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EAN : 9782760947238
131 pages
Leméac (Editeur) (18/01/2016)
3.9/5   151 notes
Résumé :
Frédérick, fonctionnaire de trente-neuf ans, a une maison qui est une ambassade à l'abri des soucis du monde, une femme au sourire solaire et un petit garçon âgé d'un an qui fonce vers lui sur ses jambes neuves comme un obus chargé d'amour.

Mais voilà qu'au travail on le mute aux Archives, façon de dire qu'on le met sur une tablette pour qu'il y accumule la poussière. Être payé à ne rien faire ? C'est un scandale intime, honteux, qui engendre une révo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Naufrage est un roman qui me laisse ambivalent, c'est que mon opinion à son sujet changeait constamment. Il y a eu ce début que j'ai détesté et dont la mauvaise impression m'a accompagné un certain temps. On y rencontre Frédérick à l'hôpital, pendant que sa femme accouche. Et, au moment de couper le cordon ombilical du poupon, il perd connaissance. Je croyais que c'était une légende urbaine, que celle de l'homme qui faiblit à ce point. Y a-t-il vraiment des hommes à qui ça arrive ? Est-ce si répandu pour que tant d'oeuvres y fasse référence ?

Heureusement, on passe vite è autre chose : Frédérick perd son emploi. Bon, il n'est pas renvoyé mais, à cause de restructurations (comme j'ai appris à haïr ce mot !), il est muté au service des Archives. Il garde son salaire et ses avantages (et la possibilité de continuer à assurer financièrement sa famille) mais ce n'est pas un changement positif et encore moins stimulant. Un analyste qui se retrouve à faire du classement n'a aucun défi à relever.

Cette mutation permet à Biz Fréchette, auteur mais également chanteur engagé, à dénoncer les absurdités du système en place, des mauvaises décisions et orientations du gouvernement (coupures, remaniements, etc.).

Et cette dénonciation passe de différente manière, en particulier par l'humour. Pas de blagues, ou très peu, plutôt par l'ironie des situations et les remarques sarcastiques qui peuvent passer inaperçues ou anodines mais qui sont cinglantes pour quiconque les comprend. Des dialogues percutants, quoi ! Les associations (ou fausses associations, antithèses) sont également employées. Par exemple, le Service des ressources humaines manque d'humanité, les employés y sont traités presque comme du bétail. Aussi, la description des employés est juste et peu flatteuse, tout le monde y passe, des secrétaires aux directeurs en passant par les adjoints. Et surtout quelle hypocrisie ! « - Si vous avez la moindre question ou le moindre problème, ma porte vous sera toujours ouverte. Adieu, monsieur Limoges. » (p. 16). C'est à peine si le directeur ne demande pas à Frédérick de refermer la porte derrière lui.

Ainsi, la critique sociale, du monde du travail ou des services gouvernementaux, elle m'a plu. Toutefois, après cent pages, on se dit que ça ne peut être que ça, l'histoire d'un type désabusé par son emploi.

Et, effectivement, j'avais raison. La fracture arrive. Je ne l'ai pas du tout vu venir et elle frappe fort. Elle change complètement l'idée que je me faisais du roman. Tout déraille dans la vie de Frédérick.

Cette nouvelle intrigue (vraiment nouvelle, au poitn où je me dis que Biz Fréchette aurait pu écrire deux histoires, l'une sur les déboires d'un employé insatisfait et une autre sur… l'incident et ses suite) est puissante, surprenante, bien amené considérant qu'il s'agit d'un sujet sensible, et dévelopé avec crédibilité. Je n'ai jamais rien lu de senblable, du moins dans un roman parce que j'ai déjà entendu des histoires pareilles aux nouvelles.

Malgré cela, j'ai gardé l'impression que cette deuxième partie s'est déroulée à la vitesse de l'éclair. Est-ce parce que je l'ai lue trop vite ou bien la narration avance à un rythme plus rapide ? Et que dire de cette fin qui n'en est pas vraiment une ? Les amateurs de happy ending n'aimeront pas mais je crois que c'est approprié. Ce n'est pas tout le monde qui a beaucoup d'enfants et qui vit heureux jusqu'à la fin des temps.

Bref, sous les premières impressions d'un roman léger et drôle – quoique pertinent –, Naufrage cache des thèmes troublants, dérangeants, que certains lecteurs pourraient avoir de la difficulté à terminer.
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Je voulais commencer en écrivant que ce roman comprend deux parties assez distinctes mais je préfère utiliser l'expression « deux romans en un » qui correspond davantage à l'impression qu'il me laisse. J'exagère un peu car les deux parties sont intrinsèquement liées, mais je m'en tiens à mon ressenti de lectrice : je n'ai trouvé aucun intérêt à cette première partie, tandis que la seconde m'a davantage plu, sans effacer toutefois le sentiment mitigé né dès le début du texte.
Nous commençons par faire la rencontre de Frédérick qui accompagne sa femme lors de son accouchement et perd connaissance en coupant le cordon ombilical. Nous le retrouvons ensuite alors qu'il apprend qu'il perd son poste actuel et qu'il est muté au service des Archives. Commence alors le récit de son inactivité dans les sous-sols de son entreprise, lui, l'analyste, à qui l'on ne confie aucune tâche, à qui l'on promet de donner un code d'ordinateur pour pouvoir travailler, à qui l'on assure des explications à venir sur la teneur du travail à effectuer. Bref, il doit classer, Frédérick, mais quoi et pourquoi, et quel sens donner à tout cela ? Il trouve le système absurde et cela finit par l'obséder. On sent qu'il approche du point de rupture et celui-ci prend une voie que l'on n'avait absolument pas devinée, c'est le début de la seconde partie et c'est un vrai coup de poing. Je n'ose pas dire un coup de génie car ça aurait pu l'être si l'ensemble du roman avait été meilleur, mais c'est en tout cas une partie qui m'a été plus agréable à lire et qui aurait pu être plus convaincante que la première. Seulement, cette seconde partie est très rapide et le sujet est survolé. L'idée est bonne mais traitée sans épaisseur. Comme si l'auteur tenait à écrire sur ce sujet mais n'en avait pas mesuré la difficulté. J'ajoute un dernier point négatif : je n'ai pas du tout été séduite par le style, mais alors pas du tout, et j'ai même été très gênée par le vocabulaire et les expressions québécois ; en l'occurrence je plaide coupable puisque j'ai moi-même choisi de lire ce titre en connaissance de cause, puissent les Québécois me pardonner ! Je termine sur une note positive : les chapitres sont entrecoupés de petits récits qui semblent détachés de l'ensemble mais font sens à la toute fin, très bonne idée ! Là, on tenait vraiment quelque chose… Dommage !

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Il était une fois un gars heureux dont la vie a fait naufrage.

À l'aube de la quarantaine, Frédéric a une belle vie, une femme amoureuse et un petit garçon dont il est fou. Il travaille comme fonctionnaire, il est content de travailler fort pour le service public. Mais un jour, il est convoqué par les « ressources Humaines », son poste est aboli par une restructuration, on l'envoie aux archives. le vrai travail archivistique est important, mais dans son cas, c'est un lieu où on « tablette » les employés qui jouissent d'un statut « permanent » qui empêche de les mettre à la porte. Ce n'est que le début du naufrage, il sera frappé par un drame personnel bien pire…

L'auteur manie une plume incisive et utilise des métaphores inattendues. Pour décrire les méandres de l'univers bureaucratique, l'auteur est sans pitié. Les personnages secondaires sont caricaturés et ses descriptions des lieux et de la société tiennent souvent de la charge mordante. le ton change cependant dans la deuxième partie où le héros s'enfonce dans la tragédie, Biz réussit à exprimer les émotions, la stupeur, la douleur, le remords…

Un court roman, plus noir que rose, mais qui vaut la peine d'être lu.
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Biz, un auteur que j'aime bien. Un amoureux de la langue française. Un homme engagé, qui dénonce. J'ai toujours aimé le propos des chansons des Loco Locass, leur position politique. Je l'ai retrouvé un peu dans ce court roman, du moins dans le premier tiers du bouquin. Biz y dénonce l'absurdité des remaniements ministériels, des coupures qu'un gouvernement fait sans réfléchir et des fonds publics dilapidés d'un façon qui n'est pas toujours des plus judicieuse. Pour quiconque scandalisé par le mesures d'austérité de notre beau gouvernement, ce premier tiers du roman vous enragera plus encore.
Et puis, survient l'impensable, l'horreur. Et là, c'est une décente aux enfers. L'histoire vous happe, vous prends dans les tripes...
Un livre dur, mais un livre à lire.
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J'aime bien Biz. J'ai d'ailleurs acheté son livre après l'avoir vu à la télévision. Je ne savais pas qu'il écrivait et je trouvais qu'il parlait bien de son retrait de la vie publique, de son goût pour l'écriture, de comment il avait pris le temps de ciseler chaque mot de son roman.

Mais c'est, selon moi, le problème de son livre. Plaquer ici ou là, sur un texte plutôt morne, quelques mots ou expressions recherchés ne relève pas le style. Au contraire, cela crée des ruptures qui font que la lecture perd de sa fluidité, devient irritante. Par exemple:

"Elle a déposé son livre et s'est tournée sur le côté pour m'enfouir la tête entre ses seins. Blotti dans la douceur de ses outres lactées, la fin du monde pouvait survenir."

Désolé mais "Blotti dans la douceur de ses outres lactées", j'ai du mal... Ça sonne creux, factice, clinquant...

Quant à l'histoire, elle reprend un fait divers québécois d'il y a quelques années. Je ne sais pas si l'auteur s'en est seulement servi comme point de départ ou si le roman colle à la réalité mais, honnêtement, la descente aux enfers tellement encensée par la critique médiatique fait patate, selon moi.

Il y avait pourtant matière... Mais on n'explore pas grand-chose de la souffrance, de la culpabilité, de la remise en question du personnage. On reste à la surface, au niveau des banalités... C'est froid, sans âme.

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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Avec la distance, il est facile de distribuer les verdicts de culpabilité. La vérité, c’est qu’au théâtre de l’Histoire, chacun joue son rôle et ignore les détails de la pièce. Il faut imaginer des acteurs qui n’ont accès qu’à leur propre texte et qui ignorent tout de l’issue du drame. Seuls l’auteur et le metteur en scène peuvent être tenus responsables du résultat des actions des personnages. Quant au public, il assiste impuissant à la narration des événements.
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J’étais dans la maison des fous. La folie, ce n’est pas de hurler durant un incendie, mais d’agir normalement alors que la maison brûle.
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Les femmes en général, et la mienne en particulier, pouvaient se montrer d’une rudesse inouïe envers les objets, elles pourtant si douces et maternelles avec leur bébé. A contrario, comment des hommes aussi attentionnés envers leurs outils pouvaient-ils être aussi négligents avec les humains ?

(Leméac, p.55)
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En l'enlevant (son t-shirt), il a révélé un dos d'une rare pubescence. Paradoxalement, une calvitie avancée lui faisait une tonsure parfaite sur le haut du crâne. Ses poils étaient comme la richesse mondiale : abondants mais mal répartis. Il n'y a pas de justice.
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-Caca, papa. Papa, caca!
Il indiquait une bouse de chien avec ravissement. En plus de ses babils complexes, il connaissait trois mots : maman, papa et caca. Trois termes qui synthétisaient les fondements de son existence. J'avais toujours trouvé injuste la proximité phonétique entre caca et papa. C'était sans doute très malsain pour le développement d'un enfant d'associer son père à quelque chose de mou et malodorant. Comparé au mielleux miam-miam de maman, papa partait avec deux prises.
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