AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782361571016
192 pages
Editions Transboréal (01/10/2015)
4.67/5   6 notes
Résumé :
Routard céleste, éternel insoumis et conteur irrésistible, né à Braïla en 1884 et mort à Bucarest en 1935, Panaït Istrati fut un voyageur d'exception et demeure un compagnon de route envoûtant. Par son sens de la camaraderie, ses passions éclatantes et sa révolte organique contre toute forme d'oppression, sa vie et son oeuvre - du Danube à la France et du Liban à l'uRss en passant par la Suisse, des Chardons du Baragan à Nerrantsoula sans oublier Kyra Kyralina - cha... >Voir plus
Que lire après Panaït Istrati : L'amitié vagabondeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Kessel dans sa préface à -Oncle Anghel-

Vagabond, débardeur ou contrebandier- peu importe ce qu'il fut. Voici l'essentiel: il a gardé le souvenir des étoiles qui ont veillé sur son sommeil inquiet, il a su démêler dans la poussière des grands chemins son grain ardent. A travers toute la misère et toute la fatigue, il a porté, intact, un coeur d'homme."

Une peine présente, tenace submerge quelque peu mon quotidien...et miracle: il y a quelques jours, je retrouvais une amie dans mon antre de livres parmi mes préférées, "La Librairie Tschann", à Montparnasse...
Je découvre en fouinant comme chaque fois dans le fonds "Littérature", unique en son genre, ce petit trésor écrit par un jeune auteur-libraire, qui rend un hommage tonique, vigoureux, éclatant à un de mes auteurs préférés, lu dans ma jeunesse !!
La peine est oubliée....

L'histoire est d'autant plus magique que ce jeune libraire raconte dans l'introduction sa rencontre avec cet auteur roumain. Un Client lui commande un de ses textes, "Nerrantsoula", omet de venir le rechercher, et notre jeune libraire se plonge dans l'ouvrage ... et ce fut la déflagration , le coup au coeur ...


" Une vie d'homme ne se raconte ni se s'écrit. Une vie d'homme qui a aimé la terre et l'a parcourue est encore moins susceptible de narration. Mais quand cet homme a été un passionné, qu'il a connu tous les degrés du
bonheur et de la misère courant le monde, alors, essayer de donner une image vivante de ce que fut sa vie, c'est presque impossible. Impossible pour lui-même d'abord; ensuite, pour ceux qui doivent l'écouter", lit-on
dans les dernières pages de -Kyra Kyralina-.Il s'agit vraisemblablement de l'un des rares points de désaccord entre nous: une vie d'homme généreux envers ses prochains et solidaire envers les plus démunis ne peut que
se raconter. Une vie d'homme , modèle d'intégrité et de sincérité, doit servir d'exemple.(...)
Avec la littérature comme bagage, la révolte au coeur et l'amitié pour horizon, laissez-moi vous conter ce que fut la vie de Panaït Istrati. " (p. 13)


Après cette lecture passionnante et passionnée, je vais m'intéresser aux activitésde l'Association des Amis de Panaït Istrati...et sans doute adhérer...Association dont je vous joins le lien:
http://lesamisdepanaitistrati.weebly.com/

Panaït Istrati a écrit, réalisé une oeuvre considérable , dans une langue qui n'était pas la sienne, a fait les travaux les plus pénibles pour "gagner son pain"...a défendu , soutenu les plus démunis... son charisme semblait infini... Nous pouvons être fort reconnaissants envers Romain Rolland, qui encouragea Istrati à écrire...Il le sauva du suicide ...Il fut l'ami de Joseph Kessel ainsi que de Nikos Kazantzaki, etc.

Cet écrivain-autodidacte, humaniste, révolté suprême se battit contre toutes les injustices... Un vrai flambeau pour la littérature et pour l'humanité , comme le fut Albert Camus... dans un autre parcours et un autre style.
Commenter  J’apprécie          300
Une biographie de Panaït ISTRATI ne se prend pas à la légère. Surtout lorsque celle-ci, sortie en 2015 aux éditions Transboréal, est palpitante de bout en bout. La vie se présente mal pour le futur grand écrivain roumain né Gherasim ISTRATI en 1884, dont le père contrebandier décède alors qu'il n'a que neuf mois. Jeunesse marquée par la violence et ses premiers émois avec l'esprit révolutionnaire. Son « baptême » sera une manifestation en janvier 1905 en soutien aux travailleurs russes.

ISTRATI vagabonde entre 1907 et 1913 en Orient. Puis il écrit des articles militants et devient secrétaire du syndicat des ouvriers du port de Braïla, une petite ville qui va beaucoup compter dans son oeuvre future.

Panaït se marie une première fois en 1915, mais seulement 10 mois plus tard il s'enfuit du domicile conjugal et de Roumanie, où il ne reviendra qu'en 1925. Dès 1916 il apprend le français. Pacifiste convaincu, il s'installe tout d'abord en Suisse, pays neutre durant la première guerre mondiale, il y est travailleur itinérant. Il en repart en 1920, tuberculeux. Entre temps, il avait fait publier son premier article en français à propos de Tolstoï et du bolchevisme. À la même période sa chère mère décède.

Le tournant de sa vie se situe en 1921. Désespéré, il tente de se suicider en se tranchant la gorge avec une lame de rasoir. Cependant, il survit, mais lorsqu'il était entre la vie et la mort, une lettre trouvée sur lui et adressée à l'écrivain Romain ROLLAND, alors adulé, est transmise à son destinataire. ROLLAND entre alors en contact avec le jeune Panaït, une amitié de plusieurs années vient de naître. Mais pas seulement.

ROLLAND, confiant en le talent du roumain, lui conseille d'écrire. « Cette oeuvre s'imposera par la violence du coeur ». Des livres, des romans, dans lesquels il déploierait avec sa verve un univers brossant un portrait de son parcours et de ce qui l'entoure. Ce qu'il fait. Lui et ROLLAND se rencontrent pour la première fois en 1922.

ISTRATI n'écrira plus qu'en français. C'est en 1923 que paraît son premier roman, « Kyra kyralina », très bien reçu par la critique. ISTRATI se remarie en 1924, mais là encore c'est un cuisant échec. L'écrivain vagabond vit enfin en partie de sa plume. Celui qui a jusqu'alors exercé tant de métiers, dont celui notamment de peintre en bâtiment, semble enfin avoir trouvé sa voie. Il rencontre Joseph KESSEL qui deviendra son ami.

Nouveau tournant : en 1927, ISTRATI est invité à Moscou pour célébrer le dixième anniversaire de la révolution d'octobre. Enthousiaste et plutôt admiratif du régime en place en Russie, il s'y rend. L'année suivante, il part en voyage en Russie pour 16 mois. Là-bas il déchante rapidement en observant la réalité du bolchevisme. Rencontre avec l'auteur grec Nikos KAZANTZAKI qui l'impressionne grandement (il lui rappelle son ami Mikhaïl qu'il immortalisa dans plusieurs de ses romans) et deviendra un proche. C'est en 1929 qu'il publie « vers l'autre flamme », violent pamphlet contre le pouvoir soviétique. C'est alors que non seulement il est lâché par ses amis – dont Romain ROLLAND – mais doit affronter des attaques incessantes des camarades communistes, notamment les agressions écrites à répétition de l'écrivain Henri BARBUSSE. le but est de faire taire ISTRATI. Mieux : faire en sorte qu'il n'a jamais existé en tant qu'écrivain. le verdict est sévère : tout le milieu littéraire l'abandonne.

ISTRATI est alors isolé. Il ne peut plus voyager, se fait refouler de nombreux pays pour lesquels il représente désormais un danger. Il se commettra même dans un journal tendancieux, mais en tant qu'homme libre n'ayant de compte à rendre à personne.

« N'adhérer à rien, c'est ne pas mettre un seul genou à terre. N'adhérer à rien, c'est laisser au loin les fausses consolations du monde. N'adhérer à rien, c'est prendre son courage à deux mains et faire un pas de côté. La vie, avant tout ».

Troisième et dernier mariage en 1932 avant un retour définitif en Roumaine en 1934 pour y mourir. Ironie de l'histoire : en revenant chez lui à Braïla, il constate que sa maison a été transformée… en musée Panaït ISTRATI ! En effet, tout le monde le croyait mort. Il préfère en rire et chercher une autre demeure à Bucarest. Il semble d'ailleurs que le musée soit toujours en activité de nos jours.

ISTRATI s'éteint le 16 avril 1935, oublié et malheureux. Victime d'une véritable entreprise de démolition, c'est au moment où il sera célèbre qu'il lui deviendra horriblement difficile de s'exprimer par sa plume.

Heureusement, des décennies après sa disparition, des voix s'élèveront pour rendre justice et réhabiliter ISTRATI. Il peut être vu aujourd'hui comme l'écrivain vagabond et rebelle par excellence, anarchiste sans doctrine, libre-penseur et réel conteur d'exception. Auteur d'une quinzaine de courts romans, son univers d'errances libertaires teintées d'atmosphère de contes persans le rend unique et reconnaissable. Merci à Jacques BAUJARD, de la librairie parisienne Quilombo, de nous avoir fait partager ce voyage avec l'un des plus grands.

À 20 ans, Panaït ISTRATI écrivait : « Dans ce mouvement, j'ai toujours été un dilettante chaud, parfois impétueux. Pour moi, toute la vie se résume dans le mot sentiment. Aussi ne me suis-je attaché qu'aux seuls militants qui faisaient de l'amitié la plus vivante des religions. de la doctrine, je m'en moque ». Il s'y tiendra jusqu'au bout.

https://deslivresrances.blogspot.fr/

Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          51
J'ai lu cette biographie de Panaït, en quelques heures, le crayon et le carnet à la main et je voulais remercier l'auteur.
Je le remercie de faire sortir ce vieux roseau, nerveux et brillant, de l'oubli où l'histoire l'a rangé, injustement, comme souvent. Ce livre est extrêmement bien écrit, riche de citations, de situations, de visages et d'ambiances, comme de mille autres choses essentielles et indicibles. Vous nous faites voyager avec ce pauvre hère, trop faible pour sa vie, mais tellement puissant intérieurement que sa volonté l'a mené au-delà de tout ce qu'un colosse aurait pu embrasser.
Il ne me reste plus qu'à courir acheter quelques livres de ce fragment inusable.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Ils ont dit...

Romain Rolland- Le Sorcier

Il emmagasine un monde de souvenirs et souvent trompe sa faim en lisant voracement, surtout les maîtres russes et les écrivains d'Occident. Il est conter-né, un conteur d'Orient, qui s'enchante et s'émeut de ses propres récits, et si bien s'y laisse prendre qu'une fois l'histoire commencée, nul ne sait, ni lui-même, si elle durera une heure, ou bien mille et une nuits. Le Danube et ses méandres...Ce génie de conteur est si irrésistible que dans la lettre écrite la veille du suicide, deux fois il interrompt ses plaintes désespérées pour narrer deux histoires humoristiques de sa vie passée. Je l'ai décidé à noter une partie de ses récits; et il s'est engagé dans une oeuvre de longue haleine. (p. 183)
Commenter  J’apprécie          180
Comment cet homme, qui fut le premier à se dresser contre le totalitarisme soviétique, peut-il être à ce point oublié ? Je ne le comprends toujours pas. Encore plus étrange lorsqu'on célèbre les écrivains à avoir suivi son chemin. Peu de gens connaissent l'histoire de ce révolté par nature; C'est en partie pour cela que cet auteur a autant d'importance pour moi aujourd'hui. Les exclus, les marginaux, les oubliés de l'histoire me sont plus sympathiques que les personnages présentés dans les manuels scolaires. Et, dans quelques années, j'espère que l'on pourra ne plus rougir à l'idée de prononcer son nom à côté de ceux de Kerouac, Cendrars ou Hemingway. Entretenir la mémoire des vaincus est la seule manière de conquérir un jour prochain l'empire de nos rêves
Commenter  J’apprécie          160
est-ce pour Maxime Gorki, emprisonné lui aussi après ce funeste dimanche, qu'Istrati se joint aux manifestants ? avec ceux de Zola et de Tolstoï, les livres du vagabond russe lui ont permis à maintes reprises de fuir l'infernale routine du travail. Ceux de Gorki, véritable écrivain issu du peuple, l'influencent plus encore que les autres. A 20 ans à peine, Istrati sait de quoi parle Gorki lorsqu'il décrit les nombreuses difficultés s'abattant sur le pauvre bougre décidé à trouver un métier et n'ayant que ses deux mains pour richesse. A la lecture de ses -Esquisses et récits-, Istrati est abasourdi par tant de sincérité: "Un manoeuvre presque illettré, parvenu à cette puissance d'expression artistique et révolutionnaire. Voilà une destinée dont tous les écrivains ne peuvent pas s'enorgueillir. Il y faut, en plus du talent, le grans coeur du révolté" (p. 57)
Commenter  J’apprécie          120
Kessel dans sa préface à -Oncle Anghel-

Vagabond, débardeur ou contrebandier- peu importe ce qu'il fut. Voici l'essentiel: il a gardé le souvenir des étoiles qui ont veillé sur son sommeil inquiet, il a su démêler dans la poussière des grands chemins son grain ardent. A travers toute la misère et toute la fatigue, il a porté, intact, un coeur d'homme.
Commenter  J’apprécie          210
"Ami vaincu par la solitude, où que tu te trouves, dans ce monde, ressaisis-toi et sois grand comme la joie, comme la douleur, devant l'inconnu qui vient t'offrir promptement son coeur ! Ne marchande pas le trésor que tu caches au trésor qui t'est offert ! Quels que soient les orages qui aient pu dévaster tes espérances, sois noble, sois confiant, crois toujours à la propre chaleur de ton âme et ne la refuse jamais à l'assoiffé qui te la mendie"
Les sacrifices demandés n'ont jamais entamé mon désir de partager l'oeuvre de l'écrivain grâce à l'écriture. Car la vie d'Istrati est un hymne formidable à la lutte permanente. Et à force de la lire, je crois avoir compris qu'avant de se révolter contre le monde entier, lutter contre soi-même et ses propres démons est la première étape de la vie du véritable révolutionnaire. (p. 161)
Commenter  J’apprécie          80

Video de Jacques Baujard (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Baujard
Intervention de Christian DELRUE Président des Amis de Panait Istrati et Jacques BAUJARD de la Librairie QUILOMBO lors du Festival Istrati.
autres livres classés : biographieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Autres livres de Jacques Baujard (1) Voir plus

Lecteurs (15) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1722 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}