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EAN : 9782742744725
30 pages
Actes Sud (02/10/2003)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Née à Saint-Pétersbourg en 1901, exilée en France en 1925, Nina Berberova est morte à Philadelphie en 1993. Toute son oeuvre est éditée chez Actes Sud.

"J'ai compris que chacun avait apporté dans cette grande ville ce qu'il avait: l'un, l'ombre du prince d'Elseneur, l'autre, la longue silhouette du chevalier espagnol; le troisième, le profil du séminariste de Dublin, cet immortel; le quatrième, un rêve, une idée, une mélodie. La chaleur torride d'une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« J'arrivai dans cette ville à l'automne ».
Sous un ciel en lambeaux et un vent violent qui souffle par les rues, le narrateur arrive dans une grande ville étrangère encerclée par le bourdonnement de l'océan.
Un unique pantalon, peu d'argent en poche, il cherche un travail et un toit. Dans la grande ville, pour les gens comme lui « il existe des greniers ou des sous-sols ».
Il est seul. Partout autour de lui « des gens, des gens, des gens ».
Il erre à la recherche d'un logement, il ne veut pas se décourager.
Dans un immeuble immense, le long de couloirs à perte de vue où les portes se suivent, il finit par trouver une chambre bon marché sous les toits, loin du vacarme de la rue en contrebas.
Il s'y enferme avec la volonté « d'enfermer le monde » à l'extérieur, s'en protéger, et faire venir à lui un autre monde, plus vaste, celui du souvenir, celui dont « il est le seul à avoir besoin, à l'aimer et à lui donner vie » et dans lequel il y a la femme aimée et séparée.
Puis il découvre la ville, ses lumières qui s'animent la nuit dans sa chambre et dont les reflets lui font des clins d'oeil ; il regarde les gens, « ces millions d'hommes et de femmes qui avaient accompli le même chemin que lui », et tandis qu'il observe ces minuscules existence semblables à la sienne, il se sent prêt à se fondre dans cette immensité car comme tous les exilés, lui aussi a apporté quelque chose de précieux avec lui, c'est la présence de sa femme qu'il sent auprès de lui, même par-delà la séparation. « Avec toi qui n'es pas ici mais dont je sens la présence dans cet air que je respire. »

Pas plus gros qu'une nouvelle, d'une trentaine de pages à peine, ce bref récit de l'écrivain russe Nina Berberova (1901-1993) est un condensé d'émotion et de sensibilité.
Réduit à sa plus simple épure, comme une esquisse sur un papier volant, dont la forme s'anime, se déploie, vivante, mouvante à l'image de cette grande ville tentaculaire si imposante, si fascinante, dans quoi le narrateur va désormais se fondre et prendre place.
De cette ville nous ne saurons rien mais l'intensité de sa vie à toute heure du jour et de la nuit, les gigantesques immeubles, les innombrables lumières, le grondement de l'océan en arrière-plan, évoquent d'emblée la ville de New-York, ville dans laquelle Nina Berberova elle-même poussée à l'exil, émigre peu avant la rédaction de ce texte en 1952.
Du narrateur nous n'en saurons pas davantage, ni son nom, ni la raison qui l'a contraint à se séparer de l'être aimé. Cependant cet anonymat, ce peu d'identité qui lui est accordé, loin de le dévaloriser, lui fait au contraire prendre toute son importance puisqu'il devient ainsi l'incarnation même de l'exil, la figure de l'exil, à l'instar de toutes ces vies croisées dans les rues ou derrière les fenêtres de chambres d'immeubles, une femme, des enfants, un être informe couché sur un canapé… « La diversité des visages, l'égalité du passé. »
Personnification de l'exilé, le narrateur exprime les sentiments que tous les émigrés doivent éprouver en arrivant en terre étrangère ; sentiment de solitude, d'égarement, de peur face à ce vaste inconnu s'ouvrant à eux, mais aussi exaltation profonde et incommensurable foi en l'espoir d'une vie nouvelle.
En un minimum d'espace, dans un phrasé simple et paisible, l'auteur de « L'accompagnatrice », « le roseau révolté » ou « C'est moi qui souligne », insuffle à cette « Grande ville » la respiration qu'il faut pour nous la rendre à la fois trépidante dans ses émanations, ses rythmes ou son flot continu d'individus et à la fois porteuse d'espoir.
Cela donne un joli texte très bref, ou la mélancolie se fond dans l'apaisement et le réconfort.
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Une oeuvre très courte de Nina Berberova (23 pages)! Mais pleine de sensibilité et de poésie. Nous plongeons dans New York (sans que celà soit dit) ville à la fois effrayante pour un étranger qui vient s'y installer, et pleine de promesses pour un avenir à explorer.

Le mode intérieur est un grand immeuble, avec beaucoup d'étages, de très longs couloirs, et une multitude de portes numérotées toutes semblables, sauf une, entrouverte qui permet de briser la solitude et d'apporter un peu de chaleur humaine!

Le monde extérieur est fait de hautes tours, de lumières artificielles, de vent du large, mais aussi de fenêtres ouvertes dans les immeubles tout autour, qui permettent de voir des instants de vie.

Ce nouveau cadre va devoir être exploré, apprivoisé mais comment?

Un petit bijou lu en un instant, qui éclaire sur ce que peut ressentir un nouvel arrivant dans cette grande ville, comme ce fut le cas de millions de personnes au début du 20ème siècle après avoir franchi Ellis Island
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merveilleuse nouvelle biographique
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merveilleuse nouvelle biographique
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Quand on se sépare, on peut emporter le « tu » au bout du monde, mais on ne peut pas emporter le « nous », il se brise à l’instant où l’on se quitte.
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Videos de Nina Berberova (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nina Berberova
Nina BERBEROVA – Documentaire ultime (France 3, 1992) Un documentaire en deux parties, intitulées "Le passeport rouge" et "Allègement du destin", réalisé par Dominique Rabourdin. Présence : Jean-José Marchand et Marie-Armelle Deguy.
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