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Djamila Ribeiro (Autre)Françoise Vergès (Autre)Paula Anacaona (Traducteur)
EAN : 9782490297061
132 pages
Editions Anacaona (29/05/2020)
4/5   10 notes
Résumé :
Dans ce Petit Manuel, Djamila Ribeiro, philosophe et féministe brésilienne, aborde le racisme dans le milieu professionnel et culturel, parle de négritude, de blanchit, de désirs et d'affects... En dix chapitres courts et impactants, elle présente des pistes de réflexion pour reconnaître les discriminations, prendre conscience de certains privilèges, adopter des pratiques antiracistes et féministes et, ainsi, assumer la responsabilité de faire bouger les choses. C'e... >Voir plus
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Je ne me suis pas découverte Noire, j'ai été accusée de l'être

« le racisme ne se combat pas avec de belles paroles mais à travers une formation et une transmission de savoirs et de pratiques indispensables ».

Dans sa préface, « Pour une pédagogie féministe et antiraciste », Françoise Vergès souligne l'importance des « manuels d'éducation populaire, de pédagogie féministe non-élitiste, de formation à la resistance et à l'autonomie ». Elle aborde, entre autres, les mécanismes de racisme d'Etat et du racisme structurel, les liens entre racisme et histoire esclavagiste et coloniale (dont l'histoire française), le travail de groupes afro-féministes « non seulement analysent l'intersection des discriminations, mais dénoncent la misogynoire, le machisme des hommes noirs », les clichés (Noire n'est pas mon métier. Stéréotypes, racisme et diversité : 16 actrices témoignent), le mouvement féministe antiraciste transnational, les contributions de féministes du « Sud global »…
L'histoire racontée selon le point de vue des vainqueurs, la population noire esclavagisée, l'occultation du « fait que ce groupe avait été placé dans cette position-là par l'action d'un autre groupe ». Dans son introduction, Djamila Ribeiro parle, d'« une révision critique profonde de notre perception de nous-mêmes et du monde. Il implique de percevoir que même ceux qui cherchent activement à avoir une conscience raciale ont déjà probablement fait subir des violences à des groupes opprimés », de perspective historique, des conséquences de plus trois siècles d'esclavage, de l'histoire du Brésil et de ses lois, de question raciale, du racisme comme « structure fondamentale des relations sociales, créateur d'inégalité et de séparation », de système d'oppression, d'inaction contribuant à perpétuer l'oppression. « Ce petit manuel expose des stratégies pour combattre le racisme contre les personnes noires mais j'espère bien qu'il pourra également contribuer à combattre les autres formes d'oppression »…

Djamila Ribeiro aborde, entre autre, l'actualisation constante du système raciste, les mythes fondant les particularités du système d'oppression au Brésil, « le mythe de la démocratie raciale », les leçons du « féminisme noir », l'être différente « ce qui signifie être non-Blanche », les places sociales, « Je voyais que mes camarades blanches n'avaient pas le besoin de penser la place sociale de la blanchité, car elles étaient vues comme normales », la réduction des « personnes noires » à certains stéréotypes « au lieu d'être reconnues comme des êtres humains dans toute leur complexité et avec toutes leurs contradictions », la production des savoirs, la référence esthétique. « le problème, ce n'est pas la couleur, mais son utilisation comme justification pour ségréger et opprimer ».

Les relations raciales vécues impliquent de parler « de la négritude et aussi, bien sûr, de la blanchité ». Je souligne notamment le chapitre « Reconnaissez les privilèges de la blanchité », ce que signifie appartenir à un groupe social, la « population noire » majoritaire au Brésil et fortement invisibilisée, le pouvoir transformateur de ce nommer, « Se percevoir est transformateur », la position sociale du privilège, le racisme comme problématique « blanche », la responsabilisation menant à l'action, les espaces pour soi…

L'autrice analyse, le racisme internalisé en chacun·e, ceux et celles qui vivent « sans que leur couleur les fasse réfléchir sur cette condition », la posture féministe et antiraciste, la limitation de l'humanité à « ses semblables », « le pacte narcissique de la blanchité », les « politiques éducatives affirmatives » et leur potentiel transformateur, la Loi des quotas pour l'administration publique fédérale, l'effacement systématique des productions et savoirs produits par les groupes opprimés, l'« épistémicide », la nécessité de lire des « auteur·e·s noir·e·s », la culture consommée, les expropriations et les appropriations historiques, le potentiel transformateur « de la voix puissante des groupes historiquement réduits au silence »…

Sont aussi abordés, les désirs et les affects, l'enferment des « femmes noires » dans des clichés, les viols, la sexuation des femmes, « Cette sexuation retire aux femmes leur humanité, car nous cessons d'être vues avec toute la complexité de l'être humain », la norme blanche et « tout ce qui diffère est vu comme négatif », l'empathie comme « construction intellectuelle, éthique et politique », la violence raciale et les moyens de la combattre, le système pénal pour « promouvoir un contrôle social en marginalisant les groupes considérés comme « indésirables » », la criminalisation de la pauvreté, le rôle de la police, l'antiracisme, « soyons tous antiracistes »…

Un petit livre à mettre entre toutes les mains, et en particulier de celles et ceux qui refusent de prendre en compte les effets des privilèges – même relatifs – dans les rapports sociaux (et non uniquement dans les rapports sociaux de classe), les effets dévastateurs du racisme et du sexisme – du privilège blanc et du privilège masculin. Il serait souhaitable qu'un pareil petit manuel soit écrit pour souligner les constructions systémiques en France et dans les « poussières de l'empire »…

« Prendre conscience des privilèges de certains groupes sociaux, et pratiquer de petits exercices de perception, peut transformer des situations de violence qui avant ce processus de conscientisation n'auraient pas été remises en causes »
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Un ouvrage qui aborde de manière concise la problématique du racisme et du sexisme. Comme écrit sur le site l'éditeur, les éditions Anacaona, ce petit manuel peut être accessible pour les adolescents et jeunes adultes dès 15 ans.
Qui est Djamila Ribeiro ?
Chercheuse en philosophie politique et militante féministe, Djamila Ribeiro est née en 1980 à Santos au Brésil. Considérée dans son pays comme une voix majeure du féminisme noir, antiraciste, proLGBT et antimachiste, elle est aussi journaliste et très active sur internet. Sa propre expérience du racisme et du mépris de classe qu'elle subit dès son plus jeune ont mené la philosophe afro-brésilienne vers le militantisme, qu'elle combine à une prise de conscience féministe qu'elle acquiert par son travail à la bibliothèque de la Maison de la culture de la femme noire.
Ce qui me frappe chez Djamila Ribeiro c'est sa capacité à rendre accessible des concepts complexes autour du féminisme intersectionnel et des dynamiques du racisme, et à démontrer comment dans sa vie de tous les jours on peut agir.
Comment lutter efficacement contre le racisme et le sexisme en dix points
L'ouvrage de Djamila Ribeiro, construit en chapitres didactiques simples nous donne les clés, quelle que soit notre expérience et nos connaissances en matière de discriminations, pour lutter efficacement contre ces fléaux. Se renseigner, communiquer, questionner ses constructions, stéréotypes et fonctionnements sociétaux,  ne laisser passer aucun comportement néfaste.
Questionner la culture qui nous entoure, créer un environment de travail sain, ne pas laisser passer des remarques racistes, connaître et se documenter sur la situation dans son pays, creuser les différentes formes de discrimination auxquelles certaines parties de la population sont plus exposées, questionner son propre racisme internalisé…Autant de pistes salutaires brillamment développées. Et s'il ne devait en rester qu'une : être tous actifs dans l'antiracisme, car comme le dit si bien Angela Davis « dans une société raciste ne pas être raciste ne suffit pas, nous devons être anti-racistes ».
Si les exemples de Djamila Ribeiro s'inspirent et décrivent prioritairement le contexte politique et sociétal du Brésil, le message et les actions que l'on peut mener sont universels, et la préface de Françoise Vergès et un chapitre en fin d'ouvrage sont consacrés à la situation en France.
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Djamila Ribeiro signe un ouvrage très puissant. Court, clair, direct, les différents chapitres permettent de prendre connaissance de l'essentiel.

Comment expliquer que 50% de la population brésilienne soit noire mais que sur les homicides comptabilisés on en décompte 70% ? Comment expliquer qu'une personne noire au Brésil soit tuée toutes les 23 minutes ? le racisme est investigué, que ce soit au travail, dans le recrutement, sur les bancs de la fac, dans les relations amoureuses. le Brésil est un pays à l'histoire complexe puisqu'il fut haut lieu de la traite négrière pendant des siècles, on est donc face à un pays où des millions d'individus descendent de personnes qui ont été vendues et arrachées de leur pays d'origine. La violence de cette histoire ne fait que se perpétuer, cat la société brésilienne aujourd'hui est colonialiste.

Mme Ribeiro nous invite donc à déconstruire notre regard, questionner les biens culturels que nous consommons, tenter chaque jour de mener une lutte antiraciste. J'ai beaucoup aime la lecture de cet essai, que je recommande vivement.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le racisme est un système d'oppression qui nie des droits, et non pas le simple acte de volonté d'un individu. Reconnaître le caractère structurel du racisme peut, en effet, être paralysant. Après tout, comment affronter un monstre si grand ? Cependant, ne soyons pas intimidés. La pratique antiraciste est urgente et se trouve dans les attitudes les plus quotidiennes.
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Se percevoir est transformateur. C'est ce qui permet de situer nos privilèges et nos responsabilités devant les injustices contre les groupes sociaux vulnérables (...) Il s'agit de réfuter l'idée d'un sujet universel - la blanchité est aussi un trait identitaire, mais marqué par des privilèges construits à partir de l'oppression d'autres groupes.
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Le silence rend l’individu éthiquement et politiquement responsable de la perpétuation du racisme. Le changement dans la société ne se fera pas uniquement avec des dénonciations, ou avec la répudiation morale du racisme : il dépend, avant tout, de postures à prendre et de l’adoption de pratiques antiracistes. 
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Le premier point à comprendre lorsque l'on parle de racisme est qu'il s'agit surtout d'un débat structurel. Il est fondamental d'apporter une perspective historique et de commencer par la relation entre esclavage et racisme, en cartographiant les conséquences de ces plus de trois siècles d'esclavage.
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Outre le fait de se comprendre comme privilégiée, la personne blanche doit adopter des attitudes antiracistes. Il ne s'agit pas de se sentir coupable d'être Blanc : il s'agit de se responsabiliser. La culpabilité mène à l'inertie, à la différence de la responsabilité qui mène à l'action.
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