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EAN : 9782340015968
384 pages
Ellipses (27/02/2017)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Cette biographie est par ailleurs la première à examiner la légende, toujours vivante, du personnage. Archétype du tyran pour les hommes du Moyen Âge et de la Renaissance, des-pote de pacotille pour Alexandre Dumas, incarnation de l'absurdité de l'existence pour Albert Camus, transformé en anarchiste couronné par le cinéma, Caligula n'a en effet jamais cessé de nourrir les interrogations sur le rapport qu'entretient l'être humain au pouvoir, non plus que de susciter... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
A lire ce très bon livre d'histoire, ou essai historique, on se résignera à ne jamais connaître Caligula, si peu que ce soit, pour la raison même que trois grands auteurs antiques lui ont consacré leurs écrits et l'ont placé de ce fait hors de toute atteinte. En effet, Jean-Noël Castorio nous fait bien comprendre que la masse de documents historiques, émanes de la caste sénatoriale, qui encombre son personnage, ne fait que mieux nous le cacher, et oblige l'auteur moderne à lire entre les lignes, à pratiquer un doute systématique et à mesurer que tous les Anciens ont nommé du nom de Caligula une sorte de fantasme du tyran, de personnage mythique qui n'a que peu de rapports avec le vrai. Cela se voit à deux critères principaux que Castorio énonce dans ce livre, qui est une magistrale leçon d'histoire : les récurrences, à savoir les traits de caractère, éléments narratifs et linguistiques, que l'on trouve attribués à Caligula, puis à Néron, puis à Domitien et à Commode, enfin à Héliogabale et à bien d'autres encore, avant et après eux ("mythèmes"). Ces récurrences trahissent le travail de mythologisation du personnage historique et sa transformation en monstre de légende ou en personnage de tragédie. le second élément est la contradiction dans le récit historique, qui montre bien que les Anciens n'avaient pas pour but de construire une narration cohérente à son propos, mais d'élaborer un "exemplum", un modèle littéraire du mauvais empereur.

Ainsi donc, l'exercice d'histoire romaine s'apparente plutôt à une sorte d'explication de textes, par laquelle le chercheur va tenter de cerner la petite part de réalité qui subsiste entre les plis des grands récits gréco-latins. On pourrait alors se demander pourquoi lire encore Tacite, Dion Cassius ou Suétone. Dès l'instant que l'on n'attend de ces écrivains pas plus que ce qu'ils apportent, à savoir la splendeur du style et de la langue, l'illustration du grand genre rhétorique de l'éloge et du blâme, on peut les lire avec profit.

Jean-Noël Castorio a fait un livre brillant, bien argumenté, pas toujours bien écrit, et dont la partie la plus faible, paradoxalement, est la fin, consacrée à la destinée de Caligula dans la littérature et les arts : la nature même de son thème l'oblige à faire des énumérations, certes savantes et approfondies, mais qu'on aimerait voir mieux pensées et autrement composées.
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Une biographie intéressante qui présente à travers cet empereur le portrait type du tyran animé par la luxure, la convoitise, la cupidité et la cruauté. Mais, l'ouvrage a une autre ambition qui le distingue des autres, très nombreux sur Caligula.Cette enquête érudite qui cite avec précision les textes antiques insiste sur le fait que l'image de l'empereur est le fruit d'une propagande véhiculée depuis l'antiquité par ses détracteurs. L'ouvrage essaie donc de retrouver en creux ce qu'il fut au-delà des discours officiels sans rien occulter cependant de son caractère tyrannique.
Derrière le portait à charge rebattu, l'auteur montre un individu plus complexe que sanguinaire que la postérité a chargé de tous les vices, exception faite d'Albert Camus. La partie consacrée à la pièce met en avant cette autre facette du personnage, laissant comprendre qu'elle peut être tout aussi légitime que les autres dans la mesure où l'on interprète toujours Caligula.
Il ressort de la mosaïque de faits qui le concerne l'ombre d'un personnage détesté par le sénat, le grand opposant et perdant des débuts de l'empire . L'auteur souligne que notre vision de ce règne a été orientée depuis le début par l'attitude du sénat et le regard critique des auteurs grecs et latins.
Au fil de la lecture on découvre des personnages secondaires qui pourraient devenir des héros de roman : Macron (!!) le préfet du prétoire, un intrigant trouble, ou Hérode Agrippa, ami de Caligula promu roi de Judée, qui, lui, échappe aux suicides nombreux durant le règne. Une belle longévité en cette période trouble.
Un livre pointu et qui remet en question notre perception stéréotypée de cet homme et nous invite aussi à réfléchir à l'image que nous avons de l'antiquité en proportion des sources dont nous disposons.
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L'auteur, qui fut mon professeur d'histoire ancienne en d'autres temps, s'est fait connaître auprès des amateurs d'histoire avec son portrait de Messaline, la putain impériale (Payot, 2015). Je n'avais pas accroché au style de cette première biographie, assez lourd selon moi, tout en trouvant le fond passionnant. Ajoutons que l'écriture d'une biographie est un exercice très difficile pour un historien. de plus, je n'ai pas pour habitude de faire une critique flatteuse uniquement dans le but de plaire à quelqu'un. Je reste honnête avec moi-même et critique du point de vue du lecteur et amateur d'histoire que je suis. J'attendais son Caligula avec impatience pour comparer.

J'ai été très agréablement surpris de le lire relativement bien. L'ouvrage fait tout de même 477 pages. Il comprend sept planches iconographiques, une chronologie de la vie de l'empereur, une bibliographie commentée et un index. Dès les remerciements, première page du livre, il cite Christian Chevandier, qui fut mon directeur de mémoire, pour son aide sur Camus. Dans ses cours, il arrivait à M. Chevandier de nous parler de l'écrivain français avec passion. Il s'était même rendu en Algérie sur ses traces. Camus est en effet l'auteur d'une pièce de théâtre sur l'empereur romain. Castorio l'évoque dans une partie intitulée « Absurde Caligula, une autre lecture du tyran » (p. 393 à 409). Une pièce que j'ai eu l'occasion de lire et dont l'auteur cite de larges extraits. D'ailleurs, dans son chapitre VI, lorsqu'il évoque l'héritage du mythe caliguléen au fil du temps, il cite souvent d'importants passages des textes présentés.

Je disais donc que la lecture a été fluide et agréable. Mise à part quelques répétitions, impossibles à éviter au vu de la somme, j'ai trouvé que l'auteur entrait assez bien dans le cadre de la collection "biographies et mythes historiques" de la maison d'édition. Pour quelqu'un comme moi, ayant du arrêter mes études pour des raisons indépendantes de ma volonté, avec un réel déchirement, pouvoir me replonger dans l'histoire ancienne est vraiment plaisant. Dès lors, c'est une biographie que je conseille car elle donne à la fois un aperçu du règne de Caligula sous différents angles et une étude de l'impact que le souverain à eu au fil des années et des siècles. L'auteur développe ainsi sa biographie autour du thème du tyran. Sans être original, à première vu, je crois qu'il cherche à casser - dans l'esprit du lecteur - l'image traditionnelle que nous pouvons en avoir. Une démarche très intéressante. Notamment, il montre que la folie et la tyrannie de Caligula est peut-être plus répandue dans la famille des Julio-Claudiens qu'on ne croirait au premier abord et ne serait donc pas une exception si notable. Ce qui pose la question de savoir pourquoi l'empereur est presque devenu l'idéal-type du tyran et non pas Tibère par exemple ?

Je vous laisse découvrir la suite en lisant cette biographie qui mérite sa place dans toute bonne bibliothèque d'histoire ancienne sur les empereurs romains, et l'histoire romaine en générale.
Lien : http://le-cours-du-temps.ove..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La monarchie caliguléenne n'est certainement pas plus inspirée des modèles orientaux que ne l'était celle instaurée par Auguste. Elle est bien une monarchie romaine, et même purement romaine en ce qu'elle ne fait guère que mener à son terme la logique du régime créé par le vainqueur d'Actium. Une logique qui pouvait paraître d'autant plus inéluctable à Caïus qu'il était, répétons-le, le premier empereur à n'avoir pas connu la République et pouvait dès lors légitimement croire qu'il lui serait aisé de se débarrasser des oripeaux de l'ancien régime.

S'il devait payer cher cette erreur de jugement, il n'en demeure pas moins que son raisonnement n'était pas pour autant invalide, ainsi que devait le montrer la suite des événements. La puissance du sénat n'était en effet qu'un leurre, puisqu'il se révéla incapable d'imposer ses vues après la mort du souverain, la dévolution du pouvoir se jouant dans le cadre confiné de la maison impériale et de la caserne des prétoriens. Et le sort des tyrannicides, ces héros que le sénat avait célébrés alors qu'elle [sic : il] croyait avoir encore le destin de l'Empire entre ses mains, fut promptement scellé : dans les jours qui suivirent son accession, Claude ordonna ainsi l'exécution de Cassius Chaerea, bientôt suivi dans la mort par Cornelius Sabinus. Claude qui s'opposa d'ailleurs à la volonté des Pères Conscrits de condamner le souvenir de Caïus à la damnatio memoriae.

Quoi qu'il en soit, Caligula assassiné, il était désormais nécessaire de justifier son meurtre. Et pour cela, la tradition sénatoriale, opportunément alliée à la propagande du nouveau prince, allait le revêtir de tous les vices traditionnellement associés au despote. La démesure et l'impiété, comme nous l'avons vu au chapitre précédent, la luxure et l'envie, ainsi que nous allons maintenant le voir.

p. 279
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Érigés au rang mythes, parés de toutes les vertus ou, à l'inverse, stigmatisés avec un violence parfois inouïe, ils [Germanicus, Tibère, le jeune Caius] ne sont jamais que les instruments d'un discours à valeur tant politique que morale, dont le principal objet est de dénoncer le régime abhorré auquel leur destin fut lié. p.139
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