Il y a deux manières fondamentales antithétiques et inconciliables de concevoir la philosophie. On peut la voir comme une activité de construction théorique qui, nécessairement, se situe plus ou moins dans la continuité de celle de la science et qui ne se distingue de celle-ci que par une généralité et une abstraction plus grande, ou bien comme une activité ou un exercice qu'on entreprend d'abord sur soi-même, qui porte sur la façon dont on voit le monde et sur ce qu'on en attend, un travail d'analyse et de réforme de soi, qu'on peut éventuellement aider les autres à réaliser sur eux-mêmes, mais que chacun doit entreprendre pour soi. C'est la conception de Wittgenstein, qui le rapproche plus de certains moralistes de l'antiquité que de Russell ou de Carnap. A cela correspond, d'ailleurs, chez lui un recours fréquent à la forme dialoguée, avec, d'un côté, la voix de la tentation et, de l'autre, la voix de la correction ou, si l'on préfère, d'un coté le philosophe qu'il y a en chacun de nous et ce qu'il a envie de dire et, de l'autre, le philosophe thérapeute. Dans ce cas, la philosophie et la science n'ont évidemment pas grand-chose à se dire l'une à l'autre. Wittgenstein soutient explicitement, dans les Recherches philosophiques, que la caractéristique d'un problème philosophique, c'est que sa solution ne dépend jamais de l'acquisition d'une connaissance ou d'une information nouvelle. La philosophie est exclusivement pour lui une affaire de clarification conceptuelle ou grammaticale, comme il dit. Mais c'est aussi, évidemment, une façon d'essayer d'être au clair sur soi-même et avec soi-même.
Il en résulte une conséquence qu'on n’aperçoit pas toujours immédiatement, mais que Wittgenstein tire lui-même explicitement qui semble avoir été fondamentale pour lui : la caractéristique d'un problème philosophique est qu'il peut toujours être résolu complètement au moment où il se pose. Cela peut paraître surprenant mais, si c'était vrai, ce serait assez réconfortant. A l'inverse, si on rapproche la méthode de la philosophie de celle de la science, il doit y avoir en philosophie une idée de progrès, de correction progressive, du même genre que celle qui a cours dans les sciences : on ne peut espérer résoudre les problèmes Hic et nunc, car leur solution peut dépendre de faits que nous ne connaissons pas encore et de concepts dont nous ne disposons pas encore.
La sagesse n’implique, bien entendu, aucunement l’approbation sans réserve de la réalité telle qu’elle est, avec tout ce qu’elle comporte de désordre, de violence, d’injustice et de misère, et non plus la capacité à la supporter sereinement. Elle implique certes l’aptitude à conserver une distance ironique et une autonomie aussi grande que possible par rapport à la réalité extérieure, mais elle est aussi un compromis entre le détachement auquel on aspire et la révolte qui persiste à la fois comme une réaction naturelle et comme un devoir.
Jean-Claude Monod vous présente son ouvrage "La raison et la colère : un hommage philosophico-politique à Jacques Bouveresse" aux éditions du Seuil.
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