En général, pourquoi empoigne-t-on un livre de développement personnel ou de psychologie ? Parce qu'on va bien et que l'avenir nous paraît riant ? Évidemment non. Et c'est là la grosse faiblesse de
Christophe André.
On le croise à la gare de Lille en partance pour Marseille et sa conversation sur le quai nous semble suffisamment intéressante pour qu'on s'asseye face à lui dans le même wagon.
Arrivés à Paris, André nous propose contre toute attente de prendre le prochain convoi pour Limoges alors même qu'il affirmait se rendre en Provence, comme nous... On accepte en fin de compte de lui emboiter le pas, car le bougre a de la discussion et des idées percutantes, c'est incontestable.
Mais, voilà que parvenus dans le Limousin, il nous entraîne à sa suite vers Bordeaux. On se dit : « Au moins, on se rapproche du sud ». Mais, ça serait trop simple. Un coup de téléphone le persuade de remonter sur Saint-Etienne et, comme il nous a juré de raconter la fin de son histoire, on le suit à nouveau. Deux jours plus tard, épuisé et déboussolé, on arrive finalement à Nice où le psychologue nous abandonne tout en nous laissant son numéro de portable pour se joindre à lui lors d'un prochain voyage...
Voilà en gros l'impression que m'a laissée la longue lecture de cet ouvrage de vulgarisation scientifique si prometteur : à chaque fois, on croit arriver à une révélation qui va nous permettre d'avancer dans notre vie, d'apprendre quelque chose de vraiment utile, utilisable de suite. Or, l'auteur nous en dit juste assez pour éviter le décrochage, mais pas suffisamment pour qu'on trouve ce qu'on cherchait et qui semblait pourtant promis au départ... Et, après avoir enduré 420 pages dont les informations essentielles auraient dû en noircir à peine 140, on ne sait plus exactement ce qu'on retiendra de ce pavé de science tant son contenu est éclectique.
Mais, en voyant un titre (les états d'âmes) qui ressemble à une auberge espagnole, j'aurais dû me méfier. Quoi de plus fourre-tout ? Et c'est là que le bât blesse. A force de partir dans tous les sens, le cheminement de ce médecin psychiatre nous laisse sur le carreau.
Pourtant, l'homme est sympathique et sa philosophie intéressante. Mais, j'ose le dire, il semble incapable de séparer les informations clés de ce qui est anecdotique. Sous prétexte de nous faire croire que tout est important, il nous sert une logorrhée indigeste.
Et c'est regrettable, car en relisant les passages que j'ai marqués d'un post-it, je me dis qu'il y avait décidément mieux à faire avec la matière récoltée. Comme quoi, on peut être un scientifique brillant et un assez piètre vulgarisateur. Je suis trop sévère ? Alors accrochez-vous à son livre en étant un brin déprimé avec l'espoir d'y trouver un remède à votre spleen. Vous ne tiendrez pas cent pages ! A quoi bon un traité sur le mal-être s'il faut être en pleine forme pour le lire ?