Cet ouvrage est consacré en grande partie à la critique du marxisme, bien que je reconnaisse la valeur des jugements que Marx a porté sur le capitalisme. Cette critique peut être fertile et convaincante, si elle n’est pas formulée au nom de l’esprit bourgeois, ce qui est trop souvent le cas, mais si elle dénonce l’existence de cet esprit dans le marxisme lui-même.
La jeunesse russe émigrée à l’étranger ne connaît du marxisme qu’une chose : c’est qu’il engendra les atrocités de la révolution communiste, la propagande antireligieuse et la persécution de l’Église. La jeunesse demeurée en Russie connaît également mal le marxisme parce qu’il est impossible de connaître ce qui vous est imposé par la force. Autrefois, nous connaissions mal l’orthodoxie, parce qu’elle nous était aussi imposée « d’en haut », comme l’est actuellement la théorie marxiste ; nous n’avons commencé à la connaitre que depuis qu’elle est persécutée. Mais il est indispensable d’approfondir le marxisme, de comprendre pourquoi il inspire les masses et pourquoi il engendre la haine de la religion et de l’Église.
D’après l’enseignement de Marx, développé ensuite par Engels, il existe, à la base du processus historique, un développement de forces matérielles productives. La vie de la société n’est autre chose qu’une lutte collective que l’homme engage contre la nature pour son existence et pour la satisfaction de ses besoins vitaux. L’homme lutte contre les forces élémentaires de la nature, pour obtenir la nourriture, l’habitation, les vêtements, qui sont indispensables à son existence. Il organise une vie sociale, conforme à ses moyens de lutte. Le régime social est déterminé par le mode de production et d’échange.
Non, il n’y aura dans l’avenir qu’un être humain socialisé et rationalisé à fond, car cet individu dans lequel il ne demeure plus rien de personnel et d’irrationnel, d’impénétrable à la société et à sa raison, n’est déjà plus un homme, c’est un nouvel être qui apparaîtra comme conséquence de la lutte de classe. Mais pour que naisse un nouvel homme, un « homme » précisément, il faut qu’il ait existé dans le passé, qu’il ait vécu comme une réalité plus profonde que la classe. Un « singe » de classe ne pourrait jamais être converti en homme.
Le marxisme prétend être une conception universelle, intégrale, répondant à toutes les questions primordiales, et donnant un sens à la vie. Il est à la fois une politique, une morale, une science et une philosophie. Il est une religion nouvelle tendant à remplacer le christianisme. Les véritables marxistes sont, d’après leur type, de fervents dogmatiques ; ils ne sont ni des sceptiques, ni des critiques, ils confessent le système des dogmes.
« Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père », déclare le Christ dans l'évangile de Jean. Si les différentes Églises chrétiennes ont fondé des traditions dissemblables, leur dessein est cependant de s'unir en Dieu.
Retraçant l'aventure oecuménique à travers ses grandes figures, dates et étapes, Antoine Arjakovsky montre comment, par-delà la réunion des baptisés, elle permet d'envisager et d'appréhender la nécessaire convergence entre les croyants du monde entier. Prenant appui sur Nicolas Berdiaev, John Milbank, mais aussi Emmanuel Levinas ou Abdennour Bidar, reprenant l'esprit de rapprochement entre les Églises chrétiennes initié en Europe au XXe siècle et de la rencontre interconfessionnelle d'Assise en 1986, il dessine une voie de conciliation entre chrétiens, juifs, musulmans mais aussi hindouistes et bouddhistes, afin de dégager une conception de l'oecuménisme plus juste, plus vraie, plus paisible et plus respectueuse de l'environnement à l'échelle planétaire. Il y parvient en proposant une science nouvelle fondée sur une métaphysique résolument oecuménique.
Une profession de foi en l'espérance.
Fondateur en 2004 à Lviv, en Ukraine, du premier Institut d'études oecuméniques en ex-URSS, directeur de recherche au Collège des Bernardins, enseignant de science oecuménique à l'Institut chrétiens d'Orient et président de l'Association des philosophes chrétiens, Antoine Arjakovsky est l'auteur, entre autres, de Qu'est-ce que l'orthodoxie ?
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