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EAN : 9782828919504
237 pages
Favre (24/02/2022)
4.08/5   24 notes
Résumé :
" Les femmes sont toutes des garces entre elles ".

A l'heure où le concept de sororité émerge enfin, que reste-t-il de ce cliché ? Les femmes seraient-elles vraiment des harpies génétiquement programmées pour s'entre-déchirer ? Quelle est la part de fantasme dans cette croyance ? Souvent balayée sous le tapis par les féministes, ignorée des sciences sociales et pourtant omniprésente dans la culture, la rivalité féminine fait partie de notre quotidien.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Passionnée par le féminisme, ses thèses, ses évolutions, ses théoriciennes, ses actions depuis mes vingt ans (qui sont fort loin !) , je ne pouvais passer à côté de ce livre qui a, de plus, le mérite d'aborder un sujet qui a fort peu intéressé les féministes et qui, pour ce que j'en sais, n'a jamais fait l'objet d'un essai complet.
Je ressors très partagée de cette lecture passionnante, fort bien documentée et très engagée.
J'ai découvert des concepts qui m'étaient peu connus (les Pick Me, les Manic Pixie Dream Girls, les Karen, les Becky, le token ou le syndrome de la Schtroumpfette, la queen bee ou la reine des abeilles ) et dont, au passage, il est à noter qu'ils ont pratiquement tous été forgés aux États-Unis où la rivalité entre êtres humains semble être un marqueur social important.
Racha Belmehdi analyse les mythes qui ont construit l'image d'une femme fourbe, manipulatrice que les femmes ont intériorisée ce qui les rend méfiantes à l'égard de leurs congénères. Les femmes qui rentrent en rivalité avec d'autres, ont une image dépréciative d'elles-mêmes et les mythes ne sont pas les seuls responsables mais aussi la littérature, les arts, la science… Elle passe en revue de nombreux domaines de rivalités féminines : l'enfance où les petites filles cherchent à avoir l'amour exclusif de leurs parents, l'adolescence où le besoin de s'intégrer à un groupe passe parfois par la rivalité entre filles, la maternité où on se doit d'être la meilleure mère et condamner ce qui vous semble un comportement non maternel, le milieu du travail où les femmes en position de pouvoir sont parfois les pires cheffes à l'égard des autres femmes, la relation mère-fille où la mère peut se sentir dévalorisée par la jeunesse, la beauté de sa fille.
Pour elle, la rivalité a été construite et est maintenue par le patriarcat et le capitalisme dont elle fait un mot-valise, le patriarcapitalisme. Tant que les femmes se battent entre elles, le pouvoir des hommes n'est pas menacé. Même si cette explication est certainement vraie, elle est loin d'être la seule mais Racha Belmehdi n'en évoque aucune autre. Est-ce que le patriarcapitalisme a déjà fait son oeuvre lorsque de tout petits-enfants qui ne parlent, ni ne marchent encore, jalousent le jouet du voisin ou de la voisine ? La rivalité est-elle uniquement féminine ? N'est-elle pas très présente, bien que sous des formes différentes, entre les hommes ?
Tout un chapitre (22 pages) est consacré à ce que l'auteure nomme « le féminisme blanc bourgeois, outil d'oppression des femmes précaires et racisées ». Elle remet en cause et doute de l'honnêteté du féminisme des femmes blanches, aisées et instruites, en considérant qu'elles ne défendent qu'elles-mêmes, comme s'il fallait être prolétaire, de couleur pour porter des valeurs féministes. Je m'inscris totalement en faux contre ce discours de racisme inversé, ce mépris pour les luttes de toutes les féministes blanches, parfois au mépris de leur vie, depuis Olympe de Gouges, les suffragettes, Simone de Beauvoir, Simone Veil pour n'en citer que quelques-unes qui nous donnent la possibilité d'exercer des libertés essentielles (voter, travailler, avoir des enfants ou pas….). Racha Belmehdi se comporte ainsi comme ce qu'elle condamne, le rejet de femmes par d'autres femmes. Ces femmes ne seraient dignes d'intérêt que lorsqu'elles se seront « déconstruites » pour éradiquer leurs penchants capitalistes et leur racisme systémique !!! L'auteur prône l'empathie, la sororité mais ce paragraphe n'est que rejet, exclusion de tout un ensemble de femmes uniquement à cause de la couleur de leur peau.
Les derniers chapitres du livre sont consacrés à des conseils : s'écouter, se faire passer en premier, cultiver l'estime de soi car un sentiment d'infériorité ou d'insécurité peut conduire à une compétition féroce avec les femmes, ne pas se définir à travers un homme mais affirmer son identité (je note que la possibilité de garder son nom de jeune fille lorsqu'on se marie, geste symbolique chargé de sens, permet à la femme de ne pas diluer son identité dans celle d'un autre). Autant je suis assez d'accord avec ces conseils, autant je n'adhère pas à celui, donné par l'auteure, de se retrouver entre femmes, dans des espaces de non-mixité ; n'est-ce-pas en se confrontant à ce qui est différent que l'on s'enrichit ? La fermeture à l'autre, quel qu'il soit, ne fait que nous assécher.
Le discours est parfois abscons : "quand on veut empower une tranche de la population, le principe, c'est de ne pas imposer ses "coping mechanisms" de manière à silencier "l'empowerment" des autres"!!!, crypto-lesbienne, soul-cycle? rendant la compréhension un peu ardue.
Malgré mes divergences de vue avec Racha Belmehdi sur certains points, ce livre a suscité ma réflexion, m'a appris des choses, m'a profondément intéressée. Je remercie Babelio et les éditions Favre pour cette découverte.
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Rivalité : nom féminin (Racha BELMEHDI)
Un livre édifiant et très bien renseigné qui commence par quelques citations bien misogynes de nos plus grands poétes grecs concernant les femmes, puis nous découvrons quelques femmes, fauteuses de troubles, offertes aux hommes par les Dieux telles Pandore, Eve et Salomé mais également Phèdre la femme de Putifar.
Tous ces mythes construisent l'image d'une femme perfide, manipulatrice dont il faut se méfier et leur intériorisation amène la méfiance des femmes entre elles.
Que dire de la misogynie dans notre société : pour Lacan, la femme n'existe pas, pour Darwin elle ne peut être intellectuellement son égale de par la formation de son crâne qui est entre celle de l'enfant et celle de l'homme.
Les contes de Perrault, Grimm et Andersen les dépeignent selon l'âge comme des êtres insipides et passives ou maléfiques et jalouses. Elles sont souvent sottes, désobéissantes et curieuses. Tandis que la littérature pour les adolescents (Poil de carotte, Vipère au poing, Mathilda...) révèle des femmes dont la laideur d'âme donne des sueurs froides. Un réjouissant tableau de la féminité majoritairement fait par des hommes.
L'auteur répertorie ensuite de nombreux stéréotypes de femmes telles que la « Manic Pixie Dream Girl » cet idéal féminin qui n'existe que pour rendre sa joie aux hommes en crise existentielle. Vient la « Pick me girl », variante de la « Cool girl » qui ferait n'importe quoi pour faire plaisir aux hommes et qui dénigre les femmes afin de montrer sa supériorité supposée. On découvre aussi le « féminisme blanc » dont Elisabeth Badinter pourrait être la mère spirituelle et qui consiste à donner la priorité aux problèmes des femmes blanches aisées, hétérosexuelles et instruites.
Puis « les Karen et les Becky » aux USA qui désignent des mégères et des agentes au service de la suprématie blanche.
Et quand est-il du « syndrome de la Schtroumpfette », seule fille parmi des garçons et qui n'existe que par sa relation aux garçons, les hommes sont la norme et les femmes sont des sortes de satellites qui gravitent autour. Ce syndrome est dépeint dans bon nombre de dessins animés tels que « Les Schtroumpfs », bien évidemment mais aussi « Les tortues Ninja », « Garfield » « Les Muppets babies » entre autres.
Le monde du travail n'est pas épargné avec les « Working girls » et les « Girl boss », là encore on ne peut que constater que tout est fait pour que les femmes ne se sentent pas à leur place et qu'elles doivent défendre celle qu'elles occupent. Quant aux « Girl boss », elles sont paraît-il plus acharnées que les hommes envers leurs collaboratrices féminines.
L'auteur donne ensuite quelques beaux exemples de rivalité entre femmes racisées qui n'ont pour but que « d'éliminer » celle qui leur ressemble trop et les met en danger professionnel.
Un chapitre est ensuite consacré à la rivalité mère/fille où il est question des mères jalouses, maltraitantes, mal-aimantes, castratrices, dominantes, appuyé par de nombreux exemples de mères célèbres.
Vient ensuite un chapitre concernant le « Pretty privilège » et le syndrome de la « Reine des abeilles » avec ces femmes qui naturellement correspondent aux diktats de la société et sont enviées ou dénigrées par leurs semblables.
L'auteur termine par un chapitre qui va nous aider à déconstruire tout cela afin de nous retrouver.
En conclusion, il est souvent dit que « L'homme est un loup pour l'homme » mais il s'avère que les femmes sont également très fortes pour s'entre déchirer pour le plus grand profit des hommes qui voient ainsi leur supériorité et leur pouvoir encore plus affirmé.

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Je dois tout d'abord remercier Babelio et tout le système de Masse Critique pour avoir mis cette pépite entre mes mains. Ceci étant dit, rentrons dans le vif du sujet.
Cela faisait très longtemps que j'attendais, sans forcément en avoir conscience, une verbalisation ou une reconnaissance de cette rivalité féminine que le féminisme a souvent tendance à mettre de côté. Car si ce n'est pas forcément une priorité dans les luttes, et qu'elle est souvent due à une misogynie intériorisée issue incontestablement du système patriarcal, elle reste une réalité à laquelle beaucoup de nous sont confrontées.
Et quelle façon de l'aborder, je me découvre une grande admiration pour la plume incisive et sans détour de Racha Belmehdi qui nous met face à nos propres contradictions sans nous laisser de répit, qui pointe d'un doigt accusateur le féminisme (que pour ma part je brandis comme un guide de pensée et un mode de vie) et ses contradictions. Elle décortique petit à petit les sources de cette rivalité banalisée entre les femmes, mettant en opposition l'appel à la sororité qui retentit de plus en plus de nos jours et le sabotage que l'on s'inflige les unes aux autres, sous couvert de misogynie à peine voilée.
Elle retrace l'histoire de ces réflexes et idées intériorisées très tôt, qu'il s'agisse de mythologies ou de contes populaires, avant de se pencher d'avantages sur les mécaniques toxiques de nos rapports entre femmes dans notre environnement actuel. Des relations (entre collègues, patronnes et employées, belle-mère/belle-fille ou entre soeurs), en passant par ces pensées critiques et assassines qui nous ont à toutes déjà traversé l'esprit en observant l'une des nôtres, tout y passe. Son analyse est sans pitié et le coup de poing est efficace et nécessaire pour ma part. Il me faudra beaucoup de réflexion et d'analyse pour comprendre les enseignements et les conséquences de cette lecture. Mais je peux d'ores et déjà affirmer qu'elle ne m'a pas laissé indemne.
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Pas question ici d'excuser toutes les mesquineries dont les femmes peuvent se rendre coupables envers leurs soeurs ou amies. Il s'agit d'un essai qui revient sur le rôle de l'emprise de certaines, sur le conditionnement de l'image et sur la faculté à slalomer dans un monde dicté par un patriarcat ambiant. le cinéma autant que la télévision nous ont renvoyé l'image de ces chipies qui sortent dents et ongles dès que possible pour défendre leur intérêt ou mettre le grapin sur un joli parti. La rivalité féminine s'intègre dans cette compétition ancestrale et nombreuses sont celles qui regrettent de ne pas pu avoir trouvé auprès de leurs semblables un vrai refuge. Les témoignages recueillis par Racha Belmehdi parlent de véritable déception ou de vraie souffrance, avec souvent une impression de trahison. S'agit-il pourtant toujours d'une tentative de nuire ou de se hisser plus haut que l'autre ? La vie ressemble très souvent à une compétition où les places de qualité sont rares.
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« Les femmes sont toujours fautives, les femmes sont éduquées à se méfier les unes des autres, les femmes apprennent la compétition pour se protéger » nous dit Racha Belmehdi. La solution ? La bienveillance, le dialogue, l'éducation, tout doit être mis en oeuvre pour libérer les femmes de leur fardeau d'être une femme.
Ce livre est douloureux à lire car il décrit tout ce que nous avons intériorisé par rapport aux femmes et tous les problèmes qui subsistent pour elles, et entre autres, que la femme est l'ennemie de la femme. le constat est amer, il reste beaucoup de chemin à parcourir. La rivalité commence au sein de la famille, les comparaisons incessantes, l'envie d'être plus aimée par ses parents. On grandit avec en sourdine une petite musique qui nous serine de nous méfier de nos soeurs, les femmes, quelles que soient notre niveau social et notre origine. Ces préceptes sont renforcés par les histoires (par exemple, Cendrillon et ses soeurs), les expressions populaires, les films et les séries.
L'auteure dénonce aussi le racisme qui amplifie les difficultés rencontrées par les femmes ; c'est impressionnant de découvrir qu'il n'y a pas de solidarité entre les femmes, d'autant quand elles sont racisées. Par peur d'être soupçonnée de communautarisme, une personne racisée se méfie et voit en l'autre personne racisée une menace, elle surjoue l'assimilation en excluant, voire en harcelant cette personne racisée. Les références, très nombreuses, sont plus adressées aux personnes de la génération de l'auteure. Il semblerait qu'on ne dispose pas beaucoup de statistiques françaises récentes.
Racha Belmehdi s'appuie aussi sur sa propre expérience et celle des femmes de son entourage, ces témoignages constituent une bonne part de ce document édifiant. Née dans les années soixante, j'ai l'impression qu'il y a un recul général.
Déconstruisons tout ce discours patriarcal, par l'éducation et la multiplicité de petits gestes de sororité au quotidien.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ne vous réclamez pas du féminisme si son application au quotidien vous rend malheureuse, s'il est trop difficile pour vous d'imposer à votre mec un partage des tâches équitable ou si être sorore ne vous parait pas naturel. Si, par la force de l'habitude ou de votre éducation, les injonctions patriarcales vous sont plus confortables, libre à vous de les suivre, la société vous en saura gré. En revanche, il est important avant tout que vous soyez consciente de votre propre aliénation.
Oui, je suis dure. Oui, je suis implacable. Mais le féminisme n'a pas vocation à vous faciliter la vie, en premier temps. Il est fort probable que vous y perdiez des plumes et quelques amis. Vous ne pourrez accepter cette perspective que si l'idée de vivre une vie étriquée vous est intolérable. Si vous n'êtes pas en colère face à l'injustice, révoltée par la laideur du monde, vous pouvez retourner à vos habitudes et à votre confort. Je vous le conseille en toute bienveillance. Oui, bousculer son quotidien pour vivre selon ses principes peut être compliqué. Mais vous ne pouvez vous prétendre écologiste et prendre l'avion plusieurs fois par an par loisir. Pareil pour le féminisme: on ne peut s'en réclamer et alimenter, même inconsciemment, et entre autres, les logiques de rivalité féminine.
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Je dois l'avouer: malgré mon féminisme viscéral, il m'a fallu du temps avant de m'auto-désigner comme femme, car le terme me mettait mal à l'aise. Je ne pense pas avoir été la seule. Fille me convenait mieux. Femme m'évoquait Marilyn Monroe, Nicole Croustille ou Line Renaud [...], une créature de séduction, éthérée, élégante, glamour... Il fallait être vieille. Ou morte. Femme était un statut à porter. Femme entretenue, femme battue. Femme à barbe. Perspectives réjouissantes...
Devenir une femme impliquait de rentrer dans le rang... et de ne plus jamais en trouver la sortie. Être une femme semblait lourd de conséquences. "La Femme" n'avait-elle pas mené le monde à sa perte, l'infâme ?
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On pourrait s'étonner de constater à quel point certaines femmes s'acquittent à merveille de leur tâche de kapo, toujours promptes à faire rentrer les autres dans le rang. Il peut s'agir d'une stratégie de survie: interpeller les autres femmes sur leurs imperfections permet d'éloigner l'opprobre de soi-même, de signaler que l'on est irréprochable en affichant clairement sa condamnation des comportements "déviants". "Moi je suis conforme", disent ces attaques. Dans d'autres cas, simplement, c'est la faille narcissique qui est à l'œuvre. Exorciser ses propres souffrances en accablant les autres femmes est une stratégie de survie permettant, cette fois, de détourner maladroitement les regards de soi-même en les orientant sur les autres femmes. C'est souvent de soi qu'on évoque lorsqu'on critique les autres...
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Nous sommes le produit d'un épouvantable conditionnement. En plus de faire de nous les petites gardiennes du patriarcat mis en place par nos oppresseurs, nous sommes les victimes d'un vol. Nous sommes dépouillées d'une infinité de possibles. Gardez ces faits en tête et apprenez à vous en prendre aux vrais responsables.
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La société nous a dressées à mordre nos semblables. Nous nous haïssons autant que nous haïssons les autres. Ce n'est pourtant pas un sauf-conduit vers une attitude de merde. Le fait d'être victime d'une oppression ne nous autorise en aucun cas à piétiner les autres et leurs sentiments.
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