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EAN : 9782843047886
154 pages
Zulma (02/02/2017)
4/5   23 notes
Résumé :
« Bondissant sur ses jambes, l’Églantine va s’arc-bouter au grand mât et, aux lueurs fulgurantes, apparaît son visage diaboliquement radieux et ses grands yeux écarquillés. Les rires délirants de la mer et du ciel entourent sa joie vierge. »
La Niña Estrellita, reine du Sensation Bar, héroïne sublime de l’Espace d’un cillement, a tourné le dos, sans roulement de hanches, à sa première vie, à son amour dévorant pour El Caucho. La revoilà Églantine, dans une pe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un roman à l'écriture envoûtante qui emmène le lecteur sur un bateau navigué par des marins créoles sur la voie de l'exploitation du sel. Ce voilier, le "Dieu- Premier" est affrété par deux femmes, l'Eglantine et Célie Chéry. La première est une ex-prostituée qui a décidé de changer de vie. Naïve, elle "a cru que tout était simple et que d'un côté de la barricade il y avait les putains, les maquereaux et les souteneurs, et de l'autre les honnêtes gens". Elle va vite se rendre compte que l'âme humaine est bien trop complexe pour se complaire dans un classement si simpliste. Sa comparse, est elle-même une drôle de bonne femme, au coeur insondable et aux avis tranchés, parfois au-delà de toute compassion.
Les voilà embarquées sur le bateau, avec un équipage qu'elles ont payé afin qu'il brave les flots envers et contre tous les dieux des flots. Et c'est la tempête. Nous voilà dans une atmosphère proche de celle décrite par Victor Hugo dans "Les Travailleurs de la mer", ou, plus récemment, celle de Catherine Poulain dans " le Grand marin". Sous l'effet de la terreur, la personnalité réelle des êtres humains apparaît...
Le calme revient, c'est l'heure des décisions...
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Autre événement du côté de chez Zulma - toujours ❤ : la sortie en poche du superbe "L'étoile Absinthe" du non moins superbe Jacques Stephen Alexis.

Le parcours de cet auteur est incroyable, tout comme l'histoire de cet ouvrage, tiré de son dernier manuscrit connu, inachevé avant sa mort tragique.

Un récit court mais intense, tant dans sa forme que dans le fond. On croit avoir à faire à un roman (d'aventure!) mais entre poésie, parfois très lyrique, et conte mystique, mon coeur balance. Quelle que soit cette proposition littéraire, on aime, et on se laisse embarquer dès les premières lignes par l'écriture magnifique 🤩

L'histoire de la Niña Estrellita - héroïne déjà présente dans "L'espace d'un cillement" nous attache au livre, jusqu'à ce que d'elle renaisse L'Eglantine. Car oui, il s'agit là d'une renaissance, d'une rédemption, où la jeune femme souhaitant se racheter une vertu et se laisser une chance, se retrouve à Port-au-Prince, seule mais déterminée à avancer vers cette nouvelle vie.
Elle y rencontre Célie Chéry - quel caractère! - avec laquelle elle s'associe pour défier les éléments et faire commerce du sel.

Les voici à bord du Dieu-Premier, le bateau qu'elles affrêtent et sur lequel elles accompagnent l'équipage.
Comme vous l'imaginez, cette épopée en mer ne se passera pas comme prévu: tempête dans les eaux et tempêtes dans les corps.

Ce livre convoque tous les sens et toutes les croyances. Vous l'avez compris, c'est un coup de coeur profond et je remercie fort les éditions Zulma pour cette confiance renouvelée 🌟🌟

          《La phrase à retenir》
"Elle n'a pas l'air d'avoir entendu. Elle est empoignée par la corrida des souvenirs.".

Lien : https://www.instagram.com/mo..
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Pourquoi un tel livre n'a-t-il pas été édité plus tôt ? Est-ce à cause de sa force, de cette tempête de mots, de son caractère « haïtien » ?

Une femme, la pension Colibri, la rupture avec une vie, la solitude, une nouvelle allure, « Réapprendre à des cendre un escalier e toute simplicité, réapprendre même à marcher… Se dépouiller de toutes ces superfluités, ces minauderies, ces mignardises, ces affections qui ont proliféré pour mieux accrocher le regard ».

Les mots colorés comme des flux musicaux, Nina (re)devenue Eglantine, « Troquer un peu de fatras contre de la poussière », une autre femme Célie, un commerce de sel, embarquement, « La Niña est morte ! L'Eglantine s'en va !… »

Un bateau, un équipage, l'étrange tourniquet météorologique, Célie et les actes brefs et sans lendemain pour sa quiétude, Eglantine et l'anéantissement mélancolique, l'étrangeté des gesticulations humaines, la tempête qui s'annonce…

« le voilier est complètement entouré par les murailles de la tempête et bondit sur les flots, entièrement livré aux caprices de la houle », les vents s'engouffrent dans les phrases, font déborder les mots, tempête en mer et tempête dans les corps, violence et désir (reste que la sexualisation proposée est bien celle des regards masculins sur les corps des femmes), ondée tragique et saccadée, « La hurlerie a commencé », le vent, le cercueil d'harmonie, les spectres fulgurants, « Toutes les lignes dansent, frissonnent, ondulent dans le quadrille infernal de géométries ésotériques… », les rêves éveillés, l'esquive de l'hallucinose, « Entre deux mers, le voilier fait le sauteur en liberté, se rue dans une course circulaire, tel un chien théosophe poursuivant sa queue où luirait une puce imaginaire », le regard souriant d'un enfant, « l'indigence des convoitises humaines assouvies ! », la nudité étonnante et l'imposition de « l'outrage de sa dédicace disgracieuse », la peur, le sexe, les sensations troubles…

Ce qui coupe le fil des pensées, l'improviste, le délire incohérent du coeur, l'opacité des ténèbres.

Puis le calme, « La note vermeille de la trompette des pauvres gens dessine son orbe titanesque sur la petite anse poudreuse encore de soleil levant », les fureurs ravalées, les crudités verbales, l'argent, le choix, la coiffure du dieu-océan, le sol, la lagune, un « poudroiement éblouissant flotte au dessus, à perte de vue ».

Ce roman est suivi d'un court texte « le léopard » éblouissant comme une belle larme ou une déflagration.
Lien : http://www.babelio.com/ajout..
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Aujourd'hui, l'ardent désir de l'Églantine est d'abandonner à jamais la prostituée amarrée en elle. Que la Nina Estrellita s'évanouisse, qu'elle soit délogée, expulsée du plus profond de son être ! En passe de changer d'existence, la jeune femme s'abrite désormais à la pension Colibri, à Port-au-Prince, nimbée de solitude mais pleine de l'espoir d'une rédemption.

Sa rencontre avec Célie Chery, une femme dure mais déterminée devrait permettre à l'Églantine de s'affranchir. Ensemble, elles affrètent un voilier, le Dieu-Premier, paient un équipage et se lancent dans le commerce du sel. L'Églantine quitte la terre, laisse derrière elle son ancienne vie, sa violence, sa fureur. Elle fuit la Nina pour se retrouver, elle. Mais il n'est pas aisé de se délester du poids de l'autre, la jeune femme sent bien le désir qu'elle suscite auprès des marins… les pulsions du corps.

Puis arrivent la tempête rageuse et sa cohorte d'éléments déchaînés, les rafales du vent, l'ébranlement du voilier, la confusion, le soulèvement de la mer, le tumulte, la lutte des marins, l'épouvante qui se rue, la mort qui frôle, l'instinct de survie, le conflit intérieur de L'Églantine, l'âpreté du poison qui enivre, et les mots de Jean dans l'Apocalypse qui résonnent « …Et il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau ; et elle tomba sur le tiers des fleuves et les sources des eaux. le nom de cette étoile est Absinthe et beaucoup d'hommes moururent par les eaux, parce qu'elles étaient devenues amères… »

L'écriture de Jacques Stephen Alexis est hypnotique. Ses mots coulent comme un torrent, ils abondent, débordent, tonnent et éclatent. Ce roman est un jaillissement, une musique impétueuse, un camaïeu de rouge, une poésie flamboyante et sensuelle, une exacerbation des sens, un entrelacs de rêves hallucinatoires et de réalité crue. Découvrir cet auteur est une expérience. L'étoile absinthe est un embrasement, un roman inachevé qui a su attiser ma curiosité… Compère général soleil, Les arbres musiciens, L'espace d'un cillement et Romancero aux étoiles, ses autres écrits sont à lire, assurément.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Ce très court livre - à peine 100 pages - est une sorte de fulgurance. Il nous amène à suivre le sort d'une jeune femme qui cherche à tourner une page de sa vie, après un temps où elle s'est livrée à la prostitution. Et le clou du récit consiste en la description d'un bateau pris dans une tempête: là, nous sommes à bord, et le réalisme et la violence des éléments nous assaillent. Tout cela raconté en une sorte de prose poétique radieuse, pimentée de particularismes propres à Haïti, à ses flots et à sa culture. Une jolie découverte.


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critiques presse (2)
LePoint
11 juin 2018
Ce roman est une expérience extrême, celle que permet la littérature quand elle est quintessence poétique.
Lire la critique sur le site : LePoint
Liberation
03 avril 2017
Un véritable petit miracle, parachuté jusqu’à nous plus de cinquante ans après la mort de son auteur.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
« L’Églantine va dans l’escalier de la pension Colibri. Elle avance d’une démarche réflexe. Deux ruisseaux acides fusent le long de ses mâchoires. La pulsation rythmique du sang dans la tête – pic-vert picorant le sommet du crâne – exacerbe l’agacerie sans cause de tout l’arbre des nerfs… Oui, vivre d’abord. Accomplir des gestes, les organiser en actes, gouverner ses œuvres pour trouver un nouvel équilibre… L’Églantine descend les marches de l’escalier de béton, elle se porte à peine, elle va… tout reconsidérer. Par exemple, se débarrasser de ce balancement significatif des hanches qui est tout un programme, la dégaine provocante de La Nina Estrellita. »
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« Le soir tombe, les moustiques vrombissent, le soleil allume des derniers incendies dans les nuages. Tout l’occident flambe et les ombres elles-mêmes sont roses dans la crique où se balance le Dieu-Premier fin paré pour la poursuite du voyage. La marée montante danse la rumba, secoue ses jupons froufroutants de satin bleu dont les innombrables volants dentelés d’écume blanche se soulèvent et retombent découvrant la chair blond rosé de la grève. Plaqué de teintes plates et crues, l’horizon chatoient et au-dessus passe tout un train rapide de petits nuages frisettés, versicolores, dans le couchant flamboyant. »
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Tout ça n'a aucun sens, aucune portée, l'existence ne peut être qu'une ineptie du hasard, et si un dieu personnel a engendré cette vie, il s'agit certainement d'un dieu carnassier, dément, insensé, imbécile, plus bêtifié que tout le bestiaire de sa création!
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« Au noir vitreux des heures, la lente cycloïde du temps fait onduler l’Églantine convulsivement agrippée aux grelins du grand mât. Amère délice de saint Sébastien, cette agonie procure une macabre volupté dernière, le vent a pour guitare un cercueil d’harmonie et le gréement grelotte et grince sous la grêle. Le Néant rôdaille, il avance son museau abscons, il approche, à chevauchons, sur son araignée de cérémonie. L’Épouvante transfigure l’Églantine, les bras en croix dans les haubans, frisés d’un tremblement léger, laiteuse, elle jouit. »
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Réapprendre à des cendre un escalier e toute simplicité, réapprendre même à marcher… Se dépouiller de toutes ces superfluités, ces minauderies, ces mignardises, ces affections qui ont proliféré pour mieux accrocher le regard
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