L'un des meilleurs écrivains espagnols,
Vicente Blasco Ibanez, arrive à Menton en 1922 pour s'installer au bord de la baie de Caravan dans la villa Fontana Rosa que l'on peut visiter avec ses magnifiques jardins lors des journées du Patrimoine grâce aux efforts diligents du Cercle
Vicente Blasco Ibanez. L'écrivain séjournera près de six ans sur la Côte d'Azur avant de mourir à Menton en 1928. A Nice, une modeste rue de Cimiez ne comprenant que quatre numéros porte son nom. Un peu oublié, du moins en France,
Blasco Ibanez reste une figure majeure de la littérature espagnole.
Ses récits sur la vie à Nice et sur la Côte dans les années qui précèdent et suivent la Guerre de 1914-1918 nous intéressent à plus d'un titre. D'abord par leur qualité littéraire qui nous rappelle dans leur concision les nouvelles
De Maupassant ou de Tchekov ; et puis par leur caractère de témoignage sociologique sur ce monde des hivernants fortunés dont le destin bascule parfois lorsqu'ils sont Russes avec la révolution bolchevique.
« le vieux de la Promenade des Anglais » nous présente un exilé russe, Fedor Ignatieff qui, après avoir vécu avec une certaine inconscience dans un luxe facilité par les largesses de son frère, riche propriétaire de mines en Sibérie, devra affronter une quasi-misère lorsque la Révolution viendra anéantir son monde douillet. La femme mariée qu'il avait aimée, Véra Alexandrovna, plus courageuse que
lui, étant répartie en Russie rejoindre son mari, disparait de sa vie. Il avait découvert avec elle le mot
amour lorsque Véra «
lui avait accordé tout ce qu'il avait osé
lui demander, au moment où d'ordinaire il se détournait d'une femme ». Des années plus tard, lorsque Véra revient à Nice, Fédor ne la reconnait pas. Leur
amour n'est pas totalement éteint, mais ils ne parviennent pas à le faire renaître. le récit s'achève sur ce constat de Fédor : « Peut-on ressusciter l'
amour quand on est pauvre ? Et pensant à son âge « La vieillesse est-il pire pauvreté ? »
Dans « Coucher de soleil », situé à Roquebrune, notre auteur dépeint un milliardaire américain,
James Baldwin, qui rencontre à la fin de sa vie la femme qu'il a admirée et désirée quand il était pauvre, la duchesse de Pontecorvo. Celle-ci devenue
une vieille dame, émue de cette déclaration, ne peut que li demander : « Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit plus tôt ? »