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EAN : 9791041413546
128 pages
Points (22/03/2024)
  Existe en édition audio
4.09/5   612 notes
Résumé :
« J’ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m’étais forcée par politesse, pour ne pas froisser les ego fragiles. À toutes les fois où mon plaisir était optionnel, où je n’avais pas joui. À tous ces coïts où j’avais eu mal avant, pendant, après. Aux préparatifs douloureux à coups d’épilateur, aux pénétrations à rallonge, aux positions inconfortables, aux cystites du lendemain. À tous ces sacrifices pour rester cotée à l’argus sur le grand marché de la bais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (109) Voir plus Ajouter une critique
4,09

sur 612 notes
Pour lancer sa collection « Fauteuse de trouble », Vanessa Springora (dont je recommande vivement « le Consentement ») donne la parole à Eloïse Delsart, alias Ovidie. « La chair est triste hélas » inaugure donc cette nouvelle collection des éditions Julliard qui réunira des textes écrits par des femmes, consacrés à la sexualité et à l'émancipation.

Force est de constater qu'Ovidie fait non seulement honneur au nom de cette collection en livrant un texte rageur et percutant, mais qu'elle respecte également à merveille le cahier des charges en partageant les raisons qui l'ont poussée à se lancer dans un grève du sexe avec les hommes. En se soustrayant au modèle hétérosexuel depuis quatre années, l'autrice explique vouloir remettre en question l'entièreté de ce système mis en place et entretenu par les hommes. En disant non à l'acte sexuel pénétratif, elle cherche surtout à reprendre possession de son propre corps, trop souvent considéré comme marchandise transactionnelle dans une société patriarcale où les femmes n'ont que rarement l'impression de « baiser gratuitement avec les hommes ».

S'il faut saluer l'honnêteté de ce texte particulièrement courageux qui a le mérite d'appuyer là où cela fait mal et qui contribuera, je l'espère, à changer les mentalités, je regrette cependant son côté trop manichéen, voire même parfois caricatural. En servant d'exutoire à la colère, au ras le bol et à l'amertume de l'autrice, ce discours finit par tomber dans un radicalité trop extrême. Mettre trop de gens dans le même sac n'est jamais bon et me retrouver logé à la même enseigne que les pires obsédés sexuels et que des gros pervers sautant sur des gamines ayant l'âge de leurs filles n'est pas forcément agréable. Alors certes, la gente masculine est à pointer du doigt et tous les hommes ont inévitablement commis des fautes qui contribuent à entretenir le modèle hétérosexuel actuel, mais sombrer dans les extrêmes n'est jamais bon et a souvent tendance à agrandir les fossés au lieu de les combler.

Ce déversement excessif de haine à l'égard de la gente masculine nuit donc à la pertinence d'un message de fond qui invite à une prise de conscience et à un changement des mentalités qui, lui, se doit radical. C'est dommage, surtout lorsque l'on constate le changement de ton en fin de roman, au moment où l'autrice évoque le suicide de son grand frère suite à un chagrin d'amour, alors qu'elle n'avait que seize ans. Ce passage plus introspectif, construit sur un amour fraternel fort et jamais remplacé, démontre la capacité de l'autrice à émouvoir sans rechercher à bousculer à coups d'extrêmes.

Je souhaite donc longue vie à cette collection, nécessaire dans un monde où il faut changer les mentalités, mais sans être fan de la forme de ce texte, au fond certes pertinent, mais libérant trop de haine dans un monde qui en déborde déjà.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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« Ce texte est la fureur qui m'embrase et me consume ». C'est sur ces mots qu'Ovidie conclut l'avant-propos de son dernier ouvrage, et personnellement, ce n'est pas le terme « avant-propos » que j'aurais donné à ces quelques pages introductives, mais plutôt celui d'« avertissement ». « La chair est triste hélas » n'est en effet pas un livre facile à lire en raison de la colère et du dégoût de son autrice qui suintent de ces pages, sautent à la figure du lecteur pour le prendre à la gorge.

Ainsi, des claques, j'en ai prises quelques-unes lors de la lecture de ce texte, de celles qui vous rappellent, si jamais il était possible de l'oublier, que le patriarcat structure la société et les comportements de beaucoup de personnes, et mêmes des plus averties comme Ovidie. J'ai ainsi été, dans un premier mouvement, surprise (ou déprimée, c'est selon) que le sexe avec les hommes soit une telle source de déception pour Ovidie, et surtout de ses efforts pour se conformer à une certaine norme, tout en étant désolée pour elle des complications qu'elle a connues.

Mais ma compassion, toute sororale qu'elle soit, elle s'en fout et elle a raison. Et ce serait mal la comprendre que de lire son livre sous l'angle de la compassion car ce n'est pas ce qu'elle demande en l'écrivant. Non, ce qu'elle souhaite, c'est dépasser l'intime en analysant les raisons de sa grève du sexe, qui finalement, comme elle le découvre, est courante, et d'en appeler au nécessaire changement de société que cela implique. Que les hommes reconnaissent mal baiser, de manière autocentrée, complètement à côté de la plaque par rapport aux attentes des femmes (« Depuis #MeToo, nous errons dans un champ de ruines et nous nous demandons de quelle façon recommencer à faire l'amour. Tout l'enjeu de notre époque est de reconstruire une hétérosexualité qui ne soit plus hétéronormative, qui ne nous enferme plus dans des rôles, qui ne soit plus fondée sur des rapports de domination. »). Ou, s'ils ne souhaitent, ou ne peuvent, pas changer, car selon Ovidie c'est franchement mal parti, au moins qu'ils se rendent compte que les femmes trouvent des solutions alternatives pour être épanouies, et que c'est naturellement en dehors d'eux que ça se passera (« Je mets un coup de pied dans l'arbre et il en tombe par dizaines, par centaines, par milliers. Des femmes sur lesquelles les hommes se retournent, mais qui, de leur côté, rêveraient de leur crever les yeux. Qui ne sont ni frigides, ni moches, ni bonnes à jeter. Qui en ont juste marre de leur compagnie. Et je pense à toutes les jeunes femmes de la génération de ma fille ou de mes étudiantes, qui ont également rejeté l'hétérosexualité. Aux stars lesbiennes auxquelles elles peuvent enfin s'identifier. Toutes ces femmes qui font le choix d'être en couple avec d'autres femmes ou avec des hommes trans, de « rompre le contrat hétérosexuel », pour reprendre la formule de Monique Wittig, cela devrait leur mettre la puce à l'oreille, à ces mecs. Ne se demandent-ils jamais pourquoi on ne veut plus d'eux ?). Et que le noeud du féminisme se trouve là aussi : « Ces féministes, toutes des mal baisées ! Evidemment que nous sommes mal baisées, c'est justement ça, le problème ! Pourquoi devrions-nous en avoir honte ? Ce serait plutôt à nos partenaires de raser les murs ! Ils ont leur part de responsabilité dans cette affaire, me semble-t-il. Je ne suis pas mal baisée parce que je suis féministe, c'est absolument l'inverse : je suis féministe parce que je suis mal baisée ».

Mais aussi son ambition est de se connaître, de déterminer quelles sont ses envies. Sortir de l'hétérosexualité sans jamais jurer de rien, mais pour l'instant c'est ce qui lui fait du bien et lui permet de dompter ses démons.

Ce que j'ai aimé dans ce texte percutant – dans tous les sens du terme –, c'est que le brûlot évolue, en même temps que la réflexion d'Ovidie ; les premières parties sont du Ovidie pur jus, cette femme féministe en colère et qui veut tout casser. Mais au fil de son parcours, de ses analyses, notamment thérapeutiques, elle fend l'armure (notamment quand elle parle de son frère et du traumatisme qu'a constitué sa mort, des pages véritablement poignantes), pour laisser Eloïse se découvrir, aller peut-être vers un certain apaisement. On fait alors connaissance avec une femme qui souffre de ne jamais avoir été aimée correctement, avec tendresse, douceur et bienveillance, sans qu'on lui fasse éprouver durement la nature essentiellement transactionnelle de l'amour (selon Monique Wittig). Elle m'a touchée dans cette honnêteté et cette franchise sans filtres, et impressionnée par le courage et la détermination à assumer les conséquences – anticipées – de son livre.

Donc oui, « La chair est triste hélas » est un texte plein de violence et de colère, écrit comme on s'emporte, avec des mots volontairement incisifs et excessifs, mais ils sont à la mesure du ras-le-bol d'Ovidie pour cette anormalité systématique et oppressante dans les rapports sexuels et amoureux. Alors oui elle se réclame de Valérie Solanas, et se rapproche de la position radicale d'Alice Coffin, mais peut-on le lui reprocher quand beaucoup de ses arguments sonnent aussi juste ?
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Dans ce livre court mais dense, Ovidie explique pourquoi elle a, depuis 4 ans, renoncé aux relations hétérosexuelles.
Je n'avais jamais lu Ovidie.
Je l'ai entendue avec intérêt dans des émissions de radio, dans des vidéos. J'ai regardé avec plaisir sa désopilante série "Libres !". Je connaissais ses prises de position.
Mais la lire, c'est une autre expérience.
D'abord parce qu'elle écrit tellement bien : Eloïse Delsart est l'autrice d'une thèse de doctorat sur l'autonarration, on trouve dans son écriture un niveau de réflexion, d'érudition et d'intelligence qui n'est pas à la portée du premier tract féministe venu.
Mais c'est une autre expérience, aussi, parce que dans ce livre, elle ne se contente pas de théoriser - ce qui serait déjà intéressant en soi. Non, ici elle se livre, avec une honnêteté, une sincérité remarquables. Avec beaucoup d'humour, également. Mais aussi avec colère.
Ce témoignage de sa colère semble se tourner d'abord vers elle-même : quand elle pense à tout ce temps, cet argent, cette énergie gaspillés pour "rester cotée à l'argus sur le grand marché de la baisabilité".
Mais sa colère est également libératrice et salutaire.
Parce que ces quatre années de "grève" lui ont permis de bien creuser son sujet, de bien analyser comment, dans tous les domaines de la société, les relations homme-femme sont basées sur une potentielle séduction. Oui, dans tous les domaines, pas que le sexe : par exemple il est indéniable qu'à compétence égale, on embauchera plutôt une jolie femme apprêtée qu'une moche sans artifices.
Et se retirer du jeu de la séduction hétérosexuelle, c'est faire un pas de côté, hors du patriarcat, hors de la culture du viol, hors du "grand marché de la baisabilité".
Et c'est passionnant.

Challenge ABC 2023-2024
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J'ai aimé ce livre pour son honnêteté, sa modestie, son intelligence émotionnelle. Des expériences décevantes, une aspiration à la non mixité - la non mixité choisie, comme une délivrance du poids de l'hétérosexualité qui organise les rapports sociaux, et trop souvent les ternit et les appauvrit dans des jeux de rôle stéréotypés : dévalorisants pour la femme dans son rôle de dominée codifié par le collectif, et pour l'homme aussi, peu conscient qu'un regard témoin de toutes ses petites (et grandes) bassesses est posé sur lui jusque dans la passion amoureuse : vénération de sa queue autour de laquelle il tourne en toute occasion et voudrait faire tourner les autres ; sentiment de légitimité pitoyable (quand il n'est pas violent); manque d'hygiène récurrent d'un très grand nombre, qui constitue l'irrespect de plus (de trop) : mains pas lavées, sexes négligés.

Ovidie n'est pas dogmatique. Elle fait un état des lieux dans lequel bien des lectrices pourraient se reconnaître, au moins partiellement. Mais elle ne conseille pas, ne fait pas la leçon. Elle avoue ses tâtonnement, ne parie pas sur l'avenir, ne manie pas de concepts fumeux pour nous emberlificoter.

Faisant l'expérience de l'abstinence, elle en observe les effets, les avantages, les manques éprouvés (notamment celui du contact physique tendre sans sexe systématique à la clé).

Pour l'instant elle entretient d'excellents rapports d'amitié et de camaraderie avec certains hommes, dont l'un, très proche, est son alter ego masculin, double sans doute du frère qui s'est ôté la vie ; un autre aussi ; des professionnels qui travaillent avec elle à la réalisation de films et court-métrages qui n'évoluent plus depuis un certain temps dans l'univers du sexe (étiquette difficile à décoller malgré le passage des années) ; et enfin un ex-conjoint dont elle n'exclut pas qu'il redevienne un jour un conjoint à part entière.

Qu'on ajoute à ça l'immense amour qu'elle éprouve pour sa fille : on est loin de l'image de la sorcière misandre qui touille dans son chaudron une mixture à base de venin de vipère, de bave de crapaud et de souffre pour empoisonner tout le sexe mâle voué aux gémonies. On ose rêver que des hommes pourraient la lire sans crier à la misandrie, sans se sentir victimisés par le fantasme du vagin denté, sans vilipender le féminisme comme un courant de pensée visant à émasculer les hommes : c'est émouvant aussi un pénis quand on vous ne le brandit pas sous le nez en toutes circonstances, comme la matraque du méchant polichinelle.

Ovidie a exclut de sa vie la sexualité, mais ne jure pas (croix de bois croix de fer) qu'elle n'y reviendra pas un jour : comme je l'ai dit plus haut, elle n'est pas dogmatique, son livre n'est pas un livre de développement personnel "faîtes comme moi" : elle hésite, tâtonne et c'est ça que je trouve infiniment touchant en elle.

Car Ovidie ne "déteste pas" les hommes : elle aspire à une autre sorte de lien avec eux, au partage d'une autre sexualité, d'autres affects, moins de nombrilisme de part et d'autre et davantage de douceur et de bienveillance mutuelles.

Ses attentes sont celles de nombreuses femmes : un respect dans le compagnonnage, des rapports de tendresse sans pénétration systématique (mais sans exclusion non plus, c'est le choix des deux amants), un enrichissement par la vie plus que par l'incontournable vit, faux alpha et omega ressassé jusqu'à extinction totale du désir féminin relayé pour finir par la simulation et le mensonge.

Autant dire une utopie (elle en a conscience) : une utopie qui permettrait pourtant aux hommes de relâcher la pression infernale que semble leur faire subir leur très encombrant joujou, aux femmes de reprendre confiance en elles-mêmes et en l'autre.

Je ne mets que trois étoiles à cause du style quand même un peu relâché et de la tendance au remplissage, m'a-t-il semblé, dans certains passages.

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Je lis régulièrement des écrits féministes afin d'essayer de comprendre l'autre sexe. J'ai l'habitude d'être mis face à mes responsabilités mais cette fois-ci, j'ai tout de suite été pris à la gorge par Ovidie. En effet, dans cet essai, elle ne passe pas par quatre chemins. Elle lance une attaque frontale contre le patriarcat et ses excès.

Elle nous explique pourquoi elle a décidé de faire une grève du sexe illimitée. Elle retrace l'ensemble des faits et des évènements qui l'ont poussée à un tel extrémisme. Elle entre dans la sexualité des couples pour en extraire les inégalités flagrantes.

Ce texte se révèle très efficace parce qu'il n'est pas unilatéral. L'autrice se remet elle aussi en cause, en n'occultant pas sa subjectivité. Elle donne son avis avec son expérience personnelle. Elle blâme aussi les femmes qui ont accepté depuis longtemps, sans broncher, toutes les injustices, au point que celles-ci sont entrées dans les moeurs.

L'autrice profite de son récit pour nous ouvrir en grand les portes de son intimité. Dès lors, on découvre tous les obstacles qu'elle a rencontré dans ses échanges mentaux et charnels avec les hommes. Elle a un passé dans les films pornographiques et les gens la ramènent toujours à cette partie de sa vie, pourtant très courte. Avec son statut de femme et d'ancienne actrice, elle doit être encore plus compétente afin d'être prise au sérieux.

Je conseille principalement aux hommes de lire ce livre. Vous apprendrez des choses et après ça, vous changerez peut-être de comportement. Mais les femmes y trouveront aussi des pistes de réflexion sur leur propre conduite. Dans tous les cas, que l'on soit d'accord ou non avec elle sur tous les points abordés, Ovidie a le mérite de mettre les pieds dans le plat et de chambouler les convenances ! A méditer !
Lien : https://youtu.be/ov2xYbR0nGM
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critiques presse (7)
Telerama
26 mars 2024
Au sein de sa production prolifique, ce texte-ci, premier volume d’une nouvelle collection lancée par Vanessa Springora, est l’expression la plus personnelle qu’elle se soit autorisée.
Lire la critique sur le site : Telerama
LesInrocks
12 décembre 2023
La réalisatrice et écrivaine Ovidie propose une réflexion courageuse autour du renoncement, mais surtout, à travers lui, autour de la question de la domination masculine et du patriarcat.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LesInrocks
31 mars 2023
Pour lancer sa nouvelle collection, Vanessa Springora a choisi “La chair est triste hélas” d’Ovidie, un texte sur l’abstinence sexuelle. Rencontre avec deux autrices qui interrogent la dimension fondamentalement politique de la sexualité hétéronormée.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
MadmoizellePresse
30 mars 2023
Ovidie livre un texte électrisant, tout en même temps intime et corrosif, dans lequel elle raconte la trajectoire qui l’a amenée à s’extraire de la sexualité hétérosexuelle depuis quatre ans.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Telerama
20 mars 2023
Un livre bref, un uppercut, dans lequel elle explique sans détour son rejet du modèle hérétosexuel tel que nos sociétés l’ont promu depuis des siècles – priorité donnée au plaisir masculin, ressorts économico-affectifs des relations...
Lire la critique sur le site : Telerama
Telerama
20 mars 2023
L’essayiste et réalisatrice publie jeudi 16 mars un texte intime à portée politique, dans lequel elle explique son rejet du modèle hérétosexuel
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
13 mars 2023
A 42 ans, l’ancienne actrice X, devenue autrice de documentaires sur la sexualité, revient sur les origines de son rapport compliqué et douloureux au sexe et à l’amour et pourquoi elle est « sortie de la sexualité » il y a quatre ans.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
Aimer, c’est donner un accès à son être, l’autoriser à avoir sur sa propre personne un ascendant qui engendre soumission et désubjectivation. Ainsi la relation amoureuse est, chez moi, vouée à l’échec, au corps et à la subjectivité qui se dissolvent, au néant et à la mort.
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La beauté et la soumission sexuelle sont les seules choses que nous ayons à monnayer contre une bonne situation ou contre un capital social, une particule ou un poste, et pourquoi pas contre des papiers, puisque les hommes sont prêts à croire, en toute bonne foi, qu'une jeune fille de la moitié de leur âge, rencontrée en Thaïlande, pourrait tomber amoureuse de leur gros bide. Leur capacité à se mentir à eux-mêmes me fascine.
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En cautionnant le fait que notre identité se définisse essentiellement par notre fonction décorative et notre capacité à faire bander - puisque nous faisons de notre corps notre capital - nous acceptons de nous recouvrir de toutes ces couches d'oppression, de plonger la tête la première dans la servitude en nous infligeant douleurs et meurtrissures. Quel est ce monde où des femmes acceptent de risquer leur vie dans un bloc opératoire pour avoir des gros seins ? Pour que des hommes viennent y coller leur bite en attendant qư'on leur fasse une cravate de notaire ? Et c'est bien pratique de nous maintenir dans cet « enclos symbolique » - la formule n'est pas de moi mais de Bourdieu, tiens, encore un homme - ce contrôle du corps des femmes. Qu'il s'agisse de nous imposer d'être de parfaites fées du logis ou de nous envoyer courir sur un tapis roulant, en fin de compte, c'est toujours la même histoire, le fond idéologique reste identique.
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Alors voilà ma réponse : ce que je voudrais, c’est un couple exclusif où chacun trouverait suffisamment de sources d’accomplissement dans sa vie personnelle pour ne pas avoir besoin de se disperser dans de basses relations adultérines ou des romances à la petite semaine. Et je voudrais qu’on m’aime moi, pour ce que je suis et non pour ce que je représente. Qu’on m’aime et qu’on me laisse libre de vaquer à mes occupations, de la même manière que je respecterais la liberté de l’autre, parce que cette relation serait fondée sur la confiance et la sécurité. Je voudrais croire en un amour affranchi de notre culture de la domination, en un monde dans lequel il serait possible d’envisager l’égalité entre deux êtres, une « hétérosexualité qui trahirait le patriarcat », pour citer Mona Chollet. Je fantasme une société plus égalitaire, où les individus vivraient et travailleraient ensemble d’égal à égal et qui ouvrirait la voie à des relations d’un type nouveau, fondées sur l’affection mutuelle et non plus entachées par des questions de propriété, de possession, de valeur, de prix et d’échange.   Vous voyez bien que c’est strictement impossible.
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Je voudrais croire en un amour affranchi de notre culture de la domination, en un monde dans lequel il serait possible d’envisager l’égalité entre deux êtres, une « hétérosexualité qui trahirait le patriarcat », pour citer Mona Chollet. Je fantasme une société plus égalitaire, où les individus vivraient et travailleraient ensemble d’égal à égal et qui ouvrirait la voie à des relations d’un type nouveau, fondées sur l’affection mutuelle et non plus entachées par des questions de propriété, de possession, de valeur, de prix et d’échange.

Vous voyez bien que c’est strictement impossible.
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Videos de Ovidie (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Ovidie
13 juin 2022 « C’est une sorte de dystopie ou les rapports de genre sont inversés, dans un monde dirigé par des femmes et où les hommes font office de chair fraiche. » On a adoré écouter Ovidie nous parler de sa série, Des Gens Bien Ordinaires, disponible sur CANAL+
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