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EAN : 9782743635022
262 pages
Payot et Rivages (03/02/2016)
3.03/5   18 notes
Résumé :
Premier roman d'un jeune éditeur américain passionné de littérature noire. Entre Raymond Carver et Jim Thompson, l'histoire des rêves fracassés de jeunes gens désespérés dans une petite ville de l'Oklahoma.
Arlo et Sepp Clancy vivent dans une petite ville de l'Oklahoma. Arlo est marié, travaille dans un magasin et rêve à une vie meilleure que l'existence étriquée qu'il mène dans son mobile-home. Sepp vient de sortir de prison mais, lassé des boulots ingrats, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Une ou deux boîtes de nuit un peu pourries, quelques rastas blancs issus de familles aisées, beaucoup de mexicains qui bossent au noir, tout un tas de gens qui vivent dans des mobile homes et pour qui partir en vacances revient – pour les plus imaginatifs – à faire un tour sur Google street view… Bienvenue en Oklahoma.
C'est là, dans une petite ville sans charme, que vivent les personnages que J. David Osborne va faire se croiser. Avec, au milieu du maelström que l'auteur met en place, deux couples de frères. D'un côté Sepp et Arlo Clancy, petits blancs pauvres dont le premier sort de prison pour détention de drogue avec intention de la revendre et le second subit les clients du magasin de sport dans lequel il est employé tout en rêvant de pouvoir un jour réussir à s'extraire de sa condition et de la maison mobile dans laquelle il vit avec sa femme, Jen, qui travaille pour un cabinet d'avocats. de l'autre Danny et Thomas Ames ; le premier s'occupant de la sécurité pour une boîte de nuit et se trouve régulièrement en délicatesse avec la loi, le second étant l'espoir de la famille, jeune homme a priori sage mais qui vient de disparaître.
Lorsque, lors d'une partie de pêche au poisson-chat, Sepp et Arlo remontent une tête humaine et décident de n'en rien dire à la police, on se doute bien à qui elle appartient. Comme on se doute que Danny, très remonté, va bien finir par croiser la route des deux frères. le tout est de savoir comment tout cela va se passer.
Surtout, J. David Osborne en profite pour tirer le portrait d'une Amérique des marges, abandonnée, paumée, loin des grandes métropoles mais pas non plus très près de la nature. Une Amérique urbaine faite de trailers parks et de lotissements pas très coquets, de petites villes champignons où cohabitent essentiellement, pour une bonne part de la population, l'ennui et le chômage et donc, partant, la débrouille et les petits business foireux. Ainsi en va-t-il de ce trafic d'engrais chinois vendu comme une drogue synthétique auquel Sepp participe pour pouvoir – luxe suprême – rouler jusqu'à Dallas pour s'acheter des meubles Ikea. Par ailleurs, autour de la colonne vertébrale du roman constituée par la recherche de Thomas par Danny et les tentatives, molles ou vaines, de Sepp et Arlo pour accéder à un peu d'aisance et de bonheur, Osborne multiplie les petites scènes et les dialogues saisis à la volée comme autant d'instantanés de la vie de ce prolétariat abandonné dans le trou du cul de l'Amérique et pour lequel le choix se limite à un travail qui ne rapporte pas, aux trafics bancals ou à s'engager dans l'armée.
« Merle se pencha vers Arlo. « Je ne m'engagerais pas, si j'étais vous. »
Arlo grimaça un sourire : « J'en avais pas l'intention.
--J'ai été dans l'armée pendant plusieurs années. Ça remonte à loin. Ils ont voulu m'envoyer au Vietnam. Je me suis déclaré objecteur de conscience. Ils m'ont fichu en prison. Tuer des gens, c'est dégueulasse.
-Tout à fait d'accord.
-Enfin bon. L'armée, elle n'était pas aussi pourrie à l'époque. Il y avait la conscription, une belle merde, ça aussi. Mais comme ce n'était pas par choix que les gars devenaient soldats, il y en avait beaucoup de normaux. »
Tour à tour amusantes ou accablantes, ces tranches de vies forment en fin de compte un roman percutant et, derrière un aspect rentre-dedans pas désagréable, d'une grande finesse dans sa description des personnages, des sentiments qui les animent et de leurs contradictions. Voilà un auteur qu'il conviendra de suivre de très près.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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QUE LA MORT VIENNE SUR MOI de J. DAVID OSBORNE
Danny Ames et Richard Beck viennent de mettre une sévère raclée à Lenny Youngblood (puis sniffent un stock de coke)Rafe est content lorsqu'il l'apprend tout en regrettant qu'ils ne l'aient pas tabassée elle, Molly. Arlo et Sepp Clancy sont deux frères, se battent à propos de Lucas puis vont à la pêche comme souvent et découvrent une tête immergée. Sepp étant suivi par un juge d'application des peines, ils ne vont pas en parler, mais quand le frère de Danny Ames, Thomas, sera porté disparu, l'inquiétude va monter d'un cran. Danny, petit caïd du secteur et Richard mènent l'enquête sans attendre la police, il vont interroger les copains de Thomas et lui qui devait rentrer en licence de droit à la rentrée avait peut-être d'autres activités cachées.
On est dans l'Oklahoma, dans une campagne gangrenée par la drogue sous toutes ses formes, amphétamines, herbe, shit, ou coke, l'argent semble facile à amasser et beaucoup n'ont plus l'intention de travailler à faire des livraisons ou de la manutention. C'est un livre assez court, construit avec des phrases sèches, des chapitres resserrés qui va faire se rencontrer Danny et Richard D un côté, Arno et Sepp de l'autre, c'est sombre, c'est noir, une vision désespérée de plus de l'Amérique profonde. C'est le premier roman d'Osborne.
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Que la mort vienne sur moi : voici un livre incontournable qui a tous les ingrédients pour donner un excellent roman noir américain comme je les aime !

Si au début le style de l'auteur me semblait trop haché et l'intrigue difficile à suivre car le lecteur arrive dans l'histoire sans en comprendre les tenants et aboutissants, quelques pages plus loin j'étais complètement happée par ce récit qui fait croiser plusieurs personnages imprégnés par leur passé, leurs désillusions, leur petite vie étriquée dans un trou paumé. C'est vraiment de la pure country noir : l'Amérique profonde dévoilée au lecteur !

Il n'y a pas de mystère, pas de rédemption, c'est un quotidien terriblement misérable où la seule chose extraordinaire qui peut vous arriver soit de vivre une vie paisible ou alors de mourir pour une simple histoire de drogue ou de bagarre dans un bar. Si vous avez Un hiver de glace (Winter's Bone) de Daniel Woodrell ou encore Pike de Benjamin Whitmer (deux excellents romans) vous vous régalerez avec ce livre !

J'ai aimé la façon dont l'auteur faisait s'imbriquer les vies des deux frères avec celle de l'homme qui est en quête de son propre frère. J'ai aimé qu'il donne autant d'importances à l'intrigue centrale qu'aux petits détails de leur existence : le travail, la vie de couple... Certains sortiront vivants de tous ces évènements mais aucun n'en sortira indemnes et surtout pas le lecteur !

Comme dans la plupart des romans noirs, la fin reste ouverte à l'appréciation du lecteur : à vous de choisir VOTRE fin, à vous de décider ce qui se passera ensuite... Il s'agit peut-être du seul moment extraordinaire dans la vie très ordinaire de ces protagonistes : c'est d'un réalisme cruel ! Je me suis vraiment attachée aux personnages et surtout à Arlo qui est sûrement le plus "humain" de tous...

En définitive une très bonne lecture, j'ai très envie de lire d'autres romans de J. David Osborne !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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dans un patelin anonyme de l'Oklahoma on retrouve 2 duos de frères. d'un côté Sepp et Arlo Clancy,blancs, le 1er sort de prison et l'autre bosse dans un magasin de sport. de l'autre Thomas et Dany Ames,noirs, le 1er a disparu et l'autre assure la sécu dans une boite de nuit et fait le coup de poing pour quelques billets.
Dany, avec ses méthodes à lui, part à la recherche de son frère. Les Clancy,pendant une partie de pêche au poisson-chat, retrouvent une tête et un corps mais ne disent rien, plus pour éviter des ennuis que pour cacher quelque chose.
Leurs chemins vont forcément se croiser à un moment ou un autre.
Le récit peut paraitre décousu,il y a beaucoup de non-dit,on alterne des "tranches de vie" assez courtes des uns et des autres et même si on se doute très rapidement du fin mot de l'histoire il n'y a pas,au départ, de véritable fil conducteur. ce n'est pas désagréable pour autant.
on les suit eux et d'autres,Merle le barman dont j'ai failli rater la vraie place dans l'histoire, dans leur vie ou surtout leur ennui.
à la fois attachant par moment, la façon dont Arlo et sa femme Jen surmontent leurs difficultés, et terriblement révélateur de cette Amérique entre petits boulots,arnaques et trafics ce Que la mort vienne sur moi est beaucoup plus fin et subtile qu'il n'en a l'air de prime abord.
un auteur à surveiller.
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Un portrait implacable de l'Amérique profonde

En ce début d'année 2016, ne passez surtout pas à côté de ce formidable roman noir, portrait réaliste, implacable mais aussi touchant de cette Amérique dont on ne parle pas souvent: l'Amérique profonde, le Centre Sud américain, équivalent de notre "diagonale du vide". L'action de ce roman noir se déroule dans l'état conservateur de l'Oklahoma, une région sinistrée, et dévastée par le chômage, la misère et la délinquance.

Je ne vous parlerai pas de l'intrigue, ou plutôt des intrigues de ce roman qui privilégie la dureté des rapports humains et la dimension "sociale" à l'enquête policière pure.
Les protagonistes principaux ne sont d'ailleurs pas des flics, mais des citoyens américains qui continuent de vivre, de mener tant bien que mal leur existence, malgré les nombreux coups du sort. Que la mort vienne sur moi est un portrait de ces "petites gens" abandonnées du rêve américain. Ce que j'ai aimé, c'est que l'auteur ne fait pas dans le caricatural, ne tombe pas dans les clichés du style "Rednecks". Non, son histoire est réaliste, et pétrie d'humanité.

Sur la forme, l'éditeur présente Osborne comme une symbiose entre Raymond Carver et Daniel Woodrell, qui sont également deux auteurs de romans noirs ruraux. J'ajouterai volontiers l'immense Larry Brown au niveau de la puissance d'évocation des personnages. On sent que l'auteur aime ses personnages, qu'il éprouve une profonde empathie pour eux.

Enfin le style d'écriture et la construction du roman contribuent énormément à la réussite de l'ensemble. L'auteur va à l'essentiel, toujours. Pas de gras, pas de fioritures, c'est classique, c'est efficace. le style d'écriture est économe et laconique à l'extrême. Des phrases courtes, des chapitres très succincts. Pas de longueurs, pas de chichis. J'ai adoré!
Lien : http://www.conseilspolarsdep..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Merle se pencha vers Arlo. « Je ne m’engagerais pas, si j’étais vous. »
Arlo grimaça un sourire : « J’en avais pas l’intention.
--J’ai été dans l’armée pendant plusieurs années. Ça remonte à loin. Ils ont voulu m’envoyer au Vietnam. Je me suis déclaré objecteur de conscience. Ils m’ont fichu en prison. Tuer des gens, c’est dégueulasse.
-Tout à fait d’accord.
-Enfin bon. L’armée, elle n’était pas aussi pourrie à l’époque. Il y avait la conscription, une belle merde, ça aussi. Mais comme ce n’était pas par choix que les gars devenaient soldats, il y en avait beaucoup de normaux.
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C’est ça qui m’agace. Je sais bien que c’est pas de votre faute. Mais moi, c’est ce qui m’agace. C’est jamais la faute à personne. Jamais un responsable qu’on peut contacter ni rien. C’est les sociétés anonymes qu’imposent ces règles, et après elles engagent des pauvres bougres comme vous pour des tâches subalternes qui vous rapportent trois fois rien.
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– Une facétie, hein ? Elles étaient où, tes facéties, quand on jouait ?
– Je n’ai eu que des lettres pourries.
– Si tu attends de pouvoir former un mot comme “facétie”, tes lettres te paraîtront toujours pourries. »
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« Il est plus facile de prendre la fuite.Plus facile que de rester et de découvrir
qu’on est le seul à ne pas l’avoir fait. »
Gil Scott-Heron
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Cheveux plaqués/costume de qualité/montre. Arlo était profondément convaincu qu'on appartient aux gens qu'on déteste. Il fit un gros effort pour ne pas s'imaginer en train de lui écraser la tête sur le trottoir à coups de talon jusqu'à qu'il ne sourie plus jamais et que plus jamais il ne mette dans une montre, le salaire qu'il gagnait, lui, en une année. ( p124 )
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