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EAN : 9782021034394
358 pages
Seuil (16/02/2012)
4.78/5   9 notes
Résumé :
À dix-huit ans, en rupture avec une culture occidentale
incapable de satisfaire sa quête existentielle, Stephen
Batchelor quitte sa Grande-Bretagne natale pour un voyage
initiatique qui le conduit en Inde, auprès de la communauté
exilée réunie autour du Dalaï-lama. Fasciné par la spiritualité
qu'il y découvre, le jeune hippie se convertit au bouddhisme et
reçoit bientôt l'ordination. Pendant dix ans, de l'école tibétaine
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Voilà un ouvrage qui dans le genre abordé, ne manque pas de courage ! Lucide, direct dans un "parler vrai" sans concession, ce livre nous renvoie à nous même et notre responsabilité humaine, tout en traçant des pistes d'issues possibles ... dans le chaos environnant !
Le regard que cet écrit pose sur la Vie, est empli d'une saine curiosité, empreint d'un certain amusement "décalé", qui est rarement le propos dans le cadre de l'enseignement distillé de la dite tradition séculaire monastique "lamaïque" ... Outre le fait qu'il développe une intégrité espiègle, voire quelque peu ironique dans son périple à l'intérieur de ses expériences du lamaïsme tibétain gelugpa, ce qu'il esquisse de la biographie du Bouddha historique à partir du canon pali est une optique très originale, inhabituelle ; nous apprenons ainsi que cet homme est de plain-pied dans le sociétal de l'époque et des lieux.
C'est lumineux, brillant, fouillé, clair, intelligible pour le citoyen lambda qui ne se contente pas de la "soupe" plus ou moins infâme, que l'on a l'habitude de servir au " bon peuple" crédule ! Ce livre nous rend à l'intelligence du propos dans toute sa grandeur authentique.
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Stephen BATCHELOR,à travers son itinéraire personnel de moine consacré, puis défroqué, mais sa quête de l"indicible perception du Soi en soi,nous emmène dans cette course haletante à laquelle nous pouvons que participer en nous y immergeant de tout notre saoûl.Un livre qui m'a marqué et rangé sur mes étagères fait partie de ceux que je relierais un jour.
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La mise en place didactique du début du livre ne m'a pas emballée plus que ça… puis le doute est apparu et tout est devenu beaucoup plus intéressant.

Sur un ton lucide et impertinent, et faisant montre d'une intégrité taquine, Stephen Batchelor nous emmène dans un périple à travers ses expérience du bouddhisme tibétain gelugpa, du bouddhisme zen coréen et d'une forme communautaire de bouddhisme anglais. de digressions en post-it, il nous accompagne dans le flux changeant et imprévisible de l'existence, proposant de développer une perplexité curieuse, porte ouverte sur le grand doute.

Une ode à la vie telle qu'on en rencontre rarement dans la littérature bouddhiste !

Parallèlement à cela, Stephen Batchelor trace une esquisse de la biographie du Bouddha historique à partir du canon pali. Se dessine un homme ancré dans le monde et les relations sociales, au contact des cultures perses et grecques et aux prises avec les réalités plus ou moins ragoûtantes de son temps. Vision inhabituelle qui ne manque pas d'intérêt.

Brillant, intelligent et lumineux !
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
La quête de Gotama l'a conduit à abandonner tout ce qui le définissait - son roi, sa patrie, son statut social, sa situation familiale, ses croyances, sa conviction d'être un « moi » maîtrisant un corps et un esprit - mais nul effondrement psychotique n'a suivi ce renoncement. Car, en renonçant à sa place (alaya), il a accédé à un fondement (tthana ou thatva). Mais ce fondement est d'une nature complètement différente. C'est le monde contingent, transitoire, ambigu, imprévisible, fascinant et terrifiant qu'on nomme la « vie ». La vie est un fondement sans fond : à peine apparue, elle disparaît, uniquement pour se renouveler, puis aussitôt se désagréger et disparaître à nouveau. Elle coule sans cesse en avant, telle la rivière d'Héraclite. Si vous essayez de la saisir, elle vous glisse entre les doigts.
Ce fondement sans fondement n'est pas synonyme d'absence de soutien. Il vous soutient d'une façon différente. Là où une place peut vous attacher et vous enfermer, ce fondement ne vous retient pas et s'ouvre à vous. Il ne reste pas immobile un moment. Pour s'y appuyer, il faut le considérer d'une autre façon. Au lieu d'être planté fermement sur vos pieds et de vous cramponner des deux mains pour vous sentir à l'abri dans votre place, ici vous devez fendre la surface de ses eaux miroitantes comme une mouche à longues pattes, nager dans son courant comme un poisson véloce. Gotama comparait cette expérience à celle consistant à « entrer dans le courant ».
L'Éveil de Gotama exigeait un changement radical de perspective plutôt que l'acquisition d'un savoir privilégié formé de quelques vérités supérieures. Il n'usait pas des mots « savoir » et « vérité » pour le décrire. Il ne parlait que de l'éveil à un monde contingent - la conditionnalité et la production conditionnée - qui, jusque-là, était obscurci par son attachement à une position stable.
(page 169)
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Que je l'apprécie ou non, l'esprit qui anime la vie religieuse et son organisation formelle semblent - comme le Bouddha et Mara – inextricablement liés l'une à l'autre.
Rejeter la religion réglementée pour une « spiritualité » éclectique et nébuleuse n'est pas non plus une solution satisfaisante. En tant qu'êtres parlants, nous élaborons constamment des théories et des croyances cohérentes. En tant qu'animaux sociaux, nous nous organisons constamment en groupes ou communautés. Sans un discours rigoureux et critique envers lui-même, on risque de tomber dans de pieuses platitudes ou des généralisations superficielles. Et sans un minimum de cohésion sociale, les idées géniales risquent de dépérir. L'important n'est pas de renoncer à toutes les institutions ou à tous les dogmes, mais de s'en accommoder avec ironie, de les apprécier pour ce qu'ils sont - le jeu de l'esprit humain dans sa quête incessante de sens et de cohésion -, et non de les considérer comme des entités éternelles qu'il faut défendre sans merci ou imposer de force.
« De nos jours, la religion doit s'affranchir de la croyance, dit Don Cupitt. Il n'y a rien en quoi croire ou espérer. C'est pourquoi la religion doit devenir un moyen immédiat et profondément ressenti de vous rattacher à la vie en général et à votre propre vie en particulier. » C'est dans cet esprit que j'ai essayé de comprendre ce que le Bouddha a dit il y a tant d'années. En tentant de rétablir Gotama dans sa condition d'homme et de démêler ses idées des opinions dominantes de son temps, j'aime à penser qu'il était animé par les mêmes idéaux.
(p. 294)

Note 22 page 339 :(du chapitre 17, page 274, note 22)
Le terme pali sùkara-madava signifie littéralement « tendre cochon » (sùkara). Dans le canon, il est clair que le Bouddha n'était pas végétarien. Il rejetait la proposition de son cousin Devatta d'imposer le végétarisme comme règle pour la communauté monastique. Il ne voyait pas d'objection à ce que ses moines mangent de la viande, à condition qu'il n'ait été ni « vu, ni entendu ou soupçonné » que l'animal fût tué spécialement pour eux.
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À mon retour à McLeod Ganj, je sentis que le bouddhisme avait également perdu de son innocence. Depuis mon arrivée ici pour la première fois, vingt ans plus tôt, les centres, les communautés et les maisons d'édition bouddhistes avaient surgi et proliféré à travers l'Europe, l'Amérique et l'Australie. Cela était dû largement aux efforts des Occidentaux qui, retournés chez eux après leurs études en Asie, avaient invité ensuite leurs maîtres bouddhistes à venir établir des centres. La popularité du bouddhisme était montée en flèche. Il n'était plus perçu comme un passe-temps spirituel suranné de hippies vieillissants mais était en train d'être absorbé avec enthousiasme par la culture occidentale. Inévitablement, il s'institutionnalisait également. En très peu de temps, des groupes bouddhistes avaient acquis de vastes propriétés et conquis de riches bienfaiteurs. Le mélange grisant de « maîtres illuminés », d'étudiants dévoués et d'ambition spirituelle grandiose peut aisément mener au sectarisme et aux abus de pouvoir.
Nous étions vingt-deux à être venus à Dharamsala discuter de ces questions avec le Dalaï-lama en personne. Après deux jours de préparatifs, on nous fit entrer dans une pièce du palais haute de plafond et glaciale pour la première de nos huit sessions de deux heures chacune avec le Dalaï-lama. Nous avions préparé un certain nombre de sujets: l'adaptation du bouddhisme à l'Occident, tradition contre culture, sectarisme, psychothérapie, moines et société laïque, et le monstre qui ne cessait de relever la tête : les relations sexuelles entre maîtres et étudiants.
Les discussions se déroulèrent tout d'abord dans une certaine gêne, car personne n'était très sûr de savoir ni où nous allions ni à quoi nous attendre.
(p. 253)
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D'où vient ce besoin de défendre de manière si passionnée l'existence de notions métaphysiques qui ne peuvent être ni prouvées ni réfutées ? Je pense que cela a sans doute un rapport avec la peur de la mort, la terreur que nous inspire la perspective de notre disparition et de celle de nos proches dans le néant. Mais j'ai l'impression que, pour ceux qui se raccrochent à ce genre de convictions, le monde tel qu'il se présente apparaît intrinsèquement inadéquat, incapable d'exaucer leurs aspirations les plus profondes à trouver une raison d'être, la vérité, la justice ou la bonté. Que l'on croie en Dieu ou au karma et à la renaissance, on place dans l'un et l'autre cas sa confiance en un pouvoir ou une loi suprêmes qui paraissent en mesure de donner un sens à une vie sur terre brève et pleine de tensions. On présume l'existence de forces cachées, profondément enfouies sous la surface d'un monde dépendant d'expériences au jour le jour, indigne de confiance. De nombreux bouddhistes soutiennent que rejeter la croyance en la loi du karma - un système de comptabilité morale mystérieusement inhérent à la structure de la réalité même – équivaudrait à supprimer les fondements de l'éthique. Les bonnes actions ne seraient pas récompensées et les mauvaises actions ne seraient pas punies. Les théistes ont dit exactement la même chose sur les conséquences de l'abandon de la croyance en Dieu et au jugement divin.
(p. 223)
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Car ce à quoi il s'était éveillé, cette « conditionnalité » - que des choses spécifiques donnent naissance à d'autres choses spécifiques - est plutôt évident. Tout le monde sait que les graines donnent naissance à des plantes et les œufs aux poulets. Pourtant, insistait-il, cette « production conditionnée » est extrêmement difficile à voir.
Pourquoi ? Parce que l'attachement viscéral à leur place empêche la majorité des gens de saisir la contingence fondamentale de leur existence. Notre place est ce à quoi nous sommes le plus liés. C'est la base sur laquelle l'édifice tout entier de l'identité est construit. Nous la délimitons en nous identifiant à une religion ou à un mouvement politique, par l'attachement à un lieu, à une tradition ou à une position sociale. C'est dans ce cadre apparemment fixe que se développe notre intime conviction d'être un ego solitaire.
Notre place est cet endroit virtuel où nous nous tenons et nous opposons à toute tentative extérieure de saisir ce qui est à « moi ». Elle englobe tout ce qui est « mien », par opposition à ce qui est « tien ». Le plaisir de l'attachement crée ainsi une impression de solidité et de sécurité, celle d'être un point fixe dans un monde incertain où tout bouge et rien n'est sûr. Le pendant de ce plaisir est la peur panique de perdre sa place et d'être plongé dans le chaos, l'incompréhension et la folie.
(page 168)
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Video de Stephen Batchelor (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stephen Batchelor
Stephen Batchelor - Itinéraire d'un bouddhiste athée .Stephen Batchelor vous présente son ouvrage "Itinéraire d'un bouddhiste athée" aux éditions Seuil.http://www.mollat.com/livres/stephen-batchelor-itineraire-bouddhiste-athee-9782021034394.htmlNotes de Musique : Art of Meditation - 1 - Sacred Sounds
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