'il traîne derrière lui un passé très chargé : il a été procureur de la République à Cuba, a fait condamner et fusiller à ce titre beaucoup de « contre-révolutionnaires ».
Il accepte de suivre cette jeune femme à La Havane car il est encore persuadé de la justesse des idéaux révolutionnaires et de la victoire du socialisme réel sous le soleil des Caraïbes .Il déchante bien vite et découvre à Cuba la pénurie alimentaire, la censure, l'homophobie, des formes de discrimination raciale.
L'un des mérites essentiels de ce roman est de décrire jusque dans les moindres détails les cheminements moraux et psychologiques des personnages du récit .Ainsi, le Chilien se persuade-t-il de la justesse de sa cause par l'horreur des atrocités du camp adverse : « Je suis certain que notre virage, sincère et profond, fut moins provoqué par l'idéologie que par les actions terroristes de la DINA de Pinochet et des contre-révolutionnaires de Miami. Ces récits que nous écoutions, horrifiés (…) nous impressionnaient (…) Ils émanaient de personnes en chair et en os qui racontaient ces épouvantables épisodes entre crises de larme et silences prolongés. »
Le doute saisit notre militant , lorsqu'il apprend par l'intermédiaire d'un jeune bibliothécaire que l'on brûle des livres à Cuba aussi, comme en Allemagne au temps des nazis …Ces sentiments sont liés à la relation qu'il a avec Margarita et introduisent le doute quant à la véracité des sentiments qu'il lui porte : « Margarita était dévorée par la préservation de son poste au sein de la FMC ; moi, par l'incertitude au sujet de notre avenir , en particulier parce que je n'avais plus confiance, politiquement , en elle. »
Ce qui emporte l'adhésion dans ce roman, c'est le caractère équilibré du récit : les doutes y sont exposés, l'humanité des interlocuteurs de tout bord aussi .Les dialogues laissent la place à d'amples débats mêlant la culpabilité, le remords, l'espoir, la générosité. le passé de Cuba est évoqué, l'architecture des maisons de Miramar, quartier résidentiel de la Havane, la persistance de cultes superstitieux telle que la santeria. Toutefois, l'auteur n'est jamais amer, il ne stigmatise pas l'idéal, en tant que tel, mais les dérives occasionnées par l'exercice des dictatures, de toute couleur politique. Il l'exprime très bien dans l'épilogue du récit, où il espère encore « explorer les grandes allées de la liberté avec les Cubains. »


Lien : http://www.bretstephan.com
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critiques presse (1)
Liberation
07 octobre 2013
Ampuero commet bien parfois le péché d’anachronisme mental, confondant ce qu’il vécut et ce qu’il a compris, et son style est trop sentimental. Mais le livre est un grand document intime sur le passé d’une illusion collective : l’amour a conduit l’auteur à une place politique privilégiée, que nul étranger n’a ainsi occupée.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mario Vargas Llosa (Prix Nobel de littérature) dans la préface :

Je t’écris ces lignes pour te féliciter pour ce magnifique témoignage littéraire qui m’a profondément ému. Cela faisait longtemps qu’un livre ne m’avait pas autant absorbé et bouleversé. C’est une description honnête, véridique et lucide de cette illusion que nous avons partagée, comme tant de Latino-Américains, avec la Révolution cubaine.
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Je n’aurais jamais cru qu’un chef d’État chilien, qui a été victime de la dictature militaire et a lutté pour le rétablissement de notre démocratie, fût incapable d’élever la voix devant le dictateur qui maintient la censure sur les œuvres de Pablo Neruda, de Jorge Edwards, du poète Heberto Padilla et sur les miennes.
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Extrait page 490
Concrètement, quand j’écrivais – Quand nous étions révolutionnaires - je n’ai pas pensé une seconde que ces mémoires me placeraient sur la liste noire d’un régime, feraient de moi la cible des attaques de ses agents et compagnons, et trouveraient tant de lecteurs dans le monde.

Aujourd’hui, ce livre circule en Amérique Latine et dans des pays européens, et le plus important, il est également lu, bien que clandestinement, à Cuba.
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Je suis certain que notre virage, sincère et profond, fut moins provoqué par l’idéologie que par les actions terroristes de la DINA de Pinochet et des contre-révolutionnaires de Miami. Ces récits que nous écoutions, horrifiés (…) nous impressionnaient (…) Ils émanaient de personnes en chair et en os qui racontaient ces épouvantables épisodes entre crises de larme et silences prolongés
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Je n’avais qu’un seul désir : fuir le Chili, sa violence, ses armes, ses édits précédés d’hymnes martiaux et ses camions militaires pleins de soldats et de prisonniers.
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