Julia von
Kleist est l'héritière des industries von Flürga, dont son mari Ulrich von
Kleist, jeune aristocrate désargenté, a repris les rênes après en avoir assuré leur tournant vers l'aéronautique. Ancien pilote de chasse de la Luftwaffe, il s'est illustré durant la Grande Guerre, notamment aux côtés d'un certain Hermann Göring. Resté son ami, celui-ci est peu à peu rejeté par la famille
Von Kleist : sans le sou - rejet de classe de la part de ce nouveau riche - et craint notamment pour ses idées politiques de plus en plus violemment tranchées (« une espèce de folie luit désormais dans son regard », p. 13). C'est sans compter la progressive mais non moins fulgurante ascension politique de Göring... Il est de bon ton alors de reprendre contact avec lui, et de cultiver de bonnes relations avec ces nazis qui semblent élever la force en dogme et leur permettraient au moins de faire le « ménage » face à l'autre parti qui monte, le Parti communiste, et qui semble les menacer dans leur propre intégrité, celle de leur capital. Craignant donc de perdre leur patrimoine, ils préfèrent allier la puissance de leur argent et de leur activité industrielle avec ce qui leur semble pourtant être un parti dangereux pour leur orgueil de propriétaires : « aie confiance en moi ! C'est nous, les industriels qui détenons les finances, tu sais. Tout s'arrangera. » (p. 30). Tout ne va pas se passer comme ça, bien évidemment... Un texte qui résonne étrangement avec le Goncourt 2017, "L'ordre du jour ", d'Éric Vuillard.
Ce scénario, malgré ses faiblesses, allié à un dessin parfois trop imprécis - des formes de visages involontairement cubistes - arrivent à vous embarquer et vous donner envie de lire la suite.
L'amour (ou pas) est également présent avec Julia, son mari, sa maîtresse, et son propre amant, Gustav Foerster. Tous ces personnages gravitent ensemble dans l'ombre de la montée en puissance du NSDAP, micro-parti d'un certain
Adolf Hitler, en 1920. En 1932, date à laquelle se termine ce premier tome, il vient d'obtenir 36,8% face à Hindenburg (qui remporte les élections avec 53% des voix).
Il est désormais incontournable... et, de plus en plus effroyable.
Lu en décembre 2017.