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EAN : 9791040503859
460 pages
Librinova (19/04/2022)
4.57/5   14 notes
Résumé :
Juillet 1890. Épouse charmante et respectable, Gwenn aurait dû naître, grandir et mourir dans son village du Finistère. Mais lorsque son chemin croise celui d’un artiste inspiré par Quimper, son existence chavire. Alors qu’elle vend son lait sur la place Médard, cet homme admiratif, à qui elle n’a pourtant rien demandé, croque son portrait. Pour cet affront, son mari la marque au fer rouge. Sa vie et son avenir s’en trouvent transfigurés. Ses descendantes, porteuses... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne pensais pas prendre autant de plaisir à la lecture de Place Médard de Roland Boudarel !
Dès les premières pages j'ai été embarquée par le destin de cette jeune Gwenn née en 1862.
Son existence chavire en 1890 lorsqu'en vendant le lait de ses vaches, au marché de la place Médard, à Quimper, elle croise le chemin d'un artiste inspiré par cette ville. Celui-ci, admiratif, croque son portrait. Elle devra alors affronter le courroux de son mari et sera marquée au fer rouge.
L'intrigue nous entraîne ensuite à suivre le destin de plusieurs générations nous permettant de descendre l'arbre généalogique et ce jusqu'à nos jours. Chaque chapitre est consacré à un ou une des descendants de Gwenn et porte son nom.
Roland Boudard m'a fait vivre une belle évasion, à la fois dans l'espace et dans le temps.
Il m'a fait voyager à Quimper, à Paris, à Montmeyran dans la Drôme, en Algérie, (Orane, l'une des descendantes retrouvant d'ailleurs dans Sétif des similitudes avec Valence), en Toscane, sur les rives du lac d'Annecy, ou encore à Lyon ou Saint-Étienne…
Il m'a également fait traverser avec les différents personnages un siècle et demi d'Histoire, leurs destins souvent façonnés soit par les coutumes et croyances de l'époque, soit par les faits historiques mêmes comme la deuxième guerre mondiale et la période d'épuration qui suivit, la guerre d'Algérie et le retour des « pieds noirs » ou mai 1968, sans oublier le bagne de la Nouvelle Calédonie.
Avec Place Médard, Roland Boudarel, en traversant les époques, nous fait vivre très naturellement, jamais de façon didactique, les changements intervenus dans la société au fil des années, avec à la fois une modification des habitudes de vie et des comportements.
Surtout, il m'a fait vibrer avec ces personnes et notamment ces femmes d'une force et d'un courage inaltérables face aux aléas de la vie, ces femmes fières qui ont voulu vivre libres et qui ont eu souvent maintes difficultés à exprimer leurs sentiments, ce qui fait dire d'ailleurs à l'un des protagonistes « Dans cette famille, les femmes ne pouvaient et ne savaient pas vivre ensemble ».
Toutes sont porteuses d'un héritage tragique dont elles ignorent tout et toutes ressentent cette histoire jusque dans leur chair. Il est d'ailleurs de plus en plus précisé par les scientifiques du fait que, même si l'on n'a pas conscience d'avoir reçu un passé traumatique, celui-ci peut s'insinuer dans notre psychisme de diverses manières.
Outre cet héritage tragique que chacune ressentira tour à tour, un autre fil rouge accompagne ce roman. Il s'agit d'un dessin, d'une sanguine représentant le Duomo de Florence, le peintre Giotto et Santa Reparata, patronne de Florence, seul souvenir laissé par un père que Gwenn n'a jamais connu.
Si ces femmes restent inoubliables après la lecture de ce roman, ce sont également les arts, partie intégrante du récit qui lui donnent une aura supplémentaire.
C'est avec beaucoup de poésie et de sensibilité que Roland Boudarel fait revivre le quartier de Montparnasse en imaginant ce fameux magasin de couleurs « la Palette de la Ruche ». Un petit clin d'oeil à Annonay dans l'Ardèche, petite ville proche de mon domicile, et à sa célèbre Manufacture Canson et Montgolfier m'a surprise et ravie.
Les livres, ces amis indispensables, occupent une place importante, notamment pour Gwen « Même si je ne lisais qu'une dizaine de minutes, cela suffisait à mon bonheur », et pour Marianne « Ce sont mes amis de papier et de poussière. Ils ne me déçoivent jamais ».
Le théâtre en passionne aussi plusieurs de même que la musique et le concerto n° 2 de Mendelssohn en émerveillera plus d'une…
Des passages que je qualifierais de sublimes m'ont bouleversée par leur délicatesse et leur sensualité, telle cette nuit d'amour entre Hans et Orane devenus septuagénaires.
Place Médard, quatrième ouvrage mais premier roman de Roland Boudarel, se lit d'un trait tant il est riche en émotions et c'est avec enthousiasme que l'on découvre ces personnages si attachants, tous profondément humains sur lesquels pèse un lourd secret.
C'est chaleureusement et sincèrement que je remercie Roland Boudarel, ce voisin que j'espère un jour rencontrer, sans doute pas, Place Médard, mais plutôt en Drôme ou Ardèche !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Tout d'abord, merci à l'auteur, Roland Boudarel et à NetGalley qui m'ont permis de lire "Place Médard".
J'ai passé un agréable moment au sein de cette famille un peu particulière.
Chaque chapitre est consacré à un membre de cette famille et constitue donc un arbre généalogique descendant.
Deux fils rouges, très importants, courent tout au long de leur histoire. Ce sont des liens :
* Une sanguine qui représente le Duomo de Florence et Giotto, "l'un des bâtisseurs de ce Duomo"
* le concerto n° 2 de Mendelssohn
Tout débute avec Gwenn, née le 11 novembre 1862, de père absent. Il lui a juste légué la sanguine. Elle vend le lait de ses vaches place Médard à Quimper.
Et se termine avec Loïs, en 2025.
Il est impossible de résumer leur parcours foisonnant. Il vaut mieux lire ce livre habité par des femmes blessées mais fortes, marquées, mais toujours debout. Les hommes ne sont pas totalement absents, mais leur rôle est moins important. Oserai-je dire subalterne ?
Encore merci à l'auteur pour cette belle découverte.
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Nous commençons ce roman foisonnant dans le Finistère, en particulier à Quimper, sur la place Médard, en 1890, en compagnie de Gwenn,la laitière, qui inspire un peintre qui en fera son portrait; celui-ci va entraîner le malheur de Gwenn et marquera à jamais les femmes de sa lignée. Roland Boudarel nous emmène de Quimper à Paris, Sétif en Algérie, Lyon, la Toscane, Annecy, et pour clôturer son roman de nouveau à Quimper, en 2025. Nous faisons connaissance de toutes ces femmes, descendantes de Gwenn, volontaires, libres, prêtes à se battre pour ce en quoi elles croient. Mais ce sont aussi des femmes qui ont manqué d'amour maternel et sont devenues des femmes glaciales, ne pouvant offrir de l'amour à leur mari.
Un des fils conducteurs de cette lignée, c'est une sanguine représentant le Duomo de Florence, le peintre Giotto et Santa Reparata, patronne de Florence. C'est le seul souvenir que Gwenn avait de son père, qu'elle n'a pas connu. Cette sanguine réapparait avec chaque personnage qui n'y voit qu'un tableau alors que c'est le lien qui les unit tous.
Un autre fil, c'est le sein que Gwenn a eu marqué au fer rouge de la lettre P pour "pute"; la plupart de ses descendantes verront leur sein également marqué (par le fer pendant l'épuration après la 2ème guerre mondiale, par le cancer, par un tatouage...).
Enfin, la musique, comme émotion pure, est aussi un lien fort entre les personnages, qui déclenche des émotions puissantes : Mendelssohn, les cloches de Sétif rapatriées en France.
Ce roman traite avec brio de la mémoire transgénérationnelle des traumatismes qui explique parfois le mal-être de descendants qui ressentent des émotions, des peurs qu'ils ne peuvent expliquer et qui sont souvent incomprises par l'entourage.
Il offre également un arrière-plan historique fort intéressant de la fin du 19ème siècle au 21ème siècle sans que cela ne soit pesant et ne prenne le pas sur la fiction (le bagne de Nouvelle-Calédonie, l'Algérie avant et après le guerre, le sort des pieds-noirs....).
Ce roman m'a passionnée, pas seulement parce qu'il exalte les beautés du Finistère où je vis, mais surtout pour ces personnages de femmes attachants, ces liens difficiles entre mère et fille, pour les marques du passé que chacun(e) d'entre nous porte en soi, enfouies, jusqu'à ce qu'un lieu, une odeur, un son... nous fassent tressaillir.
Je remercie NetGalley et l'auteur, qui m'a proposé avec confiance son premier roman; je leur souhaite à tous deux tout le succès qu'ils méritent.
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J'ai ouvert la liseuse « juste pour voir » le début de ce roman si gentiment offert par l'auteur(que je remercie). Sept heures de lecture plus tard je quitte la place Médard, et la verrai d'un autre oeil la prochaine fois que j'irai à Quimper.
C'est une saga familiale telle qu'on les aime, bien écrite et sans fioritures.
L'histoire de cette famille finistérienne débute en 1890 et se termine cette année., ou peut-être même en 23.
Du roman on retient surtout une lignée de femmes fortes et courageuses qui ont su prendre leur destin en main malgré des vies difficiles : Orane, Giulia, Marianne, Lucie.. suivront Gwenn et son grand malheur. Des hommes aussi, mais plus taiseux.
Sur plus d'un siècle, il y a eu aussi beaucoup d'éloignements très lointains ,mais Loïs en 2020 va boucler la boucle. La place Médard traverse le temps. Les longs chapitres suivent les générations les unes après les autres, facilitant la lecture.
Une belle lecture d'été.
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Ce que l'on aime :

La perspective unique sur le ressenti des
protagonistes. En changeant de narrateur à
chaque génération, l'auteur nous permet une
meilleure compréhension des membres de cette
famille. Il nous évite une prise de position trop
sévère ou injuste. Orane mère s'explique par
Orane fille, et ainsi de suite. Sans rendre
chaque action justifiable, Roland Boudarel
invite judicieusement à la clémence universelle.

Ces petites touches de mélancolie et
nostalgie que l'on croise sporadiquement.
La librairie de Quimper devenue salon de
tatouage ou cette sanguine de Florence, dont
nous sommes les derniers légataires à
connaître les origines, deviennent des clins
d'oeil attendrissants aux générations passées.
Sans jamais être forcés, ils provoquent une
immédiate affinité de notre part, comme si
l'on était les gardiens du secret.

La discrète et rigoureuse analyse du
traumatisme. On éprouve parfois le besoin de
hurler à ces personnes de papier leur héritage
pour les aider à vaincre leurs démons. Roland
Boudarel construit une généalogie qui souffre
du silence de ses ancêtres sans arriver à rompre
le schéma avec sa descendance. La pertinence du
travail de mémoire en tant que libérateur de
parole prend tout son sens ici.

( Librinova )


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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Tout en moi semblait sortir d’une hibernation depuis longtemps estampillée sans retour. Jamais je n’aurais cru pouvoir ressentir à nouveau cette fulguration-là. Il approcha sa bouche, et s’arrêta lorsque j’en discernais la présence impatiente. Il attendit que ces courts instants durent une éternité, puis son souffle léger devint d’un velouté à peine entrouvert, juste perceptible. Hans commença à m’emmener. J’eus l’impression d’être étendue sur les ailes d’un papillon. Mon corps s’abandonnait peu à peu, mes autres lèvres éclosaient au contact de cette pointe tout aussi ferme que douce et tout en moi s’embrasa. Il me dévoilait avec précision, tendresse, simplicité, à la perfection. Ses mains libérées inventaient des latitudes frémissantes en un ailleurs méthodique. Sa langue, telle une part de moi, repoussait le dernier verrou pour atteindre cette terre inconnue. Sans carte ni boussole, je décidai de m’y perdre.
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- Les Français poussent leur arrogance à imaginer que leur passage dans ce monde consiste à apporter les Lumières, mais aussi à imposer leur perception de la vérité à la planète entière. Je fuis Florence l’été, car je ne supporte pas ces troupeaux de Français, qui sont autant de Napoléon en puissance, à la conquête de nos villages. Observe et écoute une terrasse avec des touristes français et tu verras. J’ai cru comprendre que si ce sont des Parisiens, c’est encore pire.
Il rit à nouveau, heureux d’avoir pu se moquer.
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Même depuis mon arrivée chez les Penmarc’h, je continuai à lire. Une fois que les autres dormaient, après avoir ravaudé seule près de la cheminée, je profitais des dernières lueurs des flammes pour me plonger dans mes histoires. Je lézardais les murs de la ferme. Grâce à ces personnages, ces paysages, ces époques différentes, je m’échappais, fuyais, puis m’enfuyais et m’évadais. Même si je ne lisais qu’une dizaine de minutes, cela suffisait à mon bonheur. Je passais alors une nuit reposante, malgré les ronflements et les bruits du père dans le lit d’à côté.
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Je rentre chez moi, mon mari me laisse en paix, par indifférence. Lui, il aime le golf, la voile, la moto, la chasse, mais la chasse de luxe, pas celle du sketch des Inconnus. C’est la même que l’autre, mais ils ont remplacé la bière par des bordeaux, et les saucisses par des omelettes aux truffes. Il passe son temps libre avec ses pseudo-amis. Ils comparent le volume de leurs comptes en banque, de leurs actions, se réjouissent en cachette lorsque l’un d’entre eux faiblit.
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Apprivoise ton passé, même s’il te paraît anonyme. Certains psychologues et scientifiques commencent à démontrer que nous ne sommes pas uniquement les héritiers génétiques de notre famille. Ils pensent que nous devenons tout autant les légataires des souffrances de ceux qui nous ont précédés, de leurs expériences, de leurs vies.
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