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Liaisons Dangereuses - Préliminaires tome 3 sur 3
EAN : 9782924997017
64 pages
Glénat (30/10/2019)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Au commencement était l'amour. Puis vint la chair. Et le vice.

Maintes fois adapté au cinéma, Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos est un roman majeur du XVIIIe siècle et probablement l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Mais comment le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil en sont arrivés à devenir les personnages manipulateurs que nous connaissons tous ?

Avec ce troisième volume, dé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'amour à mort

Le premier tome des « Liaisons Dangereuses préliminaires » présenté sous la forme d'une longue lettre autobiographique était consacré à la jeunesse du Vicomte de Valmont ; le deuxième - à travers quatre lettres adressées à son confesseur- dressait le portrait de la jeune Isabelle de Merteuil.
Le dénouement de la trilogie met donc en scène leur rencontre avant le roman qui les a fait connaître : très vite attirés l'un par l'autre, se reconnaissant la même envergure, ils pourraient former un duo amoureux. Mais ce tome nous dévoile comment ce duo se transformera en duel avec l'arrivée et les manigances d'une mystérieuse femme fatale : Diane, favorite du roi…



Comme dans les tomes précédents, cet ultime opus reprend la technique des ombres chinoises pour symboliser le jeu de la représentation sociale et le théâtre du monde. Il se réfère aussi à de nombreuses oeuvres picturales : il effectue un clin d'oeil à Reynolds avec sa Merteuil au chapeau ainsi qu'aux miniatures hollandaises circulaires du XVIIe dépeignant les joies du patinage. Il évoque aussi le portrait de Louis XV par Maurice Quentin de Latour ou encore le topos de la favorite peinte en Diane chasseresse telle la marquise de Pompadour par Jean-Marc Nattier et propose une longue citation (sur une page complète !) de l'ensemble de tableaux de Botticelli intitulé « L'histoire de Nastagio degli Onesti ». Ceci n'est nullement au service d'une exhibition d'érudition gratuite de la part du scénariste ni d'une démonstration vaine de virtuosité (pourtant bien là !) du dessinateur mais permet d'introduire l'un des thèmes phare de ce dernier tome : celui de la chasse.

Une partie de chasse métaphorique


En effet, si Mme de Merteuil et Valmont évoluent gracieusement sur la Seine gelée dans une vignette ronde rappelant un tableau de van Goyen ou Avercamp, c'est parce qu'ils sont observés à leur insu à la lunette par un autre personnage, à l'affût, qui les guettent : l'insert mignard se mue donc en menace. Si l'on retrouve aussi la théorie de la physiognomonie de Lebrun très présente dans le tome 1 (La physionomie humaine peut être rapprochée de celle de l'animal, et expliquer ainsi des traits de la personnalité), c'est sous forme de variante : ici les personnages sont animalisés pour monter que chacun d'eux est tout à tour proie ou chasseur : ainsi la marquise est présentée comme une gazelle puis un chat, Valmont comme un lion puis un rat et Diane est comparée à un rapace qui se joue également de lui. Enfin on observe dans la citation des tableaux de Botticelli une inversion du mythe de Diane : alors qu'elle était la prédatrice, elle devient à son tour une proie et – comme sa célèbre victime Actéon – elle est chassée et mise à mort par des chiens. Ainsi peut-on mieux goûter le beau titre choisi pour ce volume car ce demi alexandrin à la formulation ambiguë (le mot amants pouvant se comprendre comme étant dans une position de sujet : ce sont eux qui sonnent l‘hallali ou au contraire comme entretenant une fonction d'objet : ce sont eux qui sont mis à mort) souligne ainsi que la lutte amoureuse devient une lutte à mort. Ce thème de la chasse métaphorique est également très important dans l'ouvrage De Laclos. Et l'on observe dans ce dernier tome de la trilogie une très grande cohérence avec l'oeuvre source.

Un bel hommage à l'oeuvre De Laclos

Y sont tout d'abord présents des personnages secondaires du roman : le fidèle Azelan, valet De Valmont, ainsi que le comte de Gercourt un soupirant dont Merteuil voudra se venger dans les Liaisons en faisant déflorer sa promise, Cécile de Volanges, par Valmont. On y retrouve ensuite la même structure narrative : l'album est cette fois polyphonique. Trois narrateurs se succèdent : Valmont, Merteuil et Diane. Certaines scènes sont présentées plusieurs fois sous différents points de vue parcellaires. Seul le lecteur peut les assembler et avoir une vue d'ensemble « surplombante ». Enfin, la lettre ou plutôt les lettres y constituent un enjeu majeur comme l'indiquent déjà les pages de garde de l'album qui montrent Merteuil serrant sur son coeur un billet cacheté.

Nous avons affaire à une bande dessinée épistolaire : la lettre y est cette fois omniprésente. de multiples lettres sont envoyées, lues, dérobées et dictées. Dès l'ouverture de l'album Valmont se met en scène dans une lettre (l'amant soi-disant éploré dont l'écriture chaotique n'est due … qu'aux cahots de la diligence !) ce qui n'est pas sans rappeler la lettre à double entente qu'il écrira plus tard à Mme de Tourvel sur le dos d'une courtisane ; la marquise adresse des aveux qui ne parviendront jamais à son destinataire et, à la manière De Valmont qui dans l'oeuvre De Laclos reproduira pour Mme de Tourvel le billet que lui transmet Merteuil, elle écrit sous la dictée de Diane son billet de rupture pour Valmont. Souvent l'effet des lettres sur leur destinataire est présenté au lecteur avant même que leur contenu soit dévoilé dans de grandes vignettes en demi pages un ou deux chapitre plus tard : ceci permet de souligner combien la lettre devient instrument de cruauté, de dépravation, de trahison et arme de guerre ; cela instaure également un certain suspense car le lecteur doit attendre plusieurs chapitres avant d'avoir la vision complète d'un épisode.

Enfin on soulignera la profondeur psychologique à l'oeuvre dans ce dernier tome. Semblant reprendre la théorie du désir mimétique de René Girard telle qu'il l'expose dans « Mensonge romantique et vérité romanesque », Betbeder montre combien l'amour propre est à l'origine de l'amour. Il met ainsi en scène non seulement le stratagème De Valmont qui séduit intentionnellement une amie falote d'Isabelle de Merteuil afin de piquer la jalousie de cette dernière mais redouble également cette scène de façon fortuite et fatale pour le héros lors de la fête galante : Diane ne s'intéresse à Valmont que parce qu'il n'a d'yeux que pour Merteuil et a osé l'ignorer mais aussi peut être également parce qu'il intéresse la Marquise... Ainsi entre le trio se tisse une relation d'amour et de haine subtilement mise en scène dans le dessin de Djief grâce aux regards, aux cadrages serrés et aux gros plans. La description du contexte social est elle aussi d'une grande finesse et semble anticiper le portrait crépusculaire de l'Ancien régime dressé par Laclos. le lecteur plonge dans l'atmosphère du siècle de Louis XV et son style rococo à travers tous les motifs de coquillages, de feuillage, de théâtre de verdure présents notamment dans les scènes libertines des « fêtes galantes » mais ces dernières sont bien différentes des allégories de Watteau et beaucoup plus crues : elles s'apparentent à des orgies durant lesquelles s'exerce un batifolage cruel (Diane fait preuve de sadisme à l'égard du duc qu'elle mutile à dessein). On a ainsi, à travers de superbes séquences nocturnes à l'éclairage particulièrement soigné, dans des pages muettes, la description d'une société oisive et hypocrite qui pratique la débauche mais est en même temps corsetée par la religion et dans laquelle ne sauraient s'épanouir d'authentiques sentiments. On a également dans le portrait des deux héroïnes la description de l'aliénation de la femme qui ne peut disposer librement de son corps et ne s'appartient pas. L'on retrouve donc bien dans l'album le ton désabusé du roman.

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Et voici déjà le dernier tome du préquel au roman de Choderlos de Laclos, Les Liaisons Dangereuses. La B.D. se découpe en quatre parties : une pour chacun des trois personnages et une quatrième qui vient conclure leur histoire.

Nous retrouvons donc le Vicomte de Valmont et la Marquise de Merteuil, avec le style propre à chacun qu'on a découvert dans les deux précédents tomes. Une relation passionnée se noue entre ces deux personnages d'envergure qui se reconnaissent comme des alter ego même s'ils ne sont pas prêts à tomber le masque ou à renoncer à leur liberté. Puis une troisième voix s'invite dans le récit, un grain de sable dans une relation qui n'était déjà pas sereine. Et sur fond de rivalités amoureuses, de trahison, de vengeance, c'est une véritable guerre qui se déclenche entre les trois personnages...

J'ai un tout petit moins apprécié ce dernier volet qui me semble s'éloigner un peu de l'esprit du roman d'origine : les manipulations sont moins subtiles et on passe beaucoup de temps dans les chambres à coucher et les fêtes galantes plutôt que dans les salons philosophiques. J'ai néanmoins trouvé que les auteurs apportent une explication des plus plausibles à la cordiale inimitié qui oppose Valmont et Merteuil dans Les Liaisons Dangereuses.
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L'amour à mort (par bd.otaku)

Dans ce tome de clôture de la trilogie, Djief et Betbeder reprennent les références au théâtre, à la physiognomonie et à la peinture qui émaillaient les deux albums précédents mais ils réorchestrent ces thèmes de façon magistrale pour en introduire un nouveau : celui de la chasse omniprésent également dans l'oeuvre De Laclos.

Ce troisième tome met en scène non pas le duo des libertins mais un trio qui va se livrer une véritable guerre amoureuse dont personne ne sortira indemne. A l'image du roman du XVIIIe, les lettres jouent un rôle prépondérant dans l'album en étant à la fois enjeu et moteur du récit. L'album adopte une narration polyphonique et les mêmes scènes sont présentées plusieurs fois selon des points de vue différents et parcellaires forçant le lecteur à reconstituer le puzzle qui lui est présenté et instaurant également du suspense. Les personnages, tous ambigus, sont très convaincants et finement dépeints.

Une vraie réussite qui a été quelque peu noyée dans le flot de publications de la rentrée et qui mérite toute votre attention. L'on se prend d'ailleurs à rêver de l'adaptation par ce duo du roman De Laclos

http://sdimag.fr/index.php?rub=0&art=Affiche_Fiche&aff_param=2&ID=5529#4017
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Lecture très sympa ce jour du 3ème (et malheureusement dernier ...) tome des Liaisons dangereuses préliminaires

Le dessin de Djief Bergeron est toujours aussi superbe et l'on se trouve complétement immergé dans l'époque des Lumières. Son dessin rend merveilleusement bien les différentes ambiances de l'époque : aussi bien les fêtes somptueuses, que les scènes en ville ou dans l'intimité.
A noter également une superbe double page en ombres chinoises.

Dans ce 3ème tome, Stéphane Betbeder met en scène le "jeu de séduction" entre les 2 principaux protagonistes, avec l'arrivée inattendue d'une rivale inattendue ... plutôt déterminée ...
On suit 3 fois de suite la même histoire au travers du regard de chacun des 3 personnages. Un vrai puzzle, qui demande un peu de concentration pour resituer chaque scène dans la chronologie de l'histoire (heureusement que les dates clés sont bien indiquées !) ... jusqu'à une conclusion commune plutôt mouvementée ...
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Valmont et Merteuil sont ici réunis dans un (ultime) tome avant le roman qui les a fait connaitre. Une fois encore le scénario est surprenant : très vite ces deux animaux à sang froid se sont reconnus et cherchés. Très vite, ils sentent qu'entre eux, cela peut être autre chose, de l'amour? Peut être pas mais quelque chose de très approchant. Mais voilà entre eux s'est glissé une jeune femme très ambitieuse, vexée de ne pas attirer Valmont. Est ce elle qui sera la raison de cette haine profonde qui amenera la marquise à se venger De Valmont ultérieurement?
Un dessin très fin et précis, particulièrement adapté à ce siècle.
Une belle histoire.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quel roi serais-je pour ne pas respecter les lois édictées par mes prédécesseurs sur le trône et auxquelles j’adhère sans retenue ?
Malgré les apparences, je suis pleins de mœurs, je suis religieux et je ne tolère pas ce crime exécrable en mon royaume.
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Je n'ai pas vu Diane fondre sur moi comme un rapace sur un rongeur. Quand j'ai senti ses serres m'agripper il était déjà trop tard. Je ne touchais plus le sol. Une fois dans les airs, elle me précipita dans le vide. Longtemps, longtemps dura ma chute. Aujourd'hui encore je continue à tomber et tous ceux qui m'accompagnent tombent avec moi.
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Il paraît que les prédateurs se reconnaissent entre eux. Je savais d’instinct que je devais me méfier des atours de cette Diane chasseresse. Le problème est que nous chassions sur le même territoire … et que Paris n’est pas assez grand pour les individus de notre espèce. Parmi ceux qui partageaient la même nature que la mienne, j’en dénombrais trois qui fussent également dignes d’intérêt ….Diane, la marquise et moi-même étions ces oiseaux rares. ( Valmont, chapitre I « Le libertin »)
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Tour à tour maître ou maîtresse. Victime ou proie. Bourreau pervers. Souffre-douleur. La partie battait son plein et nous étions devenus totalement dépendants l'un de l'autre. Mais ni l'un ni l'autre n'avions assez de lucidité pour nous en apercevoir
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