L’œuvre d’Homère est tout particulièrement étudiée et interrogée, soit directement, soit par le biais de traductions. Paradoxalement, l’un des plus grands succès de la librairie moderne sera constitué par un voyage imaginaire dans le monde grec de l’Antiquité, dont l’auteur n’a jamais visité les lieux dont il parle. Chargé de l’instruction du duc de Bourgogne, Fénelon, archevêque de Cambrai, publie en effet en 1699 une suite au quatrième livre de l’Odyssée : dans ces Aventures de Télémaque, l’idée d’accompagner le fils d’Ulysse dans son périple à la recherche de son père sert de prétexte, dans un but pédagogique, à une présentation approfondie du monde grec de l’Antiquité.
Constantinople tombe en 1453 aux mains des Ottomans, et la disparition de l’Empire byzantin marque l’apogée du repli de nombre d’intellectuels et de savants vers l’Ouest. Des personnalités comme Bessarion cherchent, en travaillant à la diffusion de la culture grecque, à intéresser les princes d’Occident à une croisade visant désormais aussi à libérer Constantinople et à restaurer la chrétienté dans sa géographie ancienne.
Si les Croisés voyaient leur ennemi d’abord dans l’« Infidèle » musulman, la position des Grecs, en tant qu’orthodoxes, n’est pas beaucoup meilleure : la prise de la capitale grecque, Byzance, en 1204, et l’instauration d’un empire latin d’Orient illustrent déjà le mépris latent pour des Grecs que l’on présente volontiers comme décadents.
Désormais, la connaissance du grec et de la civilisation de la Grèce antique est un des éléments constitutifs de l’humanisme, puis de la culture européenne moderne.