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sur 12482 notes
La fin du livre.
451 degrés Fahrenheit, c'est la température nécessaire pour qu'un livre s'enflamme et se consume. Les pompiers sont chargés de réaliser les autodafés. Lire est impossible. D'ailleurs, personne n'en a envie. Mais plus qu'une société sans livres, c'est une société sans âme, sans vie, qui y est décrite.

19/10/2010
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Impensable : un futur où les livres sont brûlés, les murs des écrans remplis d'émissions et de sports (!), une jeune fille qui est folle parce qu'elle pose des questions, une épouse presque inconnue, et des vies ternes à qui on a enlevé la curiosité, l'initiative, l'excentricité et j'en passe. Et notre héros, Montag, qui a un métier qui a bien changé : il est pompier, mais plutôt que de l'éteindre, il le met, le feu... aux livres de ces propriétaires criminels. Et peu à peu, il y réfléchi : qu'est-ce que ce monde-là ? Un futur où le livre est une arme, les lecteurs des terroristes. Roman culte incontournable qu'on ne voudrait pas visionnaire,, fait de tas d'objets, d'habitudes, de phrases qui font réagir en principe.. A détruire seulement les livres : "On ne faisait de mal à personne, on ne faisait du mal qu'aux choses" ! le vide ne fait pas souffrir. Quand la sécurité et la tranquilité passe par l'extinction des cerveaux, pour le bien commun. Rendre tout le monde égaux en tirant vers le bas. D'actualité dites-vous ? Je ne voudrai surtout pas en faire un résumé : à (re)-lire absolument, sans tarder même.
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Si j'avais été à Daraya au temps où ses " passeurs de livres " vous offraient la possibilité de mieux penser le monde en empruntant quelques-uns de leurs ouvrages rayonnés dans leur bibliothèque souterraine, nul doute qu'un de mes choix se serait porté sur - Fahrenheit 451- de Ray Bradbury.

Comment mieux faire écho en effet à cette passion pour les livres et aux valeurs qu'ils contiennent qu'en re-lisant ce roman dystopique écrit en 1953, chef-d'oeuvre de la SF dont les personnages centraux sont les livres ?

Un merci donc à Delphine Minoui et à " ses passeurs " qui m'ont donné envie de me replonger dans cet univers " chaud bouillant "!

Parmi les classiques de la SF, les géants garde-fous de l'anticipation littéraire ( philosophique, politique, poétique...), les absolument incontournables, il y a naturellement - 1984 - de George Orwell, - le meilleur des mondes - d'Aldous Huxley -, - Un bonheur insoutenable - d'Ira Levin, - Kallocaïne - de Karin Boye – et naturellement - Fahrenheit 451 - de Ray Bradbury.

Tous ont en commun de proposer des univers coercitifs dans lesquels l'homme ne serait heureux qu'en déléguant ce qui le caractérise en tant qu'homme à un système totalitaire ayant pour vocation de lui imposer un bonheur " allant-de-soi "... à condition de ne pas aller contre lui en dérogeant à ses règles déshumanisantes de quelque manière que ce soit.

Penser, réfléchir, communiquer, questionner, se réunir, se déplacer, aimer, rêver, créer, écrire et lire ne sont admis que dans l'espace étroit consenti par ces totalitarismes dont les armes sont l'histoire revisitée, la réalité soumise au narratif qui les sert, l'illusion, la propagande, le mensonge, la délation et la guerre.

Leurs sociétés sont ordonnées, structurées, hiérarchisées à partir d'une verticalité du pouvoir intangible, inquestionnable, indiscutable, infrangible.
Votre liberté s'arrête là où elle n'a jamais commencé.
Le livre, qui synthétise ce que je viens d'énoncer, a été, est et sera toujours l'ennemi de ces régimes.

Le roman de Bradbury met en scène une caserne de pompiers. Pas les soldats du feu dont nous louons le courage à combattre des incendies et à lutter contre des sinistres.
Ces pompiers-là sont au contraire des pyromanes armés de lances qui crachent de l'essence.
Ils sont armés d'igniteurs prêts à enflammer le carburant contenu dans le réservoir de leur " salamandre ".
Quelle est leur mission ? Brûler des livres et l'habitat qui les héberge ( les livres brûlent à la température de 451 degrés Fahrenheit et 451 est le matricule de reconnaissance de ce corps des light up ) livres dont la liste de plus d'un million d'entre eux est affichée dans leur caserne.
Car les livres dans cette société non déterminée dans le futur sont jugés par " le pouvoir " comme dangereux ; une entrave, un péril au bonheur de ses citoyens.
Lire c'est accepter l'échange qui change, la contradiction qui dérange, les émotions qui bousculent.
Or le bonheur dans le monde de Montag consiste à ne pas se poser de questions, à ne pas réfléchir, à vivre dans un petit pavillon payé à tempéraments, ceint par deux, trois ou quatre murs-écrans achetés à crédit, sur lesquels sont projetés des émissions-jeux animées par des marchands de bonheur genre " Hanouna " qu'on appelle comme dans le roman d'Ira Levin - Un bonheur insoutenable - " la famille "... on y projette, effet subliminal, diraient les psys, des images, des couleurs censées stimuler le complexe hypothalamo-hypophysaire et sécréter des endorphines.
On mange pour se sustenter, on boit pour s'hydrater, on fait l'amour pour se reproduire.
Les sentiments sont réduits à leur état le plus insignifiant.
On échange à partir du plus banal.
On travaille mécaniquement.
On consomme beaucoup de psychotropes, d'antidépresseurs, d'anxiolytiques.
Pour dormir on a recours à la sédation.
Les suicides ne se comptent plus... car ils n'affectent que le suicidé.. et encore...
Guy Montag est pompier de grand-père et de père en fils.
Il a trente ans, est marié à Mildred, une " zombie " de son âge, chargée du matin au soir de pilulles du bonheur, des coquillages dans les oreilles pour écouter le bruit de l'eau qui l'apaise ou la zombifie un peu plus.
Un soir qu'il rentre du travail, il croise Clarisse McClellan, une jeune fille d'à peine dix-sept ans qui va bouleverser sa vie.
Car il est étonnant de voir une jeune fille qui se promène à pied, regarde la lune et les étoiles, respire le parfum des fleurs dans cette société où tous les gamins entre douze et seize ans passent leurs nuits au volant de jet cars à rouler à plus de 150 km/heure pour terminer souvent à feu et à sang...
L'oncle de Clarisse a été verbalisé et a passé deux jours en prison parce qu'il ne roulait qu'à 70 km/heure.
Tout doit aller vite... il ne faut pas avoir le temps de regarder, d'admirer de penser.
La vitesse obligatoire et l'interdiction de marcher à pied y contribuent...
La vie de Guy Montag va donc basculer lorsque se prenant de sympathie pour Clarisse et s'habituant à faire quelques pas avec elle le soir et surtout à parler, à échanger, à communiquer d'humain à humain, Clarisse va ébranler ses certitudes. D'abord les pompiers naguère ne mettaient pas le feu mais au contraire l'éteignaient. Montag a du mal à la croire car dans le monde où ils vivent tout est ignifugé. Mais que Clarisse en vienne à lui poser cette question : " Est-ce que vous êtes heureux ?", et là...
À cette question va s'ajouter l'incendie ou l'autodafé de trop.
Au cours de cette intervention, la propriétaire des livres va refuser de se laisser emmener par les pompiers, préférer ses livres à une vie sans eux et craquer elle-même l'allumette.
Subrepticement, Montag va glisser un livre sous son blouson...

Les personnages de ce roman sont Montag, Mildred, Clarisse, le capitaine Beatty son chef, ses coéquipiers Stoneman et Black, le professeur Faber et les "hommes-livres"... On ne se perd donc pas dans cette anticipation dystopique où le cercle des protagonistes est relativement restreint.
Les thèmes, outre le totalitarisme et quelques aspects que j'ai évoqués, sont une société de " l'immédiat dopée à l'effet médias, une allégorie de " La caverne " de Platon, la guerre mentionnée plus avant et le livre comme " péché originel ".

Écrit en 1953 il y a quelques trouvailles ( le Limier en fait partie ) sans qu'il soit de ce point de vue le plus inventif du genre.
En dehors de la thématique, ce qui retient l'attention et parfois vous la fait " perdre ", c'est le verbe très poétique de Bradbury.
Un classique à lire ou à relire.
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Cette oeuvre est bien un roman, on pourrait en douter. Il me semble que l'auteur fait oeuvre de sociologue en décrivant une société possible. D'ailleurs, cette société est-elle pire que la nôtre ? Après tout, elle est bien indolore, cette apocalypse. de plus les gens sont paisibles et regardent leur télé.
J'aime beaucoup la mise en abyme : si Montag est décrit et qu'il n'y a plus de livres, qui a narré cette histoire ? L'auteur/narrateur est donc hyperscient.
À connaître incontestablement !
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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais vous parler d'un classique du XXe siècle, Fahrenheit 451, de Ray Bradbury.

Or donc dans un futur pas si lointain, Guy Montag exerce la profession de pompier. Avec ses collègues, il intervient pour mettre le feu aux livres et aux maisons qui les contiennent pour éteindre toute curiosité intellectuelle. Montag, tout en adorant son métier, ne peut s'empêcher de douter du bien-fondé de sa mission… Que faire quand les certitudes s'effondrent ?

-Bon, Déidamie, je dois quand même te prévenir, hein. Tu vas te casser les dents sur cette critique.

-Ah bon ? Pourquoi ?

-M'enfin, c'est évident ! Plus de 10000 lecteurs sur le site, des critiques par centaines ! Qu'est-ce que tu vas dire qui n'ait pas déjà été dit ?

-Mmmmh… bah essayons, on verra bien.

Avez-vous vu que Ray Bradbury signe là un tour de force stylistique ? Dès la première page, les livres sont représentés comme des êtres vivants, victimes de brutes lâches…

-Mais évidemment que toulmonde a vu, Déidamie !

-Ah. Bon. Bradbury décrit une société abrutie et abêtie par le marketing et la brutalité élevée au rang de divertissement…

-Paraphrase !

-Ce roman dénonce avec force la bêtise, la facilité, le conformisme…

-Pffffff…

-Bon, d'accord, trop évident, j'ai compris, je te gonfle. Je vais attaquer autrement, alors. As-tu remarqué ?

-Mmh ? Remarqué quoi ?

-C'est la question que je te pose, justement : n'as-tu rien remarqué ? Ce roman contient quelque chose d'assez rare en littérature. As-tu remarqué ce que c'est ?

-Beeen… attends, laisse-moi chercher…

-Vas-y.

-Beeeen… non, je vois rien !

-Exactement. Tu ne vois rien. C'est tellement évident que tu ne t'en rends pas compte. Ca va de soi, et pourtant, non. Et c'est là, sous ton nez. C'est quoi ?

-Pfffff… chais pas.

-Bradbury exploite les cinq sens dans ce roman.

-Euuuuh… tu refais encore le coup du scoop foireux, c'est ça ?

-Pas du tout. Je m'explique. En littérature, les auteurs privilégient bien souvent la vue, l'ouïe, le toucher et le goût : quand tu pratiques l'art de faire voir et ressentir, tu n'as d'autre choix que de jouer avec ces sens. Bradbury le fait également : il décrit longuement les tableaux d'incendie, le bruit envahissant des écrans, les Coquillages, la lance dans la main de Montag…

L'un des premiers doutes de ce dernier, la première fissure visible de sa forteresse est provoquée par la vue de Clarisse. Elle-même d'ailleurs va apprendre à Montag à se servir de ses sens, non pour accomplir la fonction qu'on attend de lui, mais pour en jouir et s'émerveiller.

Bradbury fait quelque chose que je trouve rare en littérature : il offre une place importante à l'odorat.

-Rare, rare… t'exagères, Déidamie. Il y a le Parfum.

-Le Parfum recèle en effet bien des scènes olfactives mémorables, mais en même temps, c'est le thème du roman : un peu normal, ai-je envie de dire. Et sinon, tu peux me citer un roman, un passage marquant qui évoque le royaume évanescent des odeurs* ?

-Euuuh… les boules puantes chez Marcel Pagnol…

-Et puis ?

-Beeeeen… chais pas. C'est vrai, maintenant que tu le dis, je ne me souviens pas de scène à odeur marquante… Celle de Kyô peut-être, dans Fruits Basket… et encore…

-Et encore, tu as mis du temps. Et en comparaison, de quoi tu te souviens, de la vue, du toucher, du goût, de l'ouïe ?

-Alors là, comme ça… mmmh… Hulot, quand il voit Valérie pour la première fois dans La cousine Bette, Phèdre quand elle voit Hippolyte, les repas chez Maupassant, le dîner de Gervaise dans l'Assommoir, la douceur délectable des tissus au Bonheur des dames, la glace qui fond sur la langue d'Emma Bovary, le "Clunk" de la jambe de Fol-Oeil dans Harry Potter, les oiseaux qui chantent dans ce poème de Victor Hugo…

-« Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient » ?

-Oui, ça ! Hahahaha !

-Ouais, c'était bon, ça. Bref. Je sais pas si tu as remarqué, mais une liste de souvenirs s'avère bien plus longue que l'autre. Or, si je compare avec Fahrenheit 451, qu'avons-nous ?

L'odeur du pétrole, de brûlé, celui de la terre humide, des feuilles, et sans doute bien d'autres que j'oublie.

Beatty prétend que les livres sont inutiles : pourquoi disserter des heures sur ces choses qui n'existent pas ? Ils nous détournent de la réalité en nous procurant des rêves stériles, puisque dénués de fondement.

La réponse que propose Bradbury se trouve non seulement dans le fond de son texte, fond accessible que tout le monde peut saisir à la première lecture, mais également dans sa forme. En stimulant tous nos sens, absolument tous, Bradbury rappelle que les livres n'enferment pas, bien au contraire, et dénonce cette société qui annihile les sensations, où la musique assourdit, les écrans rendent aveugles. Même la nourriture n'a plus de consistance, le beurre est répandu liquide sur votre tartine. Vos sens ne sont là que pour vous aliéner.

La résistance, la réflexion ne passent pas seulement par le pur exercice intellectuel, mais aussi par la perception physique des choses, par leur manipulation. Humer, sentir, goûter, toucher, admirer : autant de verbes qui nous ancrent dans la réalité lorsqu'on les conjugue activement pour soi-même.

-Mouais… moi en tout cas, je trouve que ça manque de persos féminins, quand même, ça m'a déçue.

-Tu as Clarisse et Mildred.

-Oui, mais leurs rôles restent assez peu développés, je trouve que c'est dommage. Et puis, bon, à la fin, pas un seul prénom féminin !

-On peut supposer qu'en 1954, les femmes avaient autre chose à faire, comme tenir la maison, s'occuper de son gentil mari et des enfants…

-Hé ouais. Visionnaire pour bien des choses, mais la féminisation des études littéraires, ça, tu l'avais pas vu venir, hein, Ray ?

-Que veux-tu, on ne peut pas tout envisager! Une fille lire des livres! On va pas partir dans des extrêmes non plus.

Bref! Fahrenheit 451 est un roman de résistance, d'inquiétude face aux dictatures de la pensée, mais il est aussi bien autre chose : ce livre rappelle que l'usage de nos sens fait de nous des êtres non seulement vivants, mais aussi existants. »

Edit du 25.07.2019: avez-vous des souvenirs littéraires d'odeurs? Si oui, partagez-les en commentaire ;)

*Formule lâchement piquée à Süskind.
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Rabais de la culture, manipulation des informations, révisionnisme historique, contrôle des pensées via les médias et divertissements de masse, absence d'esprit critique et donc de libre arbitre chez les individus rendus à faire une succession de gestes mécaniques sans se poser la moindre question sur le bien-fondé ou la raison de le faire. La dictature du politiquement correct où il ne faut froisser personne.

C'est le monde dans lequel vit Montag, pompier brûleur de livres de Ray Bradbury, jusqu'au jour où il rencontre Clarisse et que celle-ci lui pose LA question simplissime qui va le bouleverser. Et petit-à-petit l'amènera à une conscience plus aiguisée de ce qu'il se passe réellement autour de lui.

"Est-ce que vous êtes heureux?"

Une question qui paraît bien bête lorsqu'on applique ce qu'on nous a enseigné et qu'on a intégré qu'il n'y avait pas de question à poser. Et pourtant...
Peut-on être réellement heureux et se satisfaire de directives sans explications ? sans jamais chercher à avoir plus qu'on nous donne ? sans confronter les opinions ?

Pour nous, puis pour Montag, ce modèle finit par ne plus suffire. Mais c'est là que les ennuis commence... Dès lors qu'il se met à penser le monde qui l'entoure et à ne plus l'avaler tout cuit, Montag devient dangereux.... Alors pour résister ux discours officiels de cette société dictatoriale, Montag lit. Et par ce simple acte, il passe de l'autre côté du miroir....

A première vue, ce roman est une réinterprétation du mythe de l'Arbre de la Connaissance dont le fruit a conduit Adam et Eve sur Terre, avec le motif du feu (destructeur et rédempteur) omniprésent. le roman de Bradbury est presque une ré-écriture moderne du Livre de l'Apocalypse (et pas seulement à cause des nombreuses références semées tout au long du roman. Mais c'est bien plus que ça ! Tellement plus...

J'avais déjà lu ce livre il y a 11ans et je dois dire que je lui ai trouvé un écho totalement différent après les attentats de Charlie Hebdo et les programmes de L'Éducation nationale de plus en plus zélée lorsqu'il s'agit de niveler par le bas tout en martelant que ces nouvelles mesures visent à ne pas stigmatiser les plus "faibles" et à leur donner une chance de réussite -qu'ils le veuillent ou non.
Nul besoin de s'étaler davantage sur le génie visionnaire de Bradbury, car c'est un livre indispensable pour tout lecteur qui s'inquiète de voir à quel point les loisirs tels que jeux vidéos et télé réalité à outrance ont remplacé la lecture.
Quand on referme ce livre (publié en 1953 !), au final qu'est-ce qui fait le plus peur ? La société dans laquelle vit Montag ou la nôtre ? .... Libre à chacun de se faire son idée.
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Mon oeil s'est allumé, je me suis laissée aller sans rien espérer. Les pages se sont tournées lentement, mes nerfs se sont consumés. Un tête à tête brûlant, j'en ai eu le souffle coupé.
Les mots déposés sur ces feuilles de papier, leur parfum, leur saveur m'ont fait trembler. J'ai observé d'un oeil enflammé ces condamnés incendiés. Je ne pouvais plus respirer. Tout allait-il partir en fumée ?
J'ai terminé cet amour de papier, fermé cet amour bien consumé. J'ai joué avec le feu, j'ai brûlé cette intemporelle oeuvre de mes yeux sans laisser de cendres…
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L'histoire est connue mais ce bijou des années 1950 tient toujours en haleine. Dans un futur proche, posséder des livres est interdit. D'ailleurs on les brûle.
C'est le travail du pompier Montag. Héros de ce roman de SF, car une prise de conscience le tourmente qui va l'opposer à ce pouvoir. Lequel pouvoir veut ainsi tuer la liberté de penser et exterminer toute opposition à son action ( grâce aux limiers).

L'abrutissement des masses se poursuit en les abreuvant de séries télévisées insignifiantes, avec aussi des sports retransmis sur grand écran que l'on n'éteint pas quand des amis viennent vous rendre visite. Toute discussion sérieuse est impossible.

Peut-on se passer des livres? Cette société décrite est-elle viable? Un philosophe (Faber) un sociologue ou un savant n'a-t-il pas un rôle d'alerte auprès du peuple?

Bradbury répond astucieusement à ces questions dans ce qui est un grand classique de SF.

La rencontre de Montag et de Clarisse, jeune fille qui symbolise la révolte, puis l' opposition de Montag à son chef Beatty et enfin la fuite du héros sont des moments très intenses de ce chef d'oeuvre.
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L'histoire de « Fahrenheit 451 » se déroule dans un futur où être pompier ne signifie plus éteindre les feux mais consiste au contraire à les allumer. Dans un monde où les livres sont en voie de disparitions, interdits par la loi car jugés trop subversifs, voire carrément dangereux pour les esprits et impropres au bonheur. C'est à cette époque que vit Guy Montag, un homme sans histoires, pompier de profession et fier d'agir en bon citoyen en brûlant les livres retrouvés chez des ennemis du système. Mais un beau jour, il fait la connaissance de Clarisse, une jeune fille rêveuse et dont la vision du monde, en décalage avec son époque, va le toucher plus profondément qu'il ne l'aurait cru, éveillant en lui une conscience individuelle qui était jusqu'alors totalement enfouie. Petit à petit, le rapport au monde de Montag va changer, sa curiosité va s'éveiller jusqu'à lui faire commettre une erreur fatidique : voler un livre destiné à l'incinérateur et le lire…

Dans ce roman d'anticipation écrit en 1953 et devenu un classique du genre, Ray Bradbury nous offre une réflexion passionnante et très actuelle sur le rapport des gens aux livres. Alors qu'aujourd'hui le livre tend à se dématérialiser, lui nous parle avec cinquante ans d'avance d'un monde dans lequel le livre a presque complètement disparu ! Un monde parfaitement aseptisé, dénué d'émotions, où les gens sont devenus superficiels et paresseux et ne trouvent le bonheur que dans des plaisirs immédiats et éphémères. Ce n'est plus qu'une immense parodie de ce qu'est la vie qui se déroule dans chaque foyer, une comédie qui joue en boucle un bonheur factice dont personne ne semble vraiment dupe étant donné l'important taux de suicides… Derrière ces faux semblants se cache un monde inquiétant, où tout est sous contrôle et où les gens s'espionnent et se dénoncent entre voisins… Ray Bradbury nous offre ici une vision très sombre de notre futur, mais dans lequel subsiste tout de même une lueur d'espoir… Un texte majeur, qui n'a pas pris une ride et qui donne à réfléchir. Indispensable !
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waaaahptaaaain!
En fait un bon roman de Sf est un roman qui me fait dire "whaaaaahptaaain" toutes les deux pages ( oui, je sais, mais je suis de Paca que voulez vous). Comprendre " cet auteur a un point de vue très intéressant et pertinent ". En fait, j'ai retrouvé le Bradbury que j'avais adoré avec les Chroniques Martiennes , de la SF intelligente, qui ne prend pas ses lecteurs pour des ahuris sans culture.
Et nom d'un petit bonhomme , quel visionnaire, tout y est: la réalité virtuelle, toujours plus réaliste; le mot "intellectuel" devenu une insulte ( oui, je confirme, j'y ai eu droit plusieurs fois!) dans une société qui glorifie la performance sportive; La flemme grandissante de la population envers tout ce qui demande un minimum d'effort intellectuel, la simplification des livres avant leur suppression pure et simple; la perte de communication dans la société, la suspicions envers celui qui agit différemment ( le promeneur est un hurluberlu, on peut le tamponner en voiture, ça n'a pas d'importance, c'est un inutile, de toutes façons, il serait arrêté pour dissidence... sujet qu'on retrouve dans une nouvelle des pommes d'or ); la mise en scène de la moindre petite information; le show de l'arrestation, pour faire croire à la puissance de la police/milice/brigade.

Donc : waaaahptaaaain! (cette fois, ça veut dire " ce livre est très bien, lisez le!")
Lien : http://chezpurple.blogspot.f..
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