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"Le petit café" est une fantaisie de Tristan Bernard, une comédie en trois actes représentée, une première fois, en 1911 au théâtre du Palais-Royal puis reprise en 1949 au théâtre Antoine. Albert, voyez-vous, c'est un très bon garçon, mais il a un défaut, c'est qu'il est un peu distrait. Son enfance s'est passée dans un château magnifique. Élevé chez le jardinier du comte de Caspion, il courait dans le parc, du matin au soir. Mais un jour, Il y a cinq ans, ce vieux "fourneau" a été pris de l'idée idiote de s'en aller faire le tour du monde. Depuis, il a disparu. Arrivé au moment où l'intendant du château n'a plus trouvé dans sa caisse l'argent nécessaire à l'entretien d'Albert, celui-ci a dû venir se placer à Paris où grâce à son instruction, son éducation, son savoir-faire et son intelligence il a trouvé une place de garçon de café chez le père Philibert. Mais le comte de Caspion est mort. Il a été tué par des cannibales. On croit même qu'ils l'ont mangé. Enfin, on n'a rien retrouvé, ni corps, ni vêtements, ni même son casque de feutre ! Les cannibales, qui avaient de l'appétit, n'ont laissé que son portefeuille dans lequel il y avait un testament. Albert, qui serait l'enfant naturel du comte, hérite de 800.000 francs. Philibert, son patron, averti avant lui de ce coup de chance, et conseillé par Bigredon, une astucieuse fripouille , lui fait signer un engagement de vingt ans, à 5000 francs par an. Mais si Albert s'en va il versera 200.000 francs de dédit. Albert, furieux d'être tombé dans un piège, plutôt que de payer le dédit veut faire ses vingt ans de "cafetière". Mais c'est sans compter sur Yvonne, la fille du patron.... A la suite de la répétition générale, Max Favalleli a écrit dans "Paris-Presse" : "Le petit café" est une pièce qui sent bon la sciure fraîche et le croissant chaud..." Et même si le ton de la pièce est fait d'un humour bon enfant, même si sa drôlerie reste encore aujourd'hui irrésistible, la peinture des personnages y est juste. La verve et les "mots" de Tristan Bernard ont gardé intact ce joli morceau de scène. En 1949, sur la scène du théâtre Antoine, le rôle d'Albert est tenu par un jeune homme, nommé Bernard Blier, dont la critique a pu dire, à cette occasion, qu'il était un comédien sensible, fin et doué d'une vertu comique souvent irrésistible. Mais que dans ce rôle, il affirmait une autorité qui faisait de lui un des plus grands acteurs de notre scène... On ne peut que regretter de n'avoir pas été parmi les spectateurs, ce soir là et que s'en consoler avec la lecture de ce superbe supplément théâtral et littéraire de "France Illustration". + Lire la suite |