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Julie Printzac (Traducteur)
EAN : 9782228932943
368 pages
Payot et Rivages (22/03/2023)
4.34/5   19 notes
Résumé :
Comment des jeunes femmes en majorité juives et slovaques survécurent à Auschwitz en y travaillant dans l'atelier de haute couture créé à l'été 1943 par Edwig Höss, l'épouse du commandant du camp, pour ses propres besoins et ceux d'autres femmes de SS (y compris dans l'élite berlinoise).
Un témoignage d'autant plus saisissant qu'il mêle l'enfer concentrationnaire à l'existence dorée des geôliers, sous la plume d'une historienne de la mode. Et une enquête sur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un atelier de haute couture à Auschwitz ? Jamais je n'aurais pensé que ça avait existé dans ce lieu… Pourtant, plus rien ne devrait m'étonner, avec ces salopards de nazis.

Les dignitaires du partis avaient des épouses, qui voulaient être bien fringuées, à la dernière mode. Bref, être et paraître.

L'ironie de l'histoire, c'est que les SS ont interdit aux Juifs de pratiquer un métier, leur ont tout pris, interdisant aux allemands d'acheter chez des Juifs, de se vêtir chez eux, mais ont passé outre le fait que c'était ces mêmes Juifs qui confectionnaient les fringues de leurs épouses ! Hypocrisie, quand tu nous tiens.

Illogisme aussi, mais dans ce genre de système politique, il ne faut pas s'étonner que la logique ne soit plus de mise, mais que le régime soit à géométrie variable. Cet essai est rempli d'exemples de ces contre-sens.

Effectivement, c'est facile avec de la main d'oeuvre qualifiée gratuite et corvéable à merci, des vêtements et des tissus qui arrivent en grande quantité et qui n'ont rien coûté, puisque volé aux futurs prisonniers (ou « génocidés »)… La vie est belle, pour les meufs des nazis ! Facile quand ce sont les autres qui triment pour vous… Et dans quelles conditions de travail !

Heureusement que dans ce kommando là, les conditions étaient un peu mieux qu'ailleurs (oui, tout est relatif, bien entendu)

Je pensais que c'était un roman historique, mais en fait, c'est un essai.

Alors non, vous n'aurez pas de l'Histoire mise en roman, mais plus une étude sur le « comment des femmes se sont retrouvées à confectionner pour les nazis » et des moments de vie dans le camp d'Auschwitz (vu du côté des déportés, mais aussi du côté des dirigeants).

Avant de nous plonger dans ce camp d'extermination, l'autrice dresse un portrait de ces femmes, nous parlant de leur jeunesse, de leur vie pauvre, mais agréable et ensuite, de la montée du nazisme, des lois anti-juives et de la propagande. Jusqu'à ce qu'elles se retrouvent dans un train, en direction de ce lieu maudit où l'on s'évadait par la cheminée…

C'est très instructif, en tout cas. Mais ça se lit moins vite que des témoignages romancés.

Par contre, ça vous glace les sangs. Malgré les innombrables ouvrages que j'ai lu sur les camps de concentration et ou de la mort, j'en apprend encore ! L'ignominie humaine est sans fond. La haine est toujours la même : l'autre, les autres !

Il faut les fustiger, dresser les gens contre eux, souligner les différences, diviser pour mieux régner. C'est abject et le pire, c'est que la formule marche du tonnerre et qu'on l'utilise encore et toujours. N'a-t-on rien appris du passé ??

C'est un livre difficile à lire, notamment parce que c'est un essai. Il n'est pas conseillé de le commencer en vacances, il n'est absolument pas fait pour une lecture avec les doigts de pieds en éventail. Il faut se poser, être à ce que l'on fait et prendre son temps pour le lire.

Instructif au possible, cet essai m'a encore appris des choses et je pense que je ne saurai jamais tout et que j'ai encore des horreurs à découvrir en plongeant dans la noirceur humaine.

Une lecture éprouvante, mais une lecture que je me devais de faire, comme toutes les autres traitant du sujet.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Je ne peux que mettre 5 étoiles à cette enquête traitée avec le plus grand sérieux, qui m'a rappelé la quête de Daniel Mendelsohn, pour retracer la vie de sa famille disparue dans la tourmente de l'Histoire. Ce qui était passionnant, c'était de le suivre dans l'avancée de ses recherches, et de faire des découvertes avec lui. Voyages en Pologne (Ukraine), mais aussi autour du monde pour rencontrer des survivants. Au final, c'était un tout un puzzle qui se reconstituait.

Ici, nous sommes avec des jeunes filles juives slovaques, qui ont fait partie des premiers convois vers les camps. Nous les voyons enfants dans leur famille unie, puis jeunes filles devant faire face à la montée de l'antisémitisme. Raflées, en route pour les camps (dont nous connaissons l'horreur, mais qu'elles devraient découvrir) et nous les suivons enfin dans leur combat pour la survie.
L'essai, bien documenté, est centré sur l'atelier de haute couture d'Auschwitz, lieu qui a permis à certaines détenues d'avoir de meilleures chances de survie. Mais il donne aussi à voir Heidwig Höss, la femme du commandant du camp et sa famille qui s'ils vivent dans un "petit paradis", ne peuvent ignorer ce qui se passe juste à côté.
Rien n'est caché de l'exploitation systématique des ressources volées aux juifs : entreprises, biens, jusqu'à l'intime. Rien n'est caché de la volonté de mettre en oeuvre le plan de déshumanisation et de destruction à grande échelle. L'impensable.
Au milieu de tout cela, le salon de haute couture d'Auschwitz. La beauté dans l'horreur.
Ce livre se veut un témoignage, mais surtout un hommage à des femmes comme Marta et Bracha, solidaires, résistantes dans l'âme. de belles âmes.
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Les couturières d'Auschwitz de Lucy Adlington n'est pas un témoignage romancé comme j'ai pu en lire d'autres et j'ai mis un peu de temps à me mettre dedans.
Difficile à imaginer qu'il y ait pu avoir à Auschwitz un atelier haute couture, pourtant les nazis, après avoir interdit aux juifs de travailler, se sont servis d'eux pour habiller leurs femmes, maitresses ou autre....
Ce livre raconte donc l'histoire de ces couturières d'abord libres, puis soumises aux lois anti juives, puis déportées à Auschwitz et comment leurs quotidiens a pu être moins pire que d'autres.
C'est un livre très intéressant pour le devoir de mémoire si important !



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critiques presse (1)
RevueHistoria
20 mars 2023
Tout talent pouvait être une chance de survivre aux camps. Ainsi, à Auschwitz, des jeunes femmes ont échappé à la mort en réalisant des tenues pour les épouses de SS.
Lire la critique sur le site : RevueHistoria
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Les convois qui se succéderaient ensuite, composés surtout de familles et de personnes âgées, seraient « accueillis » par les gros camions ornés de l’insigne rassurant de la Croix-Rouge. « Là où elle agit, ça ne peut pas être si mauvais », songerait une autre jeune Slovaque en juillet 19424, sans savoir qu’Oswald Pohl, chargé de la gestion des camps de concentration, était également président du conseil d’administration de la Croix-Rouge allemande. De fait, à partir de l’été 1942, ces véhicules qui inspireraient confiance conduiraient directement aux chambres à gaz la majorité des nouveaux arrivants, c’est-à-dire toutes les personnes jugées inaptes au travail.
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En réalité, si ces hommes n’avaient pas officiellement le droit de piller, même au plus bas niveau de la hiérarchie, c’était en raison du manque à gagner pour les caisses de l’État, et surtout parce que les gros bonnets de Berlin comptaient bien s’enrichir au maximum.

Les détournements par les SS d’effets personnels de Juifs déportés devinrent si nombreux à Auschwitz qu’une commission d’enquête fut constituée.

Le SS-Obersturmführer Robert Mulka ordonna la fouille des affaires des femmes SS.

Il découvrit des bijoux et de la lingerie subtilisés au Canada. Les peines allèrent de deux à trois ans de prison.

En revanche, aucune investigation ne fut menée sur les meurtres arbitraires et les actes de sadisme ou de torture : tout cela relevait du travail de routine.
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Richard Glücks, un proche d’Himmler, avait ordonné dès 1940 qu’on récupère les cheveux en provenance des camps après avoir séparé ceux des hommes de ceux des femmes. Les premiers pouvaient être feutrés ou utilisés comme fil.

Les seconds devenaient des chaussettes pour bébés ou équipages de sous-marins et des caleçons pour cheminots ; ils étaient aussi mis en pelotes pour étanchéifier les ogives des torpilles.

Avant transformation, les cheveux étaient lavés puis suspendus dans les combles situés au-dessus des fours crématoires : la chaleur qui en montait les séchait. Ensuite, ils passaient entre les mains de peigneurs.

Ils étaient vendus par exemple cinquante pfennigs le kilo à des entreprises qui cardaient la laine, ce qui représentait une source de revenus intéressante pour Auschwitz. Les comptes des livraisons pour tous usages étaient établis le cinquième jour de chaque mois.

Un tel commerce n’était pas propre à ce camp : on sait par exemple qu’en l’espace de onze mois ceux de Treblinka, Sobibór et Bełzec fournirent à eux seuls vingt-cinq camions de cheveux de femmes.
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Le serment d’obéissance jusqu’à la mort qui liait les SS au Führer et au Reich fut une excuse commode pour les criminels de guerre.

"J’obéissais aux ordres !" clamaient-ils, mais le fait d’enfreindre le règlement en puisant dans le butin amassé à Auschwitz démontre à lui seul qu’ils avaient choisi d’obéir aux ordres qui les arrangeaient et d’ignorer les autres.
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La transformation de tant d’histoires familiales en une série de marchandises impersonnelles prouvait que l’existence des Juifs avait été purement et simplement effacée. N’importe lequel de leurs biens avait beaucoup plus de valeur qu’eux et son transport faisait l’objet de beaucoup plus d’attention que celui des déportés.
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