“Je délaissai alors l'histoire de Rose, écartelé entre l'impatience de connaître la suite et le soulagement d'abandonner pour quelques heures l'innommable vérité qui se dessinait sous mes yeux. »
Cette phrase du prêtre Gabriel, tirée d'un des premiers chapitres du roman, synthétise bien mes sentiments lors de ma lecture.
Innommable effectivement cette situation de misère qui amène un père à vendre sa fille, innommables les événements que cette enfant devra endurer. Ceux-ci me révulsaient et délaisser un instant la lecture me faisait respirer.
Mais en même temps désir de connaître la suite de cette histoire terrible, désir habilement suscité et entretenu par le suspense créé par l'auteur,
Franck Bouysse.
Les caractères des protagonistes sont bien exposés par celui-ci à commencer évidemment par celui de Rose, petite fille de 14 ans a la vie parsemée d'événements tragiques, mais je ne puis oublier les autres : Gabriel le curé, Onésime le père de Rose, Edmond le palefrenier ainsi que les personnages détestables : le Maître , la vieille et le Docteur.
Aucune horreur ne nous est épargnée : viol, séquestration, meurtres, malgré cela
Franck Bouysse réussit à captiver son lectorat, jusqu'à nous entraîner vers un épilogue surprenant.
Il nous relate également les pensées de ses protagonistes, nous fait une peinture sociale de l'époque, nous donne de très belles pages sur l'éveil de la sensualité, sur la condition de la femme et sur le pouvoir des mots :
« Les mots, j'ai appris à les aimer tous, les simples et les compliqués que je lisais dans le journal du maître, ceux que je ne comprends pas toujours et que j'aime quand même, juste parce qu'ils sonnent bien. La musique qui en sort souvent est capable de m'emmener ailleurs, de me faire voyager en faisant taire ce qu'ils ont dans le ventre, pour faire place à quelque chose de supérieur qui est du rêve. »
Un véritable travail d'écrivain !