Les Jardins et les fleuves

Nous allons régler la scène décisive de l'Écœuré, poursuivit Jeandé. Le cinéma nous contamine. Qu'on le veuille ou non, c'est ainsi. Nous faisons du cinéma. Nous tapons dans les changements à vue. Ils ne sont pas dans le texte. Le texte, toutefois, peut les supporter. Molière, en supposant que son théâtre soit reçu par la postérité comme un testament, Molière ne serait trahi que si nous fichions en l'air ses dispositions notariées, stipulées. Mais tant qu'il n'a pas dit, ce qui s'appelle dit, qu'il se lèverait de sa tombe si nous faisions tant que loger dans l'Écœuré un puis à ressort, je fonce. Et il n'y a aucune raison que je me prive de tout finir par un tableau comme ça... (Il tendait son pouce en l'air à la manière des aviateurs...) On verrait Ganulphe, là-bas, dans les colonies, nous sommes en Afrique, dites donc, c'est le moment ! Exotisme à volonté. Tous les coups sont permis. Un palanquin. Des drapeaux de soie rouge. Des danseuses noires. Des prêtres tibétains qui soufflent dans des trompettes de deux mètres de long.