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EAN : 9782021413106
336 pages
Seuil (07/03/2019)
3.81/5   27 notes
Résumé :
Une enquête originale, à la fois road-trip et récit historique sensible, sur un de ces "petits massacres" oubliés du printemps 1944 et les zones grises de la résistance.

Le 3 mars 1944, les habitants d'un hameau perdu des gorges de l'Ardèche ont été fusillés à l'aube par des soldats SS, parce qu'ils avaient caché des maquisards. Dans ce village, vivaient quinze habitants, mais on y a retrouvé seize corps. Qui est ce seizième homme ? Ce livre débute co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Ardéchois moi-même, le livre-enquête signé Olivier Bertrand m'intéresse depuis quelques mois déjà et je suis content de l'avoir lu, d'avoir plongé au coeur des réseaux de la Résistance du sud de la France, grâce à Vincent que je remercie.
Les Imprudents m'a emmené dans le sud du département, tout près du Gard, à Labastide-de-Virac dont j'avais visité le château il y a bien longtemps. Ce château huguenot domine un beau village et ses propriétaires ont fait reconstruire deux tours et deux tourelles. Une magnanerie, un élevage de vers à soie en agrémentait la visite, comme aujourd'hui encore.
Olivier Bertrand, journaliste et auteur de documentaires, venait régulièrement en vacances à Labastide dont sa famille est originaire. Il savait que, le 3 mars 1944, tous les habitants du hameau des Crottes, à l'écart du village, avaient été fusillés par les Allemands. Ils étaient quinze à vivre là mais on avait dénombré seize corps.
Qui est « L'inconnu des Crottes » ?
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le mystère est resté complet. Alors, poussé par son professionnalisme et le souci de rendre justice à un homme mort pour que nous vivions libres, Olivier Bertrand s'est lancé dans une formidable enquête, passionnante de bout en bout.
Pour tenter de découvrir l'identité de ce corps enfoui dans une tombe sans plaque, l'auteur est allé de témoignage en souvenir, de document en déclaration, ne ménageant ni son temps, ni ses déplacements.
C'est ainsi que Les Imprudents est devenu un véritable parcours au coeur de ces années 1943-1944, dans une France occupée et divisée entre collaborateurs et résistants, plus ceux qui attendent sans se mouiller pour voir de quel côté le vent va tourner.
Pour l'instant, la force est du côté de l'envahisseur soutenu par le régime de Vichy qui crée la Milice, de sinistre mémoire, le 30 janvier 1943. Afin de parvenir à découvrir l'identité de son inconnu, Olivier Bertrand commence à assembler son puzzle.
C'est le dimanche 5 mars, deux jours après le massacre, que son corps a été découvert à trois kilomètres des Crottes. Il n'est pas de Labastide mais appartient à Bir-Hakeim, mouvement de maquisards issu du groupe Campagne créé à Toulouse par Jean Capel en octobre 1942. C'est à Lestibie, à quinze kilomètres de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), que le maquis s'est appelé Bir-Hakeim : « Sur l'idée d'un étudiant en droit, Xavier Moissinac-Massénat, en hommage à la bataille des Forces françaises libres, un an plus tôt en Libye. »
Notre enquêteur connaît les vêtements de l'inconnu, des initiales (JP) brodées sur un mouchoir kaki, sait qu'on le surnommait « Grand-Père » et c'est tout ! Sur sa moto, il sillonne une bonne partie de la France, surtout le Sud, pour faire découvrir à son lecteur la vie des réseaux de résistance, les noms de leurs principaux responsables, leurs actions, leurs façons de procéder mais aussi la répression féroce des SS, de la Gestapo, bien soutenus et renseignés par une partie de la gendarmerie, de la police et surtout de la Milice.
Il faut vraiment lire cette quête, cette recherche patiente, obstinée car l'auteur ne ménage pas les informations, les détails à la fois terribles et éloquents d'une période noire de notre Histoire.
Sans cesse pourchassés, les membres de Bir-Hakeim déménagent souvent pour venir se fixer dans le Gard, puis dans le sud de l'Ardèche et en Lozère. Ces hommes sont jeunes, hardis mais imprudents, réussissant parfois à se mettre la population à dos comme à Saint-Étienne-Vallée-Française, en Lozère.
Pour tenter d'abattre cette résistance qui s'étoffe, l'occupant n'hésite pas à semer la terreur, à massacrer des civils, incendier leurs maisons, piller leurs ressources. Il y a eu Oradour-sur-Glane de sinistre mémoire mais d'autres petits massacres de civils oubliés ont jalonné cette année 1944.
Le récit progresse peu à peu vers son dénouement. L'auteur a joint les photos de plusieurs résistants dont il parle, a ajouté des dessins et même les portraits du traitre, celui du lieutenant Ernst Gütmann, celui qui a commandé l'exécution des quinze habitants de Crottes.
Fausses pistes, découvertes parfois chanceuses, travail acharné dans les archives, recueil de témoignages oraux comme écrits, il fallait bien tout cela pour finalement identifier cet homme dont je vous laisserai découvrir l'identité et la photo en lisant Les Imprudents d'Olivier Bertrand.

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Le roman débute un matin froid de mars au cimetière de Labastide-de-Virac, village du sud de l'Ardèche, pour une cérémonie autour de six tombes, à la mémoire des 16 victimes fusillées le 3 mars 1944 par des soldats de la SS. Il s'agit des quinze habitants du hameau des Crottes, massacrés pour avoir caché des maquisards. Cinq tombes, donc, portant les noms des membres de cinq familles et une sixième sans plaque. Mais qui est donc ce seizième cadavre qui n'a jamais été identifié ?
L'auteur, Olivier Bertrand, journaliste et auteur de documentaires, ancien correspondant de Libération à Lyon, dont la famille est originaire de ce village décide d'enquêter pour essayer de découvrir soixante-quinze ans après, l'identité de ce mystérieux inconnu.
Il va, pour cela, tenter d'interroger les anciens pour recueillir leurs témoignages. Quelques éléments, comme des photos, certaines publiées dans le livre d'ailleurs, des carnets de notes, le détail des objets retrouvés sur le cadavre par les gendarmes, dont un mouchoir brodé des initiales "J.P." vont conduire notre enquêteur sur la trace des résistants et du fameux maquis Bir-Hakeim, créé en 1943 par Jean Capel, avec un petit noyau de jeunes gens courageux. Il cherche également la trace d'un résistant du groupe dénommé "Grand-père".
Le récit historique de ce maquis Bir-Hakeim et la description de la vie quotidienne menée par ces jeunes gens dont l'intrépidité et l'attitude désinvolte vont attirer d'autres jeunes en quête d'aventures et voulant fuir le STO sont racontés de telle façon qu'ils nous replongent soudainement dans la réalité de l'époque. Ceux-ci s'appuieront toujours sur la confiance des habitants, à la fois pour se cacher et se ravitailler.
Leur intrépidité en oubliant parfois la terrible réalité et les possibilités entre autres de dénonciations et leurs provocations à l'encontre de l'envahisseur nazi leur seront fatales.
À la fois enquête très originale et récit historique, Les imprudents se lit comme un véritable roman policier d'une grande sensibilité, dans lequel est toujours présente l'émotion de l'écrivain. La ténacité de celui-ci pour retrouver cet inconnu est vraiment exemplaire. Jamais découragé, il ira jusqu'au bout ! Et comme lui, nous pouvons nous poser les questions suivantes : "Qu'aurais-je fait ? Que ferais-je ?", et comme lui répond Chantal de Roquemaurel :" C'est bien de se poser la question, mais sans être en situation vous ne pouvez pas savoir. Il y a des lâches qui se sont révélés courageux, des braves qui se sont dégonflés."
Si l'on a tous en mémoire l'horrible massacre d'Oradour-sur-Glane, il ne faut pas pour autant reléguer dans l'ombre et le silence comme c'est le cas, les "petits massacres" oubliés de l'hiver 1943-1944, comme les appelle l'historien allemand Peter Lieb et celui de Labastide en est un.

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Il y a deux ans environ, j'ai assisté à une vidéo conférence d'Olivier Bertrand qui racontait cette histoire dramatique. Puis j'ai découvert récemment ce livre, sans faire le lien immédiatement avec ce récit terrible, un petit « Oradour-sur-Glane, comme il y en eut, hélas, d'autres à cette période de proche défaite des Nazis. Au fil des pages, j'ai redécouvert ce que l'auteur nous avait narré.
La famille paternelle d'Olivier Bertrand est originaire de Labastide-de-Virac , un petit village de l'Ardèche. C'est là qu'enfant, il passait ses vacances et depuis toujours il connaissait cet épisode tragique : près du village, les quinze habitants, adolescents, femmes et hommes du hameau des Crottes furent abattus par des éléments de la 9e Panzerdivision Hohenstaufen, pour avoir abrités des résistants, ceux du maquis Bir Hakeim. Mais un mystère entourait ce drame, un seizième corps inconnu avait été retrouvé.
L'auteur va alors se livrer à une enquête policière de longue haleine pour enfin trouver l'identité de ce clandestin.
Il découvre rapidement qui il est, mais ne peut lui donner une réelle identité, alors les investigations se poursuivent avec acharnement.
Il parviendra enfin à retrouver son nom et ses origines.
Olivier Bertrand nous livre ses longues investigations et complète sa rédaction en racontant les suites judiciaires de ces lamentables exactions. Un récit particulièrement poignant, riche en informations.




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Dans le cadre de l'opération Masse Critique , j'ai pu lire le livre de Olivier Bertrand , les Imprudents .
Le 3 mars 1944 dans un hameau de l'Ardèche les occupants Allemands ont massacré les quinze habitants , un petit Oradour en quelque sorte .Sur place les gendarmes ont trouvé seize corps , une personne de plus dont on ne connaissait ni l'identité ni l'origine .
Olivier Bertrand dont la famille est originaire de là a donc décidé de mener soixante dix ans après l'enquête . C'est une enquête qui oscille entre le journalisme , l'histoire , l'histoire des gens , une enquête très viscérale finalement .
Découvrir les actions de la Résistance qui elles aussi oscillent entre l'inconscience , le banditisme , l'heroisme et la survie et qui n'étaient pas toujours compris ; la violence de cette époque aussi est bien évoquée , l'image d'Epinal d'une résistance unie et courageuse vole en éclats devant nos yeux . A l'issue de son enquête Olivier Bertrand peut enfin mettre une photo , un nom et un embryon d'histoire sur cette seizième victime .
J'ai beaucoup aimé ce récit entre roman , enquête et livre d'histoire , une écriture à hauteur d'être humain , simple et efficace .
Je pense que la recherche de la seizième victime au fil de ce récit , devient presque un sujet secondaire , décrire cette époque , rencontrer les témoins encore vivants passe à mon avis plus au premier plan , en fait le chemin et son parcours l'emporte sur le but .
Merci à Babelio ainsi qu'aux éditions du Seuil pour cette belle découverte .
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Le 3 mars 1944 les quinze habitants du hameau des Crottes, en Ardèche, sont fusillés par les soldats SS. Leur crime, avoir caché des maquisards.
Un seizième corps est retrouvé. Qui est-il ? L'auteur part de cet énigme pour mener son enquête et fait revivre le maquis Bir-Hakeim.

Au printemps 1944 les Allemands sont aux abois et les "petits massacres" vont se multiplier. Celui d'Oradour sur Glane par son horreur va les surpasser les reléguant dans l'ombre et le silence. Il est donc important de s'en rappeler.

Le titre choisi par l'auteur est bien choisi. Les maquisards de Bir-Hakeim cherchait le danger où il se trouvait, ne tenait pas en place, voulait en découdre avant l'heure. le jeune maquis menait sa propre guerre avec courage. Mais le sort des autres, autour, ne comptait pas.

J'ai aimé ce livre car l'auteur a fait un remarquable travail d'enquête. Il n'élude pas les zones d'ombres de la Résistance. L'auteur utilise les témoignages oraux recueillis dans la région et les documents écrits.

L'action se passe dans ma région d'origine. Je connais bien les lieux. Quelques bribes de cette période m'ont été racontées par des "anciens". J'ai grandi avec sous les yeux la plaque commémorant la pendaison par les Allemands, le 28 février 1944, de Roger Broussous, 20 ans.

Je vais laisser le côté sentimental à part. Si vous aimez les livres sur la période de la seconde guerre mondiale, je vous invite à lire ce livre. L'auteur sait bien faire revivre le maquis et les femmes et les hommes qui se sont battues contre l'envahisseur.
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critiques presse (2)
Liberation
20 juin 2019
En retrouvant l’identité d’une victime des Allemands, le journaliste Olivier Bertrand dresse un portrait à hauteur d’homme du maquis de Bir-Hakeim.
Lire la critique sur le site : Liberation
Lexpress
23 avril 2019
De fausses pistes en révélations, Olivier Bertrand nous entraîne dans une incroyable épopée romanesque, émouvante, où le collectif le dispute à l'intime.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
La guerre avait laissé partout des fosses communes, des inconnus, enterrés à la hâte, jetés dans des puits. Il fallait exhumer les corps, essayer de les identifier. À Jonquières, dans le Gard, où les SS avaient enfoui les hommes pendus la veille à Nîmes, d’anciens miliciens ont été requis pour dégager du champ de luzerne les corps décomposés. Trente prisonniers allemands ont été chargés de creuser leurs tombes dans le cimetière de Saint-Baudille de Nîmes. (page 295)
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Chantal de Roquemaurel me demande ce qui m'anime dans ce travail. Je lui parle des origines de ma famille aux Crottes, de ce cimetière où repose peut-être un résistant anonyme. De mon rapport à la Résistance, à ses ressorts qui m'obsèdent. De ces questions que se posent ceux qui n'ont pas vécu cette époque. Qu'aurais-je fait ? Que ferais-je ? Elle hausse les épaules. "C'est bien de se poser la question, mais sans être en situation vous ne pouvez pas savoir. Il y a des lâches qui se sont révélés courageux, des braves qui se sont dégonflés."
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Aujourd'hui encore, pour les habitants de Labastide, c'est une évidence : celui qui a dénoncé était du village, ou des environs. C'est l'une des raisons, à mon avis, de la profondeur du silence qui s'est abattu sur les événements. Au traumatisme se mêlaient une culpabilité diffuse et des soupçons qu'il fallait étouffer, pour continuer de vivre ensemble. Le maire Étienne Bourelly, a beaucoup œuvré, en 1945, pour que tout s'apaise. Que chacun retrouve sa place. Que l'on parvienne à cohabiter sans s'étriper. C'est ce qui a sauvé bon nombre de collaborateurs, dans les campagnes.
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Je ne l’ai pas encore précisé, mais Labastide-de-Virac est un très beau village. Enfant, je pensais avoir beaucoup de chance de venir là. J’adorais le calcaire très clair, presque bleuté dans ma mémoire, des pierres saillantes. Le mortier sableux qui les retenait. J’aimais les odeurs, les ruelles. Les paysages de garrigues tout autour du village dominant. La silhouette trapue du château protestant, dont les tours avaient été rasées à la fin des guerres de religion, pur mater la Réforme. Cela lui donnait une silhouette austère. (page 11)
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Les meurtres collectifs de civils ont été nombreux, à l'hiver 1943-1944. Le drame d'Oradour-sur-Glane les surpasse par son horreur, il sert symboliquement à les désigner. Les autres se trouvent relégués dans l'ombre et le silence. Les habitants de ces hameaux, du moins ceux de Labastide, vivent cela comme une injustice, même si eux-mêmes ne parlent guère du massacre. La relégation d'un drame qu'ils sont les seuls à connaître et commémorer. À Labastide, le maire, Jacques Marron, parle du "petit Oradour-sur-Glane" de son village. Un historien allemand, Peter Lieb, appelle cela les "petits massacres" oubliés de l'hiver 1943-1944.
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