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EAN : 9782012036895
432 pages
Hachette Black Moon (05/02/2014)
3.83/5   29 notes
Résumé :
"Suède, Janvier 2010. Deux pieds dépassent de la surface gelée du lac Simsjön, près de la ville de Skövde. Ils appartiennent à Elisabeth Hjort, une jeune mère de famille. Trois autres femmes (deux journalistes et un inspecteur de police) s’intéressent de près à l’affaire. Trois femmes qui doivent affronter leurs propres démons. Parmi elles, l’une s’apprête à commettre un meurtre à son tour, à tuer celui qui a fait de sa vie un enfer : son propre père. Mais laquelle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Ce mystérieux roman noir, au titre équivoque mais à l'intrigue pressenti, a le don de faire frissonner ses lecteurs. D'une part Carina Bergfeldt dresse un scénario digne des thrillers les plus effrayants, mais elle aborde également un thème contemporain réaliste fort, souvent discuté, très violent, illégal et inégal : la violence conjugale.

Dès les premières lignes, avant même l'entrée en matière, le suspense qui plane au-dessus du roman se fait ressentir. Une sorte de rideau indistinct et flou empêche le cerveau du lecteur de visualiser convenablement les contours de l'histoire, du narrateur et mêmes des actions narrées. L'auteure arrive à nous raconter quelque chose, nous faire vivre des péripéties, alors même que la protagoniste nous est totalement inconnue. de nombreuses questions et suspicions s'insinuent en nous, nous plongeant dans une angoisse grandissante, dans un anxieux mystère qui nous ronge jusqu'au dénouement, au dévoilement de l'identité énigmatique.

Comment je vais tuer papa met en parallèle deux narrations : l'une est citée précédemment, tandis que la seconde se penche sur une affaire de meurtre, avec deux journalistes d'affaires criminelles : Ing-Marie et Julia, ainsi que la policière principale, Anna, travaillant toutes sur le dossier de l'assassinat d'Elisabeth Hjort.
Carina Bergfeldt fait évoluer des enquêtes différentes, au but complètement opposés, qui semblent n'avoir aucun lien quelconque. La base centrale du polar est mise en place, supplantée par le thriller psychologique du tueur anonyme.

Combiné à cette palette d'horreur, le sujet sensible des violences conjugales au sein d'une famille est posée à nu. Violences physiques et verbales d'un homme machiste envers sa femme, ou violences similaires d'une mère envers ses enfants... la brutalité et la véracité avec laquelle l'auteure parle de ses monstrueux actes choquent et ancrent dans les esprits le caractère indélébile de ces atrocités. Un thème à fleur de peau, raconté avec fragilité, dans une écriture tout à fait accessible et compréhensible, qui heurte davantage la conscience. La mise en scène d'enfants en bas âge - les flash-backs du narrateur, ou même l'apparition des enfants d'Elisabeth Hjort - rend d'autant plus affligeant de telles injustes maltraitances.

Le rythme des actions est époustouflant. Comment je vais tuer papa ne laisse pas une seule minute de répit, ne serait-ce que pour reprendre notre souffle, se remettre de ses émotions ou marquer une petite pause de lecture. L'histoire est coupée en plusieurs parties (le récit de l'enquête policière et la planification du meurtre de l'inconnu), avec lesquelles se rajoutent des flash-backs d'une enfance attristante, malheureuse et malmenée. La fin d'un chapitre nous pousse à commencer le suivant, tant le roman en lui-même est additif.

Si je devais formuler une critique - sans doute minimaliste -, mon choix se porterait sur le dénouement de l'histoire. Très attendu par tous les lecteurs confondus, elle doit être le point d'orgue du livre, le point final qui marque en beauté l'arrêt de notre rencontre imaginaire avec l'environnement de l'histoire. Malheureusement ici, comme dans beaucoup d'autres romans policiers, le dénouement paraît bâclé, rapide et injustifié. L'auteure promettait implicitement une apothéose gigantesque... ce qui ne se reflète pas le moins du monde. Une petite histoire bateau, qui passe partout, est racontée pour combler l'enquête des jeunes femmes. L'anonyme est enfin révélée au grand-jour - personne dont on se doutait un peu de l'identité mais sans fondement -, son crime est réalisé... mais pas entièrement dans les cordes qu'elle avait prédit. Une petite déception, très vite balayée par l'originalité du récit, et la forte thématique qu'elle préconise.

Un polar singulier, où transparaît avec réalisme les causes et effets des violences conjugales. Un roman frappant - sans ironie -, qui préventive avec efficacité les personnes susceptibles d'être violentés, ou les agresseurs eux-mêmes. A lire, rien que pour l'angoissante attente que nous fait subir l'anonyme mystérieux.
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
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J'avais été interpellée par le titre et la couverture de ce bouquin. le contraste sang et cupcake, le fait du "patricide" selon une des héroïnes... J'ai vraiment eu envie de tenter. Je me suis donc plongée avec délice dans ce thriller assez surprenant, et j'ai vraiment adoré.

Les trois personnages principaux étaient atypiques mais très intéressants. Ma préférée a été Ing-Marie. J'ai beaucoup aimé son combat, son courage, sa détermination, son mystère... C'était un personnage très attachant que le lecteur voulait aider et mieux découvrir. Julia a également été très plaisante à voir évoluer, elle avait un caractère très appréciable, un esprit de déduction captivant... Vraiment agréable et passionnante. Il y avait aussi Anna, un peu plus effacée, moins approfondie par l'auteure, qui m'a un peu laissée de marbre, mais qui avait des motivations très touchantes. Et bien entendu tous les personnages secondaires, qui ont rendu l'énigme compliquée et trépidante. Je vous préviens juste que malgré ce que peut laisser entendre le résumé, nous suivons principalement l'histoire d'Ing-Marie, un peu celle de Julia, et quasiment pas celle d'Anna. Un peu dommage et décevant au début, mais vite compensé.

Le style de l'auteure m'a beaucoup plu. J'ai trouvé qu'il était saisissant, dès le début, le roman était original, percutant, et donnait envie d'en savoir plus. Il y avait un très bon rythme, le lecteur avançait sans s'en rendre compte dans l'histoire, l'enquête était bien menée, les revirements de situation bien pensés.. Et en même temps, il y avait la préparation du meurtre d'un père. J'ai beaucoup aimé cette partie très atypique mais vraiment sympa. de plus, l'auteure savait manier les mots et rendre le suspense insoutenable... J'ai également adoré un point important : le fait que malgré qu'une héroïne veuille tuer son propre père, elle l'appelait sans cesse Papa. Elle parlait toujours de Papa. C'était surprenant au départ, bien familier pour un monstre qu'on s'apprête à tuer. Mais en fait, c'est un très bon coup de l'auteure qui percute encore plus. J'adore.

J'admire donc beaucoup l'originalité du récit. Effectivement, bon, un meurtre à élucider, beaucoup de suspects, des fausses pistes, des tromperies... Ca existe. Mais là, l'auteure a rajouté la touche qui a fait la différence : le fait que l'une des enquêtrices s'apprête elle-même à commettre un crime. J'ai trouvé ça dément, ça pimentait très bien l'histoire. On avait donc un bon paradoxe entre la double-vie des personnages. Et puis cette idée de vengeance, et tout... Ca rendait super bien. Les flash-back de l'histoire m'ont aussi beaucoup plu, on comprenait ainsi la psychologie des personnages, leurs buts, et c'était la plupart du temps très émouvant. Bien que l'intrigue soit assez crue à la base, l'auteure parvenait à y amener une certaine délicatesse qui rendait la lecture plus fluide et douce. de plus, j'ai trouvé que malgré le nombre de pages assez conséquent pour une petit enquête, on ne s'ennuyait pas. Il y avait toujours soit des anecdotes, soit des questions,enfin bref, quelque chose pour rendre le bouquin riche et complexe. Et je peux vous garantir qu'il est impossible de deviner quoique ce soit dans cette histoire. On peut se douter, mais jamais être persuadé. C'est tout le génie de l'histoire. Il y a néanmoins un point qui m'a un peu dérangée, à propos du "petit ami" d'Ing-Marie. Je me doutais bien de quelque chose à son propos. J'avais en fait raison. Mais il reste quelques incohérences de ce fait... Mais rien qui ne gâche la lecture, bien entendu.

J'ai beaucoup aimé la fin. Bien entendu, je ne me doutais pas que le meurtrier était [...]. En effet, pendant toute la lecture, l'auteure cerne chaque suspect un par un. Elle le rendait coupable, puis l'innocente. C'est un cercle vicieux perpétuel. du coup, la surprise est totale lorsque le nom tombe, et j'ai vraiment apprécié cet effet. Mais également, j'ai été ravie de voir qu'Ing-Marie avait fait le bon choix. Dès le début, je voulais qu'elle fasse ce qu'elle finit par faire à la fin du roman. Et si elle ne l'avait pas fait, ce roman aurait été très mauvais et inutile. Ici, le choix a été parfait. Et il démontre surtout tout le sadisme du livre, toute sa cruauté, mais en même temps, le rend excellent.

Niveau livre-objet, j'ai déjà parlé de la couverture. J'adore les cupcakes, donc j'adore le contraste entre le gant tâché de sang, et le délicat cupcake. J'avoue chercher encore certaines symboliques, mais globalement, c'était très bien pensé. Quant au titre... Ai-je besoin d'expliquer qu'il est super ? Très bien choisi, il surprend et donne envie. Unique petit défaut qui pourrait vous rebuter, le prix. J'ai moi-même été étonnée de le découvrir aussi élevé... Néanmoins, je peux vous garantir que cet ouvrage en vaut bien la peine.

Voilà, j'espère vous avoir convaincu. Cette lecture a été vraiment très bonne, et je suis sûre qu'elle pourra plaire à un grand nombre d'entre vous. Sachez qu'avec un tel style, de tels personnages, une telle idée, une telle issue, elle ne peut être que plaisante. Garantie sans ennui, elle vous emmener dans un monde où mensonges, faux-semblants et secrets règnent... Face aux fantômes du passé. A lire d'urgence !
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Comment je vais tuer papa de Carina Bergfeldt. (Genre : Policier, Thriller).

Editions : Hachette
Prix : 21,90€ (Partenariat)
Année de parution française : 2014
Année de parution originale : 2012
Titre version originale : Fadersmord.

.Résumé : Julia est reporter. Ing-Marie est journaliste chargée des affaires criminelles. Anna fait partie de la crim. Ces tris femmes ont chacune une raison personnelle d'élucider le meurtre sordide qui ébranle leur petite ville. Ces trois femmes ont chacune un démon intime à éliminer. Laquelle s'apprête à commettre l'irréparable ? Laquelle de Julia, Ing-Marie ou Anna, pourrait tuer son propre père ?

.Mon avis : Je remercie tout d'abord William des éditions Hachette de m'avoir permis de lire ce thriller. Autant dire que je n'ai jamais lu de Black Moon Thriller et je suis agréablement surpris par la qualité de ce bouquin. Ce qui m'a de suite attiré c'est la couverture qui détonne dans le genre. du rose pour un thriller, il fallait oser. Et puis le petit cupcake est tellement parlant dans l'histoire que je comprends maintenant pourquoi il est là. J'ai en fait lu le résumé après avoir lu quelques lignes et je dois dire qu'il est juste intrigant. Comme vous pouvez vous en douter, j'ai passé un excellent moment de lecture.

.Dès la 1ère page, on ne peut être que captivé par ce que l'auteure nous raconte. Un homme attaché avec des rouleaux de film plastique à un lit de camp, ça ne peut que nous rendre curieux, surtout quand on sait que son bourreau va prendre du plaisir à le faire souffrir… Voilà comment Carina Bergfeldt arrive à nous faire continuer son récit. le 1er chapitre commence et on va rencontrer Julia, Ing-Marie et Anna et très vite l'enquête concernant le meurtre va survenir et à partir de ce moment, le livre m'a obsédé et je me suis posé un tas de questions !

.Avant d'en venir aux personnages, je dois vous parler de la double intrigue. En effet, l'auteure nous parle de l'enquête policière avec les trois jeunes femmes en utilisant une plume à la troisième personne. Ce choix est bien réfléchi parce qu'il apporte une richesse au roman par les trois points de vus qu'on peut avoir. Et puis on suit un personnage dont on ne connait pas le nom mais dont on sait qu'il est une des trois jeunes femmes. Ce personnage on le découvre dans une narration à la 1ère personne et c'est à cette jeune fille que je me suis le plus attaché dans le roman. On va suivre son plan pour tuer son père, les recherches qu'elle va effectuer et jusqu'au dernier moment j'ai douté pour savoir qui elle était vraiment… et je me suis trompé !

.En ce qui concerne Anna, Ing-Marie et Julia ce ne sont pas des personnages attachants et je crois que l'auteure n'a pas voulu en faire des personnes attachantes. Bien qu'au fil du roman on en apprend plus sur leur passé respectif ou sur les relations qu'elles peuvent avoir entre elles, la narration à la 3ème personne laisse quand même une barrière. Les personnages sont là pour mettre en avant l'enquête et la résolution du meurtre d'Elisabeth. On les suit, on avance avec eux, on fait des découvertes avec eux et l'enquête prend une importance forte pour nous comme pour elles.

.L'enquête policière est très bien menée notamment parce que ce sont des journalistes qui vont faire le plus gros boulot. L'auteure m'a mené par le bout du nez et pour un premier roman je dis chapeau. Elle distille dans l'esprit de son lecteur des indices, des petits faits qui nous font douter sur tout le monde sauf sur la bonne personne. On se dit : « lui ce n'est pas possible, elle encore moins… ». Et jusqu'à la révélation finale où je me suis dit : « ah mais ce n'est pas possible que ce soit cette personne ! ». Et puis au final oui, les éléments sont sous nos yeux et on est trop absorbé par ce que font les personnages pour réussir à penser par nous même !

.La personne mystère que l'on va suivre dans la narration à la première personne m'a intrigué du début à la fin. En sachant que cela pouvait être soit Julia, Ing-Marie ou Anna, à chaque fois qu'on pouvait avoir leur point de vu, je m'attardais sur le moindre détail pour tenter de savoir qui allait tuer son père. Ce qui est aussi un point positif c'est que l'auteure amène des retours en arrière sur l'enfance d'une des trois femmes, pour connaître un peu plus les raisons du pourquoi du meurtre. Avec tout ces changements de points de vus, de narration et de flash-back je peux vous assurer que le rythme de lecture est totalement parfait. Les chapitres sont en plus courts donc on ne peut pas s'ennuyer une seule seconde.

.La plume de l'auteure est vraiment fluide, accessible et travaillée dans le sens où elle choisit ses mots, ses tournures de phrases, ses adjectifs pour ne laisser aucun hasard dans cette double intrigue. La fin m'a plu et en même temps déçu. Déçu parce que j'aurai voulu en avoir encore plus. Plus de sang, plus de glauque, plus de souffrance et plus de vengeance entre la fille et son père. Pendant tout le livre, la personne planifie son plan et j'aurai aimé que l'auteure aille jusqu'au bout, qu'elle nous narre les moindre faits et gestes même si on sait quand même ce qu'elle compte faire. Et la fin m'a plu parce que c'est ce qu'on espérait même si on doutait que la personne puisse arriver à ses fins !

.En résumé, pour un premier thriller, Carina Bergfeldt signe là un roman parfaitement abouti et complet. Sa double intrigue et les retours en arrière nous permettent de nous poser beaucoup de questions concernant les personnages. Sa plume accessible et travaillée vous mènera par le bout du nez au fil de son histoire. Et croyez-moi, même les amateurs de thriller se prendront au jeu de deviner quelle jeune femme va tuer son papa…
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Nous voilà face à trois femmes potentiellement capables de réaliser cet acte. J'ai commencé à cerner la bonne personne bien longtemps après le début du livre. Les indices ne sont pas parsemés comme on pourrait le penser. Deux histoires sont menées en parallèle. Découvrir l'assassin d'une femme retrouvée morte et suivre l'héroïne dans ses réflexions, à savoir : trouver le lieu, le jour, la manière de tuer son père. Ce père si violent avec elle, son frère et sa mère. Verbalement généralement pour les enfants, physiquement pour la mère. Cet homme ignoble qui, après avoir été quitté par sa femme, a refait sa vie et eu d'autres enfants. Et ce qui s'est produit durant tant d'années ne doit plus se reproduire. ELLE se l'est juré et ELLE est prête à se sacrifier pour qu'aucune autre personne ne soit malheureuse comme elle l'a été. Elle fera en sorte de trouver un moyen de ne pas être accusée de ce crime. Mais tout l'un dans l'autre nous amène à nous demander si elle va bien réussir tous ses objectifs. Et notre réponse arrivera à la fin.

Le reste du temps, on apprécie une enquête policière bien menée, qui ne sera pas le plus important dans ce roman mais qui apporte matière et réflexion au sujet de la famille, de la parentalité.

Je ne m'attendais pas du tout à ce style de livre venant des Editions Black Moon. Et j'en suis ravie ! Même si l'on trouve beaucoup de passages de notre héroïne enfant racontant les scènes horribles, ce livre n'est en rien purement ciblé pour les jeunes adultes. Je me suis totalement retrouvée dans cette lecture. Ce que ce père a fait subir à son petit monde est abject et l'on ne peut que comprendre l'envie irrépressible que tout s'arrête et que l'enfant devenu adulte se charge d'en finir avec lui. le final est vraiment bien écrit, j'ai vraiment ressenti toute l'émotion que l'auteure a voulu transmettre, surtout après avoir lu toutes ces atrocités. Les scènes qui m'ont le plus outrées sont celles du « bang » répétitif dans la salle de bain et celle où le mari retrouve sa femme enceinte dans les commodités. J'ai même envie de dire : âmes trop sensibles s'abstenir.

Je remercie réellement les Editions Hachette/Black Moon de m'avoir permis de lire un tel livre. Je le recommande vivement. Si le résumé vous interpelle, vous intrigue, si vous avez connu ces drames de près ou de loin, si mon avis personnel vous plaît, je ne peux que vous conseiller ce roman. Il se lit très vite, et ne comporte aucun temps mort.
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C'est d'abord le roman de la maltraitance. Carina Bergfeldt excelle à nous faire vivre l'enfer d'une femme battue. Les insultes d'abord: « - Il y avait trois mots qu'il n'arrêtait pas de répéter. J'étais une chienne, une traînée et une salope ». Puis les coups: « je me souviens d'avoir reçu un coup de poing en plein visage » puis « il m'a donné des coups de poing en plein ventre ». Suivis des regrets du persécuteur: « Elle a dit qu'elle pouvait lire dans les yeux de papa qu'il pensait ce qu'il disait, qu'il avait vraiment des remords. » Ensuite les mensonges que la femme battue se sent obliger de raconter: « J'ai dit à tout le monde que j'étais tombée dans l'escalier ». Et pour terminer, l'acceptation de la situation qui se répète à l'infini, l'habitude de recevoir des coups et le renoncement à vouloir dénoncer son mari. La vie devient un enfer pour la femme battue et pour ses enfants, témoins impuissants, terrorisés et marqués à vie. Plus loin, dans le récit, dans un autre contexte, on fera la connaissance d'un enfant maltraité par sa mère. Puis d'un homme qui frappe une femme qui est pourtant folle amoureuse de lui. Décidément!


C'est aussi le récit d'une enquête pour meurtre. Trois femmes recherchent le meurtrier d'Elisabeth retrouvée à la surface d'un lac gelé: Anna, policière, Ing-Marie et Julia, journalistes toutes les deux. le quatrième de couverture nous informe qu'une de ces trois femmes s'apprête à tuer son propre père, pour elle même et pour sa mère, la femme battue: « Je suis persuadée que nous pensions toutes deux à la même chose, que nous rêvions de la mort de Valdemar ». On va donc suivre en parallèle l'évolution de l'enquête sur le meurtre d'Elisabeth et la préparation de l'assassinat du père indigne, Valdemar. Au fil du récit, on va essayer de trouver, par élimination, laquelle des trois veut « tuer papa ». Et comment.


La structure de narration, avec une alternance entre scènes d'enquête - qui piétine longtemps - et scènes de vengeance - dont l'intensité va crescendo - permet de maintenir un double suspense ainsi qu'un intérêt constant de lecture. Un très bon roman policier, à la fois original par son intrigue et abordant un sujet d'actualité (les femmes battues).
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le meurtre est le crime le plus grave reconnu par la loi. Il n'existe pas de plus grand traumatisme pour les proches des victimes. Ils veulent tous savoir ce qui s'est vraiment passé et pourquoi, même quand les faits remontent à des dizaines d'années. On peut vivre avec un vol non élucidé, mais pas avec un meurtre.
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- Ah, notre premier visiteur. Bonjour et bienvenue! Sakineh Mazra, conservatrice du musée. […] Nous sommes les premiers en Suède, que dis-je, dans toute l’Europe du Nord, à proposer une exposition sur le thème de la torture, un aperçu des différentes traditions en matière de tourment et de châtiment. […] Sur le mur blanc, un grand tableau au cadre de bois noir présentait un texte en italique: Le terme « torture » désigne tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d’obtenir d’elle ou d’une tierce personnelle des renseignements ou des aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis. - C’est un extrait de la Convention des Nations unies contre la torture. J’ai pensé que ça constituerait une bonne introduction à l’exposition, vous ne trouvez pas? J’étais sans voix. Les yeux fixés sur le texte, je l’ai lu une seconde fois. C’était exactement ça. « … de la punir d’un acte.. ». Oeil pour oeil.
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Comment mesurer l'importance des secrets que l'on cache ? C'est très simple, il suffit de se demander à quelle personne on souhaiterait le plus les raconter.
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Elle voit à nouveau le visage de son amie. Comment lui faire comprendre qu’un seul regard de papa suffit pour savoir à l’avance que les prochaines minutes, heures et jours seront un véritable cauchemar? Comment décrire ce qu’on ressent en se réveillant la peur au ventre, avec un noeud dans l’estomac plus douloureux que n’importe quelle autre blessure physique? Comment expliquer qu’elle a vécu toute sa vie dans la crainte d’apercevoir cette lueur démente dans les grands yeux gris de son père?
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Mensonges, manipulation et chantage. Les trois péchés capitaux du journalisme.
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