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EAN : 9782267015621
229 pages
Christian Bourgois Editeur (23/09/2000)
5/5   1 notes
Résumé :
Livre, enfance, pays, langue, époque les cinq parties de ce livre d'essais sont ici les noms de cinq formes d'expériences du temps. Par-delà l'étude des œuvres (Benjamin, Eisenstein, Platonov, Baudelaire, Büchner ou Lucile Desmoulins) ou des lieux (la Russie) ou des pratiques (la lecture, les arts), il s'est agi de configurer un temps qui ne serait ni celui des horloges, ni celui du souvenir, ni celui de la prophétie, mais celui qui confondrait en un seul cours ce q... >Voir plus
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Lire, ce n'est donc pas seulement marcher sur les traces de la différence produite par un livre, c'est aussi, d'une certaine façon marcher dans la forêt entière où ces traces ont déjà été suivies ou le seront.
Dans cette forêt, chacun est seul, mais chacun, s'il le veut, peut aussi entendre d'autres pas que le sien. Il arrive que de tels pas soient très lointains, et le plaisir qu'il y a à les percevoir est, sinon philologique, du moins relié à la sphère de l'érudition. Il s'oppose
en son genre à celui des forêts fréquentées. Maismême là, même lorsqu'il s'agit de grands classiques,ou de ces livres qu'« il faut avoir lu », le piétinement
des millions de lecteurs reste sourd. Au moment de la lecture elle-même et là où elle creuse, se creuse,l'expérience est entière, à peine médiatisée. Et c'est dans la profondeur même de ce retrait que se dessine, sans traits bien nets et surtout sans bords
découpés, la communauté seconde dont chaque livre est le foyer. Ainsi, de façon discrète, la lecture qui semblait pratiquement asociale, retirée, s'en remet-elle pour finir à une autre socialité, qui est peut-être
son souci fondamental. Mais la forme du lien qui se
noue alors est particulière, il s'agit d'une socialité de la pure transmission, diachronique et utopique (sans lieu) dans son essence.
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J'avais avec moi,parmi d'autres livres, Le Sens du monde de Jean-Luc Nancy. Sans doute s'agit-il d'un livre de philosophie, mais j'ai remarqué que ces connexions dont je parle sont souvent favorisées par la lecture des
livres « difficiles », qui accrochent le paysage par des pinces souvent plus sensibles, plus secrètes et plusrésistantes que celles de la fiction. « Le sens du monde », c'est là un titre piège, et il ne faut pas aller croire que l'auteur, atteint de la folie des grandeurs, ait brusquement conçu qu'il allait révéler quel était
le sens du monde.
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N'ayant personne à qui confier son enthousiasme, voyant ce monde même qui venait sous ses yeux d'être irradié par le sens revenir à l'indifférencié, le lecteur éprouve une sorte de vertige (que la jeunesse transforme facilement en excitation et l'âge, semble-t-il, en fatalité). Car ce que la lecture donne et soutient le temps qu'elle dure, c'est tout de même un partage : s'excluant de la communauté apparente pour se replier tout entier dans son livre, le lecteur, comme on l'a si souvent remarqué, entre dans une autre communauté. Celle-ci n'est pas faite de la masse de tous ceux qui lisent, elle est à chaque fois différente, elle a chaque livre lu pour centre. Ce qu'elle associe tout d'abord, c'est, selon l'exact pli du sens qui se forme, les deux bords du pliage : le lecteur et l'auteur. Mais si loin que puisse y aller la sensation d'accord, de familiarité, de reconnaissance, la lecture n'est jamais pure et simple confidence ou dialogue, elle comporte toujours la présence supposée ou réservée d'un tiers. C'est ce tiers venu ou à venir de tous les autres lecteurs qui forme la communauté seconde réunie autour de chaque livre. Et ce vertige dont j'ai parlé, qui renvoie le lecteur à sa solitude, provient du caractère invisible et impalpable de cette communauté.
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Le secret,c'était que les choses malgré tout tenaient ensemble
et que les hommes malgré tout se tenaient ensembleautour d'elles. Or c'est ce même secret qui est pour ainsi dire caché dans la littérature et c'est lui que
frôle chaque lecteur à chaque fois qu'il s'avance dans un livre, comme pour passer ce livre – et ce secret –au lecteur suivant. La littérature est tout entière le
mot de passe de la communauté ouverte qu'elle étend.
Le langage est le lieu où filtre ce secret : sens effectué, passé au tamis et livré en plaques – le sens, qui est l'émotion du langage.
Au langage, chaque homme est versé en naissant. Même s'il ne lui est donné d'en apprendre tout d'abord que l'une des faces, celle que lui présente sa propre langue, sa langue natale ou maternelle ,il est à travers elle exposé à la totalité du langage. Il
n'y a pas de langues hautes ou basses, de langues majeures ou mineures, il n'y a que des façons de les parler, de parler. Et une langue, quelle que soit son
extension, est toujours présentation, et présentation
intégrale de tout le langage pour ceux qui la parlent ou l'écrivent. La langue, forme du langage dont
nous héritons, il nous faudra la remettre en partant à ceux qui viendront après nous.
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Ce qui s'impose en effet d'emblée lorsqu'on aperçoit inopinément quelqu'un qui est en train de lire
un livre, que ce soit au café, sur le banc d'un parc ou
dans un train, c'est que cet être, aussi inconnu de
nous que tous ceux que l'on croise, a pour ainsi dire
décidé d'être encore un peu plus inconnu, en se
soustrayant à la rumeur et au défilé impressionniste
des sensations et des regards. Dans le cours du
temps, tel qu'il prend forme, rebondit et ricoche en
une multitude de facettes et de flux, dans la forme
kaléidoscopique de ce cours, le lecteur inscrit une
césure et s'inscrit lui-même comme césure.
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