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EAN : 9782070143511
192 pages
Gallimard (02/05/2016)
3.23/5   28 notes
Résumé :
La valse de Valeyri se lit comme un roman polyphonique. Seize destins sont évoqués en autant de chapitres, dans une parfaite unité de temps et de lieu : nous sommes à Valeyri, un village de pêcheurs islandais, pendant un après-midi de la Saint-Jean. La petite commune de mille âmes se prépare pour le grand concert de la chorale dirigée par Kata, et à l'heure où cette jeune musicienne slovaque traverse le village à vélo pour se rendre à la salle des fêtes, chacun des ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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C'est la brume. Elle arrive de la mer et longe la langue de terre, pour arriver jusqu'à Valeyri, petit village de pêcheurs islandais, ce vendredi après-midi de la Saint-Jean....L'auteur profite de cet instant pour raconter en seize chapitres, seize destins saisis dans une suite d'instantanés , parmi les habitants du village.
Ce soir , il y aura le concert de la chorale de Valeyri, à la salle des fêtes, dirigée par Kata la Chorale. Dans l'après-midi, alors qu'en toile de fond, la jeune musicienne slovaque traverse à vélo le village pour rejoindre la salle des fêtes, l'auteur,à la suite de la brume, nous engouffre dans l'intimité des différents protagonistes, nous livrant leurs passées,leurs présents, leurs pensées, leurs secrets,leurs états d'âme .......bref tout ce qui n'est pas visible en apparence.

Svensina , la soeur de Kalli, rêve de Biggy,son ex, suicidé après avoir joué un dernier morceau dédié à elle ; Josa, pas si vieille, enfermée dans sa solitude, rêve toujours de Kalli, son amour d'antan qui lui a donné un fils ; Bangsi ,fils de Svensina et Biggy,noie sa solitude entre mer et ciel ,sur son chalutier en compagnie des oiseaux; Svenni, contremaître à la conserverie , voix de ténor à la chorale qui vit seul avec son vieux chat borgne Grimur, est malade et se soûle avec un cocktail qui porte le nom d'âne en islandais....souffrant des vestiges de son passé; le fameux Kalli qui a brisé tant de coeurs , n'aspire qu'à la paix avec Sidda; le pasteur passent ses nuits à des activités honteuses sur internet, et pâlit jusqu'au tréfonds de son âme en y pensant; et puis il y a aussi ,Oli, Sigga, Anna, Joi, Gummi, Andrés, Frida, Lalli le Macareux et sa soeur Lara, qui ne se parlent plus depuis 20 ans...........bref à part la plume cocasse de l'auteur, rien n'est vraiment gai dans cette communauté. Une communauté où tout le monde se fiche presque de tout le monde mais savent tout sur tout le monde ( " le village sait tout. Il vous replace toujours dans votre contexte. Il en sait toujours plus que vous-même –sait toujours ce que vous allez faire").

Des rêves du passé , un peu de poésie , un zeste de philosophie, de la liqueur de pissenlits, du brennivin, et beaucoup de musique ( Les Stones/ Roy Orbison/ Crosby,Still,Nash & Young......) égayent ces existences enchevêtrées, mais si seules....

Magnifique texte pour un premier roman d'un auteur islandais,sans aucun doute à suivre....
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Qu'ils sont émouvants ces personnages au surnom parfois si drôles,
Katy, l'éternelle amoureuse, celle que quelqu'un, un jour, avait aimé,
Árni, Árni crésus ou Árni le dératé, l'homme qui savait dire les dix raisons qui faisaient que la vie valait d'être vécue,
Gudjòn,qui s'interroge toujours pour savoir si le chevalier gambette et l'huitrier pie se comprennent,
Sveinsína, écoute toujours et encore le solo de guitare interprété que pour elle et qu'elle est la seule à pouvoir encore et toujours entendre, il n'a jamais été enregistré !
Jösa qui préfère toujours rester à l'intérieur avec ses souvenirs, ses rêves,
Et son fils Gummi, qui invente la vie qu'il vivra un jour, plus tard, et les souvenirs réels ou imaginaires, même pas sûre que lui même sache faire la différence,
Svenni, celui qui a appris à travailler, appris à se taire, appris à avoir peur sans laisser cette peur le contrôler, appris à ne rien ressentir, et qui parfois quand il est malade téléphone à sa soeur pour toujours raconter la même histoire, "oui, mon petit Svenni, je sais je sais,...
Il y a beaucoup de personnages dans ce texte, plutôt la rencontre d'un autre monde a un moment donné qu'il nous est donné de voir par les différents acteurs, des êtres humains qui au travers d'un bref résumé de leur vie, nous explique leur vision de l'instant présent.
Très beau récit, poétique qui nous montre la vie qui passe tranquillement dans une île perdue au milieu de rien du tout avec la mer et la brume qui doucement envahit notre présent et nous fait ressentir juste le bonheur
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A Valeyri petit port de pêche d'Islande, la brume tombe doucement en cette fin d'après-midi. Les seize habitants se connaissent tous, ou du moins ils le pensent. En cette journée du 24 juin, Kata rejoint en vélo la salle où elle va diriger la chorale. C'est ce moment qui sert de point de départ à ces histoires enchevêtrées où l'auteur nous dépeint ces instantanés de vies. Mais pas que. Car l'histoire de chacun est liée à celle des autres. de l'ancien pêcheur au curé qui joue tout ce qu'il possède au poker, du poète au commerçant brouillé avec sa soeur, d'une femme qui s'interroge sur son mon mari, tous ont une histoire présente, passée et quelquefois probable pour l'avenir. Car avec talent et sans que cela choque le lecteur, Guomundur Andri Thorsson introduit des possibilités.
Les récits se déploient avec grâce et poésie. Et la brume est elle-même une voix "Je ne suis qu'une conscience. J'arrive de la mer, je longe la langue de terre, bientôt, j'aurais disparu avec la brume. Je suis la brise d'une fin d'après-midi quand je viens rendre visite aux gens vers quatre heures et demie, puis une heure plus tard, le vent m'emporte vers ce chez-moi, lequel est dans le passé, le révolu". Et au fil des pages, ces vies s'emboîtent révélant la vérité loin des suppositions et des non-dits.
Il y a du Jon Kalman Stefansson dans cet univers où l'on retrouve des questions sur le sens de la vie, sur nos existences et sur les difficultés économiques d'un pays balayé par la crise.

C'est immensément beau et ces portraits dépeints nous révèlent des fissures, des souffrances, des amours impossibles, des rancoeurs, des espoirs mais sans jamais verser dans le pessimisme. Les personnages, leurs questionnements ou leurs états d'âme m'ont touchée-coulée.
La superbe traduction d'Eric Boury s'accorde à merveille au rythme et une douce mélancolie nous enveloppe sans nous alourdir.
Un livre hérisson et beaucoup de passages à relire au choix pour la beauté, pour les propos qui sèment des graines de réflexion.


Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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La mélancolie est islandaise comme la tragédie est grecque. Consubstantielle à l'âme du pays. La valse de Valeyri (Histoires enchevêtrées selon son sous-titre) en est l'exemple même. Une suite de récits plus qu'un roman qui forme une oeuvre chorale, dans le même village et au même moment. Guðmundur Andri Thorsson adopte une tonalité sombre pour évoquer des destins et aussi des passés tous autant qu'ils sont marqués par un sentiment de perte : d'un être cher, le plus souvent, mais aussi des illusions de la jeunesse. le livre séduit par sa poésie tranquille joliment traduite par la plume émérite d'Eric Boury (la voix française d'Indridason, c'est lui aussi). Cependant, le style de Thorsson ne fait pas toujours preuve de légèreté. Assez fréquemment, dans les différents chapitres, il aime à répéter les mêmes mots comme une sorte de mantra. le lecteur n'a vraiment pas besoin qu'on insiste de cette façon pour comprendre de quoi il retourne. Que reste t-il au bout de 190 pages ? Une atmosphère, c'est certain, mais sans ligne narrative forte, des impressions éphémères d'existences décevantes qui finiront emportées par la brume.


Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Superbe ! Une écriture travaillée, poétique, un vrai plaisir de lecture !

Des histoires enchevêtrées, c'est dit, sous le titre, et c'est tellement ça !

Il y a beaucoup de personnages, dont les vies se croisent et s'entrecroisent, et qui ont pour point commun de voir passer devant leurs fenêtres, une femme, Kata, la chef de choeur, à vélo.

Chaque histoire est relatée sous un angle particulier. Un souvenir hante les personnages, un secret bien personnel, une évanescence. Svenni boit le jour du concert, il ne peut chanter en public, il a été abusé enfant, ce souvenir revient en force, il appelle sa soeur. « Quelqu'un l'avait aimée » revient comme un refrain tout au long du chapitre dédiée à Kata. Arni regrette, « il faut que nous fassions des choses ensemble », il s'est répété cette phrase sans cesse jusqu'à ce que sa femme le quitte…

Chaque personnage a un regret, un souvenir en lui. La nostalgie qui se dégage du roman est à l'image de la brume qui « arrive de la mer et longe la langue de terre. »

Il n'est pas toujours facile de s'y retrouver dans cet enchevêtrement de personnages, l'une est la soeur de l'autre, une troisième est l'ex-femme d'un quatrième, un cinquième est le fils de la troisième… C'est un vrai labyrinthe de relations. Par exemple, certaines histoires se croisent, s'appellent, se répondent, au hasard d'une recette de cabillaud à l'ail et au vin blanc… Tout cela peut paraître bien mystérieux, bien compliqué mais il faut se laisser guider par toutes ces vies, au gré des phrases qui reviennent comme des leitmotivs et donnent au roman un ton particulier, une grâce infinie, emporté par une musique, enveloppante, lancinante, ensorcelante.

Encore un auteur islandais de talent traduit par Eric Boury, traducteur non moins talentueux.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Il est seul. Il emplit son esprit de pensées positives –celles qui sont désagréables et apparaissent comme autant de flocons noirs n’ont qu’à s’en aller car il les refuse. Cela ne lui pose pas de problème : de manière générale, il est bienveillant envers lui-même autant qu’envers les autres –il lui suffit de ne pas oublier de respirer à un rythme régulier, d’être en accord avec son diaphragme et son âme, de ne penser à rien, de ne pas même se dire qu’il doit penser à ne penser à rien, son esprit gagne en légèreté, en limpidité et en pureté, et alors, cet univers bleuté lui apportera peut-être une belle pensée à laquelle s’accrocher, une sensation, le souvenir d’une sensation, d’une sensation éveillée par un objet.....Peut-être que lui reviendra en mémoire le souvenir de cet instant de grâce qui l’a submergé alors qu’il faisait une longueur à la piscine où il venait de nager un demi-kilomètre sous la pluie, cet instant où il avait cessé de penser à ces fichus emprunts en devises étrangères et au pain quotidien, et où ses bras, ses jambes et son esprit œuvraient à l’unisson pour le faire avancer sous cette pluie printanière, cet instant où il avait l’impression de fusionner avec la végétation renaissante et d’être partie intégrante de la grande énergie vitale.
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Le bateau avance lentement, enjambe la vague en une courbe sûre et fluide, suivi par un fulmar boréal rassasié, heureux et solitaire qui plane dans son sillage. Il est, lui aussi, tout seul. Et quand on est seul comme ça –pense-t-il –ce n’est justement pas de la solitude. Car on fait en même temps partie d’un tout plus vaste. On est seul avec le ciel et la mer, sa pêche, la mélodie qu’on fredonne, l’oiseau et l’océan. Alors, une manière de calme nous envahit. Certaines règles président à la marche du monde, elles ne sont ni mystérieuses ni occultes, tout dans la vie est simple et compréhensible quand on l’observe ainsi, de l’extérieur, en s’approchant doucement.
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Non seulement la mer vous procure votre subsistance et la compagnie des oiseaux –mais elle vous apporte aussi l’énergie et nourrit votre cerveau. Elle vous offre un silence qui n’est pas qu’un silence, mais une résonance. Vous apporte un calme qui n’est pas immobilité, mais mouvement. Une solitude qui est identité.
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Elle leur demandera de se tenir par la main en fredonnant la berceuse islandaise Dors, mon petit amour. Puis tous entreront, s’installeront sur l’estrade comme ils se sont entraînés à le faire, elle arrivera, saluera le public, se tournera vers la chorale, lèvera les mains, échangera un bref regard avec chacun des chanteurs, puis avec l’ensemble du groupe, lequel constitue un être unique, ensuite elle donnera le signal et avec une douceur extrême, tous entonneront d’une seule voix, créant un lieu nouveau : Locus iste, a Deo factus est…
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Je vois les secrets. Je vois les gens qui cuisinent et s’affairent, urinent et chantent, se taisent et flânent. Certains pleurent, certains écoutent, certains ont le regard fixe. J’en vois qui étouffent un cri dans leur oreiller, qui jettent les poubelles, les souvenirs inutiles et défunts, et je ne détourne pas les yeux. Jamais je ne détourne le regard. Jósa est seule, elle boit une bière tiède dans une canette en fer tout en scannant de vieilles photos de classe qu’elle postera ensuite sur Facebook. Assis dans sa grange, Kalli regarde une bergeronnette grise. Les yeux baissés sur la paume de ses mains, le médecin Jónas les scrute longuement. Lalli le Macareux s’est mis en route pour sa petite balade et s’apprête à croiser sa sœur Lára à qui il ne parle plus depuis des dizaines d’années… Et là, Sveinsína se gratte entre les omoplates à l’aide d’une spatule en bois, elle passera voir Jósa tout à l’heure afin de célébrer cette journée.
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