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EAN : 9782859208622
126 pages
Le Castor Astral (05/05/2011)
4.25/5   4 notes
Résumé :

Bernard Jean Wilen, dit Barney Wilen (1937-1996), né d'une mère française et d'un père américain, est considéré comme " le seul ténor européen susceptible de concurrencer les maîtres américains ". Sur les encouragements de Blaise Cendrars, il commence à se produire dans les clubs de Nice, avant de monter à Paris à l'âge de seize ans. Quatre ans plus tard, musicien prodige, il parti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un petit livre mais un grand moment d'émotion pour qui a déjà écouté ce saxophoniste qui connut bien des éclipses. Qui se souvient aujourd'hui de Barney Wilen ? Les amateurs de jazz, bien évidemment. Les bédéphiles aussi pour la simple et bonne raison que Barney Wilen fut le héros d'une bande dessinée de Loustal et Paringaux : Barney et la note bleue (Casterman-1987). Et bien d'autres qui comme Monsieur Jourdain s'exprimait en prose sans le savoir.

En effet tous ceux qui ont entendu la musique du film Ascenseur pour l'échafaud ne retiennent que le nom de Miles Davis. Seulement le trompettiste, lors des séances d'enregistrement de la musique du film les 4 et 5 décembre 1957, s'était entouré du pianiste René Urtreger, du contrebassiste Pierre Michelot, du batteur Kenny Clarke et du saxophoniste Barney Wilen. Barney Wilen n'avait à l'époque que vingt ans et quelques mois.

Né à Nice le 4 mars 1937, d'un père juif américain et d'une mère française issue de la vieille noblesse provençale, le jeune Bernard-Jean, prénoms qui rapidement se contracteront en Barney, connaitra ses premiers émois musicaux aux Etats-Unis. En effet, son père qui sent le vent de répression se profiler, décide de s'exiler emmenant toute sa famille dans ses bagages, et après quelques déambulations s'installe en Arizona.

C'est en écoutant la radio qui diffuse à longueur de journées chansons populaires, standards et rythmes jazzés, qu'il s'intéresse à la musique, intérêt conforté par le don de son oncle Jessie d'un saxo-alto. A la Libération, la famille rentre à Nice et constitue un petit groupe, le Cousin's orchestra, qui se produit dans de petits bals, des fêtes locales et autres réunions conviviales. A treize ans notre futur saxophoniste fréquente les musiciens américains de passage sur la côte. A seize ans il monte à Paris, son père s'étant probablement laissé influencé par un ami de la famille, Blaise Cendrars, un expert en fugue, et le jeune Barney participe en 1955 en compagnie du pianiste Pierre Franzino et du bassiste Paul Rovère au tournoi des amateurs, récompensé par l'obtention de l'éphémère et prestigieuse coupe Jazz Cool, séduisant les membres du jury par son aisance ainsi que sa maturité.

Mais dès l'automne 1954 il fréquente les clubs, reconnu comme une étoile montante. Il jouera avec le pianiste Henri Renaud, Roy Haynes, Jay Cameron, Jimmy Gourley et Joe Benjamin. Sa musique emprunte au bop, dans la lignée de Charlie Parker, puis de John Coltrane, tout en sachant qu'il ne peut se mesurer à ses maîtres et devra graver son propre sillon. Puis il joue avec des membres du Modern Jazz Quartet, à l'instigation de Sacha Distel.

Début 1957, il enregistre ses premières galettes en tant que leader, alors qu'il n'a pas encore vingt ans, aux côtés du pianiste Maurice Vander, père adoptif du batteur Christian Vander, le leader de Magma, ou encore de Charles Saudrais, Gilbert Rovère, Hubert Fol.

Puis ce sera la rencontre avec Miles Davis, l'enregistrement d'Ascenseur pour l'échafaud, une tournée européenne avec les mêmes musiciens. Il enchaine ensuite les tournées, les prestations discographiques jusqu'en 1962, puis sa carrière, principalement discographique, est très souvent entrecoupée d'absence, puisqu'il continue à jouer dans de petits clubs sur la côte niçoise.

Mais il veut se détacher du bop, flirte avec le free jazz puis il part pour le continent africain afin de découvrir de nouvelles musiques, de nouvelles sonorités, d'élargir sa palette musicale, de ne pas se cantonner dans un style et peut-être de remonter aux origines. En décembre 1986 il enregistre la fameuse Note bleue et décède le 25 mai 1996 à l'âge de cinquante-neuf ans, ne reniant jamais son amour pour la musique.



Ce survol rapide de la vie de Barney Wilen est plus longuement développé par Yves Buin, mais les amateurs de sensationnel, de déclarations fracassantes, d'intrusions intempestives dans la vie privée du musicien, seront déçus.

L'auteur s'attache surtout à décrypter le musicien, ses rapports avec la musique, son parcours professionnel, sa discographie et les artistes avec lesquels il a enregistré, offrant leur chance à des artistes débutants comme Daniel Humair, Alain Jean-Marie, Laurent de Wilde, Enrico Rava…

Bizarrement alors qu'il possédait un visa américain, il ne fut jamais reconnu aux Etats-Unis, seulement par les musiciens américains de passage en France, mais encensé au Japon.

Cet ouvrage, indispensable à tous ceux qui apprécient le jazz et désirent parfaire leurs connaissances sans avoir l'impression de lire Gala, Voici et autres magazines people, est complété par trois articles extraits de Jazz Magazine (février 1961, février 1966 et avril 1972) ainsi qu'une discographie complète et les titres coups de coeur d'Yves Buin.

A la question : Vous considérez-vous comme un musicien français (jazz magazine n° 127 de février 1966) ? il répond : J'ai un passeport français, j'habite Paris : je me considère comme un musicien du monde, temporairement français. Ce n'était pas une question innocente et la réponse non plus, mais pour en savoir le pourquoi je ne peux que vous conseiller de lire ce document.

Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Premier et seul (à ma connaissance) livre consacré à l'une des figures les plus originales du jazz français, le regretté saxophoniste niçois Barney Wilen, « Blue Melody » écrit par cette grande plume qu'est Yves Buin, psychiatre, écrivain et critique de jazz, spécialiste de Jack Kerouac et de la littérature Beat, vient à point pour nous remémorer l'oeuvre incontournable et passionnante de ce météore.

Confronté très jeune à la gloire (à 20 ans !) grâce à la bande originale du film « Ascenseur pour l'échafaud » de Louis Malle où il est le sideman de Miles Davis en compagnie de trois autres musiciens parisiens chevronnés : René Urtreger, Pierre Michelot, et le batteur américain Kenny Clarke, le franco-américain Barney Wilen continue à participer à des musiques de films, qui sont de grands succès, tels que « Les Liaisons dangereuses » de Roger Vadim ou « Des femmes disparaissent » d'Edouard Molinaro. Il se produit dans les clubs de Saint-Germain, avec les ténors (sic) du be-bop Dizzy Gillespie, Art Blakey, Bud Powell (avec lequel il joue du sax alto en compagnie du jeune Wayne Shorter au ténor !). Il participe au festival de jazz de Cannes en 1958, et y rencontre de nombreuses vedettes de la scène ou de l'écran (dont Sacha Distel avec qui il enregistrera un disque), amoureuses de son jeu, de sa sonorité veloutée, et de sa nonchalante élégance. Il y croise le fer avec quelques géants du calibre de Stan Getz ou Lucky Thompson, et s'en sort avec brio. Mais le be-bop commencera à le lasser après quelques années de pratique de style, car Barney se trouve alors devant la sempiternelle question qui obsède les saxophonistes à l'époque : comment dépasser l'indépassable, à savoir Charlie « Bird » Parker, sans l'imiter ?

La réponse viendra quelques années après, au milieu des années soixante, avec l'émergence du free-jazz et de la pop music, une révolution dans laquelle Barney va totalement s'engager aussi bien musicalement que philosophiquement, et politiquement. Il enregistre le 1er disque de « Free-rock » français « Dear Prof.Leary » dédié à Timothy Leary, le « prêtre du LSD« , avec un groupe international dont font partie l'allemand Joachim Kuhn au piano et à l'orgue et l'italien Aldo Romano à la batterie. Puis, à son habitude, il disparaît quelques temps… « La présence au monde de Barney Wilen est fluctuante, sinon évanescente » écrit Yves Buin.

Puis, surprenant tout le monde, en 1969, il part en Afrique avec sa compagne d'alors Caroline de Bendern, l'égérie de Mai 68, à la rencontre des musiques pygmées et autres. Un film de cette aventure doit être réalisé, et un disque enregistré, qui retraceront ce périple. Seul ce dernier verra le jour.

Suivent quelques années d'errance où l'on perd plus ou moins sa trace. On le retrouve à Londres, à New York, puis de nouveau à Paris, et ensuite dans le Sud de la France, à Marseille et à Nice. Il forme le Jazz Hip Trio, avec entre autres Charles « Lolo » Bellonzi, ancien batteur de Claude Nougaro, et s'essaye par ailleurs à la musique électronique. Puis c'est le retour en grâce en 1987, avec le disque illustrant l'album de BD « Barney et la Note Bleue » de Paringaux et Loustal, très librement inspiré de la vie de Barney. Les deux sont un grand succès, et remettent Barney sur le devant de la scène. le coffret BD + CD vient d'être réédité ce mois-ci, avec des bonus et un enregistrement datant de 1989 d'un concert au « Petit Opportun » avec Jacky Terrasson (piano), Gilles Naturel (contrebasse) et Peter Gritz (batterie) qui comprend plusieurs morceaux issus de « La Note Bleue »

Surfant sur le succès, il enregistre plusieurs albums de jazz pur, dont « French Ballads » composé de classiques de la chanson française, puis « New York Romance » enregistré comme son titre l'indique, à New York, avec un quartet de haut vol : Kenny Barron (piano), Ira Coleman (basse) et Lewis Nash (batterie), ainsi qu'une tournée au Japon, qui à donné lieu à l'édition de deux enregistrements de concerts live : l'un à Osaka et l'un à Tokyo, avec Jacky Terrasson au piano, qui sera remplacé par Olivier Hutman à Tokyo.

Il décède d'une crise cardiaque à Paris le 25 mai 1996, à l'âge de 59 ans. Un livre passionnant qui retrace la vie d'un musicien exceptionnel dont la vie et la musique se sont déroulées hors des sentiers battus.
Lien : https://www.lejazzophone.com..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
J’ai un passeport français, j’habite Paris : je me considère comme un musicien du monde, temporairement français.
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Vidéo de Yves Buin
Rencontre avec Yves Buin dans un café qu'il affectionne particulièrement, "L'Antarès" pour nous entrenir de son dernier livre "Barney Wilen" édit chez CastorMusic. Rencontre baignée dans un brouhaha sympathique...
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