Comment ce livre est-il arrivé dans mes mains, sur les conseils de quel lecteur ou de quel libraire attentif ? Sur la suggestion de quel algorithme à la voix sirupeuse ? Je l'ignore, et d'ailleurs peu importe.
Le pauvre type en l'occurrence, c'est Blondy, un boxeur cabossé par les combats truqués, les managers véreux, les femmes vénales. Blondy c'est un gosse dans un corps de colosse, un coeur tendre sous des pectoraux gonflés à la dure. Mais c'est surtout un raté magnifique, extrêmement lucide sur sa condition, et prêt à venger la seule nana à l'avoir jamais aimée, Louise, la putain qui ne supportait pas la solitude.
L'ambiance est celle des tripots malfamés, fréquentés par la faune nocturne des ouvriers, des saisonniers et des petits truands, attirés par le whisky, les steaks sanguinolents, les petites pépées, et surtout par les notes entrainantes des premiers tubes du jazz naissant (nous sommes dans les années 1930), joués sur des pianos mécaniques qu'il faut laisser reposer au milieu de la nuit pour ne pas endommager la belle mécanique trop sollicitée. Cela m'a rappelé l'ambiance des dynamiteurs de Whitmer.
Et puis il y a Mrs Boxx, « aux courtes cuisses grasses » et aux « seins qui pendaient comme deux bouillottes en caoutchouc à moitié vides ». Auprès de cette femme qui le gave de pain et de sexe, il redevient un petit enfant, perd tout libre arbitre et toute volonté. Peut-être une métaphore de l'aliénation du confort matériel et sentimental. Ou des mères castratrices … Et il y a l' inquiétant Mr Boxx, nécrophile castré, soumis à sa femme, lui aussi. Atmosphère poisseuse, à la
Roald Dahl, Mrs Boxx me faisant penser à une certaine logeuse, connaissance de Dahl.
Caldwell, un auteur dont je poursuivrais la découverte.