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EAN : 9782847349214
680 pages
Tallandier (04/04/2013)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Louis XIV était un homme secret. Dès sa jeunesse, ses proches remarquent cette capacité à dissimuler ses sentiments comme ses opinions.
Derrière la gloire flamboyante, ce livre nous révèle la face noire du Roi-Soleil, revenant sur les épisodes les moins glorieux du règne : de l’acharnement contre Fouquet à la révocation de l’édit de Nantes, en passant par nombre d’affaires d’espionnage, d’enlèvements ou d’accords secrets. La liste des affaires ténébreuses et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lucien Bély est professeur d'histoire moderne à l'Université Paris-Sorbonne. Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur, en raison de sa contribution à l'histoire de la diplomatie en Europe à l'époque moderne, et de son rôle prépondérant dans le renouveau de l'étude des relations internationales aux XVIe et XVIIe siècles. Avec cet ouvrage Les secrets de Louis XIV, il nous plonge littéralement dans cette Europe du Grand Siècle et plus précisément dans les secrets des « mystères d'Etat et du pouvoir absolu ».



Le quatrième de couverture nous donne le résumé suivant : « Ce livre nous révèle la face noire du Roi Soleil, revenant sur les épisodes les moins glorieux du règne : de l'acharnement contre Fouquet, à la révocation de l'Edit de Nantes, en passant par nombre d'affaires d'espionnages, d'enlèvements ou d'accords secrets. La liste des affaires ténébreuses et des manipulations est longue. En voici pour la première fois la terrible chronique ». Il est regrettable de proposer ce genre de commentaire tapageur qui agite la fibre émotionnelle et les légendes noires, pour espérer mieux vendre un livre d'une qualité remarquable. Réduire le règne de Louis XIV à « des affaires ténébreuses et des manipulations » revient, de fait, à le piétiner. Heureusement, Bély ne cède pas à cette facilité grossière et nous offre une étude magistrale. En effet, cet écrit se montre très sérieux sur le plan intellectuel, de part la qualité d'analyse et la présentation des faits historiques. L'hétérogénéité des références et des sources proposées permettent de saisir les différentes questions historiques, politiques voire philosophiques que soulève le siècle de Louis le Grand. le livre aborde de nombreux aspects du règne de Louis XIV - formation intellectuelle du roi, Mazarin et sa politique, gestion des affaires de la couronne par Louis XIV et sa vie privée, les relations internationales, la diplomatie, l'espionnage, les guerres, l'armée, etc. - avec clarté, précision et pédagogie.



Cet ouvrage de presque sept cents pages s'organise en trois grandes parties : L'apprentissage du secret, l'art royal de la dissimulation, ombres et lumières. La multiplicité des thèmes étudiés ne doit pas rebuter le lecteur, car l'ensemble forme un tout très cohérent et pertinent. le secret constitue le grand thème du livre. Il est étudié sous tous les angles. Dès les premières lignes, Bély explique que : « le secret est une protection nécessaire pour le souverain et une couverture utile pour l'Etat royal ». de plus, il rappelle que « Louis XIV avait la réputation d'être un homme secret ». L'auteur précise même : « Louis XIV s'efforce de ne rien laisser paraître, de ne pas répondre aux demandes pressantes, de garder ses secrets et ceux des autres ». Quand les sujets adressent une requête au roi, deux réponses peuvent être entendues : « oui » ou « je verrai ». Un oui qui sort de la bouche du roi est gage que l'affaire sera traitée. le « je verrai » signifie deux choses : le roi ne peut apporter immédiatement la réponse et il a donc besoin de temps pour formuler son avis ou le roi ne désire pas accéder à la demande, mais il préfère malgré tout prendre la mesure des choses pour être certain que son choix soit le bon. Etre roi impose de dompter ses émotions, de maîtriser le temps et d'accorder ses faveurs avec parcimonie.



Paradoxalement, bien que Louis XIV aime cultiver le secret, il passe sa vie à être constamment observé : « il s'offre aussi aux regards de tous, dans les cérémonies d'Etat comme dans la vie quotidienne de la Cour, mais aux regards seulement ». Pourtant dans l'exercice du gouvernement, le roi et ses ministres doivent user de la prudence, afin que des informations secrètes ou confidentielles ne soient divulguées à des ennemis. Par exemple, lors de tractations avec des souverains étrangers les intentions du gouvernement ne peuvent tomber entre les mains d'autrui, sous peine de voir les projets entrepris échouer. Comme le remarque l'auteur : « secret et dissimulation s'imposent comme protection du roi ». Et il précise même que le secret devient un outil indispensable de la fonction royale : « le roi doit cacher ses hésitations, ses maladies et ses faiblesses physiques, voire mentales, il ne doit pas non plus révéler les décisions cruciales de peur de les condamner à l'échec. Il se doit d'être indéchiffrable ». Cependant, en France le roi : « reste visible et accessible à la différence d'autres cours où il est plus caché, comme en Espagne, peut-être en Autriche et à la différence des cours lointaines où l'empereur vit dans une enceinte réservée (le sérail de Constantinople ou la Cité interdite de Pékin), et où il ne se montre que comme un demi-dieu ».



Bély poursuit sa réflexion sur cette fameuse notion de secret en écrivant ce qui suit : « les hommes d'Eglise se réservent les mystères de Dieu, les savants ceux de la Nature, enfin les princes et les ministres ceux de l'Etat ». Voilà, entre autres, les raisons pour lesquelles le secret serait en réalité mal vu et déconsidéré : « le secret serait donc réservé aux dominants, aux puissants, et permettrait de renforcer une domination sur toute la société. Ceux qui savent peuvent conduire et diriger ceux qui ne savent pas ». Pour autant, les choses ne peuvent se présenter aussi aisément. Il n'y a pas que le roi et ses ministres qui se protègent en ayant recours aux secrets, à la dissimulation, et au simulacre. Dans cette société du XVIIe siècle nombreux sont ceux qui se cachent, se dissimulent ou trompent autrui : les nobles qui désirent pratiquer le duel (ce dernier peut être passible de la peine capitale), le bourgeois qui ne veut pas payer beaucoup d'impôts, le protestant ou le juif qui pratiquent leur religion en secret, le catholique qui apostasie, le huguenot voulant se convertir au catholicisme romain, les jeunes gens qui s'aiment malgré les choix matrimoniaux de leurs parents, un homme qui souhaite acheter la terre du voisin, les conspirateurs qui préparent des complots contre Mazarin, le forgeron qui conserve jalousement ses techniques, etc. le secret fait tout simplement partie de la vie.



Cependant, il ne faut pas voir constamment félonie ou mauvais comportement dans chaque action dissimulée ou secrète. Bély l'expose parfaitement : « chaque activité humaine développe sa part de mystère. Les différents métiers conservent jalousement leurs techniques de fabrication. Les auteurs qui ont réfléchi sur le secret rappellent volontiers celui du médecin qui a le droit de cacher l'ampleur d'une maladie pour ne pas effrayer son patient. Un paysan conserve ses petits secrets pour améliorer sa production ». Toutefois, l'auteur rappelle qu'il ne faut pas tout mélanger : « les théoriciens qui ont écrit sur le secret distinguent volontiers le secret que l'on conserve et que l'on tait, la dissimulation qui suppose une volonté et un effort pour cacher une réalité, la simulation qui dessine une réalité qui n'est pas, enfin la tromperie qui propose une réalité fausse ».



Lucien Bély nous présente une étude complète, passionnante et enrichissante consacrée à cette méthode de gouvernement louis-quartozienne, reposant entre autres sur ce fameux culte du secret : « la culture politique du XVIIe siècle, nourrie de raison d'Etat, donne une justification au secret et à la dissimulation. Elle y voit un art royal ». Louis XIV parlait souvent de son « métier de roi ». Il l'a parfaitement incarné jusque dans sa mort, digne, belle et noble. Quelques jours avant de paraître devant son Créateur, il avait déclaré : « Je m'en vais, mais l'Etat demeurera toujours ; soyez-y fidèlement attachés ». Jusqu'au bout, il conserva cet art subtil de la mise en scène, de la maîtrise de soi, sans se départir de sa majesté royale qui empêchait les courtisans et les ministres de percer ses nombreux secrets, nécessaires à la bonne marche du gouvernement royal.



Franck ABED
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. le titre digne de Gala est trompeur . Foin de potins racoleurs (même si les alcôves royales y jouent un rôle) , de Gala du grand siècle , de Canard enchainé versaillais ! Il s'agit d'un solide essai sur le secret d'état , sa théorie et sa pratique , sur le mensonge et la désinformation, sur l'espionnage et les « coups tordus » et autres « opérations spéciales » de la diplomatie. Nos politiques n'ont rien inventé et ces dessous plus ou moins nauséabonds des actions publiques semblent bien être , en démocratie comme en autocratie , les sécrétions naturelles de l'exercice du pouvoir.
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Très bon livre de Monsieur Lucien Bély qui nous en apprend beaucoup sur les coulisses du pouvoir. Enfin un livre sur Louis XIV avec des nouveautés!
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critiques presse (3)
LeFigaro
07 juin 2013
L'auteur, Lucien Bély, professeur d'histoire moderne à la Sorbonne, transcende en effet les distractions de la petite histoire. Car le «secret» qu'il étudie pénètre tout le règne de Louis XIV. Celui-ci, en effet, avait le goût du secret et le secret même comme principe de pouvoir.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
30 avril 2013
Jusqu’où le secret est-il nécessaire pour gouverner ? L’Antiquité y réfléchit déjà. A travers l’absolutisme du Roi-Soleil, Lucien Bély expose ombres et lumières.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Liberation
15 avril 2013
Un nouveau volume aussi agréable que les précédents, nourri de recettes de cuisine, d’amitiés et de réflexions sur le temps qui passe. L’Année du volcan fait revivre les derniers feux du régime et l’auteur, malicieux, se plaît à glisser parmi ses personnages quelques grandes figures de la Révolution à venir.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les savoirs et les connaissances sont aussi l’affaire d’un groupe étroit de savants ou d’érudits qui ne divulguent qu’avec précaution leurs découvertes. Les mathématiciens cherchent un code parfait pour pouvoir rédiger et transmettre des informations en toute sécurité. Les sciences essaient de découvrir les secrets de la nature, les arcana Naturae.
Ce secret, ce mystère, enveloppe aussi la personne du roi, gardien de l’État, incarnation du royaume et sommet de la hiérarchie sociale. L’idée s’impose en effet que l’action politique se nourrit de secret et a d’autant plus d’efficacité qu’elle l’utilise. Dans la monarchie française, où le souverain détient un pouvoir absolu, le secret marque et définit surtout son domaine, sa sphère. Il a le droit et sans doute le devoir de garder le secret de l’État, d’autant qu’il n’a pas à rendre compte de ses actes.
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Le courtisan doit dissimuler ses sentiments et contrôler son comportement.
Ainsi, secret et dissimulation s’imposent comme protection du roi. Celui-ci doit cacher ses hésitations, ses maladies et ses faiblesses physiques, voire mentales, il ne doit pas non plus révéler les décisions cruciales de peur de les condamner à l’échec. Il se doit d’être indéchiffrable.
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Dans bien des domaines, la recherche de la vérité prime, et c’est l’ambition de ce temps-là, celui de Descartes. Elle s’impose dans le domaine des sciences, mais aussi dans la théologie – Malebranche écrit De la recherche de la vérité. Il faut chercher et combattre l’erreur en matière de foi. Dans le domaine de la morale religieuse, une quête de pureté est nécessaire, avec comme ressource l’aveu à travers la confession. Cela implique un refus du mensonge et de la tromperie.
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Le secret conduit à l’étude des pratiques politiques pour savoir comment et pourquoi les décisions sont prises, pour approcher les négociations qui existent au cœur de l’État, près du souverain et avec lui. Ces discussions, souvent qualifiées d’intrigues, traduisent des intérêts particuliers, révèlent des mentalités, supposent des comportements et des mises en scène. Là, la société essaie de se faire entendre pour mieux se défendre.
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Chaque activité humaine développe sa part de mystère. Les différents métiers conservent jalousement leurs techniques de fabrication. Les auteurs qui ont réfléchi sur le secret rappellent volontiers celui du médecin qui a le droit de cacher l’ampleur d’une maladie pour ne pas effrayer son patient. Un paysan conserve ses petits secrets pour améliorer sa production et ne les partage pas volontiers avec ses voisins.
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Vidéo de Lucien Bély
Elisabeth, impératrice de Russie.
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