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3,94

sur 2409 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le livre d'Emmanuel Carrère "Limonov" décrit de manière chronologique, avec quelques intermèdes autobiographiques, la vie de Limonov, poète - écrivain - aventutier - homme politique russe dans cette deuxième partie du XXème siècle tâtonnant.
Un livre brillant, sans concession ni admiration pour un personnage trouble et ambivalent qui sait eplacer dans un contexte pluslarge l'itinéaire d'un enfant terrible, dont les souffrances et blessures peuvent s'analyser dans l'enfance mais ne s'y résument pas.
La période américaine est particulièremet intéressante, ainsi que le retour en Europe (balkans) et en Russie.
Compte tenu du caractère touche à tout du personnage Limonov et de l'actualité russe, on peu peut être espéré un deuxième tome...
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Ce livre a bien du mal à supporter les étiquettes: difficile de dire s'il s'agit d'un livre d'histoire, d'un roman, d'une biographie... Il y a tout dedans, de l'aventure à l'histoire, des histoires de guerres presque tribales et des élections truquées, des complots et des meurtres et des destins finissant en queue de poisson, le tout dans une époque assez récente pour qu'il soit épouvantablement difficile de porter le moindre jugement plus ou moins clair.

A moins d'avoir une licence d'histoire russe moderne, il y a parfois des moments où pour être un lecteur attentif, une encyclopédie se fait nécessaire, cependant l'auteur sait être assez précis pour éviter que cela doive être systématique, le tout sans être trop disert, un exploit vu le sujet.
L'écriture a des tonalités qui vous emportent, très facile à lire, entraînante, plaisante, malgré une manie de commencer parfois les phrases par Mais qui m'a toujours crispée chez un écrivain...L'auteur ne prétend pas non plus avoir toutes les réponses, interpelle carrément le lecteur en lui donnant le résultat de ses questionnements sur cette figure d'homme complexe, salaud et héros roulé dans une seule enveloppe...Un très bon roman.
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Je ne jure pas les livres par les prix littéraires, loin de la, préférant le bouche a oreille, enfin je ne jure pas de cela avec surtout les grands prix, moins les « petits » genre Femina et Renaudot que j'apprecie plus. Enfin, comme tous les journaux, les prix ont aussi leur public donc ca passe peut-être par ca aussi. J'apprécie donc le dernier exemplaire primé par ce le prix Renaudot « Limonov » d'Emmanuel Carrère.

Le récit se berce dans une URSS a histoire complexe que j'affectionne. Les lignes dévoilent des réalités qui prennent bien part dans des réflexions quotidiennes du moment.

Quand je lis, quand j'écris, je marche au son. Et la une douce musique me transporte durant la lecture de ce livre.

J'apprécie particulièrement ce que je n'arrive pas encore à faire, un écoulement fluide des mots dans un fleuve histoire, sans prétentions. Ecrivain novice, j'ai ce problème comme beaucoup d'autres auteurs contemporains inconnus et reconnus, au vu purement subjectif de mes lectures et de mon jugement.
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"Une vie de merde" dit le °héros° à la fin du livre.
Carrère voulait écrire un article sur Limonov, un aventurier russe, ou un looser russe, le point de vue fait tout .
Il en a fait un livre, un roman par l'histoire hors-norme de Limonov, une biographie bien sûr, un article sur la Russie et même sur Poutine.
Comme dans "D'autres vies que la mienne" il réussit le tour de force, et ce de manière très élégante, de composer avec tous ces composants pour rendre une oeuvre très agréable à lire.
Il m'a tendu un miroir, m'a appris sur le peuple russe et sa mentalité, sur le communisme post perestroika, a fait preuve d'honnêteté louable et enrichissante.
Le noeud de ce livre à mon avis tient dans la phrase suivante, que l'auteur dit ne pas aimer:
"C'est plus compliqué que cela"
Oui Limonov est plus compliqué que cela, comme Poutine, comme le peuple russe... et même comme le communisme.
On sent bien que les moues de dégoût qu'inspire Poutine aux journalistes francais, sont lpour partie le fruit d'une méconnaissance du peuple russe et d'un panurgisme auquel j'ai adhéré aussi.
Plus on sait moins on n'est sûr de son jugement, et que ce soit d'un point de vue humain ou politique ou social je sais plus après la lecture de ce livre... Qui se lit comme un excellent roman.
Le prix Renaudot est amplement mérité. Il laissera plus de trace en moi que le Goncourt de la même année même si j'ai apprécié la lecture des deux.
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Limonov est, avant tout, un roman d'aventure. On y suit les périgrinations d'un (anti) héros qui nous dégoûte autant qu'il nous séduit (enfin... il dégoute quand même un tantinet plus qu'il ne séduit). Ses voyages, ses expériences, ses amours et ses prises de positions en font une sorte de brute polymorphe qui s'adapte avec opportunisme et démesure à un monde qu'il rêve de dominer. L'Est, l'Ouest, Paris, les Balkans sont les terrains, souvent chaotiques, sur lesquels cet extrémiste (les extrêmes se rejoignent) déambule au gré de ses ambitions. le portrait brossé par E. Carrère est d'autant plus succulent qu'il nous éclaire sur le contexte dans lequel Poutine a accédé au pouvoir.
Si vous aimez l'histoire du XXème siècle, l'aventure et les personnages décalés et douteux, foncez acheter LIMONOV, sinon, il y "Martine au sport d'hivers" :-)
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Je crois que c'est le premier livre d'Emmanuel Carrère que je lis, et pour une découverte, c'est une bonne découverte. Parce que le personnage central de l'histoire est haut en couleur, mais aussi parce que l'écriture de Carrère est fluide, dénuée de préciosité mais non d'humour.
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Avant la lecture de ce livre, je dois dire que j'ignorai totalement l'existence de cet écrivain, qui n'est d'ailleurs connu en France que d'une minorité de lecteurs.

Edourad Limonov est né en 1942 dans la ville de Dzerjinsk en Ukraine, dans une Union Soviétique encore sous le régime marxiste-léniniste de Staline. Tout jeune, il lit des romans de Jules Verne et d'Alexandre Dumas comme « Le comte de Monté Cristo » qu'il adore. À son adolescence, devient un petit voyou puis poète au sein de l'underground moscovite des artistes bohèmes de la fin des années 60/début 70. Puis il part aux États Unis avec sa femme, tous les deux connaîtront là-bas la difficulté de s'y faire un nom : comme écrivain pour lui, comme mannequin pour elle. La rupture sera consommée et une terrible descente aux enfers commencera pour Limonov avant qu'il ne devienne le domestique d'un milliardaire.

C'est à ce moment que son manuscrit fait le tour des éditeurs et atterrit dans les mains de Jean-Jacques Pauvert, celui qui édita les Surréalistes, Sade ainsi que le roman sulfureux « Histoire d'O ».
Limonov part aussitôt pour la France où il sera adoubé par le microcosme littéraire et où il écrira des articles dans « L'idiot international « , un journal irrévérencieux et pamphlétaire.

Suite à la chute du mur de Berlin et au démantèlement du bloc soviétique, Limonov décide de venir en aide aux serbes dans ce conflit au combien complexe entre serbes et croates. Prise de position plutôt discutable mais finalement cohérente avec le personnage qui n'a jamais caché son goût pour l'aventure et donc pour les uniformes et la guerre.
Ensuite il fonde le parti National-Bolchevique avec Alexandre Douguine (qui est considéré en France comme le le Pen russe), qui, comme le nom l'indique, un mélange de fascisme et de communisme bien que Limonov n'ait jamais été antisémite.

Le dernier épisode voit cet écrivain russe jeté en prison, à Engels parmi les zeks, un peu comme le personnage de Soljenitzyne, Ivan Denissovitch. Pour tenir le coup, il se lance dans la méditation, se concentrant sur sa respiration, ce que lui enseigna le trappeur Zolotarev qu'il connut avant d'être « institutionnalisé ».

C'est en définitive un personnage haut en couleur, fascinant malgré ses idées politiques assez douteuses et même floues. On comprend pourquoi Emmanuel Carrère met sa vie en parallèle dans certains passages du roman, elles sont si opposées. On devine à demi-mot que celui-ci aurait aimé avoir une vie comme celle de Limonov.
Il ne me reste plus qu'une seule chose à faire à présent : goûter à la prose de ce grand écrivain russe.
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Je ne suis pas une grande admiratrice de l'auteur, je trouve son style trop journalistique, mais pour le coup je l'ai trouvé au meilleur de sa plume, galvanisé peut-être par le destin extraordinaire de l'homme qu'il décrivait.
Emmanuel Carrère nous dresse un portrait passionnant du poète maudit Limonov (que je ne connaissais pas du tout), et même si il tente de nous expliquer et de se persuader à toutes les pages que c'est un sale type violent et alcoolique qui est près à écraser la terre entière pourvu qu'il y gagne un peu en reconnaissance et en pouvoir, on ne peut s'empêcher d'éprouver de la sympathie pour le bonhomme. C'est aussi un petit bout de la grande Histoire qui nous est contée, celle de l'URSS et de sa chute, à nos jours.
Juste un petit bémol: l'auteur aurait pu nous épargner les anecdotes sur sa propre vie.
Lien : http://ratdebiblio.overblog...
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En entamant ce livre, je n'avais que très peu d'idées sur qui était Edouard Limonov. Je le savais russe, dissident politique et écrivain.
J'étais par contre déjà bien familiarisée avec l'oeuvre de Carrère ; dont j'apprécie tout particulièrement les ouvrages mélangeant investigations sur la vie des autres (la majorité de ses livres pourraient bien s'appeler 'D'autres vies que la mienne' ) et auto-fiction.

Limonov suit cette lignée même si cette fois, Carrère s'attaque à un fameux gros morceau! Car ce Limonov est un sacré personnage : né en Russie en 1943, fils de soldat, tour à tour poète sans le sou, immigré aux Etats-Unis et serviteur d'un milliardaire, soldat volontaire pendant la guerre des Balkans, prisonnier, auteur reconnu et candidat aux élections présidentielles russes en 2012.

D'emblée, Carrère annonce qu'il lui sera impossible de juger l'homme, 'héros' de son récit. Qu'il restera jusqu'au bout incapable de décider si Limonov est un héros ou un salaud.
L'enquête est minutieusement menée, très bien documentée et les faits sont relatés avec une clarté dépouillée de tout jugement.
Ainsi, en ayant l'air de ne pas y toucher, Carrère sonde en finesse et en profondeur, à partir de ce qui semble être un simple énoncé de faits, l'âme de son protagoniste. Son regard semble en faire le tour à 360 degrés ; l'aborde par des angles énormément variés et nous le livre dans une infinie complexité mais dans un style ultra limpide.

Les digressions auto fictionnelles de Carrère ne font à mon sens qu'humaniser encore plus à la fois le personnage (Limonov) et l'auteur.
Je ne suis pas devenue 'pro' ni 'anti' Limonov, mais j'avoue avoir été complètement happée par le personnage, il m'a complètement fascinée tout au long des 488 pages de ce récit.

Et cet ouvrage ne fait que confirmer mon admiration pour Emmanuel Carrère. Je le recommande chaudement.
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Une superbe biographie qui m'a réconcilié avec l'auteur d'autres vies que la mienne. Une biographie qui se lit comme un roman tant l'auteur s'est impliqué dans la vie complexe de Limonov et sa personnalité trouble, qui ne porte pourtant pas à la sympathie.
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