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EAN : 9782362800948
200 pages
Editions Thierry Marchaisse (03/03/2016)
2.58/5   6 notes
Résumé :
Un enfant qui perd ses parents ? C'est un orphelin. Mais un parent qui perd son enfant ? Il n'existe pas de mot pour le désigner.
Toute langue a des lacunes lexicales, des zones de sens auxquelles ne correspond aucun terme précis. Ce dictionnaire littéraire donne la parole à quarante-quatre écrivains qui tentent, non pas de fabriquer des néologismes, mais simplement de décrire et d'interroger quelques manques éprouvés dans leur pratique de la langue.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Tout d'abord merci à Babelio pour son opération Masse Critique et aux éditions T. Marchaisse pour l'envoi du livre.
Ce livre est une vraie découverte, car je ne connaissais ni l'éditeur ni les auteurs… Après recherche, le fondateur, Normalien, docteur ès Lettres, a coordonné les grandes collections de Sciences Humaines… ; les deux directeurs de publications sont essayistes… Les 44 contributeurs sont également tous ancrés dans la littérature (écrivain, critique littéraire, prof de lettres, philosophe,…). le ton est donné !
Le but de ce livre est de recenser les lacunes lexicales de la langue française. On a tous un jour ou l'autre cherché un mot pour exprimer un ressenti qu'on n'a pas réussi à formuler avec justesse avec les mots existants.
Cependant, ce n'est pas à proprement parlé un dictionnaire, mais plutôt des réflexions autour de mots manquants. Chaque article / chapitre commence par un triangle de mots, afin de délimiter la zone lexicale du terme manquant, terme qui n'est pas toujours trouvé, certains auteurs en inventant un, mais d'autres tentant de s'en approcher en expliquant leur ressenti. le tout est assez inégal, car si les directeurs de publication ont « commandé » un texte aux 44 personnalités littéraires, le rendu est très hétérogène. Certains sont assez légers, drôles (je pense à celui de Véronique Ovaldé sur le mot « écrivain » au féminin, ou celui de Philippe Renonçay qui me fait penser à une nouvelle) et d'autres au contraire m'ont été très difficiles d'accès, de niveau universitaire et philologique. Un exemple dans le texte de Michel Deguy : « Les mots, les « vocables », ne sont pas des désignateurs rigides pour des relations biunivoques. Choses et mots, grandes choses grands mots (ils peuvent l'être tous) co-naissent. le monde se lève en langue […] ; même si, peu à peu, localement, les nomenclatures et perceptions utiles se répartissent en deux colonnes comme une juxta linéaire, privant peu à peu l'existence de son tremblement d'être. L'admirable faculté de poésie ne s'attache ni aux mots ni aux perceptibles isolés comme « objets », ni aux Sa, ni aux Sés, ni au signe, mais aux choses, grandes entités/vocables. » Ou encore quelques lignes plus loin : « le jeu ne s'ouvre, amplifié, que par un « contexte » : ouvrant, forçant, l'usage commun d'une langue, ce qui permet de s'y avancer ensemble, êtres parlants (Milner) dans le rapport aux choses. Pas du tout pour le « dérèglement de tous les sens » - selon la vogue doxale d'un rimbaldisme simplifié – mais pour l'augmentation à chaque fois « régularisable » (« long et raisonné ») de toute signification. Jeu inventif à somme indéfinie. » J'ai complètement lâché ce chapitre…
Au final, un essai intéressant qui invite à réfléchir sur notre langue et ses évolutions, sur les ressentis de chacun et sa position face aux mots (j'avoue que je me suis mise moi-même à chercher des termes qui me manquaient, et à divaguer entre deux textes). Mais pour moi, cet ouvrage s'adresse quand même à un public universitaire ou public averti amoureux de philologie, sous peine de passer à côté de certaines références et expressions.
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« Dictionnaire des mots manquants » sous la direction de Belinda Cannone et Christian Doumet (Ed. Thierry Marchaise, 200 pages)
Une belle gageure, pour ne pas dire un oxymore… comment parler de l'indicible, de ce qui n'a pas de mots pour être dit ? Comment dire les mots qui manquent à la langue française ? Belinda Cannone et Christian Doumet ont réussi ce beau pari en conviant une bonne quarantaine d'écrivains qui ont proposé une soixantaine d'occurrences de mots dont ils ont parfois manqué dans leur activité littéraire.
Quel est le contraire de « bredouille », ou de « vivre » ? (et non, ce n'est pas mourir)… Comment nommer le « à moitié plein » sans connotation positive, ou le « à moitié vide » sans connotation négative ? Comment définir en un mot certains types de liens qui semblent échapper au langage courant (il est d'ailleurs beaucoup question de désirs, de liens amoureux-amicaux-complices et de la difficulté de les nommer)? Quel adjectif inventer pour dire « plein de gratitude », ou pour qualifier qui est « doué-du-kairos » (qui a le sens quasi inné de l'opportunité du moment) ? Pourquoi pas de mot pour dire le père vivant « orphelin » de son fils mort ? Les contributeurs convoquent la musique, la peinture, la poésie, l'histoire, et les questions de traduction (quel meilleur poste d'observation pour pointer les limites d'une langue ?). Et d'ailleurs, les mots intraduisibles ne sont-ils pas des mots indéracinables, des arbres qu'on ne peut retirer de leur humus local ?
Autant d'incursions dans la mécanique du langage, de ses possibles et de ses impasses. Mais aussi réflexions sur le temps, l'espace, l'altérité… Même si l'ensemble est un peu inégal (c'est la loi du genre, qui fait parler autant de beau monde), même si quelques contributions plus philosophiques sont assez ardues (voire pour l'une ou l'autre assez "ampoulée" ou absconse), c'est souvent drôle, plein d'esprit, et globalement ça se lit vraiment bien. C'est très varié, certains textes sont de pures analyses théoriques et philologiques, quand d'autres sont de véritables petits contes très métaphoriques.
Trop vite évoqués à mon avis les opportunités créatrices qu'ouvrent poétiquement certains mots manquants : ainsi pour moi, il serait dommage d'inventer un mot pour dire le si délicat « suivez-moi-jeune-homme », non ?
Très intéressant pour qui se préoccupe d'écriture et de langage en général.
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La plupart des idées développées dans cet ouvrage m'ont beaucoup plu et m'ont fait réfléchir sur la langue française. À plusieurs reprises, j'ai eu l'heureuse surprise de constater ne pas être la seule à avoir remarqué l'absence incompréhensible de certains mots qui seraient si utiles dans nos vies.
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Cet ouvrage m'a attiré de par son thème général : un recensement des mots qui n'existent pas dans la langue française.
Bien sûr, nous pouvons nous rendre compte de ces "inexistants" de temps à autre au fil de la vie et de ses courbes. Toutefois, la plupart de ces trous dans la toile du langage français ne m'avaient pas frappé.
Les mots ne sont pas à proprement donnés dans ces pages, logique puisqu'ils n'existent pas. Certains des collaborateurs tentent d'en inventer un et/ou le définissent au travers d'un texte, un essai afin de faire comprendre l'idée.

Malheureusement, et même si l'ouvrage est intéressant dans cette cartographie de l'absence, les "chapitres" sont inégaux quant à leur accessibilité. Tantôt le texte est aisé et agréable à lire, tantôt l'auteur semble se démener à faire exploser son savoir, ses connaissances en citant ou en appelant des références issues d'autres ouvrages. Je regrette donc ce manque d'homogénéité.

Je pense que ce dictionnaire est surtout destiné à un public motivé, très littéraire et philosophe, mais il permet d'amener une certaine réflexion sur notre langue.

Je remercie néanmoins les Éditions Thierry Marchaisse et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce document.
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Ce titre m'a tout de suite attiré dans la liste des ouvrages proposés dans la dernière Masse Critique; en tant qu'ancienne étudiante en linguistique tout d'abord et tant qu'amoureuse des mots ensuite.
J'avais découvert cette inexistence des mots dans Tom est mort et le fait qu'effectivement il n'y a aucun mot pour désigner un parent qui perd son enfant, c'est naturellement tellement incongrue, impossible que personne ne peut proposer de mot à la hauteur de ce drame.
Mais revenons en au livre. Un dictionnaire, on aime y farfouiller, y piocher, y découvrir un mot parmi un autre mais celui se présente d'une toute autre façon.
Le premier exercice pour les différents auteurs sera de présenter au lecteur le concept, la notion, le mot inexistant. Exercice somme tout périlleux pour la plupart. Puis de "définir", de préciser ce trou dans le triangle (voir en-tête de chapitre).
On y découvre des situations où effectivement le mot manque, mais où surtout le vécu rend compte. Car comme tout dictionnaire, ce livre fait appel à la culture, à la connaissance, à l'expérience du lecteur pour en saisir les tenants et les aboutissants.
Merci à Babelio et aux Editions Thierry Marchaisse pour l'envoi de ce livre.
Lien : http://ce-livres-et-fourneau..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quoi ! On voudrait me réduire à un seul mot ! Serais-je, moi, si multiple, identifiée comme on ose le faire des typhons enragés baptisés d'un prénom, comme on le fait des bateaux qui risquent de sombrer ! Je me trouverais enfermée dans les pages d'un dictionnaire ; j'aurais des jumelles comme les synonymes, une origine fixe due à l'étymologie ! Je serais citée, utilisée, galvaudée, devenue une recette de bonheur, un parfum ou un vin ? On pourrait me contraindre en me diminuant ! Mais toi, conclut-elle, toi qui me parles si souvent de Barbey D'Aurevilly, n'as-tu pas lu son récit "Une histoire sans nom" ? Nommer en unifiant, c'est trahir le virtuel, tronquer le possible, limiter le sens. Non, je veux rester le secret de chacun, une énigme [...].
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Comparées entre elles, les différentes langues montrent qu'on ne parvient jamais par les mots à la vérité, ni à une expression adéquate : sans cela il n'y aurait pas de si nombreuses langues !
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Justement, sans doute, parce qu'elle est dépourvue de mots, la musique peut se jouer des défenses d'un être avant d'en venir à le bouleverser.
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C'est évident le langage est un trou par où circulera le sens. Car dans tous les cas ce sont bien les trous de la langue qui permettent au sens (un filet de sens) de se répandre, respirer...
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Videos de Belinda Cannone (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Belinda Cannone
Une conversation présentée par Raphael Zagury-Orly Avec Isabelle Alfandary, auteure et professeure Belinda Cannone, auteure Serge Hefez, psychiatre
Le «un» n'est jamais le chiffre de la vie. Certes, il y a les organismes unicellulaires, bactéries, levures, plancton et autre protozoaires… Mais eux aussi on besoin de quelque chose d'autre, d'un milieu.. A la base de toute molécule organique, outre la durée temporelle et les sources d'énergie, se trouvent des multiplicités, des altérités, des combinaisons d'éléments, carbone, oxygène, hydrogène, eau, azote, dioxyde de carbone, diazote… Bien sûr, cela fait la vie sur Terre, la vie des vivants, mais ne dit rien sur la façon dont les êtres humains, eux, choisissent de la porter, cette vie, c'est-à-dire d'exister. de là aussi l'unicité est exclue: on vient au monde «plein des autres», le monde ne vient à l'enfant que par les autres, et il n'y tient que si d'autres d'abord le tiennent et tiennent à lui. Né d'une union qu'il n'a pas choisie, il lui appartiendra ensuite de s'unir volontairement à qui il voudra, par affinité, par intérêt même, par amitié, par amour, et de constituer des couples, des clans, des groupes, des familles, des communautés, des sociétés… Il se peut dès lors que des personnes, pour supporter le faix de la vie, choisissent de la porter à deux, de faire de leur cohabitation une convivance, et de leur existence une coexistence, le plus souvent solidifiée par le ciment de l'amour. La «vie à deux» devient dès lors une vie rêvée que les partages quotidiens rendent réelle. Mais est-ce si sûr? Combien coûte le sacrifice du «un», de la libre et insouciante existence solitaire, qui n'a de comptes à rendre à personne? Combien coûte le sacrifice du trois, ou du quatre, d'union plurielles où la diversité fait loi, où les plaisirs varient et s'égaient de ne point devoir s'abreuver à une seule source? Est-il possible qu'une «vie à deux», soudée par le plus bel amour, résiste aux soudaines envies d'autonomie, demeure imperméable aux petites disputes, aux grosses scènes de ménage, aux soupçons, aux jalousies, aux perfidies, aux humeurs insupportables, aux messages indus sur le portables, aux désirs d'être seule(e), de partir seul(e), de dormir seul(e)? On ne sait pas. On ne sait pas si la «vie à deux» est le paradis de l'amour ou l'enfer de la liberté.
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