La peur, origine de nos maladies

Les réflexes archaïques, ou réflexes primitifs (les premiers, les plus anciens), correspondent aux étapes du développement neurosensoriel et moteur de l’enfant. Très tôt, ils se manifestent dans le ventre de la mère, sous forme de mouvements in utero, avec pour fonction de stimuler le bon développement du fœtus. Ils sont perçus vers le troisième ou le quatrième mois de grossesse. Pour exemple, nous pouvons évoquer le réflexe de succion qui permet au bébé de s’alimenter, et que nous pouvons admirer sur certaines échographies.

Le processus de l’adolescence provoque une crise vitale. Méconnaître ou banaliser ces symptômes, en les mettant sur le compte d’une crise d’adolescence fracassante, peut être dangereux. Dans certaines sociétés primitives, on invitait la jeune personne à dormir seule dans la jungle ou à traverser le désert à pied afin d’accomplir un rite initiatique. Aujourd’hui, nos jeunes jouent avec la mort en voiture à la sortie des boîtes de nuit, et ils ne gagnent pas toujours (première cause de mortalité des 15-24 ans9). Braver la peur jusqu’à l’extrême pour « connaître ses limites » reste un passage obligatoire vers l’âge adulte, pour certains.
D’autres traduiront leurs difficultés face à la vie en la fuyant de différentes façons. Pour exemple, la consommation de cannabis, chez les adolescents, a considérablement augmenté, ces vingt-cinq dernières années. Elle est devenue un problème majeur de santé publique. L’usage abusif et la dépendance reflètent une fragilité narcissique et une tendance

Face à un danger réel, la peur réveille une fonction biologique de survie, nécessaire à l’homme des cavernes pour éviter les menaces des prédateurs. Au cours de l’évolution, cette fonction s’est inscrite dans le cerveau humain ; et, si les temps ont changé (aujourd’hui, nous trouvons moins de tricératops en région parisienne), notre cerveau archaïque, reptilien, persiste à provoquer notre fuite devant le danger réel ou irréel. La peur psychologique ne se rencontre pas face à un danger concret et immédiat, elle est provoquée par « ce qui pourrait arriver ». Notre terrible habitude de nous situer en permanence entre le passé et le futur nous prive de vivre dans le présent. Nous nous référons sans cesse au passé, bon ou mauvais ; nous nous projetons avec la même ardeur dans le futur, et, en l’espérant toujours meilleur, nous réveillons des craintes d’échec ou de succès. La peur se trouve ainsi reliée au futur, qui se trouve lui-même relié au passé.

La vie moderne ne permet pas à l’homme du XXIe siècle d’être calme et détendu, de vivre l’instant présent dans la sérénité, il n’en a pas le temps. Tout doit se faire vite en anticipant déjà la suite – time is money. Le stress est permanent, même la nuit, pendant le sommeil, certains en grinçant des dents se les brisent, et la majorité d’entre eux se réveillent épuisés. Les peurs ne se comptent plus : peur d’arriver en retard, peur de se faire virer, peur de la lettre recommandée, peur du fisc, du flic, du manque de fric, peur du radar, de la panne et de ne pas trouver de place, peur du cancer parce que « fumer tue » – même si on ne fume pas –, peur du sida parce que baiser tue – même si on ne baise pas –, peur de dire des gros mots, peur de déplaire, peur de plaire, peur de manquer de tout et de rien, peur de manquer de papier toilette, peur de manquer le train et de rater sa vie, peur de ne pas être aimé et peur d’aimer, etc.

Prendre conscience de nos peurs et décider de les abandonner nous permettrait de retrouver l’équilibre que nous n’aurions pas dû quitter il y a bien longtemps. Elles provoquent, dans nos organismes, des tensions, des contractions, des blocages qui freinent et perturbent nos courants de vie. Le meilleur antidote contre la peur se nomme « la confiance ». Qu’avons-nous vécu pour la perdre en chemin ? A-t-elle réellement existé ? Quel est le manque, le vide, qui nous a fait perdre pied ? Peut-être le manque d’amour ? Mais qu’est-ce que l’amour – cette énergie de vie qui peut nourrir et guérir tout être humain qui le désire ? Contrairement à certains, je reste convaincu que les fondements de toutes les médecines, à travers les âges et les civilisations, sont liés à la spiritualité. Médecine et spiritualité n’auraient jamais dû être séparées puisque, tout simplement, le corps et l’esprit ne le sont pas.