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EAN : 9782764626672
560 pages
Boréalia Editions (18/05/2021)
4.07/5   23 notes
Résumé :
1917. William Moreland, ancien détrousseur de grands chemins, n’est plus que l’ombre de lui-même. Brisé par la mort de sa femme, Mary Boulton – celle qu’on appelait autrefois « la Veuve » – et harassé par des années de cavale, il ressurgit à la frontière du Montana, prêt à tout sacrifier pour assurer l’avenir de son fils, Jack.
Le jeune orphelin vit comme un animal en cage dans une lugubre demeure, sous la férule à la fois bienveillante et inflex... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Tout cela, cette grande solitude, constituait son héritage ».

La solitude… Dans le fils de la veuve de Gil Adamson - traduit par Lori Saint-Martin et Paul Gagné - elle est omniprésente, mais différemment vécue et supportée par chacun des protagonistes en cette année 1917, au coeur de la partie des Rocheuses qui sépare l'Alberta du Montana.

Pour William Moreland, le Coureur des crêtes, la solitude est choisie, élément indissociable de sa vie de bandit de grands chemins, braquant usines, mines et particuliers sans jamais s'arrêter tant que l'avenir financier de son fils ne sera pas garanti.

Pour Soeur Béatrice qui a recueilli ce fils à la mort de sa mère - la « Veuve » du roman précédent - mais qui le constate enfui sans prévenir un beau matin, cette solitude est une souffrance, une torture, une insupportable blessure qui la mène progressivement vers la folie.

Enfin pour Jack, le fils, la solitude n'est que la conséquence de sa volonté de conduire librement sa vie et de marcher sur les traces de ce père si présent malgré son absence. Une condition indispensable pour devenir adulte et apprendre à vivre seul dans la cabane familiale, comme ses parents avant lui.

Auteure canadienne venue de la poésie, Gil Adamson nous offre un roman au rythme lent à l'image de celui de la nature sauvage magnifiée à chaque page, et à l'écriture élégante et poétique. Une écriture d'un seul bloc, dense, sans beaucoup de dialogues ni respiration. Exigeant donc.

Comme une peintre impressionniste, elle prend son temps, touche après touche, pour donner corps à ses personnages. Et c'est là la grande réussite de ce livre, ces portraits de trois âmes déchirées, deux sur le déclin et une en devenir, progressivement brossés sur fond de chronique sociale d'un monde en plein bouleversements.

Certains (et ce fut un peu mon cas) pourront parfois peiner, notamment au milieu du livre. Mais leur persévérance sera récompensée par la relance et la cohérence de l'ensemble qui se découvre par la suite.

À ne pas manquer pour les amateurs de nature writing et de belle écriture.
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William Moreland, bandit de grand chemin, qui s'était assagi à sa rencontre avec Mary Boultor, suite aussi à la naissance de leur fils, Jack, doit reprendre la route dans les Rocheuses, et le chemin du dynamitage de coffres, dans les mines, les grands hôtels... pour assurer l'avenir de son fils, tombé malade en même temps que sa mère, mais lui ayant survécu. Âgé de douze ans, en cette année 1917, Jack est confié à Soeur Beatrice, qui a quitté les ordres bien malgré elle pour hériter de la maison familiale, ce qui ne convient pas du tout au jeune adolescent, habitué à vivre, avec ses parents, dans leur cabane au fond des bois et des montagnes, au plus proche de la nature et du minimalisme matériel qu'il permet, avec une liberté totale de mouvement et d'apprentissages.

Les chapitres, assez nombreux, plus ou moins brefs, alternent d'abord, sans ordre strict, entre William, qui survit et se débrouille tant bien que mal à réaliser son but, alors qu'il est désormais quinquagénaire et bien moins en forme qu'avant sa rencontre avec Mary, et Jack, qui ronge son frein chez la Soeur, en colère contre son père qui l'a abandonné, et à une vie qui ne lui correspond pas, et à des rumeurs toutes plus désagréables les unes que les autres sur le compte de son paternel, puis ils s'intéressent ensuite, en plus, à Soeur Beatrice, à Wilson, un trappeur guide de chasse avec qui a travaillé Moreland, et à Sampson, voisin de la famille dans les bois, vieillard en partie amérindien qui a choisi, lui aussi, de s'isoler de la civilisation. Chacun aura son rôle à jouer dans l'histoire, et chacun, ou presque, révèlera, au fil de celle-ci, une part de ses secrets les plus troubles, ce qui mènera à un dénouement tout autant surprenant que parfaitement mené par Gil Adamson, qui nous montre ainsi que le mal n'est pas forcément là où l'on l'attend.

A travers ces personnages, l'autrice nous raconte aussi, magistralement, une part de l'Histoire des Etats-Unis, entre crépuscule d'un Far-West vieillissant, à la manière de Moreland et de Sampson, qui en sont les plus parfaits représentants, et aube d'une nouvelle époque qui commence à se dessiner, faite de davantage de sédentarité, de loisirs, de tourisme, ce qu'a bien compris Wilson, qui fait, au contraire de ses compagnons, la bascule entre les deux mondes. Et Jack, dans tout ceci, à qui l'on laisse le choix entre le crépuscule et l'aube, que va-t-il faire ? C'est, finalement, toute l'essence du roman, à mon sens ici, que de suivre le fils de la veuve à travers l'apprentissage de la vie en mode western.

Le fils de la veuve est un superbe roman, qui m'a happée dès les premières pages, d'une plume comme je les aime, précise, réaliste, qui prend le temps de décrire une atmosphère, sans pour autant être dénuée d'une certaine poésie, ici présente pour mieux magnifier la nature, ou, à l'inverse, pour rendre encore plus percutants ses dangers, également d'une certaine violence âpre, allant après tout de soi en ce début de XXème siècle états-unien. C'est ma plus belle découverte de ce début d'année.

Je vais désormais lire avec plaisir le premier roman de Gil Adamson, La veuve, qui s'intéresse justement à l'histoire de la rencontre entre William Moreland et Mary Boulton.
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« Le fils de la veuve » est ma belle lecture de ce début mai. Venu du Canada, ce roman avait tout pour me plaire et ne m'a pas déçue un instant. Son histoire, ses personnages et son écriture m'ont vraiment embarqué.

1917. Mary et William Moreland vivaient en ermites dans une cabane avec leur fils de 12 ans, Jack, jusqu'au décès brutal de Mary. Moreland confie alors temporairement l'enfant aux soins d'Emelia Cloud, religieuse et amie de Mary, qui va l'aimer de façon obsessionnelle. Moreland retourne à sa vie d'avant, voleur notoire, errant de ville en village, en Alberta et dans les États du Midwest, dans le but d'amasser un pécule conséquent pour assurer l'avenir de Jack. le garçon doit alors affronter de longues journées et de longues nuits, seul, à l'exception des brutes de l'école et des livres interdits de la bibliothèque d'Emelia. Alors qu'elle cherche à le « civiliser », surveillant son éducation, son langage, modifiant son habillement, allant même jusqu'à lui changer son nom, Jack lui rêve de revenir dans sa cabane, au fond des bois. Lorsqu'il se libère enfin, il emporte avec lui quelque chose que la religieuse est déterminée à récupérer.

Une splendide fresque familiale sur fond historique, aux relents de western et de nature writing, fortement axée sur les personnages. Jack, Moreland et la religieuse sont fascinants, chacun pour des raisons différentes (ça me titille de vous en dire plus mais parait que spoiler est interdit). Les seconds rôles ne sont pas en reste. le casting - y compris le casting animalier - est juste parfait.

Roman des solitaires -  orphelins, hors-la-loi, marginaux, mal-aimés – « Le fils de la veuve » profite de majestueuses descriptions des montagnes Rocheuses et de sa faune, tout en nous faisant découvrir un petit bout d'Histoire. Alors que le conflit mondial se déroule au loin, des prisonniers de guerre sont internés à Banff. Ces hommes sont mis au travail sur toutes sortes de chantiers, dont la construction de routes. La guerre est soudain moins abstraite.

A noter que le précédent roman de l'autrice, « La veuve », était centré sur le personnage de Mary. Pas besoin de l'avoir lu pour profiter pleinement de celui-ci.

Traduit par Lori Saint-Martin et Paul Gagné
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Quel immense plaisir à la lecture de ce roman, magnifique fresque familiale et historique.

En 1917, au coeur des Rocheuses, Mary, William et leur fils, Jack, vivent isolés du monde civilisé mais heureux, dans une cabane au milieu de nulle part, jusqu'au décès brutal de Mary. Dès lors, William confie la garde de Jack à Soeur Beatrice, ancienne religieuse et amie de feu son épouse. Afin d'assurer un avenir à l'abri du besoin à son fils, William - le coureur des crêtes - reprend son costume de bandit et erre de villes en villes pour braquer des usines, des mines ou encore des hôtels, peu importe, tant que l'argent tombe.

Pendant que William délaisse son fils et retourne à sa vie de solitaire, Jack se voit contraint de vivre la sienne dans l'immense demeure de Soeur Béatrice, vestige de l'immense fortune de son père. Loin de la nature sauvage qu'il aime tant, l'enfant de 12 ans ne rêve que d'une chose : s'échapper et retrouver la cabane familiale pour y vivre en solitaire, à l'image de ses parents avant lui. Seule échappatoire au quotidien solitaire et morne de l'enfant : la bibliothèque de la maison, pleine de « livres interdits » par la Soeur.

Lorsqu'un jour il parvient à ses fins emportant avec lui quelque chose de précieux appartenant à Soeur Béatrice, cette dernière met tout en oeuvre pour le retrouver, quitte à mettre à mal la certaine affection maternelle qui s'était glissée dans leur relation somme toute bancale.

Portée par un trio de personnages saisissants et fascinants, cette histoire de solitude et d'amour emporte le lecture au coeur de l'immensité des Rocheuses.

Véritable nature-writing qui fait la part belle à l'immensité des paysages américains, sur fond de Première Guerre Mondiale et de travail forcé, ce roman - traduit par Lori Saint-Martin et Paul Gagné - est un petit bijou à ne pas manquer. Et s'il peut paraître un peu exigeant par moment, ce n'est que pour mieux vous cueillir avec un final qui met en lumière les qualités romanesques de ce récit.
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Après le décès brutal de sa femme, William Moreland s'est mis en tête de réunir une somme suffisante afin d'assurer l'avenir de son fils Jack, douze ans. Il confie la garde de ce dernier à une religieuse, Soeur Béatrice, et repart errer sur les routes en commettant de multiples larcins partout où il passe pour atteindre son objectif.

Jack, quant à lui, qui vit avec l'absence douloureuse de sa mère et porte de la rancoeur à son père suite à son abandon, décide de fuir le comportement excessif de la religieuse afin de retrouver sa liberté dans la cabane où il a grandi au fond des bois, dans les Rocheuses.

Je découvre la magnifique plume de Gil Adamson avec ce roman, belle promesse d'évasion en pleine nature sauvage auquel s'entremêle une touche de western et d'aventure.

Si La Veuve, principalement centrée sur la mère de Jack avant son décès, précède ce roman, celui-ci peut se découvrir aisément sans avoir lu l'autre 

Du Canada aux Etats-Unis, les trois protagonistes principaux, fascinants, sont sur le devant de la scène dans cette lecture où l'action se fait rare mais où l'immersion est garantie grâce aux paysages somptueux superbement dépeints. L'autrice canadienne esquisse également une belle brochette de personnages secondaires.

Par ailleurs, la toile de fond historique a aussi piqué mon intérêt avec l'évocation du sort des prisonniers étrangers durant la Première Guerre Mondiale qui m'était inconnu.

La solitude et la liberté imprègnent fortement les pages de ce très beau roman qui a su me séduire de la première à la dernière page.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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critiques presse (3)
LeFigaro
24 août 2022
Dans le Grand Ouest américain, un jeune garçon en fuite cherche à rejoindre son père. Magnifique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
04 août 2022
Gil Adamson signe une saga familiale aux accents de western qui est aussi un tableau de l'Ouest à l'aube du siècle dernier.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaCroix
22 juin 2022
Dans les montagnes sauvages de l’ouest américain, les pérégrinations d’un père et d’un fils assoiffés d’amour l’un pour l’autre, sur lesquels plane l’ombre équivoque d’une religieuse.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Pendant des semaines, on ne parla que de lui. En y mettant les trémolos de circonstance, la serveuse raconta l’irruption saisissante de l’homme et son apparence tragique. Elle répétait à qui voulait l’entendre qu’il lui avait souri d’un air complice, à la façon d’un Robin des Bois des temps modernes, et qu’il était beau. Le cuisinier épela son nom à l’intention des journalistes et tint à préciser que l’homme venait non pas du Canada, mais bien de l’Idaho. À partir de là, il ne fut pas difficile d’établir un lien entre le dynamiteur et une série de cambriolages anciens – si anciens que certains se demandèrent s’il pouvait s’agir du même homme.
Six nuits plus tard, dans la jolie petite ville d’Helmingham, au Montana, à quatre heures treize du matin, on entendit un bang retentissant, et la porte de la banque fut catapultée dans la rue. Elle retomba sur le sol en six morceaux, telle une assiette brisée.
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Comment déterminer son âge lorsqu’on est né et qu’on a grandi dans la forêt ? William Moreland savait qu’on était en 1917. Il avait donc plus ou moins quarante-neuf ans. Dès ses seize ans, il avait commencé à travailler dans les mines et les camps de bûcherons des Rocheuses. Il avait été cantonnier et creusé des coupe-feux, mais, tôt ou tard, tous ses boulots commençaient à l’énerver ou à le contrarier, la proximité d’autres hommes à lui peser, et il finissait par poser son matériel et reprendre la route. Il avait rencontré sa femme, Mary Boulton, en 1903, quand il avait environ trente-cinq ans. Il avait vécu à la dure, fin seul, pendant treize ans.
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Vous ne pouvez pas chercher du travail et laisser le petit se débrouiller tout seul dans le bouge où vous aurez choisi d’habiter. Et quand vous serez à la maison, qu’aurez-vous à lui offrir, au juste ? Comment voulez-vous que ce garçon arrive à quelque chose, sans une femme ? Loin de ses pairs, de l’école et de la compagnie de personnes bonnes, honnêtes. Et regardez-vous. C’est indécent de gâcher sa vie comme vous l’avez fait. Comble d’horreur, vous voulez faire de ce bon garçon un homme comme vous ? Un ermite ? Un être solitaire et extravagant, indigent et vieilli avant l’heure ?
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Depuis des jours déjà, il avait perdu de vue les crêtes qu’il considérait comme son chez-lui, et il voyait maintenant défiler des sommets dont il ne gardait qu’un souvenir flou et lointain du temps de sa jeunesse, des formes à demi familières, visages de connaissances anciennes. Il avait volé tout ce qu’il avait pu dans un relais de rangers aux environs de Banff, y compris un havresac, une hachette, des allumettes et un manteau sur lequel on avait écrit au pochoir ROCKY MTNS PARK sur les omoplates et STN 153 sur la poitrine. Rien pour chasser. Pas de fusil ni même de couteau.
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Dans une maison, il trouva un antique et lilliputien fusil Henry, modèle populaire durant la guerre de Sécession, mais en général encore fiable. Puisque l’arme, tout comme lui, était une sorte d’antiquité et qu’il n’avait jamais manipulé un tel fusil, il décida de l’emporter. En échange, il laissa sur la table de la cuisine un énorme trophée d’aviron en argent massif dont le poids et la forme l’incommodaient. Sans compter qu’il aurait été difficile de le revendre et qu’il aimait bien l’idée de jouer les Robin des Bois.
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Gil Adamson nous parle de son roman « le Fils de la Veuve » qui vient de paraître chez Christian Bourgois éditeur
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