Codine (BD)

Une très belle histoire d'amitié entre un « forçat » et un jeune garçon « délicat ». Une histoire tragique qui se déroule à Brăila, sur les bords du Danube et que clôt une note explicative sur l'incontournable Panaït Istrati, « prince des vagabonds » comme l'a surnommé Joseph Kessel, son frère de croix. Jacques Baujard est un grand passionné et fin connaisseur de l'oeuvre du Roumain et il dédie son adaptation à l'illustrateur au nom de l'amitié !

J'ai beaucoup apprécié la restitution de la scène où Codine fait boire du vin à Adrien : « Bois, fratello. Si tu es bête, tu deviendras plus bête et ce ne sera pas dommage. Mais si tu as un coeur de feu, cette larme de vie ne fera que l'embraser… Bois sans crainte, fratello ! »

En voilà un beau roman graphique! Je ne connaissais pas la nouvelle originale de Panaït Istrati mais j'ai été touchée par cette adaptation de Jacques Baujard et Simon Géliot.
Le fameux Codine, évoqué dans le titre, est un homme dur, abimé par la vie et surtout par les hommes. Mais sa rencontre avec le jeune Adrien va lui redonner quelque espoir en l'humain. C'est à travers les yeux de ce dernier, jeune roumain de 12 ans, que nous est contée cette histoire qui parvient tout à la fois à nous dépeindre la dureté des bas quartiers, la bassesse humaine et la force silencieuse de certaines personnes. Je pense ici particulièrement au personnage de la mère d'Adrien, à peine effleuré mais qui dégage une force incroyable et se montre capable de sacrifices impressionnants pour son enfant, en opposition totale à la mère de Codine. D'ailleurs ces femmes ne sont pas les seules figures à s'opposer et c'est bien entre les deux amis, qu'à priori tout oppose, que les antagonismes sont les plus forts : l'un est un jeune enfant, l'autre un homme entre deux âges ; l'un est insignifiant et l'autre craint ; et surtout l'un est naïf et plein d'espoir alors que l'autre est résigné et aigri. Pourtant, dès leur première rencontre un magnétisme semble les lier et l'amitié qui va bientôt se nouer entre eux est aussi touchante que déroutante… Finalement c'est un peu comme si Adrien était le reflet de ce qu'aurait pu être Codine avec des parents aimants.
Quant aux graphismes, même si je ne suis pas complètement sous le charme je dois tout de même saluer ce trait incertain, tout en ombres, dont le rendu volontairement brouillon suggère presque plus qu'il ne figure et s'accorde à merveille avec ce qu'il nous dépeint.

Bref, pas un coup de coeur mais un bel album, à lire.

Superbe texte servi par de magnifiques dessins. On plonge dans une ambiance sombre et dense entre Maupassant et Dostoïevski,entre le roman social et la destinée inflexible des romans russes, l'histoire de l'amitié extraordinaire d'un enfant, Adrien et d'un colosse redouté par sa force et ses colères , Codine. Codine meurtri dans son enfance , traité de laid comme un singe et battu par ses parents, Codine maltraitant sa mère en retour une fois adulte, est un ancien forçat qui a tué son meilleur ami retrouvé dans les bras de sa maîtresse, Codine a pourtant un coeur énorme, une grande sensibilité, une amitié vraie et profonde pour cet enfant différent, scellée par une croix de sang sur le bras de chacun. Un récit fort plein et riche d'humanité.

Cette émouvante fable sociale est adaptée du roman de Panait ISTRATI, écrivain roumain francophone, voyageur humaniste et défenseur de la liberté.
Au début du 20e siècle, le petit Adrien Zograffi, huit ans, vient vivre avec sa mère, blanchisseuse, dans le quartier le plus déshérité de Braïla, sur les bords du Danube, en Roumanie.
Rapidement, il fait la connaissance de son voisin Codine, un géant révolté, ancien bagnard, emprisonné dix ans pour avoir tué son meilleur ami. Devenus amis, ils iront jusqu'à échanger leur sang et se promettre de se protéger l'un l'autre.
Ce récit à la Zola qui revisite le vécu de l'auteur roumain qu'un forçat avait pris sous son aile est parfaitement restitué par Jacques BAUJARD. Il rend hommage à l'amitié d'un colosse dont la force est une malédiction et d'un enfant. Il fait l'éloge de l'éducation, même dans les milieux simples, et loue les valeurs du travail, du courage et surtout de la loyauté.
Les illustrations de Simon GELIOT, dans des tonalités tour à tour sombres quand l'intensité dramatique flirte avec la violence et la peur ou lumineuses dans les moments plus poétiques, dépeignent toute la palette des émotions des personnages et jouent des différents formats de cases.
Ce récit assez dur met en scène une amitié improbable et touchante.

Le bon, la brute et les Balkans

Au travers de l'amitié atypique entre Adrien, un enfant de faible constitution, et un colosse ancien forçat du nom de Codine, cette BD est en fait une chronique sociale de la Roumanie du début du XXe siècle. L'Europe de l'Est a elle aussi ses "Misérables". Cette amitié est l'espoir d'un futur meilleur pour l'enfant afin d'échapper à la crasse et la violence des quartiers pauvres tandis qu'elle représente une rédemption pour le géant. Belle, sincère mais aussi noire et désespérée, cette adaptation de la nouvelle de Panait Istrati vous donnera envie de vous plonger dans l'oeuvre originale.