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EAN : 9782011330291
321 pages
Hachette Livre BNF (01/09/2016)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Résumé issu d'un article du journal "Le Soir" du 4 décembre 1879 (Page 2 et 3 sur 4 - rubrique "Les nouveautés littéraires")
"L'auteur des Nuits Russes, Mme Olympe Audouard, publie sous ce titre : Les Soupers de la princesse Louba d'Askoff, drame d'amour et de nihilisme, un livre intéressant et tout d'actualité. Sous la forme du roman, l'auteur, qui connaît bien la Russie et les russes, nous initie au secret du mouvement révolutionnaire qui agite ce vaste em... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Princesse russe enivrée et claustrée dans son insouciance dorée, Louba d'Askoff ignore tout des tumultes secouant l'empire, de son histoire ou des conspirations actuelles agitant le pouvoir.
Dans son désir d'agacer l'un de ses adorateurs, elle séduit un avocat au charme ravageur, petit noble russe, et lui arrache sans le vouloir un secret : l'imprudent ose lui avouer qu'il est nihiliste !

Et clamer de telles opinions en Russie, en ce 19ème siècle tumultueux revient à se proclamer royaliste en France, en pleine Terreur…
La stupeur s'empare de la princesse, à qui l'on avait toujours enseigné que les nihilistes étaient des êtres infâmes, des mécréants dépourvus de foi et de morale.

Mais voilà qu'elle découvre avec effarement que la vérité est tout autre : pourquoi ces individus s'adonnent-ils à de telles pratiques ? Quelles sont leurs motivations profondes ? Elle en demeure complètement ignorante.
Naïve et crédule, la princesse a du moins l'extraordinaire patience d'écouter attentivement les longs développements de Serge Mirianoff, l'avocat mystérieux qu'elle cherchait à charmer et à dominer pour satisfaire un caprice. Elle est surprise par un amour sincère tout en découvrant la vérité sur ce nihiliste au discours envoûtant.

Au fil des soupers que la princesse lui offre, l'avocat Serge Mirianoff s'emploie avec zèle à démontrer à la jeune princesse que depuis l'époque d'Ivan le Terrible, la Russie n'a connu que despotisme et arbitraire, une spirale infernale qui s'est accélérée depuis l'échec de la révolution de 1825 :

« Non, le mot « néant » n'est pas employé par nous dans le sens que lui prêtent nos ennemis, mais dans celui-ci, rien de ce qui existe en Russie ne doit y être conservé : tout y est mensonge, abus, arbitraire, injustice, tout doit être mis à néant, et il faudra édifier à nouveau des lois politiques, sociales, religieuses ; jeter le mal à néant ; de ce chaos, faire surgir le bien et la vérité, voilà notre plan ! »

Depuis l'échec de la révolte décabriste en 1825, la Russie est plongée dans une ère sombre et autoritaire, marquée par la répression brutale de toute opposition politique.

Des milliers d'hommes ont été pris pour cibles, devenant suspects du jour au lendemain. Une étroite surveillance s'étend même jusqu'à leurs enfants ou leurs amis, et la liste de suspects ne cesse de s'allonger, même 40 ans après l'évènement. Cette avalanche d'arbitraire n'a fait qu'accentuer le mécontentement et raviver la flamme de la lutte chez les plus déterminés.

C'est à cette époque qu'est crée une police secrète aux pouvoirs extraordinaires ; que sont arbitrairement condamnés des milliers de « suspects ». C'est encore au 19ème siècle que l'on déportait en masse les suspects vers une vie d'exil en Sibérie, contraints de travailler dans des mines, bien avant l'avènement des goulags.

Au XIXème siècle, la Russie ne manquait pas de sectes excentriques et farfelues, en comptant près de 200 selon Olympe Audouard. Certaines étaient pacifiques, d'autres violentes, et d'autres encore avaient des pratiques remontant à l'âge de pierre.
Parmi celles-ci, on trouvait les nihilistes, auxquels appartenait l'avocat Serge Mirianoff, une secte ayant réussi à contaminer une grande partie de la noblesse russe, de la plus insignifiante à la plus éminente.

Et elle était nombreuse cette noblesse… Nicolas 1er n'a pas lésiné sur les moyens pour l'agrandir, tout en la classifiant soigneusement en 14 degrés et en rendant l'ascension entre chaque degré quasi impossible.
Les privilèges accordés à chaque degré de « tchin » ne manquaient pas d'exaspérer les classes inférieures.

Suite à ce long discours, la princesse russe se laisse séduire par les charmes subversifs du mouvement nihiliste. Mais hélas, son engagement est vite découvert et la voilà internée dans un asile psychiatrique.
Heureusement pour elle, les nihilistes ne l'abandonnent pas et la libèrent de ses chaînes. Tout juste libérée, elle demande à ce que son amant, Serge Mirianoff, soit également libéré…
Mais jusqu'où cette histoire ira-t-elle ? Les aventures galantes et les intrigues politiques s'entremêlent de manière tumultueuse, comme si la froideur de la noblesse russe n'était qu'une façade trompeuse. Olympe Audouard nous dévoile un pays aux mille et une surprises, où rien n'est jamais acquis...

Les tactiques de combat ou de lutte utilisées par les nihilistes de ce roman sont fines mais d'une douceur, d'une délicatesse irréaliste… Un contraste frappant avec les vrais mouvements nihilistes qui se lançaient dans des séries d'assassinats sans pitié. A peine un an après la publication de ce roman, Alexandre II fut froidement assassiné.

Les coupables de l'assassinat d'Alexandre II sont d'ailleurs un couple de nihilistes (Sofia Perovskaïa et Andreï Jeliabov) ressemblant étrangement à celui que l'on retrouve dans le roman.

Ce roman nous plonge dans une Russie du 19ème siècle qui rappelle la Terreur française, avec ses suspects, ses tribunaux révolutionnaires, mais une Terreur qui se prolonge et s'aggrave depuis 1825 sans pour autant parvenir à étouffer les revendications et conspirations.
Il semble y avoir davantage de conspirateurs que de fidèles, même au sommet du pouvoir russe.

Le principal défaut est que les personnages et les intrigues du roman sont négligés.
L'histoire d'amour qui s'y joue et les interactions entre les personnages sont d'une insipidité assez affligeante.
Comment par exemple la princesse russe peut-elle adhérer au mouvement nihiliste en une journée, renier toute sa famille et changer de camp sans explication réellement convaincante ? Ou encore cet amour qui la lie passionnément à un petit avocat nihiliste, si bref qu'il en devient presque risible.
Olympe Audouard a une bonne plume acérée, vive et intelligente pour faire éclater avec vigueur ses idées politiques et historiques sur la Russie mais une plume très médiocre pour un roman quelconque si l'on en juge d'après ce seul ouvrage.
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Vidéo de Olympe Audouard
Trop souvent confondue avec son homonyme révolutionnaire Olympe de Gouges ou tout simplement oubliée, Olympe Audouard est pourtant une figure de proue du féminisme sous Napoléon III, qui n'a cessé de transgresser les normes en vigueur en franchissant la frontière de la sphère privée, seul espace autorisé aux femmes. Au coeur de la vie intellectuelle du Second Empire, elle a fondé pas moins de trois quotidiens, écrit une trentaine de livres et ferraillé avec la plupart des intellectuels et hommes de pouvoir contemporains, de Barbey d'Aurevilly à Zola en passant par le préfet Haussmann. Maîtresse d'Alexandre Dumas et de Victor Hugo, protégée de Théophile Gautier, ses combats contre « le sexe barbu », notamment pour le droit au divorce, résonnent encore aujourd'hui. Celle que l'on surnomme la « Papillonne », du nom de son premier journal, est également une aventurière chevronnée : juchée sur les premiers chemins de fer, elle a observé de près la conquête de l'Ouest américain, les mouvements nihilistes russes, failli périr noyée dans un naufrage entre Alger et Marseille, affronté une tempête dans le désert avec Abd el-Kader… Un destin hors du commun, une figure qui a marqué son époque et que la nôtre gagnera à redécouvrir.
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