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EAN : 9782708708969
186 pages
Editions Présence Africaine (18/01/2017)
4.5/5   5 notes
Résumé :
Qu est-ce qu un titre de séjour ? Une pièce d identité éphémère ou un prétexte pour écrire un roman ? Face à la procédure de renouvellement de son titre de séjour, comment raconter l engrenage administratif, les allers-retours incessants, la tension insoutenable et l attente prolongée? Le narrateur, un étranger exilé dans une capitale européenne, lutte pour renouveler son titre de séjour, écrire son premier roman et conquérir un amour impossible. Dans un environneme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Bon, je suis sur une séquence compliquée. le roman de Khalid Lyamlahy n'est pas simple. L'homme s'est fait plaisir. Ou plutôt, il lui a fallu beaucoup de plaisir pour produire un tel roman. le roman étranger. Beaucoup d'exigence, beaucoup d'ab-négation, une culture de l'excellence, du travail bienfait, peaufiné, policé. le travail d'un artiste besogneux. Un artiste angoissé par le souci du détail, qui trépigne sur la virgule de trop. Khalid Lyamlahy produit là un texte partant sur trois mots, ou trois groupes de mots et il compose sa musique.

Stop. de quoi je parle? Un jeune étudiant devant un guichet de cinéma attend que son tarif « jeune » soit validé. Pour cela, il fournit sa carte de séjour à la guichetière. Alors que celle-ci scrute le document administratif avec minutie, l'étudiant narrateur réalise que son titre de séjour arrive à échéance. C'est le point de départ de cette narration, de ce roman « étranger ». il s'articule avant tout sur le projet d'écriture du narrateur et de toutes les angoisses qui y sont rattachées pour toute personne qui conçoit l'écriture comme un art. Un art.

Récurrence

Le roman est construit comme un cycle répétitif autour de trois concepts : le cycle constant et incessant du renouvellement du titre de séjour de l'étranger, la possibilité de l'amour et l'évolution d'un projet d'écriture. On repasse donc par les mêmes endroits, les mêmes angoisses. Ce cycle est intéressant. Dans le fond, il est une remise constante de l'identité de l'individu de l'étranger. Pourquoi ce cycle ? On est en droit de penser que l'identité ne saurait se résumer à une simple carte de séjour. Elle ne détermine pas tout, même si, dans le respect du pays qui accueille elle définit l'individu dans le lieu où il y a bien voulu poser bagages. D'ailleurs, le non octroi ne signifie pas le re qui pourrait expliquer le doute, l'instabilité du narrateur... En même temps, je suis très heureux que Khalid Lyamlahy aborde la question sous cet angle Cette carte de séjour dans les cycles réguliers de son attribution introduit une sécurité... Un des refuges, d un des moyens de s'extraire de cette incertitude peut être l'obtention de la nationalité... Non par adhésion, mais avant tout pour échapper à l'humiliation des queues infinies des préfectures de France et de Navarre… des mamans avec les poussettes...
Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
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S'il fallait privilégier une voie par laquelle s'emparer de Un roman étranger, ce serait celle de la description. Elle forme la matière même du roman, description dynamique qui saisit les atmosphères. C'est par une écriture déliée, qui se glisse dans les interstices du quotidien, que Khalid Lyamlahy nous donne d'abord à voir puis à éprouver la condition d'étudiant étranger en France.
Suspension de l'expiration

Représenté·es comme masse indifférenciée, étrangères et étrangers ont des parcours et des situations propres. La violence exercée sur un étranger arrivé en France en tant qu'étudiant ne sera pas la même que celle dont pâtit une personne parvenant à enjamber la frontière à bord d'une frêle embarcation. Cette distinction me semble nécessaire non pas tant pour établir une hiérarchie de l'intensité de la violence subie ou pour catégoriser les individus [1], il s'agit avant tout de cerner le « type » de violence. Ici, Khalid Lyamlahy trace la confrontation directe d'un étudiant étranger extracommunautaire [2] avec l'État et l'administration. Un roman étranger se révèle d'une redoutable subtilité par le fait qu'il ne se concentre pas simplement sur les motifs les plus familiers, mais nous montre la violence dans son ampleur, le tout porté par ces phrases expansives et ciselées, car, ici, l'attention est d'abord portée sur les détails, ces petits riens qui sont autant de rappels à l'ordre qui ramènent notre personnage-narrateur à sa condition ; il est étranger.

Lire la suite de la critique ici :
Lien : http://litteralutte.com/?la-..
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Le personnage principal découvre, à l'entrée d'un cinéma, quand il doit présenter sa carte d'identité pour bénéficier d'un tarif préférentiel, que son titre de séjour expire dans presque un mois. Et là, va commencer pour lui un long moment d'angoisse et de multiples questionnements…

Il y a aussi, et surtout, dans ce livre, de très belles phrases. Par exemple, il dit de Sophie, cette jeune étudiante dont il est amoureux et à qui il ne sait pas comment avouer sa flamme :

« Pour la première fois, mon regard s'arrête sur ses yeux vert émeraude qui brillent comme deux diamants dans leurs globes. »

Lien : https://lequotidienjulia.com..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pour arrêter le flot de mes idées farfelues, je tends d'un geste ferme la carte plastifiée à la jeune caissière qui me l'arrache aussitôt des mains. Elle la rapproche du halo de lumière pâle diffusée par une petite lampe particulièrement laide, posée à côté de la machine où sont enregistrées les réservations. Elle examine la carte d'un côté puis de l'autre, me regarde avec des yeux enflammés, retourne deux fois encore la carte puis me demande d'un air irrité :
- Je ne vois pas la date de naissance.
Elle a raison. Sur ce nouveau modèle de titres de séjour, la date de naissance est indiquée sur le dos de la carte en caractères minuscules, pour ne pas dire illisibles.
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Je crois que c'est à ce moment précis qu'elle a définitivement gagné sa place dans mon roman. Il a suffi que ce regard froid et indifférent vienne achever mes derniers doutes. Comme pour toutes les certitudes qui se fraient un chemin dans l'esprit, tout a commencé par une impression initiale, d'abord douce et imprécise, puis très vite, tout s'est enchaîné dans une logique implacable. J'ai déjà oublié sa question, noyée sans doute dans le bonheur de cette découverte inopinée.
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L'espace d'une seconde, j'ai vu la première phrase, le premier paragraphe, le premier chapitre, puis tout le roman s'est déroulé d'un seul trait dans mon esprit. Maintenant, son regard froid continue à me fixer, alors je glisse ma main droite dans la poche intérieure de ma veste et je sors lentement mon portefeuille. Elle a visiblement du mal à dissimuler son impatience.
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« Sans raison valable, je repense soudain à mon titre de séjour et de nouveau, d’un geste d’automate, je le ressors de mon portefeuille. J’examine le nom, le prénom, l’adresse, le statut, la date de naissance, comme pour vérifier la véracité de toutes ces informations. Mon regard s’arrête sur la date d’expiration. Il me reste un mois de répit. Je pense que je ferais mieux de commencer à constituer mon dossier de demande de renouvellement. Il ne faut jamais laisser traîner ce genre de tâches car elles ont une propension fascinante à se complexifier au fil du temps, se nourrissant de cette pression croissante qui s’empare de l’être et lui fait perdre progressivement la lucidité et le sens de l’organisation. En somme, il faut toujours s’y prendre à l’avance et prévoir un délai de sécurité pour éviter les mauvaises surprises. » Retour ligne automatique
pp.11-12.
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« Sur la table de chevet, mon regard s’arrête sur mon portefeuille. Sans réfléchir, je repense à mon titre de séjour qui expire dans moins d’un mois. Les gens ne connaissent pas ce sentiment étrange qui te prend à chaque fois que ton titre de séjour s’apprête à expirer et que tu imagines la procédure de renouvellement qui s’élève devant toi telle une montagne insurmontable, un labyrinthe de démarches et d’allers-retours, un supplice qui commence et se termine dans l’impatience et l’angoisse. Les gens ignorent tout ça, à commencer par Sophie ! Elle ne doit même pas s’occuper du renouvellement de sa carte d’étudiante. »Retour ligne automatique
p.22.
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