Dans "Une nuit de 43", l'une des cinq nouvelles d'Intramuros,
Giorgio Bassani écrit ou plus précisément fait dire, de Ferrare, à un "on" collectif et statisticien: " aucune autre ville de l'Italie du Nord n'avait fourni à la République de Salô un plus grand nombre d'adhérents".
C'est dire l'absence de complaisance et la froideur de la lumière avec laquelle il éclaire le passé relativement récent de la ville éponyme dont il a fait le théâtre de son Roman.
Semblant s'attacher aux lieux, il s'intéresse surtout aux gens. Passant outre, comme les tenant pour presque négligeables, les faiblesses et vilénies auxquelles les périodes troublées prêtent plus facilement leur concours, il brosse des portraits qui pourraient se vouloir archétypaux de ces Italiens d'une petite ville du Nord, pauvres ou petits-bourgeois, souvent occupés de leur survie ou de leur insertion sociale.
Pour ce faire, il a choisi, dans Intramuros, le genre de la nouvelle et s'en sort plutôt bien, visant des chutes bien marquées mais non forcées; il tend cependant à systématiser le flash-back ce qui pénalise la lecture en accentuant une certaine lourdeur par ailleurs imposée par une écriture laborieuse parce que surchargée et multipliant les incises, manquant d'élégance et de simplicité et paradoxalement non exempte de locutions ou expressions peu relevées.
En revanche, le fond, pas du tout dénué de sensibilité, et sa valeur documentaire sont appréciables.