Une discussion au sujet de Frédéric II et ses biographies, avec Bazar et Foxfire, sur notre forum des Trolls de Babel, m'a amenée à récupérer ce livre en e-book (vive les liseuses ! Sisi, la rétrograde que je suis est enthousiaste sur le fait que certains bouquins introuvables en papier sont très facilement accessibles par ce biais !).
Je lisais à ce moment-là, le "Frédéric II" de Gouguenheim. Pour passionnant qu'il soit, il est quand même très difficile à lire, car c'est un véritable travail de synthèse exhaustif. du coup, cette biographie "temporellement linéaire" est une bouffée d'air frais.
Contrairement à ce que je croyais au départ, P. Boulle a plus fait un travail d'historien que de romancier, même si, par moments, il extrapole ou imagine certaines discussions. C'est très documenté, mais très facile à lire par rapport à l'autre livre. Il faut dire que Boulle se concentre exclusivement sur une assez courte période de la vie de Frédéric II, et les personnages importants de cette période.
Après une mise en place de son accession au pouvoir dans une première partie, et des liens que l'Empereur crée avec les personnes importantes pour la croisade, la seconde partie entre dans le vif du sujet avec cette fameuse croisade "sans morts" et la toute aussi fameuse croisade du pape Grégoire IX contre lui, avec plein de morts, là, par contre.
P. Boulle a le don de mettre en perspective les tenants et aboutissants de la situation dans laquelle se trouvait Frédéric II quand il est ENFIN parti pour la croisade, d'une façon limpide, et, je m'excuse pour M. Gouguenheim, mais j'ai enfin enregistré tout cela de façon, je pense, définitive. Par comparaison, Gouguenheim a voulu tellement faire du factuel et du rapport de politique, d'actes et de situations, par secteurs, à la fois géographiques et "sociaux-politico-économiques", que le lecteur amateur est un peu perdu, d'autant plus que son livre n'est pas linéaire dans le temps.
Au contraire, Boulle croise au même moment tout ce qu'il se passe dans l'empire de Frédéric II, amenant son lecteur, par ses réflexions, à mieux comprendre l'ensemble du contexte motivant les décisions de l'Empereur.
Celui-ci, au final, apparaît dans sa biographie comme un être très isolé intellectuellement, sans doute, qui avait trouvé en la personne de Fachr Ed Dine un interlocuteur (voire un ami) à la hauteur de son intelligence. 20 ans plus tard, bien après la mort de l'Empereur, Fachr Ed Dine mourra pendant la croisade de Saint Louis, portant toujours sur sa bannière les armoiries de Frédéric II, un bel exemple de fidélité amicale entre personnes radicalement différentes, et rien qu'à ce titre, à l'époque, Frédéric II peut être considéré comme un homme de pouvoir exceptionnellement ouvert et tolérant. Qui suscitait en outre une loyauté impressionnante chez ses proches collaborateurs et amis. le décès du chef des chevaliers teutoniques, Hermann von Salza, son médiateur très fin dans ses démêlés avec les papes, signe la fin de ses espoirs sur une réconciliation possible avec la papauté.
Qui, une fois de plus, ne sort pas grandie de cette lecture... La soif de pouvoir des papes de l'époque médiévale est proprement sidérante... Et les reproches que leur adressait Frédéric II on ne peut plus justifiés, de mon point de vue. Quand la religion de mêle de politique, c'est la fin des haricots pour le peuple naïf et manipulable, on en a la preuve tous les jours... Si la Révolution a eu un effet positif chez nous, ça a au moins été de séparer l'Etat de l'Eglise, nom d'une pipe en bois !!!
(J'ai enlevé une demi-étoile parce que j'aurais bien aimé que Boulle nous fasse une biographie "entière", en fait... Je crois que je peux la remettre...)
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Alors que le succès (ndr : des négociations) était en vue, Frédéric reçut de très mauvaises nouvelles de son royaume de Sicile. Les troupes pontificales l'avaient envahi. Pendant que l'Empereur négociait la restitution des Lieux Saints, Grégoire IX avait lancé sa propre croisade contre l'excommunié, croisade aussi belliqueuse et meurtrière que celle de Frédéric était pacifique. [...] Le chroniqueur Mathieu Paris dit à ce sujet : "Vers le même temps, le pape Grégoire... se décida donc, en voyant son opiniatreté et sa révolte (de Frédéric) à le renverser du trône impérial et à en élever un autre à sa place, qui serait pour le Saint-Siège un fils de paix et d'obéissance."
Il apparait bien que telle était l'intention de Grégoire IX. Ce fils de paix et d'obéissance n'était autre que Jean de Brienne, l'ex-roi de Jérusalem, qui n'avait pas pardonné son évincement à l'Empereur. Il avait fait alliance avec les troupes pontificales et les pires ennemis de Frédéric, les féodaux qu'il avait eu tant de mal à soumettre et qui s'étaient soulevés, profitant de son absence. Tous ces alliés avaient envahi le royaume, mettant le feu aux villages, enlevant les troupeaux, torturant les prisonniers et les obligeant à payer de grosses rançons.
Les troupes étaient payées par le trésor apostolique et Grégoire IX n'épargna rien pour le succès de son entreprise, qui était d'abord la conquête de la Sicile, avant la déposition de Frédéric.
Un personnage hors du commun, tel était bien, je crois, Frédéric de Hohenstaufen, petit-fils de Barberousse, cet empereur mathématicien, poète, linguiste, grand chasseur devant l'éternel, paillard sans doute, rusé parfois jusqu'à la fourberie et cruel à ses heures, ce prince héritier d'un domaine en décomposition qui se passionna pour les philosophes grecs et la civilisation arabe et qui, ayant fait le serment de se croiser, mais excommunié et honni par l'Eglise, organisa tout de même à sa façon sa propre croisade et rendit Jérusalem à la chrétienté sans faire couler une goutte de sang, tandis que le pape Grégoire IX, mis en fureur par cette outrecuidance, envahissait son royaume de Sicile et faisait prêcher dans le monde une croisade parallèle contre lui (croisade sanglante et dévastatrice, celle-là).
(Introduction)
En conclusion, en ce mois de juin 1228, la situation ne s'était jamais aussi mal présentée pour l'Empereur. Du côté musulman, les négociations étaient compromises par la mort d'Al Mouazzan. Du côté allié, il ne pouvait plus prétendre au titre de roi de Jérusalem. Enfin, croisé pour la délivrance des Lieux Saints, il était excommunié par le pape, interdit, mis au pilori du monde chrétien, ce qui lui enlevait du même coup l'appui précieux des Templiers et des Hospitaliers.
C'est ce moment même que choisit ce prince déconcertant, Stupor Mundi, c'est à cet instant où tout allait mal qu'il décida de s'embarquer et d'entreprendre la délivrance de Jérusalem, suivant le serment qu'il avait fait treize années auparavant.
L'émir (Fachr ed-Dine, ambassadeur d'Al-Kamil) semble avoir été très fier de sa promotion de chevalier chrétien, qui devait provoquer également une certaine sensation dans le monde musulman. Il fit fixer sur sa bannière les armes de l'Empereur et les porta toute sa vie.
Pas facile d'être une tortue ! Caroline est véritablement un membre de la famille à part entière, mais elle ne peut pas toujours participer aux promenades et aux jeux de son Bill adoré au même rythme que les autres. Boule et Bill vont redoubler d'inventivité pour lui faire plaisir et l'impliquer davantage... Attention, Bill n'a qu'à se tenir à Caro et tout ira bien !
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