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Réalités obliques tome 3 sur 3
EAN : 9782803672363
160 pages
Le Lombard (12/10/2018)
4.5/5   8 notes
Résumé :
La femme qui n'existait qu'un jour sur deux, l'homme qui se précédait toujours lui-même ou celui qui n'avait pas le sens du toucher? Entre pur surréalisme belge, Quatrième Dimension et Idées noires Franquinisées, Clarke signe ici un livre unique en son genre, déclinant les concepts les plus inattendus en quatre fois quatre cases. Entre noir et blanc, déprime et rire absurde, l'auteur de Mélusine ouvre une lucarne à quatre carreaux pour éclairer différemment la grise... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Au début… au début tout était normal.
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Ce tome fait suite à Réalités obliques, tome 2 : Mondes Obliques (2016) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant, car il s'agit de tomes autonomes. La première édition date de 2016. Il a été réalisé par Clarke (Frédéric Seron) pour le scénario, les dessins et l'encrage. Il est également le créateur, et dessinateur et, depuis le tome 21, le scénariste de la série Mélusine avec François Gilson pour les tomes 1 à 20. Il a collaboré avec Turk pour la série Docteur Bonheur, avec Midam pour la série Histoires à lunettes, et il a réalisé de nombreuses autres séries et histoires en 1 tome, comme Les étiquettes (2014). Ce tome est une anthologie d'histoires courtes en noir & blanc. Elles se présentent toutes sous le même format : une page sur fond noir avec le titre et un liseré blanc oblique sur la partie droite, suivie par une page noire. Viennent alors les 4 pages de bandes dessinées, chacune comprenant 4 cases carrées de la même taille. L'ouvrage lui-même est de format carré, avec une couverture rigide. Ce tome comprend 25 histoires de 4 pages, et en ouverture 1 histoire d'une page.

Dans un petit bateau de pêche, deux marins sont secoués dans de hautes vagues d'une tempête : pas une seule terre émergée en vue, ça fait plus d'un mois qu'il pleut, un déluge, comme dans la Bible. – Un voile sur les vivants : elle s'appelle Louise et elle est confortablement assise dans un fauteuil de l'avion de ligne qui vient de décoller. La première fois qu'elle a remarqué son don, c'était avec sa grand-mère sur son lit de mort. Elle était encore une enfant, et on lui avait dit que sa grand-mère allait mourir, que c'était inéluctable. Mais il y a avait autre chose : dans son regard, un voile qui la coupait du monde comme si elle déjà partie. Louise a alors su ce qu'on voit dans les yeux de ceux qui vont mourir. – La danseuse : alors qu'elle s'entraîne avec des mouvements dans une salle de danse, cette jeune femme se dit qu'elle aime danser, qu'elle aime son corps, le sentir bouger, occuper l'espace autour de lui, vibrer, ondoyer, onduler, de plus en plus vite, sentir ses membres se détacher d'elle…

Y grec : un homme est allongé dans le noir. Il éprouve une sensation atroce, plus bas dans son corps. Il ne voit rien, mais la douleur est trop importante, avec l'impression d'être vidé, étripé. – Une victime de plus : un homme est assis sur un banc et il regarde les jeunes femmes passer en pensant à a prochaine victime. Mais laquelle choisir ? Il lui faut rester prudent. Ne pas se précipiter, sélectionner avec soin. Mais c'est si difficile. Il arrive à peine à se contenir. Il a tellement envie de meurtres et il y a tant de proies. - La fin : un homme est assis dans l'herbe, adossé à un arbre, en train de regarder sa fille marcher avec application. Il y a quelques semaines encore, elle ne marchait pas, et voilà. Il se demande à quoi ressemblera sa vie dans vingt ou trente ans.

S'il a lu les deux premiers tomes de la série, le lecteur sait ce qu'il est venu chercher : un exercice de style, des histoires à chute, une vision pessimiste et négative du monde, des gens et de la vie en général. Il retrouve tout ça, sans sensation de répétition le cadre formel très contraignant. le créateur respecte scrupuleusement le format qu'il s'est imposé. Comme dans les deux précédents tomes, seule la première histoire y déroge : en une seule page, composée de quatre cases de la même taille. Un gag reposant sur la surprise de la dernière case, et une déduction laissée au lecteur. le contraste entre noir & blanc est total, avec des masses noires, des masses blanches, et des traits secs apparaissant soit noir sur fond blanc, soit blanc sur fond noir, venant comme griffer l'aplat, ce qui évite que l'oeil du lecteur voie immédiatement la forme à repérer dans la dernière case. En quatre phylactères et trois cases, l'auteur a posé la situation et la résolution est purement visuelle, sans texte, charge au lecteur de formuler dans son esprit ce à quoi les deux marins sont confrontés dans cette mer démontée. Une maîtrise de la concision, du découpage et la mise en scène, une leçon de narration.

Au fil de ces vingt-cinq histoires, le lecteur pense à nouveau aux Idées noires d'André Franquin, à la fois pour ce choix du noir & blanc, à la fois pour la vision pessimiste du monde et de l'existence. Il représente des individus assez fades, afin de faciliter la projection du lecteur, des hommes et des femmes d'une vingtaine ou d'une trentaine d'années, au physique banal, parfois similaires entre deux histoires, même s'il n'y a aucune forme de continuité. Il esquisse les tenues vestimentaires s'attachant à leur allure générale, sans rentrer dans les détails, pantalon, chemise ou chemisier, et parfois un imperméable pour son allure esthétique. de temps à autre, un vêtement ou un accessoire un peu particulier apparaît : un béret de marin, une barrette, une jupe, un juste-au-corps de danseuse, des lunettes qui cachent le regard, un habit de bonne soeur, une tenue d'employé d'établissement de restauration rapide, un parapluie, des talons haut, un tatouage, une combinaison d'astronaute, une tenue de clown. Avec un peu de recul, le lecteur s'aperçoit qu'il y a plus de variété qu'il ne pensait, et qu'à chaque fois l'artiste sait trouver les traits nécessaires et justes pour évoquer ces éléments sans avoir besoin d'en représenter la texture ou la forme exacte.

Les histoires apparaissent plus distinctement variées aux yeux du lecteur grâce à la mise en scène. Alors que la structure figée et la forme de minimalisme visuelle peut laisser supposer une uniformité visuelle, il n'en est rien. Chaque histoire est bien distincte : l'environnement dans laquelle elle se déroule, la situation initiale. Tout l'art de Clarke est de savoir construire une mise en scène spécifique à chaque histoire, lui donnant une apparence particulière, la distinguant des autres. Une mer démontée, un voyage en avion, un cours de danse, un banc dans une rue, un grand parc, un établissement de restauration rapide, un champ, les bas-côtés d'une nationale la nuit, un lit la nuit, une navette spatiale, le garage d'un pavillon, un paquebot en train de couler, et de nombreuses pièces noires sans signes distinctifs. Même dans ce dernier cas, la mise en scène des personnages, et la direction d'acteur évitent toute sensation de redondance ou d'inconsistance. À chaque histoire, le lecteur ressent la sensation de plonger dans une nouvelle situation, d'observer de nouvelles personnes, avec une curiosité renouvelée, et un sentiment d'inquiétude palpable dès la première case, car il sait que l'échec ou la malchance sont au bout de la nouvelle.

Pour ce troisième tome, l'auteur a collaboré avec d'autres scénaristes, chacun écrivant une histoire : Andreas, Raoul Cauvin, Aimée de Jongh, Dugomier, Foerster, Joseph Safieddine, Kid Toussaint, Vehlman, Zidrou. Soit neuf histoires, ce qui en fait seize écrites par Clarke. Si, dans la table des matières, il n'était pas fait mention de leur nom accolé à la nouvelle qu'ils ont écrite, le lecteur ne subodorerait pas que l'auteur ne les a pas toutes écrites. Comme dans les tomes précédents, la fatalité s'abat sur les personnages : la mort bien sûr, l'impossibilité d'être à la hauteur de ses rêves, la pulsion de tuer, la part de ténèbres en chacun de nous, le passage inexorable du temps, l'incommunicabilité, l'intranquillité, l'innocence trompée, l'incompréhension de la réalité générée par sa perception avec des sens finis, l'égoïsme naturel de l'être humain, les plans bien préparés qui se heurtent aux impondérables, la survenance d'événements arbitraires sur lequel l'individu n'a aucune prise. Il ne s'agit pas d'un humour noir gentil. Au début, le lecteur peut avoir l'impression que l'auteur se conforme plus à l'exercice de style pour lui-même, qu'il ne creuse pas la douleur d'exister. Quelle que soit sa sensibilité, le lecteur finit par tomber sur une nouvelle qui lui parle plus, parce qu'il a déjà fait l'expérience de ce type de vulnérabilité, de se retrouver sans défense, sans moyen d'action, de subir. le mal-être ressenti par un personnage ou un autre fait mal. Comment rester insensible devant cet homme qui peste contre une panne qui l'empêche d'accomplir ce qu'il souhaite ? Comment accuser le coup quand le lecteur comprend que son but est de se suicider et que cette panne l'empêche de le faire ? Quel désespoir que de vouloir en finir avec la vie, et de ne même pas en être capable… Et ce couple qui se défait juste parce que la femme et l'homme n'ont plus le même rythme. Ou encore cet homme sachant que sa mort entraînera sa disparation à jamais et qui ne peut rien y changer.

Troisième tome de cet exercice de style : chaque histoire en noir & blanc, en quatre pages, contenant chacune quatre cases de la même taille. Aucune sensation de redite : chaque histoire développe une situation différente, une souffrance particulière, soit banale, soit teintée de fantastique. Une narration visuelle focalisée sur l'essentiel, au point d'en devenir évident, la justesse d'une sensibilité à la pénibilité de la condition humaine.
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Incroyable compilation de 25 contes et d'histoires à dormir debout portés par le talentueux dessin minimaliste de Clarke.
On voyage aux frontières du réel, à mi-chemin entre les Histoires Extraordinaires d'Edgar Allan Poe et les stupéfiants épisodes de la série télévisée en noir et blanc d'Alfred Hitchcock (Alfred Hitchcock Presents).
Mes préférences vont toutefois à "Un voile sur les vivants" et "Fidèle".
Si vous aimez, je vous invite à découvrir, ou à redécouvrir, "Réalités Obliques" et "Mondes Obliques" et pourquoi pas la pétillante et très acidulée série "Mélusine" destinée aux enfants dont Clarke est aussi le papa.
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critiques presse (4)
Auracan
20 décembre 2018
Si d'un point de vue scénaristique on peut évaluer le défi que représente chacune de ces histoires, on apprécie surtout la mise en image sde Clarke. Son dessin est sensible, élégant et son utilisation du noir et blanc, qui colle bien au contexte global de l'album, est particulièrement habile et judicieuse.
Lire la critique sur le site : Auracan
BDGest
18 décembre 2018
Est-ce que ce troisième tome apporte vraiment quelque chose de plus ? Probablement pas, mais ces contes cruels persistent à être plaisants.
Lire la critique sur le site : BDGest
ActuaBD
27 novembre 2018
Troisième (et dernier) recueil d'histoires courtes, "Rencontres obliques" permet à Clarke de livrer de dernières pépites fantastiques, tout en bénéficiant du support d'autres auteurs, comme Andreas, Cauvin, Dugomier, Foerster, Zidrou, Vhehlmann, etc.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Actualitte
23 octobre 2018
Dans ce troisième volume, le miracle s’accomplit de nouveau. Certes, le principe est connu, mais la diversité des scénaristes – ils sont une dizaine à intervenir, sur vingt-cinq séquences – alimente la noirceur de l’ensemble.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La mort, c'est quoi au juste ? La chimie d'un corps qui s'arrête, voilà tout. C'est inéluctable et sans importance. Ce qui est important, c'est de survivre. Moi, je suis mort, mais je veux rester en vie. Dans la mémoire des autres. Je continue à exister dans leurs souvenirs. L'immortalité. Jusqu'à ce que peu à peu les autres disparaissent également. Et là, je mourrai vraiment, c'est inéluctable.
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Je ne sais plus trop quand ça a commencé. Au début… au début tout était normal. Au début nous étions amoureux. Puis les choses se sont mises à changer. Elle a ralenti… ou peut-être est-ce moi qui ai accéléré. Peu importe. Nos rythmes n'étaient plus les mêmes. L'écart s'est creusé, inexorablement. Pour moi, elle devenait statique ; pour elle j'étais sans cesse en mouvement. C'était il y a longtemps. Nous avons continué de nous éloigner. Moi vivant de plus en plus vite, elle ralentie, figée.
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Une victime de plus. Mais laquelle choisir ? Il faut rester prudent. Ne pas se précipiter, sélectionner avec soin. Mais c'est si difficile. J'arrive à peine à me contenir. J'ai tellement envie de meurtres et il y a tant de proies. Partout. Je m'imagine découpant un autre corps, le dépeçant lentement. Je l'ai fait tant de fois. Je ne peux plus m'arrêter. Toujours à la recherche d'une nouvelle victime, quelqu'un à éviscérer. Jusqu'à ce que je trouve… Et là je sais que je vais pouvoir apaiser ma soif de sang une fois encore.
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Je m'appelle Louise, la première fois que je l'ai remarqué, c'était avec ma grand-mère. Sur son lit de mort… J'étais enfant. On m'avait dit qu'elle allait mourir, que c'était inéluctable. Mais il y avait autre chose. Dans son regard, un voile, un voile qui la coupait du monde, comme si elle était déjà partie. C'est là que j'ai su qu'elle allait mourir. C'est là que j'ai vu ce que l'on voit dans les yeux de ceux qui vont mourir. Je l'ai vu quelques fois ensuite. Cet ami de mes parents sur le seuil de leur maison, qui allait se tuer en voiture quelques minutes plus tard. Ce professeur lors de son dernier cours. Cette connaissance au bureau. Depuis, j'ai appris à les reconnaître ceux qui vont mourir.
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Les douleurs imaginaires sont de loin les plus réelles, puisqu'on en a un besoin constant et qu'on les invente puisqu'il n'a pas moyen de s'en passer. – Emil Cioran
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