Je tiens d'abord à remercier les éditions Fayard et la Masse critique de Babelio qui m'ont permis la découverte du livre de
Barbara Cassin, "
le bonheur, sa dent douce à la mort "
Dans cette Autobiographie philosophique, l'auteur va nous permettre de mieux comprendre ce qu'est finalement la philosophie et surtout nous faire connaître quel est son chemin personnel en lien avec elle. B. Cassin a eu une enfance heureuse entre deux parents peintres. Elle écrit qu'une des grandes différences entre la peinture et la philosophie est l'endurance. Elle peut s'arrêter quand quelque chose d'inattendu apparaît sur la toile alors qu'en philosophie, elle continue, elle cherche et persiste encore...
Elle a appris de ses parents qu'aimer, c'est ouvrir le champ des possibles. Elle relate le souvenir suivant: petite, elle se réveille la nuit, descend seule de son lit puis se rend à la cuisine d'où lui parviennent des voix. Quelqu'un la prend sur ses genoux et la câline. Elle retourne dans son lit et se rendort. le bruit des voix la réveille à nouveau un peu plus tard. Elle retourne dans la cuisine où elle est ré-accueillie et rassurée. Elle se rendort "d'une grande goulée de sommeil". Une troisième fois, elle se réveille, se dit que ce n'est pas raisonnable, que c'est trop puis se décide et rejoint ses parents dans la cuisine. Ils l'ont prise avec tendresse dans leur bras puis l'ont recouchée en douceur. de ce moment fondateur, elle retient qu'elle est aimée inconditionnellement par ses deux parents et qu'aimer et être aimée ouvre la porte de tous les possibles.
Dans ce livre, nous apprenons que l'auteure partageait avec son amant, compagnon et mari, Etienne Legendre , la passion du cheval . La première chose qu'il lui a apprise, c'est de regarder et voir avec les yeux du cheval.
Cela peut non seulement permettre de sauter un obstacle mais aussi de porter un regard différent et prendre de la hauteur dans sa vie. Son livre rend un hommage à Etienne Legendre, son mari, mort d'une tumeur au cerveau.
Le titre de son ouvrage, "
Le bonheur, sa dent douce à la mort" met en évidence sa connivence avec l'amour, la gaieté et la mort qui se côtoient avec grande intensité dans un même moment.
Barbara Cassin a un nombre d'engagements, un nombre de responsabilités nombreuses et variées.
Sa spontanéité et sa liberté de pensée vont la conduire à explorer la philosophie en lien avec la psychanalyse et sortir des sentiers battus dans ses explorations et publications.
L'écriture de l'auteure et surtout l'organisation de son livre peut perturber le lecteur mais nous apprenons à la connaître et à mieux comprendre sa vision de la philosophie.
Barbara Cassin va intervenir en Afrique du Sud dans le cadre d'une mission pour le CNRS . Lors de celle-ci, elle va être tout particulièrement confrontée au sens du Pardon et à la Vérité . L'Apartheid a effectivement marqué durablement les âmes et les hommes.
Elle retient de son expérience comme philosophe et éditrice, une prise de distance, une paix dans le jugement:
" C'est pourquoi politique et esthétique sont liées à mes yeux. La culture ça s'apprend. La beauté du monde, ça s'apprend aussi. S'il existe un devoir politique, c'est de les enseigner, c'est-à-dire d'ouvrir des possibles. "
En conclusion, dans son autobiographie philosophique, elle examine les évènements les plus marquants de sa vie à la lumière de sa passion du langage, des mots et de la philosophie.